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Billet de blog 13 juillet 2023

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Le long de la guerre du Golfe pas très claire : #4 "Brothers In Arms"

La chanson de Dire Straits sort en 1985. La Guerre du Golfe n'a pas eu lieu.

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C’est l’été. Le temps des séries. Cette année, revenons sur un conflit qui a fait des dommages collatéraux et culturels  : la guerre du Golfe (1990-1991). À la BBC ou à la radio française, des chansons furent alors privées d’antennes. Une censure qui en disait long. Des chansons interdites pour une raison impérative ou pour deux cent mille raisons confuses. Voici quelques chroniques d’une censure, le long de la guerre du Golfe pas très claire (avec ses reflets d’argent). Pour chanter, pas pour faire la guerre.

Illustration 1

14 octobre 1985. Sortie de la chanson « Brothers In Arms » Un titre extrait du cinquième album de Dire Straits (aux nombreux singles éclatants, "Money for Nothing", "So Far Away"…)

C’est le titre éponyme de l’album. Last track, elle clôt le disque. C’était le point final direstraitien, du temps où on écoutait les œuvres dans leur intégralité et dans leur chronologie. 
Une chanson faite pour finir un album.
Ouverture sur fond d’orage. 
Brothers on the Storm.
Discret Synthé. Guitare.
Voix chuchotée.

On dit la chanson planante. C’est une balade. Mais une balade après la tempête, après les affres de la guerre.

Ambiance "Dormeur du val", un soldat est en train de mourir au milieu de ses frères d’armes. Frères à ses côtés dans ses derniers instants.
« Now the sun’s gone to hell/And the moon’s riding high/Let me bid you farewell/Every man has to die. »

La chanson a été écrite en 1982 pendant la guerre des Malouines. Les Malouines ou les Falkland, comme les appellent les Anglais. La guerre des Malouines, c’est un conflit étrange à 15 000 km de l’Angleterre. Ces îles Malouines sont des îles britanniques qu’un jour des fusi- liers marins argentins décident de reprendre aux Anglais. Le conflit commence en avril et prend fin en juin par un cessez-le-feu. L’Angleterre triomphe et réaffirme sa souveraineté au prix de 907 tués (649 militaires argentins, 255 militaires britanniques et trois insulaires). La junte militaire argentine chute. Le gouvernement conservateur de Margaret Thatcher est renforcé puis réélu en 1983. Quelle connerie, déjà, la guerre. Mais c'était pas fini.

Le titre « Brothers In Arms » viendrait d’une formule employée par le père de Mark Knopfler, faisant des soldats britanniques et argentins, dans ce conflit, des frères d’armes.
« Here's so many different worlds/So many different suns/And we have just one world/But we live in different ones »

Un autre aurait chanté « Imagine All the people ».
Valeur d’hymne.

Post-traumatisme et Frères d’armes. Solo de guitare qui en dit long sur le temps qu’il faut pour des soldats pour retrouver la paix, la sérénité, leur humanité après avoir quitté le champ de bataille.

Le narrateur, ce soldat, meurt au milieu des montagnes enveloppées de brouillard. Il ne reverra pas ses vallées, sa ferme. Ses camarades, si.
En 2007, 25 ans après la Guerre des Malouines, Mark Knopfler sort une nouvelle version pour collecter de l’argent pour les vétérans de ce conflit. Une version live.

Quelle connerie absurde la guerre !
This machine kills the war aurait pu écrire Knopfler sur sa Gibson. 
Guthrie, Knopfler, Heroes in guitars.

C’est une chanson anti-guerre alors il fallait la censurer, l’interdire d’antenne. En pleine guerre du Golfe, comment laisser chanter « We’re fools to make war on our brothers in arms. » ?
En plus la chanson prenant 7 minutes du temps d’antenne, elle avait l’avantage de ne pas avoir le format radio. Ouf.

#1 Chanson de Jean-Patrick Capdevielle : "Quand t'es dans le désert"

#2 Chanson de Charles Trenet : "Boum"

#3 Chanson des Bangles : Walk Like an Egyptian

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