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Billet de blog 1 octobre 2025

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D'abord le collectif ou d'abord l'individuel? (partie 1 de 2)

L'introduction à ce billet figure vers le début du corps de texte.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je l'avais anticipé, et j'y ai eu droit, à ce sympathique message:

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> Chapô : : Cette chaîne est trop longue. Elle doit avoir au maximum 400 caractères.

Voici cette introduction, ce “chapô” comme on dit dans le cadre de Mediapart:

Pour vous je ne sais pas, pour moi, dans l'articulation entre questions et réponses, d'abord j'ai les réponses, ensuite je me pose les questions, ce qui résulte en de nouvelles réponses qui induisent de nouvelles questions. Ma réponse préalable à la question du titre est: d'abord le collectif. Mais pourquoi d'abord le collectif? Parce que l'individuel est ce qui prime. Sans savoir d'avance qui vous êtes je vous suppose une personne à considérer, mais la personne qui m'importe avant tout c'est Ma Pomme.

Ce texte compte, m'informe mon éditeur de textes, 508 caractères. J'avais aussi envisagé un autre titre:

Le collectif doit-il primer sur l'individuel ou l'individuel doit-il primer sur le collectif?

Là aussi j'ai anticipé que ça dépasserait les limites pour les titres, fixées dans la partie “Club” de Mediapart à 85 caractères, et c'est le cas, mon éditeur de texte m'indique 94 caractères. Ma réponse à cette question toute rhétorique, puisque j'avais cette réponse avant de poser la question, se relie notamment à ces deux limites pour les longueurs de titre et d'introduction: ici on a fait primer l'individuel sur le collectif, du coup les individus qui “sortent de la norme” se trouvent exclus du collectif ou invités fortement à respecter la norme, très arbitraire et peu justifiable, du moins d'un point de vue, disons, technique.

Il y a des limitations techniques à la quantité d'octets (de “caractères”) qu'un objet peut contenir. Tous les ordinateurs courants acceptent des valeurs qui sont des multiples de séries de 2^8 octets, pour des raisons historiques, et bien pensées cela dit, ce qu'on nomme les registres, qui sont des séries de “bits”, de lignes électriques pouvant être sous-tension ou hors-tension, comptent depuis longtemps des blocs de huit lignes, donc unregistre de taille supérieure à celle de base en comptera seize, vingt-quatre, trente-deux, etc. Certains ordinateurs ne respectent pas cette norme, mais ils ne sont pas destinés à un usage grand public direct. Ma proposition n'est pas entièrement exacte, pour des raisons historiques moins bien pensées techniquement mais bien pensées industriellement, les registres ne progressent pas linéairement, on passe de huit à seize, puis de seize à trente-deux, puis de trente-deux à soixante-quatre, bref, la taille supérieure suivante est double de celle précédente.

Je vous cause de ça parce que ces deux limites, à 85 et 400 caractères, n'ont aucune justification “technique”, les ordinateurs travaillent avec des blocs de données de taille fixe qui sont des multiples de 256 (de 2^8), donc même en tenant compte du fait que quelques octets servent à la gestion d'un bloc de données, il semble plus adéquat, sur un plan technique, de limiter la longueur d'un titre à environ 250 caractères, celle d'une introduction à environ 500 caractères (en général, à 255 et 510 caractères, le premier pour les registres minimaux, les deux premiers dès qu'on passe à au moins deux, au plus deux-cent-cinquante-six registres, mais si les octets suivants servent à la gestion du contenu ça peut réduire la taille de quelques octets de plus). La question qu'on peut alors se poser est: pourquoi ces limites à 85 et 400 caractères? C'est arbitraire, comme le sont les limitations proprement techniques, et injustifiable sur ce plan technique, les ordinateurs ne sachant pas travailler autrement que par blocs de données de 256 caractères, il y aura, comme disait un copain de classe, “de la gâche”, des octets perdus, ceux au-delà de 90 pour la première limite, de 410 ou 420 pour la seconde.

Là-dessus, comme je connais un peu le domaine, ces limites sont encore plus arbitraires que ça, parce qu'avec les ordinateurs actuels on s'est affranchi depuis au moins trois décennies, en cette année 2025, de ce genre de limitations, et même depuis quatre décennies pour les ordinateurs grand public “McIntosh” de chez Apple. Sur mes propres sites j'utilise aussi des “SGC”, des “systèmes de gestion de contenu”, et dans aucun de ceux que j'ai testé on n'a ce genre de limitation, pour les titre, souvent c'est de l'ordre d'environ 250, parfois c'est non limité, pour les introductions, souvent c'est environ 65.500, parfois non limité, pour les corps de textes c'est parfois environ 65.500, souvent non limité. Ces valeurs ont des motifs qu'on peut qualifier de techniques: un texte comptant au plus 255 caractères se gère avec un registre minimal, au plus 65535 caractères, avec une paire de registres, avec trois registres on passe à plus de 1,67 millions de caractères, avec quatre, à près de 4,3 milliards de caractères, si on gère des images, des sons, des vidéos, les valeurs au-delà de deux registres sont des limites à considérer, avec des textes, 1,67 millions est une limite qui n'en est pas, sauf bien sûr si on souhaite publier l'ensemble du contenu des quinze volumes du Grand Larousse universel dans un seul document. Chez Mediapart, on a aussi une limite pour le corps de texte, tout aussi injustifiable techniquement, cent mille caractères. Ça m'est arrivé plusieurs fois d'atteindre cette limite, qui cela dit est récente, elle date du moment d'installation de la “nouvelle formule” et peut poser problème avec les vieux billets, ceux d'avant ce changement, si on tente d'en modifier un de plus de 100.000 caractères…

Entendons-nous, je n'ai jamais rédigé de billets dépassant les cent mille caractères sur ce blog, il se trouve que le logiciel qui gère le site (en tout cas sa partie “Club”), produit des documents truffés de trucs et de machins d'une utilité discutable qui représentent parfois plus que le décuple de la taille effective du texte, spécialement si on y insère des images ou des vidéos – parfois même, contrairement à l'usage ordinaire, l'image est réellement insérée dans le document, et non un simple lien vers elle, ce qui gonfle très nettement la taille du fichier. Mais même sans ça, on a droit à des trucs improbables et d'une utilité peu évidente. Dans un billet en cours je donne un exemple, celui de ces deux images:

Vous supposez probablement que c'est “deux fois la même”, ce en quoi vous avez à la fois raison et tort: votre navigateur affiche bien deux fois la même image, en revanche le code pour chacune est différent. Celui de la première image:

<center><img alt="Illustration 2 (image indisponible)" src="https://static.mediapart.fr/etmagine/article_thumbnail/files/2019/03/06/taijitu-anim.gif" width="220" /></center>

Et celui de la deuxième image:

