Version numérique de la revue Dedans-Dehors, ce blog informe sur les conditions de détention en France. Il décrypte les politiques pénales et pénitentiaires, ainsi que leurs effets sur le terrain. Il1…
donne la parole aux témoins quotidiens de la prison : les détenus et leurs proches venant au parloir, les professionnels et intervenants en détention (personnels pénitentiaires, médecins, enseignants, associations, chercheurs…). Des informations et paroles qui reflètent une toute autre réalité que celle des faits divers. Cet envers du décor, où se cachent les dégâts et effets contreproductifs de l’approche répressive, dans laquelle médias et politiques ont enfermé le débat public. www.oip.org
Photo de couverture : (c) G. Korganow / CGLPL
Éric Péchillon, professeur de droit public à l’université de Bretagne Sud, retrace les grandes évolutions de la discipline en prison sur ces trente dernières années, et dont il a été l’un des acteurs. En dépit de certains progrès, des lacunes persistent. Les avancées procédurales ne permettent pas toujours de faire reculer l’arbitraire qui entoure les décisions de l’administration.
Le sociologue Corentin Durand décrypte ce qui se joue en commission disciplinaire. Et rappelle que la discipline en prison est loin de s'y limiter : omniprésente, elle matérialise au quotidien les relations asymétriques entre le détenu et l'administration. Un déséquilibre que, selon lui, aucune procédure ne pourra compenser.
Khaled a passé près de trois décennies en prison, entre les années 1980 et 2020. Un temps émaillé d’« incidents » qui l’ont mené droit au quartier disciplinaire. Avec, d’hier à aujourd’hui, toujours les mêmes abus, les mêmes souffrances, le même quotidien dénué de sens.
Affectation dans un établissement, choix du régime de détention, accès aux activités, contacts avec les proches : rares sont les domaines de la vie quotidienne du détenu qui ne soient susceptibles d’être affectés par un système dominé par la logique disciplinaire, et qui, à ce titre, récompense le « bon comportement » et sanctionne à l’inverse le « mauvais comportement ».
Dans l'univers carcéral saturé de règles et d'interdits, le moindre écart peut être sanctionné de multiples façons. Si des procédures encadrent le traitement disciplinaire des incidents, nombre de décisions y échappent. Et lorsque le circuit officiel est emprunté, l’équité n’est pas au rendez-vous. Droit à la défense non-garanti, recours ineffectif, sanction inhumaine : les écueils sont nombreux.
Police, justice, prison… Pour Gwenola Ricordeau, militante abolitionniste et professeure associée en justice criminelle à la California State University de Chico, les fonctions régaliennes de l’État sont la continuité d’un système de domination fondé sur le patriarcat. Elles ne peuvent donc qu’échouer à répondre à la problématique des violences liées au genre.
La lutte contre les violences faites aux femmes passe-t-elle nécessairement par davantage de répression ? Cette question, qui agite les mouvements féministes actuels, ne date pas d’hier. Jean Bérard, historien, revient sur les combats menés pour les droits des femmes dans les années 1970, soulignant toutes leurs ambivalences.
Sébastien* a été condamné pour des violences conjugales en 2017 après une énième dispute sur fond d’alcool. Lorsqu’il sort de détention une première fois, rien n’est résolu. Il enchaîne alors les allers-retours en prison, en restant le plus souvent en contact avec sa compagne. Depuis sa sortie en février dernier, il est suivi par un centre de prise en charge des auteurs de violences conjugales.
Introduits par la loi depuis bientôt 20 ans, les stages de responsabilisation sont massivement utilisés en alternative aux poursuites de violences conjugales. Pour Marine Delaunay, docteure en sociologie, si ces derniers permettent de confronter les auteurs à leur passage à l’acte, ils restent insuffisants pour transformer profondément les représentations de genre déterminantes dans ces violences. Entretien.
Depuis 2020, les Centres de prise en charge des auteurs de violences conjugales (CPCA) se multiplient sur le territoire. À travers des dispositifs variés, accessibles dans ou hors cadre judiciaire, ces derniers poursuivent un objectif : prévenir le passage à l’acte et la récidive.