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Billet de blog 6 mars 2023

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Lexique économique : version aigrie

Redéfinitions de termes en vogue : homo economicus, inflation, dette, taux, monnaie, covid et climat, senior, emploi, roublada

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Homo economicus : connard ?

« Si j’ai le choix entre 1 pack de bières et 2 packs de bières, pour le même prix je choisis les 2 packs de bières ». Fonctionne aussi avec le PQ. A priori, un raisonnement plein de bon sens. Mais aujourd’hui il semblerait que le rationnel ait pris ses distances avec le raisonnable. D’où la question qui n’est pas vulgaire, mais que les faits suggèrent, et que la recherche académique éclaire : « l’homo economicus est – il un connard ? », c’est-à-dire un crétin, un imbécile, comme le définit le petit Larousse.

Inflation : un miracle.

Disparue durant longues années, on imagina qu’elle n’existait plus que dans l’imaginaire collectif, une histoire pour faire peur aux enfants. Son grand retour parmi les vivants s’expliquerait pour des raisons devenues improbables à l’ère contemporaine : virus planétaire, les chars de retour en Europe.  De ce point de vue, l’inflation est donc un miracle, pas du genre de la bilocation de la vierge marie, mais un truc qui n’aurait jamais dû arriver. 

Monnaie magique : arnaque du siècle.

C’était donc du vent ? Du pipeau ? Pourtant la monnaie magique avait bien des vertus puisqu’elle autorisait des miracles fort bienvenus. Par exemple, faire grimper la dette au ciel (financement du quoi qu’il en coûte), ou transformer le plomb en or (rachat de la dette italienne par la Banque centrale). Hélas, la monnaie magique est victime d’une terrible désillusion. Après des années d’exubérance enchantée, voilà la monnaie magique sommée de rendre des comptes à l’inflation hystérique. L'infini des ressources monétaires a des limites.

Taux d’intérêt : la plaie et le couteau.

"Plutôt que de laisser l’inflation galopante étouffer le pouvoir d’achat, autant l’étrangler complètement en durcissant les conditions financières". A la hausse du coût de la vie, la Banque centrale choisit donc d’ajouter la hausse du coût de l’argent. Plus tôt l’effondrement surviendra, plus tôt l’inflation disparaîtra. On ne cherche donc plus à contenir la récession, on l’encourage. On en exagère les traits, on obtient alors une forme de récession amphigourique, dont l’objectif est de séduire l’inflation : « Avalanche, veux-tu m’emporter dans ta chute ?  », Baudelaire, toujours.

Dette : un don dû.

Il était une fois, un monde où la dette poussait à volonté, et cela ne gênait personne. Un genre d'espèce invasive, qui avait moult défauts, mais un avantage qui l'emportait sur tout le reste. Cet avantage était que la dette pouvait financer tout ce qui passe, l'utile ou l'agréable, le nécessaire ou du vent. Un genre de quoi qu'il en coûte en continu. La dette, véritable georgette de la puissance publique, assurait alors le bon fonctionnement de la boutique comme celui des sauvetages exceptionnels de la nation (Covid). Inévitablement, la dette à tout faire allait bien finir par être source de malentendus, par exemple la conviction que la dette est un don dû.

Senior : le tournant linguistique

On ne dit plus le senior a une profession, mais la profession a un senior. Cette inversion des génitifs signifie que le senior a perdu son statut de sujet pour n’être plus qu’une qualité. A sa place, c'est la profession qui acquiert le statut de sujet. Ce qui arrive à notre senior c’est un peu l’Universel rétrogradé au rang du particulier, l’essence nécessaire reléguée à l’existence contingente, la forme du cercle désormais incarnée par la roue crevée, la couleur verte par la bile à vomir.

Emploi : l’IA ange exterminateur.

La médiocrité nous hèle-t-elle ? Sommes-nous promis à l’insuffisance opérationnelle et narrative ? Deviendrons-nous tous des Oblomov ou des Bartleby, ces indésirables du faire et du dire ? L’improbable n’est pas impossible. D’une part, le fantasme de l’Homme nu est en passe de se réaliser, l’IA étant capable de nous résumer et de nous prévoir. D’autre part, l’IA serait même désormais capable de narrer à notre place. L’homme avait déjà un mal fou à occuper l’espace et le temps, il ne sera même plus convoqué pour raconter son errance.

Covid ou climat : l’accident et l’accilent.

Il y a l’accident, qui vous prend de vitesse, et ne vous laisse pas d’autre choix que de réagir : la crise sanitaire. Et puis il y a l’accilent, qui se déroule sous vos yeux et vous laisse le temps d’admirer le spectacle : la crise climatique. Impossible d’être saisi d’effroi face à la catastrophe au ralenti. Surtout pas les autorités. Le quoi qu’il en coûte coute plus cher s’il est plus lent. Seul espoir, que les choses s’empirent, vite… Paul Virilio avait tout vu.   

Roublada : tango russe

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