<div class="media-container _fallback _ratio:auto"><svg class="media-container__fallback-icon" aria-hidden="true" focusable="false" xmlns="http://www.w3.org/2000/svg" viewBox="0 0 52 30"> <path fill="#E3E3E3" fill-rule="evenodd" d="M30.191 9.132a.64.64 0 0 1-.019.164 1.678 1.678 0 0 0 .097-.05c.527-.264 1.056-.533 1.583-.807l-.274-1.38-1.4 1.982.002.01c.004.025.009.05.011.081ZM20.352 28.55l-.05-.001c-.439-.006-1.464-.02-2.556-.048-1.459-.04-2.974-.094-3.487-.21-.018-.006-.035-.01-.052-.014a.436.436 0 0 1-.212-.114l-.04-.04-.024-.054c-.61-1.381-1.188-4.12-1.19-6.631 0-1.15.123-2.25.438-3.152l.094-.266 1.346.29c.118-.395.258-.733.427-.997l.094-.142h.17a.97.97 0 0 1 .282.06l.112.034c.161.051.368.124.605.21a85.658 85.658 0 0 1 2.105.79c.075.03.149.058.221.085.506-1.184 1.083-2.168 1.712-2.993-.554.1-1.158.159-1.832.162h-.022c-.825-.006-1.687-.325-2.38-.715a6.02 6.02 0 0 1-.866-.597l-4.559-2.71 1.241 5.478-5.32-1.808 2.351 5.102-5.58-.658 3.361 4.503-5.596.513 4.223 3.702L0 29.995h22.287c-.626-.102-1.282-.699-1.935-1.446Zm26.516-.219L52 29.997V30H31.596c.382-3.042.93-8.415.93-14.323 0-.798-.091-1.457-.253-2.01-.246-1.245 2.039-2.745 4.167-4.143l.353-.231.03.193-.605 7.733L42 16.867l2.75.217-1.469 3.192 5.578-.663-3.361 4.503 5.596.513-4.226 3.702Zm-23.896-16.45a.117.117 0 0 1-.01-.026.278.278 0 0 0-.012-.025c-.129-.347-.309-.75-.349-.771a.647.647 0 0 1-.212-.449.899.899 0 0 1 .204-.492.742.742 0 0 0 .118-.201l.038-.08a4.28 4.28 0 0 1-1.32-1.852l-.034.003a.683.683 0 0 1-.11.007h-.035a1.93 1.93 0 0 1-.75-.144l-.873 4.395c.336.078.701.121 1.088.121a5.55 5.55 0 0 0 2.257-.486Zm-5.368-.443c-.438.002-.825.185-1.126.381-.125.082-.252.162-.377.242-.213.135-.422.267-.612.398l-.048-3.706L19 12.045a2.589 2.589 0 0 1-.562-.32 1.358 1.358 0 0 0-.835-.287Z" clip-rule="evenodd"/> <path fill="#fff" fill-rule="evenodd" d="m42.002 16.223 4.53.36.495-7.359-.522-8.297-3.353.333c0 .672-.024 1.129-.137 1.392h2.319v.314H42.13v-.239a11.897 11.897 0 0 1-.84-.676 15.735 15.735 0 0 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Le code pour la première image compte 160 caractères, celui pour la seconde en compte près de 9.200, soit, me dit mon tableur, 57,5 fois plus que celui de la première. Vous êtes là, en train de rédiger votre texte, vous y placez innocemment quelques images, en supposant que cet insertion résultera plus ou moins en ce qui permet d'afficher la première image (même en ajoutant d'autres éléments de mise en forme on ne dépassera pas les mille octets, rarement dépassera-t-on les cinq-cent), et alors que vous pouvez estimer que votre texte ne dépasse pas les vingt mille caractères voire même, dépasse à peine les dix mille, le logiciel de gestion du site vous informe qu'il dépasse les cent mille. Comme je mets somme toute assez peu d'images dans mes pages, et qu'en outre le code affiché ici, sans être le plus gros de ceux qu'on trouve dans mes billets, surclasse cependant de beaucoup la plupart des codes pour les images (en général, ils sont trois à dix fois plus gros que celui “normal”, ce qui est déjà beaucoup), ça va quand même, je n'ai pas trop souvent l'alerte pour le dépasement, mais j'imagine le problème que peut avoir un contributeur qui souhaite faire un “portfolio” comptant plus de quinze images…

Ce qui nous ramène à la question du titre que j'avais prévu et aux propos de l'introduction que j'avais prévue. Pour mémoire:


Le collectif doit-il primer sur l'individuel ou l'individuel doit-il primer sur le collectif?

Pour vous je ne sais pas, pour moi, dans l'articulation entre questions et réponses, d'abord j'ai les réponses, ensuite je me pose les questions, ce qui résulte en de nouvelles réponses qui induisent de nouvelles questions. Ma réponse préalable à la question du titre est: d'abord le collectif. Mais pourquoi d'abord le collectif? Parce que l'individuel est ce qui prime. Sans savoir d'avance qui vous êtes je vous suppose une personne à considérer, mais la personne qui m'importe avant tout c'est Ma Pomme.


La réalité symbolique fonctionne presque toujours ainsi quand elle est complexe: d'abord le secondaire, ensuite le principal. J'en discute indirectement dans le billet en cours d'où j'ai tiré les séquences de code des images. J'en discuterai autrement ici.

Le collectif doit primer dans l'ordre de la réalisation d'un projet, parce que le but du projet sera l'individuel; si l'on fait primer l'individuel dans la réalisation, le but du projet sera le collectif. Dit autrement: dans le premier cas, le collectif sera au service de l'individuel, dans le second l'individuel sera au service du collectif. La seconde proposition peut sembler souhaitable voire préférable, mais ce n'est qu'une apparence.


De l'individuel au collectif, et réciproquement

Un collectif n'existe pas sui generis, “de son propre genre”, «D'un genre propre, spécifique, qu'on ne peut comparer à d'autres», nous dit le TLF (le Trésor de la langue française), ce n'est pas un objet qu'on trouve dans la nature, qui apparaît “par génération spontanée”, et tout spécialement un collectif humain: il faut le construire. Or, qui construit un collectif? Ben, ça dépend, parfois un seul, parfois un petit nombre, parfois un grand nombre, parfois tous.

La proposition “tous” ne vaut que pour des collectifs limités, je n'ai pas une idée précise de la limite mais autant que je puisse le comprendre, un ou deux milliers, tout au plus trois milliers d'individus, c'est la limite supérieure. S'y ajoute la dimension du territoire concerné et la répartition des membres de ce collectif dans l'espace, car la construction du collectif par tous requiert la présence de tous, on peut certes construire ce collectif à un instant donné mais si ensuite ce groupe se divise en sous-groupes répartis sur un vaste territoire il ne sera plus modifiable jusqu'au moment où l'ensemble de ses membres se réunit de nouveau pour en discuter. Bien sûr, si l'ensemble ne se divise pas et reste pour l'essentiel réuni en un lieu restreint dans lequel tous les membres peuvent se rassembler en au plus une demi-journée, le nombre de ses membres peut être important, mais dans des limites raisonnables. Je ne sais pas si ça vous est arrivé de participer à un collectif qu'on peut qualifier de démocratique, c'est-à-dire un collectif où tous les membres participent aux décisions valant pour l'ensemble du groupe, mais dès que ça dépasse quelques centaines d'individus (à mon jugé, au plus trois cent), ça devient compliqué de parvenir à une décision de tous dans une durée raisonnable, quelques heures, au plus une dizaine. C'est possible de le faire avec un ensemble de deux ou trois mille individus mais il faut préparer la chose en divisant le collectif en sous-groupe de quelques dizaines de membres qui préparent les choses, en discutent entre eux, parviennent à fixer un ordre du jour, ce qui fait que lors de “l'assemblée générale” les décisions collectives peuvent être prises.

Quand le collectif dépasse les deux ou trois mille individus il faut le diviser plus formellement, ce qui est le principe de la démocratie réelle quand elle concerne un vaste ensemble humain réparti sur un territoire important. La démocratie telle que conçue à l'origine repose non sur le collectif dans son ensemble mais sur le dème, sur la «circonscription administrative et politique qui se rencontre dans toutes les cités grecques», dit le TLF, la «circonscription administrative de base instaurée lors de la révolution isonomique de Clisthène qui eut lieu de 508 ou 507 à 501 av. J.-C. à Athènes» (acception 1), la «circonscription administrative de la Grèce équivalente à une municipalité urbaine» (acception 2), dit le Wiktionnaire. Ce qu'on nomme actuellement démocratie correspond, dans la typologie des régimes politiques proposée par Aristote, au mieux à l'aristocratie, au pire à l'oligarchie, en tout cas pas à la démocratie au sens antique. Je ne dis pas que c'est une forme non souhaitable de régime, j'ai mon opinion là-dessus mais j'admets qu'on puisse considérer que l'aristocratie (non en tant que groupe constitué mais en tant que régime politique) voire même l'oligarchie, sont souhaitables, ce que je n'admets pas est qu'on donne à un régime aristocratique le nom de démocratie. Je cite souvent ce passage d'un texte de Sieyès pour expliquer qu'il n'y a pas si longtemps, au moment où se fondèrent les premiers régimes politiques qui sont devenus dominants après la seconde guerre mondiale, c'est-à-dire au tournant des XVIII° et XIX° siècles, on savait très bien faire la différence:

«Cependant vous ne pouvez pas refuser la qualité de Citoyen, et les droits du civisme, à cette multitude, sans instruction, qu’un travail forcé absorbe en entier. Puisqu’ils doivent obéir à la Loi, tout comme vous, ils doivent aussi, tout comme vous, concourir à la faire. Ce concours doit être égal.
Il peut s’exercer de deux manières. Les Citoyens peuvent donner leur confiance à quelques-uns d’entre eux. sans aliéner leurs droits, ils en commettent l’exercice. C’est pour l’utilité commune qu’ils se nomment des Représentants bien plus capables qu’eux-mêmes de connaître l’intérêt général, et d’interpréter à cet égard leur propre volonté.
L’autre manière d’exercer son Droit à la formation de la Loi, est de concourir soi-même immédiatement à la faire. Ce concours immédiat, est ce qui caractérise la véritable démocratie. Le concours médiat désigne le Gouvernement représentatif. La différence entre ces deux systèmes politiques est énorme»
(tiré du Dire de l’abbé Sieyès, sur la question du Veto royal, à la séance du 7 septembre 1789).

Les mises en exergue sont de Sieyès. Il ajoute ce propos à ce qui précède:

«Le choix entre ces deux méthodes de faire la Loi n’est pas douteux parmi nous».

