Commençons par l’historique des édifices brûlés depuis le 13 mai 2024 à Nouméa[1] avec le graphique suivant élaboré à partir du travail de Sidji Chimenti. Il y aura beaucoup de graphiques dans ce billet, thème oblige...

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CCI Info (le magazine de la Chambre de Commerce et d’Industrie locale) n° 301, de fin juillet 2024, donnait un graphique plus complet dans l’espace et dans le temps (dont le facsimilé apparaît ci-dessous) ; on laisse le lecteur compter les dégâts par nature des sinistres pour le Grand Nouméa.

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Il y a environ 52 milliers d'entreprises en Calédonie (l’écrasante majorité dans le Grand Nouméa), dont seulement un peu plus de mille avec plus de 10 salariés ; on peut évaluer le nombre de logements dans le Grand Nouméa à environ 75 milliers. Ces informations permettent de relativiser ledit apocalypse post 13 mai…
J’ai fait un tour dans Nouméa juste après mon arrivée fin septembre, en particulier dans la zone industrielle et commerciale de la péninsule de Ducos, mais aussi dans sa zone de logements de Kaméré ; j’y ai en effet vu des dizaines de ruines et des restes d’incendies (en particulier le complexe Plexus, avant l’entrée dans cette zone, où il ne reste rien, sauf le petit Carrefour Market, cependant fermé) ; mais en cherchant bien. Mais ce n’est que du ressenti de mes yeux… Quelques copines et copains m’ont indiqué le même sentiment concernant Ducos où ils s’attendaient à ne trouver qu’un champ de ruines : bref, pas plus que dans les banlieues difficiles en France après les émeutes ; voir par exemple concernant les émeutes de 2005, les précédentes et les suivantes :
https://www.youtube.com/watch?v=030KhpjIDMM
Toute mise en relation avec les émeutes commencées le 13 mai 2024 à Nouméa ne serait que purement fortuite.
…
Les professionnels du Caillou, relayés par les médias locaux et métropolitains, ne trouvent en effet pas de mots assez apocalyptiques pour décrire les conséquences de l’insurrection commencée le 13 mai 2024.
Quelques jours après le début des émeutes[2], la CCI (Chambre de Commerce et d’Industrie locale) donnait le 16 mai un bilan déjà effroyable : 200 M€ (24 GCFP, Milliards de francs CFP, 2,4 % du PIB courant) : « … près de 150 entreprises détruites, pillées ou incendiées dont une majorité de commerces. […] L’île est économiquement à genoux ». Le 22 mai, le quotidien français le Parisien[3] évaluait les dégâts à 1 G€ (près de 120 GCFP, 12 % du PIB local courant) « avec environ 350 entreprises touchées partiellement, vandalisées ou entièrement détruites. […]. Un bilan provisoire mais qui est malheureusement susceptible d’évoluer ». Le 22 août[4], la facture montait à 2,2 G€ (plus de 260 GCFP, autour de 26 % du PIB local) ; c’est maintenant l’ordre de grandeur qui circule. Enfin, d’autres médias affirment que le PIB diminuera en 2024 de 20 %.
Les assureurs locaux se fâchent[5], dont Generali qui va demander à l’État d’être remboursé ; l’article est introduit par une photo de voitures calcinées explicitée par : « La zone industrielle de Ducos a été fortement touchée par les émeutes déclenchées en mai ». Le lecteur peut ainsi croire que tout Ducos est dans cet état (Gaza aujourd’hui ou Berlin en 1945). L’assureur Allianz, avait déjà évoqué cette stratégie après des émeutes à la Réunion : « On s’est retourné contre l’État et on a gagné. Là on a fait savoir qu’on espérait que lorsque les recours étaient de bonne foi, il n’y aurait pas de blocage de l’État ».
Que faire en ce début octobre ? Il faut donc des sous, mais aussi des réformes (plutôt dans le sens austérité…).
