[Rediffusion] Notre avenir constitutionnel ne s’annonce pas des plus radieux. Les contournements permanents du texte et la volonté de le changer pour le faire « à la main » du pouvoir ne sont pas le privilège des pays dit « illibéraux ». Dans ces conditions, que penser des imminentes nominations de trois nouveaux membres du Conseil constitutionnel français, destinées à remplacer les partants, dont le Président de l’institution, Laurent Fabius ?
Le Conseil constitutionnel reste rivé à l’exercice du pouvoir, et singulièrement du pouvoir exécutif, dont il valide presque tous les caprices. Ce ne serait pas aussi problématique s’il ne contribuait pas à l’effondrement idéologique de notre communauté politique. S’il a « sauvé » quelques droits, ce n’est pas en se hissant à la hauteur de la justice constitutionnelle qu’il est censé rendre.
La ringardisation du droit a le vent en poupe. Que s’est-il passé pour qu’il apparaisse presque naturel à certains de contester l’existence du droit comme frein à l’action sans limites, alors que c’est précisément sa vertu ? Que s’est-il passé pour que soit rejetée l'idée de contre-pouvoir, dont l’intérêt est précisément de faire obstacle à la loi du plus fort ?
Le droit peut-il s’opposer aux prétentions des politiques ? La question est au cœur du débat à propos des ambitions référendaires de Marine Le Pen. Alors que le droit a été malmené pendant deux années durant, les explications des juristes sur l'inconstitutionnalité des propositions de la candidate à la présidence de la République paraissent inaudibles.
Enfin ça se voit ! Les nominations des membres du Conseil constitutionnel traduisent un manque évident de considération pour la justice constitutionnelle en France et sapent les bases de l'état de droit et de la démocratie. Plus personne ne le conteste parmi les observateurs, mais les autorités politiques ne s'en soucient guère.