Entre le 6 avril et le 14 avril
Il y a quelques jours, je titrais ma chronique “en eaux troubles”. C’était à la veille de l’utilisation du 49.3 à l’Assemblée par le gouvernement Borne, décidé par Macron. A ce moment-là, peu croyaient en cette hypothèse, tant cet outil apparaissait comme un aveu de faiblesse pour la Macronie. C’est pourtant le choix qui a été retenu par ce gouvernement fébrile. Cette décision a fait basculer la contestation de la réforme. Elle lui a dans un premier temps redonné de la vigueur avec l’entrée en scène de la jeunesse et des participations accrues. Les manifestations plutôt pacifiques jusque-là se sont quelque peu tendues sans véritables débordements.
Par cette décision, la Macronie affirme qu’elle ne reculera pas, qu’elle n’écoute plus qu’elle-même et que rien ne le fera dévier du bon vouloir du Président. Cela éclaire d’une lumière crue les limites de la Vème République. Dans quelle démocratie digne de ce nom, un homme peut-il décider seul, d’une loi aussi impopulaire, sans base parlementaire, le tout sans être inquiété politiquement (une dissolution ne le concernerait aucunement) ?
Refusant toutes solutions politiques, il ne reste donc plus qu’à la Macronie la solution du pourrissement. Laisser pourrir le mouvement, exemplaire, de contestation des syndicats jusqu’à ce que les travailleurs dégoutés, épuisés et ruinés ne se mobilisent plus. Laisser pourrir la démocratie sociale jusqu’à ce que chacun pense que la négociation ne sert à rien. Laisser pourrir la situation politique jusqu’à la dérive autoritaire en laissant Darmanin reprendre les habits d’un Sarkozy.
Déjà en février, je concluais ma deuxième chronique ainsi : “si la démocratie et la mobilisation ne fonctionnent plus : jusqu’où faudra-t-il aller pour changer les choses ?” La Macronie ne laisse aucune voie, aucune échappatoire et peu importe les conséquences. Et comme l’écrit le camarade Ruffin : « Dessous, le pue pourri » et nourrit le ressentiment, carburant essentiel du RN. Comment peuvent-ils être aussi aveugles à ce qui se joue en ce moment ? Comment ne peuvent-ils pas voir l’ampleur de leur échec, eux qui se déclaraient le meilleur rempart contre le RN ? En provoquant le ressentiment d’une grande partie de la population et en légitimant une pratique autoritaire du pouvoir, ils en deviennent la rampe de lancement la plus efficace. Les sondages, pour ce qu’ils valent en général et si loin de l’échéance en particulier, laissent entrevoir une victoire possible de l’héritière Le Pen (ici). Enfermé dans son palais de l’Élysée, Macron perd contact avec la réalité (je le décrivais déjà il y a quelques mois ici). Cette dérive est sans aucun doute liée à l’hubris propre à Macron, mais nous démontre ici encore les travers de cette Vème République, avec ce monarque qui n’a de compte à rendre devant personne.
Face à cet affaissement de la Macronie, on aurait pu espérer mieux de l’alliance des gauches, mais il lui manque encore un peu de cohérence et de consistance, minée par des ambitions personnelles et des querelles de partis (prions pour éviter un retour à la situation pré-NUPES). Que nous reste-t-il ? Un espoir qui s’écrit en trois lettres : RIP (Référendum d’Initiative Partagé). Se remettre en action et en mouvement pour ne pas laisser s’étendre l’indifférence. Quel beau combat ce serait de partir à la collecte de 5 millions de signatures pour faire vivre notre Démocratie ! Quel acte libérateur et régénérateur de pouvoir voter contre Macron sans avoir la mauvaise conscience de faire le jeu de l’extrême droite ! Quel beau contre pied au pourrissement autoritaire Macroniste et au ressentiment Lepeniste représenterait ce référendum conquis de haute lutte !
Réponse dans quelques jours.
Chronique n°1 : “Veillées d’armes”
Entre le 19 et le 31 janvier (1er et 2ème jours de manifestation) ici
Chronique n°2 : “Que faire de notre avantage?”
Entre le 31 janvier et le 7 février (2ème et 3ème jours de manifestation) ici
Chronique n°3 : “En eaux troubles”
Entre le 11 mars et le 16 mars (7ème jour de manifestation et journée du 49.3 à l’assemblée) ici