Le Plan quinquennal 2024-2029 de reconstruction et d’accompagnement de la Nouvelle-Calédonie par l’État (proposé par le parti loyaliste centriste Calédonie ensemble et voté fin août[6] à une large majorité au Congrès après amendements) réclame à l’État (on l’a déjà indiqué maintes fois dans nos billets précédents) 100 GFCP par an pendant 5 ans pour les dépenses courantes liées aux émeutes et la reconstruction : comme les assureurs, les élus (pour une fois unis, malgré quelques bisbilles de forme) estiment que les dégâts sont de la responsabilité de l’État.
Parallèlement, le gouvernement du Caillou a proposé, également fin août[7], des réformes (demandées sinon imposés par l’État) avec son S2R, un acronyme pour Sauvegarde (dans l’immédiat) Refondation (à moyen terme) et Reconstruction (pour le futur). « Un changement de paradigme, note l’article. Ce plan répond aussi aux exigences de l’État qui conditionne ses aides structurelles à des réformes. […] On a besoin de réformes de fond pour la Nouvelle-Calédonie. Ce qu’il s’est passé était gravissime, il faut que la sécurité revienne, qu’on ait un cadre institutionnel qui soit dirigé vers l’avenir et un cadre économique qui soit attractif pour notre territoire ».
Vous avez dit « attractif » ? Début octobre, la CCI[8] locale, approuve : le territoire « doit se réformer et réajuster son modèle économique ». Ça ne mange pas de pain… Mais pas un seul mot sur ce que signifie exactement ce « réajustement » ; prudent, son président termine par : « Maintenant, c’est aux acteurs Calédoniens qu’ils soient politiques ou économiques, de construire ce projet et le présenter au mois de novembre. Et surtout, de décider de ce que l’on souhaite de la Nouvelle-Calédonie. Comment le territoire redevient attractif, pour des populations qui viennent contribuer à son économie ? ». La seule piste indiquée est donc : « Redonner de l’attractivité au pays est bien l’enjeu majeur ». Pour éviter les départs (évalués par la CCI à 6 000 personnes depuis le début de l’année[9], dont une partie avant les émeutes) et booster les retours et les nouvelles arrivées vers le nouvel Eldorado annoncé…
Ce qui est sûr, c’est que le mot réforme veut maintenant dire plan de rigueur ou d’austérité avec baisse des dépenses et pas de hausses d’impôts ou de cotisations sociales : retour en arrière quand, en 2023, le plan de réforme de la Sécu locale envisageait une hausse des taux de cotisation sociales pour les plus aisés ; plan élégamment mis au placard[10]… Je me demande si l’on ne va pas voir revenir une certain Olivier Sudrie.
1 – Déjà, en 2023, l’économie n’allait pas très bien, après l’éphémère forte reprise de 2022 (+ 3,5 % de taux de croissance réelle du PIB en volume) mais après trois années successives de grave récession de 2019 à 2021
La synthèse annuelle de l’IEOM pour 2023 (publiée le 25 avril 2024, donc peu de temps avant le déclenchement de l’insurrection) confirmait que cette année avait été une année de repli[11], et surtout que les « perspectives » pour 2024 étaient « très incertaines ». Autrement dit, le ralentissement, sinon la récession de 2024, était prévisible même sans émeutes, surtout avec la grave crise du secteur nickel.
Un seul point positif apparent : l’inflation (inférieure à celle de la France, surtout en 2023) a marqué le pas ; mais c’était le revers d’un probable fort ralentissement (probablement autour d’une croissance zéro selon l’ICA, l’Indice du climat des affaires) ; et les prix de l’alimentation avaient continué d’augmenter de 5 % (contre 1,8 % pour l’inflation globale).

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La progression de l’emploi ralentissait en 2023, cependant elle était toujours positive et atteignait un plus haut historique au 3e trimestre ; la consommation des ménages (indirectement mesurée par les montants des paiements par carte bancaire et les retraits) résistait.

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En revanche, l’investissement (mesuré par la production de crédits d’investissement) se contractait ; et le déficit commercial se creusait (forte diminution des exportations, par effet prix négatif des prix du nickel ; baisse plus faible des importations).