Faut dire, il s'adresse à “l'élite de la nation”, laquelle vient de s'autoproclamer “représentants du peuple”, et ladite élite n'a pas l'intention de donner libre accès à la magistrature suprême, celle précisément des “représentants” dans une aristocratie ou une oligarchie, aux autres membres de la collectivité. Pour les contemporains de Sieyès, du moins ceux de ses contemporains versés dans le savoir sur ces questions, il ne faisait pas de doute que l'élection est le mode aristocratique de désignation des membres du gouvernement, et non celui démocratique. Je le dis de nouveau, s'il a ma préférence je ne fais pas l'hypothèse que la démocratie est “le meilleur des régimes”, c'est celui que je préfère, voilà tout, mais il faut donner au choses le nom qui leur correspond. Pour citer un autre auteur, je suis assez d'accord avec cette proposition d'Albert Camus, «Mal nommer un objet, c'est ajouter au malheur de ce monde»: dire d'une aristocratie ou d'une oligarchie que c'est une monarchie ou une démocratie c'est se préparer à l'incompréhension et aux problèmes sans fin, donc ajouter aux malheurs de ce monde, car dans une aristocratie ou une oligarchie, comme le dit si bien Sieyès à propos du “gouvernement représentatif”:

«Pour l’utilité commune [les Citoyens] se nomment des Représentants bien plus capables qu’eux-mêmes de connaître l’intérêt général, et d’interpréter à cet égard leur propre volonté».

Dès lors que le régime correspond au cas du “gouvernement représentatif”, ce qui vaut pour la démocratie,

«L’autre manière [pour le Citoyen] d’exercer son Droit à la formation de la Loi, est de concourir soi-même immédiatement à la faire. Ce concours immédiat, est ce qui caractérise la véritable démocratie»,

ne vaut pas pour l'aristocratie ou l'oligarchie, donc il n'est en rien anormal, dans un tel régime, que le “choix de la majorité” ne soit pas pris en compte par “les représentants”, puisque ceux-ci sont «bien plus capables [que les représentés] de connaître l’intérêt général, et d’interpréter à cet égard [la] propre volonté [des représentés]».

Je le répète, j'admets ce principe même s'il ne me convient pas, il se peut que je sois dans l'erreur en supposant préférable la démocratie, il se peut en effet que “les Représentants” sachent mieux que “les Représentés” ce qui est bon pour eux, mais en ce cas il ne faut pas prétendre que le régime est démocratique, car si “les Représentés” expriment, parfois à une très forte majorité, leur volonté, et que “les Représentants” s'assoient sur leur décision, ça ne peut que résulter en un énorme ressentiment. Nos actuelles élites se désolent du fait que “les extrêmes” (gauche et droite) aient le vent en poupe, mais c'est une conséquence logique de leur choix de nommer “démocratie” un régime non démocratique: constatant que “le choix du peuple” n'est pas respecté, ledit peuple en conclura, non pas que c'est normal puisqu'on est en aristocratie ou oligarchie, mais que c'est anormal puisqu'on est censément en démocratie; le peuple en tirera la conclusion que les élites dirigeantes actuelles “ne respectent pas le régime” en tant qu'il serait une démocratie, et la conclusion seconde qu'il faut remplacer ces élites par d'autres représentants, possiblement pas tellement plus respectables que les actuels mais qui au moins proposent une solution alternative nominalement “en faveur du peuple”. Bien sûr que ces deux ensembles ne souhaitent pas nécessairement la démocratie mais c'est aussi le cas des élites en place. Que “le Peuple” soit dans l'erreur en voulant remplacer une oligarchie par une autre est évident, mais iol est déjà dans l'erreur en se croyant en démocratie, et les élites actuelles ont tout fait pour le plonger dans cette erreur, donc c'est à elles-mêmes qu'elles doivent s'en prendre si elles cherchent un coupable à la gabegie actuelle.

De l'individuel au collectif

C'est la situation actuelle dans la gestion du “Club” de Mediapart: elle découle d'une décision individuelle et oblige les individus n'ayant pas contribué directement à sa constitution à se conformer individuellement aux contraintes qui produisent le pseudo-collectif que constitue “le Club”. On peut dire que ça part d'une bonne intention mais comme il m'arrive de le dire, les intentions ne comptent pas, seules comptent les actions. Et l'on peut constater que l'action “la nouvelle formule de Mediapart”, ne correspond en rien à l'intention, laquelle était celle-ci, nous écrivait Edwy Plenel à l'époque:

«Pour mieux répondre aux attentes de son public, Mediapart lance aujourd’hui une nouvelle formule qui modifie graphiquement sa page d’accueil, les articles du Journal et les billets du Club. Privilégiant le confort de lecture, son objectif est d’être plus distinctif, plus accessible et plus lisible».

Comme nous tous, Edwy Plenel est un rhéteur, mais plutôt sophiste que dialecticien, il a notamment l'art de présenter comme nouveau ce qui est ancien, comme nécessaire ou primordial ce qui est superflu ou secondaire, et comme propre à un certain domaine ce qui ne l'est pas. Le billet dont je citais l'introduction (ou article car ce texte publié dans le cadre du “Club” participe de la stratégie et des tactiques mises en œuvre par la partie “Journal”, c'est donc un article – un “éditorial” – de la rédaction publié comme billet du “Club”) débute ainsi:

«Le propre d’une presse en ligne est de savoir évoluer, en tenant compte des demandes de son lectorat et des évolutions de la technologie. Premier quotidien généraliste totalement numérique, défendant la valeur d’une information indépendante ayant pour seule ressource l’abonnement, Mediapart a déjà beaucoup changé depuis son lancement le 16 mars 2008, précédé de celui d’un pré-site le 2 décembre 2007. La dernière évolution d’ampleur de notre site remonte à juillet 2013 (lire ici et là), suivie de la création à l’automne 2016 du Studio réunissant nos productions multimédias (lire ici). Nous comptions alors moins de 100 000 abonnés et environ une trentaine de journalistes.
Avec désormais plus du double d’abonnés (le cap des 200 000 a été atteint) et d’effectifs (notre entreprise compte aujourd’hui 120 salarié·e·s, dont la moitié de journalistes), une nouvelle formule s’imposait qui, notamment, prenne en compte la richesse accrue de nos contenus (laquelle se traduit par une augmentation sensible du nombre d’articles publiés par jour), la multiplication de nouveaux formats (émissions vidéos, podcasts audios, datavisualisation, films documentaires, portfolios) et l’affirmation d’une politique de l’image plus présente et mieux maîtrisée (avec la création d’un poste spécifique dévolu à un photographe professionnel, Sébastien Calvet)»
.

La fin de ce début, à partir de «une nouvelle formule s’imposait», ne dit rien de très valide, de très certain, elle rend compte d'une réalité, depuis la création de Mediapart la diversité des types de contenus s'est accrue mais depuis la quinzaine d'années où la version initiale fut élaborée la “maquette” de la partie “Journal” s'est progressivement modifiée pour prendre en compte ces évolutions, donc une “nouvelle formule” ne s'imposait pas, une simple adaptation de la “formule” en cours début 2021 aurait suffi. Factuellement, la “formule” d'octobre 2021 prenait déjà tout cela en compte, et les productions autres que celles valables pour la presse écrite étaient déjà largement mises en valeur, la “politique de l'image” existait avant la mise en place de la “nouvelle formule”, et les contenus audios et vidéos étaient déjà très présents et très promus; si on va sur la “page de une”, la page d'accueil du site, on ne peut pas vraiment dire que la “nouvelle formule” apporte tellement plus de “lisibilité” (pour rappel, la «nouvelle formule [a pour] objectif […] d’être plus distinctif, plus accessible et plus lisible» – ouais, je sais, l'accord de genre entre “nouvelle formule” et “distinctif” cloche, mais je n'y suis pour rien), j'en suis à la moitié de la page est il y a déjà quarante-cinq liens vers des articles ou des “séries”, plus une quinzaine de liens vers les billets du “Club”, le tout agencé dans un savant désordre.

Page de une du 29 septembre 2025 à – pas d'heure indiquée, il est juste mentionné «Édition de la mi-journée». Là je viens d'actualiser, et en effet l'organisation et le contenu de la page a évolué mais pas tant que ça, les articles “chauds” (les premiers listés) sont passés au statut “tiède” (rétrogradés) ou “froid” (sortis de la liste), remplacés par des articles “chauds” ou “brûlants”. Après un “teasing” en haut de page sur «La fabrique de la rentrée littéraire», sur la «Nouvelle newsletter “Récit total”», sur «Répondez à notre questionnaire – Pour nous aider à améliorer notre offre vidéo» et sur «La lettre antiraciste de Mediapart», on a un article en exergue, non classifié, mais dont on devine qu'il ressort de la catégorie de l'article qui suit, «Au Maroc, la jeunesse lance une mobilisation majeure pour la santé».

