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Emmanuel en jet-ski, ce fut en août 2020 au Fort de Brégançon. Entre deux ronds dans l’eau à portée d'objectif photographique, le président de la République se rendit à Beyrouth pour enjoindre aux dirigeants libanais de lui présenter un plan de réformes sous un mois tout en encourageant la population à faire la révolution pour se débarrasser d’eux. Son déplacement au Liban n’eut pour seul résultat tangible qu’un titre ravageur du Times de Londres : « Emmanuel Macron essaie de résoudre les problèmes du monde depuis son jet-ski. »

Emmanuel en footballeur, ce fut en octobre 2021 à Poissy. Invité par un expert en maniement de la brosse à reluire, l’inénarrable Karl Olive, le président de la République chaussa les crampons pour disputer un match avec le Variétés Club de France. La rencontre fut bien entendu retransmise en direct par BFMacron comme cela se passe en Russie quand Vladimir Poutine joue au hockey sur glace. Et Paris Match se fendit d’un article illustré de moult photographies à la gloire du président : « A Poissy, le footballeur Macron marque les esprits à six mois de la présidentielle. » L’inanité des mots et le choc des photos.

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Emmanuel en boxeur est le dernier épisode de cette série très prometteuse. Alors qu’il rêve de jouer au chef de guerre et qu’il envisage d’envoyer « des mecs à Odessa » dans l’année qui vient, l'égotique de l’Élysée se croit obligé de montrer ses muscles à son alter ego du Kremlin. Ce dernier aimant afficher sa virilité en se faisant photographier torse nu à cheval, à la pêche ou à la chasse, le président français a choisi de se mettre en scène en train de boxer. Si Anna Cabana et Christophe Barbier sont en transe, d'autres sont moins impressionnés. « Dans sa posture, dans son attitude, on voit bien qu’Emmanuel Macron ne sait pas boxer », grince Isabelle Gaignon, coach de savate boxe française. Le Figaro rapporte ces propos iconoclastes d'Eric Anceau, professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Lorraine : « [Les photos] relèvent du virilisme néo-populiste dont certains dirigeants sont aujourd'hui friands, à commencer par le maître du genre (jusque-là) Vladimir Poutine. » Ce professeur semble être passé à travers les gouttes de la chasse au « wokisme » dans l’enseignement supérieur et un signalement au titre de l’article 40 ne saurait donc tarder de la part du président de cette université.
Selon Le Monde, le sénateur macroniste François Patriat a dans un premier temps cru à « un truc russe » et, tel saint Thomas, a voulu vérifier : « J’ai serré mercredi soir son biceps pour l’embrasser, il n’est pas gros comme ça ! » Si même les courtisans les plus zélés émettent des doutes et peinent à distinguer la propagande du régime d'une grossière manipulation des services russes, c'est que le ridicule n'est plus très loin. Mais il ne tue pas, comme on sait. Hélas ! serait-on tenté de dire.
« Cet homme ternirait le second plan de l'histoire, il souille le premier. » (Victor Hugo, Napoléon le petit).