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Le secteur du nickel, continuait sa hausse en volume, mais avec la forte baisse des prix à l’export (de 45 % par rapport à 2002, année cependant exceptionnelle). 2023 fut surtout marquée par les déclarations de Glencore (usine du Nord) et d’Eramet (usine de la SLN à Nouméa) souhaitant arrêter le financement : la catastrophe du secteur en 2024 était annoncée. La concurrence de l’Indonésie fournissant la Chine et la malheureuse stratégie nickel, avec le Pacte nickel que le ministre de l’Économie Bruno Le Maire avait vainement tenté d’imposer, ont fait le reste[12]. Le secteur du BTP était encore en chute (après une timide reprise en 2022).

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L’IEOM termine sa synthèse par « Des perspectives 2024 dégradées »…
2 – La chute en 2024 (selon l’ISEE.nc et l’IEOM) qui a commencé avant l’insurrection est très grave, mais, répétons-le, ce n’est pas l’apocalypse…
L’ISEE, l’Institut local de statistique et des études économiques, a donné fin août son analyse provisoire de la conjoncture de 2024[13] ; aucune évaluation du coût des destructions, mais une analyse de la conjoncture qui relativise donc l’apocalypse annoncée par les médias et les politiques ; mais aussi par l’IEOM qui suit l’ICA (l’Indice du climat des affaires) précise, concernant le futur : « Pour le trimestre à venir, 88 % des entreprises répondantes anticipent une nouvelle chute de leur activité. Le solde d’opinion sur l’activité prévue diminue ainsi très fortement (-3,4 pt). À un horizon de 12 mois, 59 % des entreprises répondantes craignent une défaillance (contre 28 % au T1 2024 et 17 % au T4 2023). Il s’agit d’un niveau jamais observé jusque là ». Le ressenti des chefs d’entreprises, suivi par l’IEOM, semble nettement plus pessimiste que la réalité que décrit l’ISEE.

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Revenons aux données de l’ISEE.
L’inflation (IPC, Indice des prix à la consommation, alimentation ici) qui se calmait en 2023, reprenait début 2024, évidemment dopée par les restrictions causées par les émeutes.

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L’évolution des différents IPC par type de produit depuis 2020 n’est pas inintéressante.

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La destruction de l’emploi privé avait commencé (et c’est important) avant le 13 mai, dès le dès le T4 2023 comme l’indique le graphique de l’ISEE à la diapo suivante) ; bien sûr, il s’accentue ensuite (selon les estimations de l’ISEE pour le premier semestre 2024). Fin août, la chute (de 6 000 emplois, un peu moins de 9 % de l’emploi privé, dont un peu moins de 5 000 chômeurs indemnisés) est évidente au deuxième trimestre de 2024 ; mais la moitié des entreprises employeuses ont fait une demande de chômage partiel au titre des exactions, validée par le gouvernement : un peu moins de 20 000, près de 30 % de l’effectif salarié en mars. Plus de 900 travailleurs indépendants ont disparu sur la même période (sur, environ 25 000 patentés en régime de croisière : moins de 4 % de disparus.

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Le chômage total (déjà aussi en augmentation début 2024) diminue un peu en août ; le chômage total exactions apparaît en mai. Le chômage partiel exactions commence à diminuer dès juillet pour le nombre d’entreprises y ayant eu recours ; dès juin pour le nombre de salariés indemnisables (avec rebond en août) ; si l’on comprend bien les graphiques de l’ISEE, le chômage partiel concerne surtout les entreprises avec peu de salariés.

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La démographie des entreprises fait bien apparaître des radiations supérieures aux inscriptions après mai 2024 au Ridet (Répertoire d’identification des entreprises et des établissements). Mai, là aussi, ce n’est pas l’apocalypse pourtant annoncée.

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Quant à l’activité économique du secteur nickel, tout avait en fait commencé fin 2023 ; mais les émeutes et la mise en sommeil de KNS en 2024 ont évidemment boosté la chute.

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Pour l’activité financière, les émeutes n’ont fait que doper un mouvement ancien pour ce qui concerne l’épargne et les créances douteuses.