Les articles (un par rubrique mentionnée) sont classés dans l'ordre, si l'on peut dire de:

  • Afrique(s)
  • Europe – Reportage
  • Europe – Analyse
  • Vidéo
  • Médias – Enquête
  • Éducation et enseignement supérieur – Dépêche
  • Proche et Moyen-Orient – Analyse
  • Climat
  • Éducation et enseignement supérieur
  • Transparence et probité
  • Culture et idées – Enquête
  • Discriminations
  • Justice – Dépêche
  • Justice – Analyse
  • Justice – Analyse

Les trois derniers articles appartiennent à un “dossier” et ont en commun d'être classés dans la rubrique “Justice” mais c'est circonstanciel, ils concernent Sarkozy et entrent dans le “dossier” «L'argent lybien de Sarkozy» (excusez du peu, 209 articles…), cependant il n'y a un début de mise en ordre qu'après. Enfin, mise en ordre, faut voir… Les deux premiers éléments,

  • Toutes nos séries
  • Vidéos

ne mettent pas vraiment de l'ordre, les “séries” ont un point commun, les articles forment des séries, plus ou moins fournies, mais c'est leur seul point commun, et bien sûr la rubrique “Vidéos”, et bien, ne fait que recenser les vidéos disponibles, quel que soit leur thème.

ensuite on a effectivement des classements par rubriques mais bon, ça n'est pas si simple. On a dans l'ordre (ouais, chaque fois que j'écris “dans l'ordre” je me dis, «enfin, plus ou moins “dans l'ordre”»…), ces rubriques:

  • Société
  • Dans le monde
  • Économie et social
  • Écologie
  • Podcast
  • Culture et idées

Problème, cet ordre est plus ou moins cohérent. Détaillons les trois premières:

  • Société
    • Discriminations
    • Enfances – Enquête
    • Outre-mer
    • Violences sexistes et sexuelles – Enquête
    • Habitat
  • Dans le monde
    • Proche et Moyen-Orient – Reportage
    • Asie et Océanie – Reportage
    • Amériques
    • Europe – Reportage
    • Migrations – Chronique
  • Économie et social
    • Inégalités
    • Travail
    • Transparence et probité – Enquête
    • Santé – Enquête

Suit un “Portfolio”, mais clairement en lien avec ce qui suit. Ce qui suit? Et bien je ne sais pas trop comment on peut qualifier les trois, ou quatre, ensembles d'articles placés sous un même intitulé, des séries, des dossiers, des rubriques? C'est dans l'ordre:

  • Palestine
  • Affaire du chantage de Saint-Étienne
  • Sarkozy-Kadhafi
  • Argent libyen : pour tout comprendre

Les journalistes ont une mythologie (j'en discutais notamment dans le billet… Euh! Ah ben non, je n'en discute pas trop dans le billet intitulé «Un ensemble de mythes forme-t-il une mythologie?» – comme dit en conclusion du billet, «Ah! Au fait, la réponse à la question du titre est oui», C'est à-peu-près tout ce que j'en dis, sinon que j'y écris elliptiquement, «Ces temps-ci (dernier trimestre 2022) je discute dans divers billets des “journalistes” et de leurs “mythes professionnels”, en m'appuyant notamment sur un ouvrage de Jacques Le Bohec intitulé justement Les mythes professionnels des journalistes», pour n'y plus revenir. Dans la page «Les mythes professionnels actuels des journalistes français » on trouvera une présentation succincte du bouquin.

On reprend: les journalistes ont une mythologie et j'en discutais notamment dans «Philosophie de l'information» (novembre 2021), plus indirectement dans «Propagande médiatique» (septembre 2019). Au fait, pourquoi j'en cause? Ah oui! Pour un de ces mythes, que Plenel notamment convoque régulièrement, de manière explicite ou implicite (enfin, pas si implicite, simplement il ne mentionne pas le mythe, mais le convoque quand même) celui de la “hiérarchie de l'information”. Tiens ben je n'en cause pas dans les deux billets cités? Bizarre, il me semblait que oui. Le Bohec en cause mais, semble-t-il, pas dans le texte indiqué, vraisemblablement il le fait dans son bouquin. J'avais songé à l'acheter dans sa version numérique mais il est trop cher. Bon, je consulte vite fait le livre. Pas trouvé ce que j'y cherchais. Bon, j'y retourne vite fait.

Ouais, il en parle, notamment en développant le mythe «sélection» présenté ainsi dans le document cité:

«bien qu'une des maximes du journalisme français soit “informer, c'est choisir”, les circonstances d'un réel tri totalement libre parmi des informations pléthoriques restent beaucoup plus rares qu'on veut bien le dire».

Une manière cursive ici, plus précise dans le livre, de mentionner l'écart entre l'hypothèse d'une “hiérarchie de l'information” objective: on sélectionne les informations en fonction de leur valeur, et non en fonction des priorités de la hiérarchie, ou des siennes propres, ou en fonction du fait qu'à un instant donné tel type d'information paraît prioritaire, tel autre type à un autre moment.

Par exemple, j'avais noté une évolution assez phénoménale dans la “hiérarchie de l'information” fin 2001: en moins de quinze jours la Très Grosse Information Prioritaire du moment, “le 11 septembre” et ses conséquences, qui occupait l'essentiel de l'information, des informations, a presque disparu, se trouvant reléguée en deuxième ou troisième position et assez vite, après avoir eu un traitement quotidien pendant des mois, devint plus épisodique, pour n'apparaître plus qu'une à trois fois par semaine. Pourquoi? Parce que, du moins en France (autant que je sache, ce ne fut pas le cas aux États-Unis et dans quelques autres pays), la Grosse Information Prioritaire fut, dès la fin décembre, “la présidentielle”, celle de 2002, et celle seconde “l'insécurité” (qui retrouva d'ailleurs son niveau d'avant le 11 septembre 2001, ce sujet ayant été fermement lancé le 14 juillet de cette année par Jacques Chirac lors de son interview du jour, et repris jusqu'à plus soif par les médias). Bien sûr “le 11 septembre” (ou plutôt ses suites) réémergea un peu à cause de ce qui se passait en Afghanistan, mais loin de son niveau antérieur: le 13 septembre, ainsi que le proclama un éditorial du Monde nous étions “tous américains”; fin décembre 2001 nous étions tous redevenus franchouillards, et obsédés par “la présidentielle”. Enfin, tous, je ne sais pas, autant que j'aie pu le constater, le 13 septembre nous n'étions pas “tous Américains”, et le 26 décembre nous n'étions pas tous devenus ou redevenus franchouillards, loin s'en faut. Mais les médias, oui. Bref, la “hiérarchie de l'information” résulte, non d'un choix objectif et raisonné mais d'un ensemble de facteurs, dont l'un domine, le conformisme: choisir la même “information prioritaire” et la traiter à-peu-près de la même manière que les voisins. Pour illustration, le billet «Divinations (ou: Madame Irma vous parle de la presse)» me semble assez bien décrire comment un événement somme toute secondaire – d'une certaine importance, mais loin de paraître prioritaire – devient provisoirement Le Gros Truc, alors même qu'aucun journaliste ne dispose d'informations suffisantes pour savoir exactement de quoi il retourne, ce qui suscite une avalanche de “non-informations”.

Je comptais discuter un peu de la notion de “non-information” ou “non information” mais c'est inutile, dans au moins deux textes (dont un qui avait disparu mais que j'ai pu exhumer) publiés par ailleurs j'en discute, l'un – celui exhumé –, «La non information va de plus en plus vite», en faisant son thème principal, l'autre, «La conspiration des femmes», l'évoquant dans sa partie «Non-information, désinformation, surinformation et contre-information» en le traitant un peu différemment.

