Version numérique de la revue Dedans-Dehors, ce blog informe sur les conditions de détention en France. Il décrypte les politiques pénales et pénitentiaires, ainsi que leurs effets sur le terrain. Il1…
donne la parole aux témoins quotidiens de la prison : les détenus et leurs proches venant au parloir, les professionnels et intervenants en détention (personnels pénitentiaires, médecins, enseignants, associations, chercheurs…). Des informations et paroles qui reflètent une toute autre réalité que celle des faits divers. Cet envers du décor, où se cachent les dégâts et effets contreproductifs de l’approche répressive, dans laquelle médias et politiques ont enfermé le débat public. www.oip.org
Photo de couverture : (c) G. Korganow / CGLPL
Le régime d’isolement se définit plutôt par la privation – de contacts, d’activités, de perspectives – que par un programme de prise en charge effectif. Ce qui en fait un régime de relégation par excellence, difficilement compatible avec l’exercice des droits des personnes détenues.
Des durées trop longues, un programme d’activités indigent, des conditions dégradées : l’isolement carcéral pratiqué en France est très éloigné des standards internationaux. Avec à la clé, des effets dévastateurs pour la santé des personnes détenues. L’isolement ne cesse en outre de gagner du terrain hors des quartiers dédiés, avec la multiplication de régimes de détention restrictifs.
Renouer avec ses enfants n’est pas le moindre des défis qui attendent les pères sortant de prison. L’enfant qu’on a laissé n’est plus le même, les retrouvailles imaginées mille fois se passent rarement comme prévu, et le lien qui se noue peut se révéler très différent de celui qui était entretenu derrière les barreaux.
Si le placement sous surveillance électronique d’un père de famille affecte nécessairement le quotidien de ses enfants, les contraintes parentales ne sont pas toujours prises en compte dans la définition des horaires de sortie. Quitte à reporter sur l’autre parent, le plus souvent la mère, une surcharge de travail.
Si l’investissement des femmes dans leur maternité représente souvent un élément significatif des projets d’aménagement de peine, la paternité peine quant à elle à s’imposer parmi les facteurs pris en compte. Moins facilement objectivable que le logement ou le travail, victime de stéréotypes de genre et souvent passée sous silence, elle fait aussi l’objet de fortes suspicions.
Présidente du Relais enfants parents (Rep) d’Isère, la psychologue Martine Noally* accompagne régulièrement des enfants qui rendent visite à leur père incarcéré. Elle décrypte ce qui se noue autour de ces rencontres et souligne la nécessité de dépasser les positions de principe au profit d’une approche pragmatique centrée sur les besoins de l’enfant.
Laura* avait douze ans quand son père a été incarcéré. Huit ans plus tard, elle évoque le lien complexe qu’elle entretient avec lui et l’impact de cet événement sur sa vie.
Éloignement géographique, lourdeur des démarches, hostilité de l’environnement carcéral : pour les pères incarcérés, recevoir des visites de leurs enfants est tout sauf aisé.
Entravée par d’innombrables obstacles, l’expérience de la paternité en détention est souvent douloureuse. Une épreuve à laquelle chacun tente de faire face à sa manière.