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Pour la trésorerie des entreprises qui serait devenue, selon les intéressés relayés par les politiques et les médias, exsangue à cause des émeutes, l’apocalypse, ce n’est pas encore pour maintenant. Sauf si l’ISEE s’est trompée…

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L’IEOM qui retrace le ressenti des chefs d’entreprise donne un autre son de cloche : ces derniers n’auraient rien vu venir en termes de dégradation de la trésorerie en 2023 (pourtant bien réelle selon l’ISEE ; voir ci-dessus) mais semble surréagir au premier semestre 2024 en étant bien plus pessimistes que l’ISEE. Ah, le ressenti !

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…
Conclusion (provisoire) et dernières minutes
L’économie calédonienne est bien essoufflée, mais, à mon avis, pas à bout de souffle. Sans prétendre minimiser le grave coup de boutoir qui a suivi le 13 mai, l’ISEE permet de remettre les pendules à l’heure. Et, surtout, cet essoufflement ne date pas du 13 mai ! Quelques amis zoreils (venus tenter l’Eldorado sur le Caillou) que j’ai rencontrés et à qui je demandais leur ressenti, m’attendant à un bureau des pleurs, me dirent tout de go qu’après une sombre mais courte période après le 13 mai, leurs carnets de commande n’avaient jamais été aussi remplis : même après le début des émeutes, ça continue à investir, non pas pour réparer les dégâts, mais pour se développer ! Mais peut-être s’agit-il d’exceptions qui confirment une règle plus sombre...
Toute la question réside maintenant dans le choix de l’État de contribuer (ou non...) financièrement à la réparation de la politique aventuriste de Macron-Darmanin-Le Maire. Le gouvernement Barnier procrastine sur cet aspect : va-il accorder les 100 GFCP par an du Plan quinquennal proposé par le Congrès de Nouvelle-Calédonie ? Ça fait beaucoup de sous dans le cadre d’une réduction annoncée des dépenses ; on verra avec l’adoption du budget. On peut penser à un chantage : OK ; mais le Caillou reste français. Et si Niet ?
Au niveau institutionnel, il faudra encore attendre ; le gouvernement s’est donné un an. Mais le ministre (de plein exercice ; cependant rattaché à Barnier) des Outre-mer arrive bientôt, dans quelques jours, sur le Caillou[14].
On plonge donc dans l’inconnu : Indépendance-association, Calédonie française ; solution mi-figue-mi-raisin ; on verra.
Dernière remarque.
Pourquoi tant de mots dans tous ces billets pour si peu de monde (240 habitants en France métropolitaine pour un habitant du Caillou ; c’est très différent en nombre de flics et pandores par habitant...) et sur si peu de terre ? Parce que, en attendant que l’adage « Prolétaires de tous les pays, Unissez-vous », tiré comme (presque…) chacun sait du Manifeste du Parti communiste, publié en 1848 par Karl Marx et Friedrich Engels, se réalise ; chaque petite Nation, si petite soit-elle, a droit à l’indépendance... On ajoute ici la Corse, pas très éloignée en population et superficie, de la Nouvelle-Calédonie, et où la velléité d’indépendance ne semble pas morte.