Une part non négligeable des événements et faits relatés par les médias en tant que “informations prioritaires” sont des non-informations, des faits et événements d'une extrême prévisibilité et n'apportant à proprement parler aucune information à la majorité, parfois la totalité des personnes susceptibles de les recevoir. Je le mentionnais dans un des articles indiqués – bon, je fais l'effort de vérifier dans lequel… Je le supposais, je le certifie maintenant, c'est dans «La non information va de plus en plus vite». Donc, Je le mentionnais dans un de ces articles:

«Les médias s'intéressent […] surtout [aux faits] ordinaires, [notablement ceux] dits régionaux [qui] se consacrent largement à des faits ordinaires, informations de proximité ou de service […]. Mais les médias généralistes [nationaux] traitent aussi pour l'essentiel de faits ordinaires, et pas seulement les sujets de proximité ou de service […]. Le cas le plus évident me semble l'information institutionnelle: on ne peut vraiment dire que les paroles et gestes de nos responsables institutionnels sortent souvent de l'ordinaire, ils ont des fonctions assez routinières et prévisibles, pourtant cela forme une part importante des informations supposées extraordinaires que les médias généralistes diffusent. Même si avec des moyens rhétoriques différents, les médias généralistes “spectacularisent” tout autant [ces faits] que ceux à scandale ou people, les mettent en scène, les “fictionnalisent” pour leur donner un relief qu'elles n'ont souvent pas. Pour exemple, les voyages de responsables politiques à l'étranger: d'un voyage l'autre on a peu de variation et peu d'informations à proprement parler, les étapes sont les mêmes, les protocoles répétitifs, les discours convenus, pourtant il y a presque toujours nombre de sujets avant, pendant et après pour tenter de singulariser ce qui n'a que rarement un caractère singulier. Ce qui nous amène tout doucement à la non information»

On y est déjà entré à ce moment de l'article, car nombre de faits et événements institutionnels, surtout ceux les plus fortement spectacularisés, sont des non-informations, outre que le fait est hautement prévisible et l'événement assez prévisible, le contenu informatif de la séquence rapportée n'apporte aucune information, ou dans les meilleurs cas aucune information nouvelle, on va une n-ième fois rapporter une même “information”, qui est parfois dès le départ une non-information voire une désinformation. Dans un autre article je discute d'un de ces cas, celui des “conférences de presse” mensuelles ou hebdomadaires (je ne me rappelle plus la fréquence prévue, je le saurai en citant la discussion que je fis à l'époque) que Dominique de Villepin, à l'époque où il fut premier ministre, avait prévu de tenir. Je cite, plus longuement que je ne l'avais prévu:

«Bien sûr, il y a les “événements politiques” et autres jamborees nationaux ou internationaux ; là aussi c'est une mise en scène : “Dominique de Villepin lance la privatisation partielle d'EDF”, annonce “lemonde.fr” à la date du 24 octobre 2005 ; et l'on apprend que “le premier ministre, Dominique de Villepin, a affirmé, lundi 24 octobre, qu'il n'était "pas question de se désengager d'EDF" et que l'Etat conserverait "au moins 85% du capital" de l'entreprise. "D'après la loi, l'Etat doit rester actionnaire à plus de 70%. Nous avons décidé d'aller au-delà de ce seuil de garantie. Ma conviction, et celle de mon gouvernement, c'est que l'Etat a vocation à contrôler durablement EDF", a-t-il déclaré lors de la signature à Matignon du contrat de service public avec EDF”. Mais nous savons déjà tout cela depuis plusieurs jours ou, pour certains éléments, depuis quelques semaines, à cette date nous connaissons chacune de ces “informations nouvelles” qui tombent de la bouche de l'oracle de Matignon. Au passage, voici la photo qui illustre cet article :

Privatisation d'EDF sur fond de centrale nucléaire… Et voici le commentaire qui l'accompagne : “La centrale nucléaire de Dampierre-en-Burly. Le premier ministre, Dominique de Villepin, a annoncé, lundi 24 octobre 2005, l'ouverture du capital d'EDF”. Un scooter passe… Ce que dit Villepin est faux, bien sûr : l'ouverture à la concurrence du secteur énergétique fut décidée au niveau européen il y a dix ans, le gouvernement Jospin la prépara avant 2000, celui de Raffarin la mit en place dès 2003, le “projet de loi d'orientation sur l'énergie” entérinant la privatisation partielle d'EDF fut “déposé à l'Assemblée Nationale le 5 mai 2004”. Dominique de Villepin “annonça” au mois de juillet 2005 ce qu'on savait donc depuis plus d'un an.
Les images n'informent pas dans le cadre des “informations” sauce journalisme, et de ce point de vue ne servent à rien. Mais ne sont pas pour autant inutiles. Ce sont des instruments de propagande servant à appuyer un discours en le “dramatisant” ou au contraire en le “dédramatisant”. Considérant les choses, il n'y a pas de différence formelle entre usage “artistique” et “informatif” des images, quand du moins elles ont du sens : elles sont mises en scène en vue d'un effet d'ordre émotionnel»
.

Je n'avais pas prévu de le faire mais je vous mets en lien l'article en question un vieux machin de l'automne 2005, «Oiseaux aviaires». En fait c'est dans un autre article, «Les deux premiers morts de la canicule», que je cause explicitement des “conférences de presse” (à périodicité mensuelle), cela dit l'“annonce” mentionnée dans la citation eut bien lieu durant un de ces machins. Ah ben! Du coup je retrouve le texte où je causais de la “hiérarchie de l'information” – me semblait que c'était dans un texte plus récent, genre 2017, mais non, ça date de l'été 2006. Allez, je cite:

«Il y a cette part évoquée, estampillée “priorité absolue”, les informations institutionnelles émanant des autorités locales, nationales et internationales ; dans des pays comparables à la France, il y a celles venant des partis politiques, du moins ceux jugés représentatifs ; les événements catastrophiques qu'on dira “classiques” (guerres civiles ou interétatiques, catastrophes naturelles ou industrielles, faits divers très spectaculaires et généralement sanglants ou sordides) font un troisième groupe constant ; il y a les “informations de service”, qui pour notre époque sont la météorologie, les conditions de circulation automobile, l'actualité culturelle et, dans les médias locaux et régionaux, tout ce qui a trait à la continuité du service public, principalement la santé. Il y a un groupe fluctuant de sujets prioritaires, que dans une autre rubrique j'appelle les “sujets de société”, qui dépendent du contexte culturel, social, économique et politique. Malgré tout, il y a une certaine constance dans ce type de sujets, ils s'articulent sur un nombre restreint de thèmes : la violence, la mort, la sexualité, les “cas sociaux” et ce que j'appelle l'influx social et qui s'acquiert de diverses manières dont les plus significatives sont la détention de biens, la notoriété et la position sociale, les trois allant souvent ensemble. Et bien sûr, tout ce qui a trait à ce qu'on peut rassembler dans la catégorie “la peur de l'Autre” avec un grand A. La peur ou la haine, pour peu que ça diffère. Disons, la phobie de “l'Autre”.
Cette hiérarchie a ses défauts, notamment celui de faire que certaines informations n'ont d'autres raisons d'être diffusées que de rentrer dans ces canons. J'évoquais le cas des conférences de presse mensuelles mises en place par Dominique de Villepin quand il devint premier ministre : dans l'ensemble, elles n'ont pas grand intérêt pour la raison simple que les gouvernements français ont pris l'habitude de “communiquer” à tout moment depuis une bonne dizaine d'années, ce qui consiste notamment, pour le premier ministre à intervenir dans les journaux télévisés au moins une fois par semaine, à publier une à deux fois par mois des “tribunes libres” dans
Le Monde ou Le Figaro, et pour sinon tous ses ministres du moins pour les plus en vue à commenter dans les médias la moindre de leurs actions ; ce qui fait qu'au moment de ses conférences de presse, M. de Villepin doit le plus souvent se contenter de redire une n-ième fois ce que lui ou MM. Borloo, Sarkozy et consorts ont déjà dit par ailleurs. Autre limite, “l'action du gouvernement” n'avançant pas vraiment à un rythme mensuel, le plus souvent notre premier ministre tend à redire d'une fois l'autre les mêmes choses[7]. Dans le même domaine, il y a un autre effet lié à cette prévisibilité des discours de politiciens ou au contraire, de temps à autre, à leur spécificité non réductible, le jeu obligé des “petites phrases” dont je discute par ailleurs : l'idée de base est que quand un politicien fait un discours, le médiateur averti, dit aussi “analyste politique”, doit en extraire la phrase qui en exprime la substantifique moelle. Problème, quand un discours est réellement vide, aucune de ses phrases ne répond au critère, et inversement quand un discours a un contenu consistant il ne peut pas se tenir dans “la petite phrase” qu'on en tirerait. Autre cas, celui ou une phrase, émise dans un certain contexte, en est abstraite pour imputer à celui qui l'a émise une opinion ou une position qu'il n'a pas».

Et voici la note 7:

«Peu après que j'écrive cela nous eûmes droit à la dernière conférence “d'avant vacances” (dixit ma radio) qui illustre bien mon propos. Hormis la mise en scène (la tenir dans un des quartiers réputés sensibles) elle n'eut pas le moindre intérêt: Dominique de Villepin répéta rituellement son slogan favori selon lequel “2006 ne sera pas une année de transition”, la variante du jour étant “Il n'y a aucune pause possible. Il faut garder le rythme!”, le problème venant de ce que l'année est très entamée et ressemble de plus en plus à cette impossible pause… Après, il y a les “bons indicateurs”, toujours les mêmes, qui sont la baisse du nombre de chômeurs recensés (ce qui n'induit pas que le nombre effectif de chômeurs suit la même courbe), la croissance “qui est bonne” (le ministre des finances l'indiquait “à 2 ou 2,5%”. On ne sait trop ce qu'est ce nombre: pour les analystes des divers organes s'occupant de la chose elle se situe à 0,6%; si on considère la croissance du PIB sur un an, avec cette valeur on tourne alentour de 1,5%). Comme d'habitude encore il a expliqué que ce qui n'a pas marché cette année n'est pas de son fait, notamment, l'abandon du contrat première embauche (CPE) viendrait de ce qu'il “n'a pas remporté l'adhésion nécessaire”, et non de quelque manque de concertation préalable ni d'une rédaction quelque peu révulsive pour les futurs “premiers embauchés”. Bref, l'exercice de la conférence mensuelle est un dur exercice quand on n'a pas grand chose à dire…».

