Pascale Fourier
Abonné·e de Mediapart

136 Billets

3 Éditions

Billet de blog 23 janv. 2022

Pascale Fourier
Abonné·e de Mediapart

27 Janvier : la grève des enseignants pour les salaires

Il faut le dire et le répéter : la grève du 27 portera sur les salaires. Pas sur la situation sanitaire ! Pour les enseignants, elle doit être l'occasion de rappeler combien le sort des enseignants est singulier dans la fonction publique. Sous-payés au regard de leurs diplômes, ne cessant de voir s'éroder leur traitement sous les effets de l'inflation cumulée, leur déclassement ne peut perdurer.

Pascale Fourier
Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La grève du 13 Janvier a trop souvent été réduite dans les médias à une grève sur la question sanitaire dans les écoles... Vue très partielle tant elle était essentiellement une grève contre le mépris du Ministère dans tous les domaines. Mépris évident de longue date tant le déclassement des enseignants est manifeste depuis une vingtaine d'années.

Un salaire qui s'érode avec l'inflation

Le rapport sénatorial sur la part du budget 2022 consacrée à l’Éducation nationale de Gérard Longuet présenté en Novembre dernier est sans appel : « En euros constants, les enseignants français ont perdu entre 15 et 25 % de rémunération au cours des 20 dernières années ».

Illustration 1
Tableau établi d'après la page 27 du rapport du sénateur Longuet © Pascale Fourier

Que signifie ce tableau ? Un professeur des écoles avec 10 ans d'expérience gagne 25% de moins en 2019 que celui qui en était à la même étape de sa carrière en 2000 si l'on prend en compte l'inflation sur cette période.

Des bac +5 payés comme des bacs +3

Et le sénateur d'ajouter - et là réside la singularité du sort des enseignants dans la grève interprofessionnelle de la Fonction Publique: « Les salaires effectifs des enseignants français sont également en deçà du revenu du travail des actifs ayant atteint au moins le niveau licence, alors que le recrutement des enseignants se fait désormais au niveau master. »

Les grilles salariales des enseignants sont connues de tous ceux qui veulent en prendre connaissance et l'avancement est ( presque) le même pour tous. Les sommes cumulées sur 43 ans sont de 1 434 513 euros (en tablant sur une entrée dans la carrière en 2019 et un gel du point d'indice toujours aussi puissant sur l'ensemble de la carrière). En Avril 2018, les Echos se faisaient le relais d'une étude réalisée par le moteur de recherche d’emploi Adzuna, dont voici le tableau des résultats:

Illustration 2
Source : https://diplomeo.com/actualite-diplomes_qui_rapportent_le_plus © Diplomeo


Faire du "benchmarking" ....à moins de 500 000 euros....

Le rapport du sénateur Longuet le souligne lui-même : le sort des enseignants français est singulier dans toute l'UE. A l'heure où 500 000 euros sont données à McKinsey pour faire du benmarking sur les systèmes scolaires, il faudrait que le Gouvernement entende enfin ce qui lui est dit.

Illustration 3
Page 28 du rapport du sénateur Longuet

Que dit ce tableau exprimé en parité de pouvoir d'achat en dollars? Qu'un enseignant, sur les 15 premières années de sa carrière peut s'acheter la moitié moins que ce que peut s'acheter un enseignant allemand, un tiers en moins en toute fin de carrière - et toujours moins qu'un collègue espagnol tout au long de sa carrière....

Des solutions nécessaires, à la mesure du déclassement paupérisation des enseignants.

Non seulement donc les enseignants sont sous-payés par rapport à leur niveau d'études, mais leurs salaires s'érodent avec le temps et sans que la faiblesse de leurs salaires statutaires ne soient compensés par des primes, puisque le taux de prime est de 12,1% en moyenne  à 50-59 ans quand celles des cadres A+ de la fonction publique, par exemple, est de 41, 8%.

L'heure n'est plus aux mesurettes, au saupoudrage... et si le dégel du point d'indice est une nécessité pour l'ensemble des fonctionnaires, surtout au moment où l'inflation semble repartir à la hausse, d'autres mesures sont attendues, qui ne sauraient consister en un accroissement de la charge de travail des enseignants : ils ne sont pas plus fainéants que leurs aînés, que leurs propres maîtres et professeurs, et n'ont pas à payer par un surcroît de travail le fait que tous les gouvernements successifs ont laissé s'éroder leur salaire depuis 20 ans. Le mot d'ordre que l'on voit fleurir sur la page Facebook des Stylos Rouges qui fédère un enseignant sur 10 doit être entendu : 100 points d'indice maintenant tout de suite !

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Bienvenue dans Le Club de Mediapart

Tout·e abonné·e à Mediapart dispose d’un blog et peut exercer sa liberté d’expression dans le respect de notre charte de participation.

Les textes ne sont ni validés, ni modérés en amont de leur publication.

Voir notre charte