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Notes
[1] Voir le site Facebook de Sidji Chimenti (qui note qu’il ne s’agit que d’une approche) :
https://www.facebook.com/chimentisidji
La période du 13 à fin mai est de très loin la plus lourde, et surtout les premiers jours ; ensuite, il y a de temps en temps quelques incendies. Il semble qu’il s’agisse de la seule commune de Nouméa et non le Grand Nouméa ; et ne s’agit que des incendies, pas des autres exactions.
[2] Voir :
[3] Voir :
[4] Voir l’article de RMC/ BFM :
« Ce territoire français de 269 000 habitants, note l’article, situé à l’Est de l’Australie, bénéficiait jusqu’ici d’un PIB de 8 milliards d’euros. Mais depuis les émeutes, l’archipel a tout perdu : le taux de chômage a augmenté de 60 %, des entreprises ont été fermées, brûlées, abandonnées […] Le montant total des dégâts se chiffre à 2,2 milliards d’euros, soit 27 % de son économie. En comparaison, c’est comme si un mouvement dans l’hexagone provoquait des dégâts de 712 milliards d’euros ».
En effet, le coût total des dégâts aura un fort impact sur les assureurs : « Les assurances sont françaises et cela aura un impact pour les cotisants ».
[5] Voir l’article du quotidien LNC-AFP du 8 octobre :
[6] Voir l’article du 28 août :
Les indépendantistes de l’UNI (l’Union Nationale pour l’indépendance) sortie (du FLNKS ; provisoirement ?) se sont abstenus ; l’UC (l’Union Calédonienne) et ses soutiens ont voté pour. Rappelons que l’UNI, qui a vertement critiqué la CCAT (la Cellule de coordination des actions de terrain de Christian Téin) et l’élection de ce dernier (bien que déporté en Métropole) à la présidence du FLNKS, est devenue de plus en plus modérée (et ainsi saluée par tous les loyalistes…) : deux lignes s’affrontent ainsi maintenant explicitement chez les indépendantistes.
[7] Voir l’article du 27 août :
« Objectif : agir en urgence, avant de réformer le système en profondeur [Je souligne, PC]. […] Réformer un système qui ne fonctionne plus, couper dans le mille-feuille administratif et institutionnel, c’est l’objectif affiché par le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie ». L’article continue en citant un indépendantiste : « Yannick Slamet, membre du gouvernement en charge du budget et des comptes sociaux. "Ça va être douloureux pour tout le monde, mais on n’a pas le choix. […] Il faut s’attendre à faire des sacrifices, je pense que ça sera un mauvais moment à passer, mais c’est vraiment nécessaire". ».
Tout est dit là… Et confirmé par son interview, le soir ; il note la différence mais aussi le parallélisme entre S2R et le Plan quinquennal.
[8] Voir l’article de NC la 1ère du 7 octobre, une interview de David Guyenne, président de la CCI du Caillou :
Les membre de la CCI de NC « jugent les annonces faites la semaine dernière par le premier Ministre Michel Barnier, positives. Et se tournent vers l’avenir. […] Près de cinq mois après le début des émeutes, le président de la Chambre de commerce et d’industrie David Guyenne livre un constat empreint d’espoir, sur le futur chantier de la reconstruction de la Nouvelle-Calédonie ». Solution : « … le monde économique est une partie de la solution et de fait, doit être associé aux discussions sur l’avenir du pays. “On ne peut pas reconstruire la Nouvelle-Calédonie à l’identique. Tout comme le chef d’entreprise réforme sa société et réajuste son modèle économique, le territoire doit se réformer et réajuster son modèle économique” ».
[9] Ce n’est pas encore l’affolement ; rien à voir avec l’Algérie du début des années 1960, malgré le mouvement de panique que les médias locaux se plaisent à entretenir. Cependant, un sondage (qui interroge) de 2023 concluait déjà : « 25 % des interrogés envisagent de quitter le territoire ». Voir l’article du 9 août 2023 :
« Les incertitudes politiques et institutionnelle demeurent la principale raison des départs de Nouvelle-Calédonie. Une étude de QuidNovi, menée sur 1 700 personnes, commandée par la CCI, a été rendue publique cette semaine. Celle-ci atteste que le flux des départs reste significatif. […] "L’incertitude institutionnelle et le climat politique constituent la première raison de départs des résidents de Nouvelle-Calédonie, loin devant les autres critères". […] À noter que deux tiers des répondants résident dans le Grand Nouméa ».