Autant que je me souvienne, ce fut aussi la dernière de ces “conférences de presse mensuelles”. On a eu quelque chose de similaire au tout début du premier mandat d'Emmanuel Macron, il avait décidé d'instaurer lui aussi une “conférence de presse mensuelle” mais ça ne dura pas très longtemps parce que réaliser cette performance requiert un type de talent dont il ne dispose pas, comme je le disais dans d'autre billets, il est assez bon à la “broche”, très mauvais à la “canne” (deux termes de théâtre pour les techniques “à la brochure”, avec texte tout écrit et indications de jeu, et “au canevas”, un conducteur très mince, quelques mots, quelques phrases, et on improvise dessus) et si une part du rituel de la conférence de presse est “à la broche”, toute une partie est “à la broche” et franchement, dans ce domaine il est assez lamentable, d'où l'arrêt très rapide de ces “conférences de presse”, après la deuxième ou troisième il me semble. Il s'imaginait peut-être que “la fonction crée l'organe”, que d'accéder à la fonction de président de la République vous donne tous les talents mais non, on ne peut pas tous être un de Gaulle, un Kennedy, un Mitterrand, ni même un Hollande, piètre président mais assez bon orateur et débatteur…

Au fait, dans l'article j'explique le pourquoi de cet étrange titre, «Oiseaux aviaires», et on y découvre la signification de cette sibylline phrase, «Un scooter passe…». Bon, je reprend le fil de cette discussion.

Pourquoi “de l'individuel au collectif”? Edwy Plenel, principal animateur de Mediapart, et plus ou moins sa “conscience”, a une conception très claire du métier de journaliste. Très erronée mais très claire. Il donne à fond dans la majorité des “mythes professionnels”. Est-ce qu'il y croit? Je ne le certifierai pas mais c'est possible. En tout cas, en tant que “patron de presse”, ce qu'il fut bien avant de participer à la création de Mediapart, même si dans ses précédentes fonctions il ne le fut qu'indirectement, tant à ses débuts de “journaliste rouge” (il ne dirigea pas le périodique de la LCR Rouge mais y fut pendant un temps un des principaux animateurs, et même si ce fut bref, il dirigea un autre périodique de cette mouvance, Barricades, l'organe de la JCR), mais sa carrière de responsable d'un groupe de presse commence plus tard, à partir de 1994-1995, dans le journal puis donc, dans le groupe de presse qu'il contribua, aux côtés de Jean-Marie Colombani, à fonder.

Il y a bien des sinuosités dans son parcours, il a eu, il a encore je suppose, des accointances avec des personnes douteuses sur bien des plans, dont le plan moral, et lui-même eut quelques pratiques d'une moralité faible, pour être aimable. Est-ce que ça met en cause ses convictions affichées sur la fonction d'un journal, celle d'un journaliste, bref à son adhésion proclamée à une bonne part des mythes professionnels de cette catégorie de travailleurs? Rien de certain, Plenel me semble tout-à-fait du genre qui pense, et qui peut-être dit, que la fin justifie les moyens, qu'un mauvais moyen employé pour une bonne fin est un bon moyen. En tant que journaliste, est spécialement de “journaliste d'investigation” (dans son tout dernier article publié quelque mois après sa mort dans Le Monde diplomatique de septembre 2019, «Dans les cuisines de l’investigation»[1], Pierre Péan taille quelques croupières aux tenants dudit “journalisme d'investigation”, spécialement à Edwy Plenel et à Mediapart. J'en discutais justement dans «Philosophie de l'information» et dans un autre billet plus ancien (novembre 2019), «Le Paradoxe Polanski», ou plus exactement j'évoquais cet article, et le commentais aussi un peu. Dans «Le Paradoxe Polanski» je faisais notamment ce commentaire:

«Clairement, on a les deux dans Mediapart: un journalisme d'enquête et, désolé d'avoir à l'écrire, un journalisme d'officine basé sur la délation qui de nos jours se couvre artificieusement du lin blanc des “lanceurs d'alerte” – ce qui en outre contribue à décrédibiliser les lanceurs d'alerte. N'étant pas acteur mais observateur je serai moins tranché et tranchant que Pierre Péan, il y a tout un pan du travail de la rédaction de Mediapart qui ressort de l'enquête telle que la défendit et l'illustra Pierre Péan, et tout un autre pan qui ne donne ni dans l'enquête ni dans “l'investigation” et contribue au débat public d'une manière constructive – plus un pan moins glorieux même si assez brillant, qui donne dans la polémique à faible niveau de crédibilité, mais habile dans l'art de la rhétorique à tendance sophistique – mais de fait, un certain nombre d'enquêtes ne le sont que de nom. Ça vaut pour tous les médias, à des degrés divers. Factuellement, il y a une relation nette entre la situation financière d'un média et son niveau de fiabilité».

Je n'y citais pas ces passages mais ça se relie à ces propos de Péan, cités en revanche dans «Philosophie de l'information»:

«Il existe au fond deux manières d’enquêter. L’une […] pourrait se définir comme un banal journalisme lent: l’enquêteur choisit son sujet et lui consacre un temps, une énergie que la plupart des rédactions refuseraient d’investir. Il avance à l’aveugle, progresse par à-coups et prend le risque de se tromper. Ses recherches débouchent généralement sur des affaires peu judiciarisées, comparativement aux scandales politico-financiers qui font la “une” […]. Bien qu’elles prétendent généralement suivre ce chemin escarpé, la plupart des têtes d’affiche du journalisme d’investigation travaillent d’une manière radicalement différente. Il ne s’agit pas d’enquêter, mais d’attendre une fuite. Celle d’un procès-verbal d’audition ou d’enquête que transmet un juge, un policier, un avocat. Le document arrive […]. L’intrépide limier s’emploie ensuite à le réécrire en style journalistique».

Et dans aucun billet où je mentionne (et cite) cet article de Péan, je ne proposais ce passage:

«Tout se passe comme si quelques personnages de la scène journalistique étaient subrepticement parvenus à changer l’ordre des articles de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 en faisant passer la présomption d’innocence (article 9) après la libre communication des pensées et des opinions (article 11). Et encore: le droit à l’information n’y figure pas […]. Incombe-t-il à la presse de trancher seule cette question ou celle de la protection de la vie privée?
Le débat sur l’utilisation des écoutes téléphoniques par les vedettes de l’investigation illustre bien cette tension. Comme tous ceux qui travaillent sur des questions sensibles, Plenel, alors journaliste au
Monde, a fait l’objet d’une surveillance. Il a raconté dans un livre cette épreuve. “Un dialogue au téléphone, c’est comme une conversation avec soi-même, écrit-il dans Les Mots volés (Stock, 1997). Si l’interlocuteur est un intime, on s’y livre, on s’y met à nu, on y pense tout haut, on parle trop vite, on exprime ce qu’on ne pense pas vraiment, on ment, on profère des bêtises, on dit n’importe quoi, on affirme comme une vérité ce dont on doute profondément (…). On se croit chez soi, à l’abri, dans une intimité protectrice”. Vingt ans après la rédaction de ce texte percutant et sincère, il invoque la notion d’“intérêt public” pour justifier la publication par Mediapart d’autres “mots volés“, ceux du majordome de Liliane Bettencourt, l’héritière de L’Oréal, ou de M. Alexandre Benalla. Indéniablement, les révélations suscitent un intérêt public. Mais leurs ressorts ne sont pas toujours aussi moralement impeccables que le voudraient les justiciers de plume. La joie mauvaise de voir tomber les corrompus a souvent pour corollaire l’impuissance face aux structures corruptrices, qui, elles, restent en place quand un ministre chasse l’autre. On se croit vengé, mais rien n’a changé».

Vient à la fin de ce passage un lien vers cette note de bas de page:

«une Lire Razmig Keucheyan et Pierre Rimbert, “Le carnaval de l’investigation”, Le Monde diplomatique, mai 2013, et Denis Robert, Pendant les “affaires”, les affaires continuent, Stock, Paris, 1996».

J'en cause car dans l'article mentionné il y a un passage fort intéressant, qui en forme le début:

«En avouant le 2 avril dernier détenir un compte occulte en Suisse, conformément aux conclusions d’une enquête publiée par Mediapart, l’ex-ministre français du budget Jérôme Cahuzac a élevé le site d’information au rang de justicier public. Hier sceptiques ou attentistes, ses confrères célèbrent ses vertus. Débordées ou confortées, des personnalités politiques lui rendent hommage. Hors des cercles du pouvoir, l’“affaire Cahuzac” suscite un mélange d’indignation et de jubilation, de colère contre la corruption et d’impuissance politique. Quand s’enchaînent les suppressions d’emplois et les exhortations à l’“effort” pour ceux-là mêmes qui les subissent, qui ne se sentirait pas un peu vengé par la chute du ministre et par l’obstination de Mediapart à exposer ses turpitudes?
“Subversivisme”. C’est ainsi qu’Antonio Gramsci qualifierait peut-être l’humeur politique qui monte en Europe à la faveur de la crise. Pour le penseur marxiste italien, ce terme désigne les formes de rébellion privées et inorganisées. Celles qui reposent sur un fort ressentiment à l’égard de l’État, déplorent ou moquent le spectacle donné par les puissants, mais intériorisent en même temps la position de subalternité. Le peuple italien, dit Gramsci, incline au subversivisme — le fascisme s’en nourrira largement»
.

Comme je le disais, Plenel me semble du genre qui pense que la fin justifie les moyens, qu'un mauvais moyen employé pour une bonne fin est un bon moyen. Qui le pense et qui le dit, sinon qu'on bon sophiste il inverse les choses ou plutôt, a l'art de les transformer. Un autre passage de l'article de Péan me semble assez significatif sur ces aspects du “journalisme d'investigation»:

«Dans l’affaire Cahuzac (qui, précisons-le, procédait d’une vraie enquête d’initiative), le directeur de Mediapart Edwy Plenel n’a pas hésité à écrire au procureur de la République pour exiger qu’il prenne un réquisitoire supplétif afin que le juge instruise les faits nouveaux révélés par le site. En d’autres termes, le journaliste ne se contente plus d’aider à la manifestation de la vérité et d’éclairer le jugement des lecteurs : il se fait, dans le cas d’espèce, auxiliaire de justice, voire de police. Cette posture peut paraître légitime pour le public quand il s’agit de dénoncer au procureur un ministre du budget qui fraude le fisc, comme dans le cas de M. Jérôme Cahuzac. Mais le journaliste dénoncera-t-il demain au juge un adversaire politique, un ennemi personnel, un concurrent en affaires ? Tant qu’aucun contre-pouvoir ne contrebalance le pouvoir médiatique, une part du débat public dépendra de la sélection par quelques enquêteurs de fuites mises à leur disposition ; un tri effectué de manière à taper “là où ça fait mal, dans l’espoir qu’il y ait moins de mal, moins de malheur et de souffrance, d’injustice et de misère, un jour”».

La citation à la fin de ce passage vient de l'ouvrage de Plenel Le Journaliste et le Président, une n-ième resucée de sa Grande Affaire à lui, “les écoutes de l'Élysée”, un livre où il «rassemble en un volume ses trois livres sur la présidence de Mitterrand (La Part d'ombre, Un temps de chien et Les Mots volés), en y ajoutant une analyse du procès des écoutes», Pour citer encore Péan sur les méthodes et les recettes (dont celles sonnantes et trébuchantes) du “journalisme d'investigation“, dans la partie intitulée «Présenté comme un service rendu au public, un scoop rapporte de l’argent», qui suit immédiatement la phrase «On se croit vengé, mais rien n’a changé». Donc, rien n'a changé…

«Si ce n’est le compte en banque ou la surface sociale du média qui a sorti l’affaire. Car l’intérêt public si souvent évoqué entretient avec l’intérêt privé des liens étroits. Toujours présenté comme un service rendu au public, un scoop rapporte. Il fait la “une”, suscite des reprises télévisées et radiophoniques, crépite sur les réseaux sociaux, se convertit en notoriété, en crédibilité puis en ventes, en abonnements, en hausses du tarif des publicités. D’où la technique exaspérante du “feuilletonnage”, qui consiste à saucissonner la publication des procès-verbaux afin de faire durer la révélation et d’en amplifier l’impact, tout en présentant ce procédé commercial digne d’un bateleur de foire comme une dramaturgie inhérente aux rebondissements de l’enquête. Cet étalement déstabilise parfois le déroulement des confrontations politiques: en période de campagne électorale, il permet de centrer le débat sur les suspicions dont fait l’objet un candidat plutôt que sur son programme».

Dans l'article de Wikipédia sur Plenel on peut lire ceci:

«Son livre Secrets de jeunesse (2001) revient sur une jeunesse militante trotskiste qu'il n'a jamais reniée. Il dit être resté un “trotskiste culturel“».

Je ne sais pas si vous connaissez bien le trotskisme, moi oui, je le connais “de l'intérieur“ bien que n'ayant jamais adhéré à un parti ou un mouvement trotskiste, ni d'ailleurs avoir adhéré à l'idéologie trotskiste. En fait, je connais plusieurs courant idéologique “de l'intérieur” parce que je suis curieux de tout et pour satisfaire ma curiosité il ne me suffit pas de m'informer quand il s'agit de faits sociaux importants, comme les idéologies, il me faut y aller voir de près, d'autant plus quand nominalement un courants d'idées est “proche de moi”, c'est-à-dire, censément “de gauche”, j'ai donc fréquenté, entre autres, et de très près, les anarchistes, communistes du PCF, ceux des mouvements trotskistes et maoïstes (là de beaucoup moins près cependant, ils craignaient vraiment, le maoïsme requiert de ses adeptes une adhésion aveugle et une mobilisation de tous les instants, de tous les groupuscules “de gauche” ce sont ceux qui sont le plus qualifiables de “sectes”), les “écolos” de diverses tendances, les socialistes de diverses tendances aussi, bref, un peu tout. C'est instructif et si on a une tendance forte au réalisme ça dissuade de prendre sa carte au parti, à tous ces partis et mouvements. Le trotskisme, je connais donc “de l'intérieur”, j'ai beaucoup fricoté avec le PCI (dont sont issus Lionel Jospin et Jean-Luc Mélenchon), pas mal fréquenté la LCR (dont est issu Edwy Plenel), et moindrement mais non négligemment LO, Lutte Ouvrière, bref, les trois principales tendance trotskistes en France, ça permet d'avoir un avis éclairé sur cette idéologie.

Ces temps derniers j'ai acheté et en grande partie lu plusieurs ouvrages de Jean-Pierre Le Goff, un auteur intéressant, du moins dans ses analyses, dans les conclusions qu'il en tire c'est autre chose. Passons. J'en cause parce que dans son pavé de 1998 (complété en 2002) Mai 68. L’héritage impossible il évoque le trotskisme pour en dire quelque chose d'assez juste:

«[…]».

Ouais ben, c'est pire que je ne croyais: dans l'index de l'ouvrage le nom de Trotski ni le trotskisme n'apparaissent, du coup il m'est difficile de localiser le passage que je comptais citer, le bouquin fait 470 pages écrites très serré, les éditeurs ont perdu l'habitude de citer la taille des polices mais il me semble que le corps de texte est en corps 9 ou 9,5, les notes en corps 7,5 ou 8, bref, c'est petit, et ça fait beaucoup de lignes longues à parcourir pour y retrouver une aiguille. Je laisse tomber, ce qui est dommage, dire un truc pas très aimable sans se parer d'un argument d'autorité risque de dévaluer le propos, j'aurais préféré mettre ça sur le compte de Le Goff. Tant pis, je le mets sur mon compte.

Le trotskisme est un anti-stalinisme, mais un anti-stalinisme qui se distingue mal du stalinisme. Enfin si, qui s'en distingue assez mais pas nécessairement de la meilleure manière, il est très dogmatique, très rigide, et, bien qu'ayant censément lutté contre la “bureaucratisation du parti”, très bureaucratique, quant à son action en tant que l'un des principaux dirigeants de l'Union soviétique et surtout, de l'armée, elle fut pour le moins assez radicale. Staline fut, disons, plus souple mais pas moins radical et violent mais d'autre manière. Et sur les plans idéologiques, au moins dans leurs discours ils ne s'éloignaient l'un et l'autre guère d'une orthodoxie marxiste à la sauce léniniste, des “bolcheviks” bon teint. J'en parle parce qu'il y a une certaine illusion perceptive concernant Trotski, du fait que dans la lutte interne au sein du PCUS (du Parti communiste de l'Union soviétique) et des instances de la Troisième internationale (de l'Internationale communiste dite Komintern) Trotski, en bonne partie par maladresse et par une certaine arrogance, a perdu la partie contre Staline et s'est retrouvé tricard, forcé à l'exil et à une vie d'errance entre 1929 et 1940, il y a une fausse image de lui comme “dissident” et comme “en rupture” avec l'idéologie dominante en URSS, ce qui n'était nullement le cas, il a eu le malheur de ne pas réussir à s'imposer, et comme la lutte pour le pouvoir fut assez féroce il a perdu toutes ses positions, mais au plan dogmatique il ne fut pas tellement en rupture avec la ligne “stalinienne”, du moins celle initiale, en gros, jusqu'en 1936-1937, après c'est différent, mais ça ne concerne pas mon propos dans la discussion en cours.