[10] Voir notre billet du 19 octobre 2023, Les indépendantistes calédoniens sont-ils bernés par un conseiller du gouvernement ? sous-titré Ou plutôt journée des dupes ? La Nouvelle-Calédonie est maintenant dirigée par un gouvernement dont le président est lui-même indépendantiste. Sa politique économique semblait très influencée, en juin 2023, par un économiste très libéral qui avait déjà joué les conseillers des différents gouvernements précédents dirigés par les loyalistes. Une autre politique est pourtant possible… :
Le conseiller du gouvernement (en 2023, inamovible depuis plus de dix ans) était Olivier Sudrie qui voyait déjà une économie à bout de souffle et s’opposait à la réforme proposée par le parti centriste (de la communauté wallisienne-futunienne) L’Éveil océanien, soutenu par les syndicats de salariés. Le patronat proposait la baisse des cotisations sociales (pour alléger les charges) pour les remplacer par l’impôt ; proposition soutenue par Sudrie,
[11] Voir L’Institut d’émission d’Outre-mer [l’EOM donc] décrit une économie calédonienne « en net essoufflement et des perspectives très incertaines » :
On peut lire cette courte synthèse (Publications économiques et financières, N° 407 / Avril 2024) L’économie de la Nouvelle-Calédonie en 2023, sous-titrée Un net essoufflement et des perspectives très incertaines, sur :
synthese_annuelle_nc_2023_vf2.pdf (ieom.fr)
Les graphiques qui suivent sont des captures d’écran de cette synthèse.
Le mieux (mais c’est très lourd) est de tenter de digérer le rapport complet (avec, comme d’habitude, démographie et analyses détaillées de tous les secteurs économiques) de plus de 200 pages, IEOM, Rapport économique annuel 2023 (de, juillet-août 2024) :
https://www.ieom.fr/IMG/rapport_annuel_ieom_nouvelle-caledonie_2023/#p=37
[12] Voir mes trois billets du 1er février 2024, Le Maire en Calédonie : contre la « doctrine nickel » :
[13] Voir l’article du quotidien du Caillou LNC du 7 octobre 2024, Emplois, liquidations, exportations… L’ISEE dévoile les premières conséquences de la crise :
Le mieux est de voir directement l’analyse de l’ISEE, Crise mai 2024 : principaux indicateurs, conjoncture de crise au 31 août 2024 :
https://www.isee.nc/economie-entreprises/entreprises-secteurs-d-activites
Apparaît alors le site de l’ISEE à la page Entreprises - Secteurs d'activités, Crise mai 2024 : principaux indicateurs ; il faut taper sur « PDF Lire la suite » pour lire l’analyse complète.
Voir aussi quelques compléments péchés sur l’IEOM.
Pour les amateurs de tous les détails (avec tableaux et graphiques) voir Tendances conjoncturelles, Annexes statistiques,2e trimestre 2024 :
https://www.ieom.fr/IMG/pdf/annexes-5.pdf
Les graphiques et tableaux qui suivent, le plus souvent en noir et blanc, sont des captures d’écran de l’ISEE ; on les a de temps en temps complétés par des graphiques en couleur (notés Graph PC). Apparaissent aussi quelques graphiques de l’IEOM.
[14] Voir la rapide interview du 10 octobre sur Outre-mer la 1ere du ministre des Outre-mer ; la plus grande partie concerne le Caillou (alors que de graves émeutes ont repris au même moment à la Martinique) :
Buffet espère que son budget ne se sera pas raboté et fera tout pour éviter cette éventualité. Fin mal barré, car le même jour l’article sur le Portail des Outre-mer évoque cette possibilité :
« Alors que les crises se multiplient dans les territoires ultramarins, le gouvernement projette de diminuer de près de 10 % les fonds dédiés aux Outre-mer » indique l’article, selon le projet de loi de finance 2025 présenté en Conseil des ministres : moins 250 M€ (30 GCFP : une goutte d’eau en moins quand le Caillou réclame 100 GCFP par an) ; une goutte d’eau également par rapport aux économies globales de 40 G€ et aux 20 G€ de recettes supplémentaires.
Quant à l’ordre, bien que tout soit fait, singulièrement à la tribu de Saint-Louis, pour qu’il revienne et les convois dits protégés pour aller vers le sud, la guérilla continue avec un nouveau caillassage et un automobiliste blessé le dimanche 13 octobre.