Je ne sais pas trop ce que peut être le “trotskisme culturel”, en revanche j'ai une idée assez nette de ce qu'est la culture trotskiste, une culture qui s'articule sur une idéologie très dogmatique, des groupes (des partis et mouvements) très structurés avec une hiérarchie forte où l'on requiert des militants de base une adhésion forte aux dogmes et aux décisions des “responsables” de “l'organe central” et une grande disponibilité, bref, un parti marxiste-léniniste comme les autres, avec cependant une dogmatique différente de celle du courant principal, celui représenté par les partis et mouvements héritiers de la Troisième internationale, et bien sûr des autres courants, disons, dissidents, ayant développé une dogmatique rompant en partie (en petite partie) avec celle principale, tels ceux “maoïstes” – là il n'y a pas d'unité dogmatique, il advint au “maoïsme” la même chose que pour le “léninisme, le “stalinisme” et le “trotskisme”, il a connu de nombreuses scissions et sécessions, mais il y a moins de distance dogmatique entre les divers “trotskismes” et “léninismes”, les partis issus des Troisième et Quatrième internationales, qu'entre les divers “maoïsmes”, mais c'est une autre histoire, je me recentre sur le trotskisme.

Il est à comprendre une chose, l'adversaire idéologique le plus dangereux n'est pas celui le plus lointain mais celui le plus proche, comme le chantait, ou plutôt le disait CharlÉlie Couture à propos d'autre chose dans Les Pianistes de bar, il y a celui que l'on

«trouve étrange; il est pas comm'tout l'monde… celui qu'on ne comprend pas bien, celui qu'on fait semblant de ne pas voir quand on le croise parc'qu'il ne colle pas 'vec le décor, parc' qu'on a peur de tout c'qu'on connait pas, tout c'qu'on comprend pas, parc' que les étrangers qu'on préfère encore c'est les étrangers de couleur pa'c' qu'on les r'père de loin…».

L'adversaire “de l'autre bord” est un étranger rassurant car aisément identifiable, celui inquiétant est celui qui nous ressemble trop tout en étant autre, en étant différent et pourtant si semblable à soi. Le grand adversaire du “trotskiste” est le “stalinien”, et réciproquement. Et bien sûr, encore plus inquiétant que le “stalinien” pour le “trotskiste”, il y a le “trotskiste dissident”, encore plus inquiétant que le “trotskiste” pour le “stalinien”, il y a le “stalinien dissident”, en 1936, Stefan Zweig a écrit un texte très intéressant, qui eut deux titres, Conscience contre violence et Castellion contre Calvin, où l'on apprend que du point de vue de Calvin, ses plus grands adversaires, on peut même dire, dans sa perception, ses plus grands ennemis, n'étaient pas les catholiques ou les luthériens, les “réformés”, mais ceux de sa tendance, les “protestants”, quand ils proposaient une dogmatique en partie incompatible avec la sienne, des adversaires si dangereux, de son point de vue, qu'il s'est arrangé quelquefois pour que ces adversaires, qui avaient fui les lieux où il pouvait les atteindre pour se réfugier en zone “catho” soient livrés à l'inquisition sur dénonciation d'un de ses fidèles. Et l'on sait qu'il en fut ainsi en ce siècle, que les “dissidents” de toute idéologie qui parvenaient à échapper au puissants “de leur bord” avaient toute chance d'être livrés à leurs adversaires sur dénonciation de leur “proches” idéologiques.

Le cheminement sinueux de Plenel correspond assez à ce qu'on peut attendre d'un “trotskiste”, et y correspond aussi l'affirmation, que l'on peut supposer sincère, que ce qui chez un adversaire est un mauvais moyen devient chez soi un bon moyen. Ce que pointe Péan je l'avais aussi relevé, dans je ne sais plus quel billet ou je ne sais plus quel commentaire, bon, j'essaie de repérer ça dans mes billets. C'est bon, j'ai retrouvé. En fait il s'agit d'une série de commentaires oiseux ou discutant de tout autre chose (et peut-être pas moins oiseux) accompagnant l'article «Les frais imaginaires du “chevalier blanc” de l’Assemblée nationale». C'est par chance (j'avais par exception enregistré cette page ailleurs, sinon, pour retrouver un commentaire sur Mediapart c'est pas évident, pour dire le moins). Heureusement que je me souvenais d'un élément du titre, “chevalier blanc”, le plus souvent les titres m'indiffèrent, celui-là aussi mais bon, “chevalier blanc” était tout de même mémorable.

Donc, ce que pointe Péan je l'avais aussi relevé, que les faits soient avérés ou non (dans ce cas il semble que oui mais il semble vraisemblable que la défense de “l'accusé médiatique” soit fondée, qu'il subit un règlement de compte, une “cabale”. Un peu, ou beaucoup, comme le cas Fillon, il a certes employé sa femme, et l'a faite employer par une revue, pour des “emplois fictifs” bien rémunérés, a reçu des cadeaux indus payés par des individus douteux, mais la sortie publique par voie de presse de ces “informations” ne résulte pas d'une enquête de fond et semble plutôt résulter d'un règlement de comptes “entre amis de trente ans”, genre le type qui expliquait dix ans avant le choix en sa défaveur de Fillon comme candidat de la “droite républicaine” – de l'ex-UMP –, «Je décide, il exécute»), les “journalistes d'investigation”, ces autres “chevaliers blancs” autoproclamés, ne s'interrogent guère sur les motivations de leurs informateurs. Dans le cas de cette “affaire Morel-À-L’Huissier” le dénonciateur est aussi celui qui pendant un certain temps participa au système, au mieux (si dire se peut) par conviction partisane, au pire (et dire se peut) parce qu'il en a tiré un profit personnel lui-même. Quelles sont ses motivations, dénoncer des pratiques délictueuses, se venger d'un ex-employeur qui l'a “remercié” ou agir contre une personnalité politique pour le compte d'une autre qui voudrait prendre sa place? Comme le relève Péan, «la joie mauvaise de voir tomber les corrompus a souvent pour corollaire l’impuissance face aux structures corruptrices, qui, elles, restent en place».

Dans l'autre article du “Diplo” mentionné et cité, on rappelle brièvement le très grand nombre de “révélations” qui résultèrent en la découverte qu'il n'y avait aucun fait délictueux et que les “investigateurs”, tout à cette “joie mauvaise” de la dénonciation des corrompus, on relayé comme faits avérés des bobards, lesquels ont gravement entaché la réputation des personnes mises en cause. Péan, après avoir cité une affaire qui eut droit à pas moins que cinquante-deux “unes” ou “appels de une”, se termina par un non-lieu ou un classement sans suite, conclu ainsi son article:

«Certes, objectera-t-on, mais M. Cahuzac? La morale publique ne s’en trouve-t-elle pas grandie? On touche ici aux limites de la “révélation”. Les ramifications non développées de certaines affaires sont parfois plus lourdes de sens que celles qui ouvrent le journal de 20 heures. À quel moment et pourquoi les sources institutionnelles se tarissent-elles soudain, laissant le journaliste sans preuves? La réponse est en général assez simple: quand l’avancée de l’enquête ne met plus en cause un quidam remplaçable et corrompu, mais le système corrupteur lui-même».

L'un des paradoxes du “journalisme d'investigation” est qu'il ne vit, et ne survit, que par l'existence de la corruption, et n'existe et persiste que grâce à la complicité active de certains corrupteurs ou corrompus, qui ont leur propre “agenda” comme on dit, leur propre visée, laquelle n'est pas, à coup sûr, de mettre en cause le système mais bien plutôt d'en mieux tirer profit pour leur propre compte. Bon… Comme trop souvent, je veux trop en dire et je m'égare dans des méandres sans fin? Je vais tenter de resserrer mon propos sans promettre y parvenir. Mon éditeur de texte me signale que ce texte dépasse les quatre-vingt-dix-mille caractères, donc il me faut en finir vite. Mmm… Peu vraisemblable. Bon ben du coup je le divise en deux parties. Je devrais songer à un nouvel intertitre, pour donner l'illusion du sérieux rédactionnel. Tiens ben, je publie cette partie en la concluant par la formule canonique terminant la fin d'un épisode de feuilleton.

(La suite au prochain numéro…)

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