
Première édition en juillet 2018 (« La première année du quinquennat Macron, à livre ouvert », 29 juin 2018) ; deuxième édition en mars 2019 (« La République en miettes », 14 mars 2019) ; troisième – et dernière – édition en juin 2020 (v. les deux liens PDF et e-book ci-après).
La mise à jour de La République en miettes. L’échec de la start-up Nation confirme les tendances de plus en plus néolibérales économiquement et autoritaires institutionnellement du quinquennat d’Emmanuel Macron, auxquelles s’ajoutent désormais les violences policières nées de la crainte du mouvement des « gilets jaunes ». Le « moment coronavirus » aura été un miroir grossissant de ces prismes idéologiques, révélateur des impasses où conduit le primat de la logique budgétaire sur la logique sanitaire ici dans le service public hospitalier, mais révélateur également de notre degré d’acceptabilité collective de mesures totalement privatives de libertés fondamentales, parmi lesquelles l’interdiction sous peine de sanctions pénales de sortir de nos domiciles.
Côté discours, le président de la République ne cesse désormais d’assurer dans ses monologues télévisés qu’il va « se réinventer », tout en créant force commissions pour cela – commission Thiriez sur la réforme de l’ENA, Convention citoyenne pour le climat, convention sur les retraites, conventions d’économistes, Ségur de la santé… A 23 mois de la fin du quinquennat, aucune d’elles n’a jamais influencé en quoi que ce soit le processus décisionnel ; mais l’objectif ayant présidé à leur mise en place, chacun l’a compris, consistait à permettre au pouvoir de gagner du temps en tenant les médias et à travers eux l’opinion publique en haleine, de manière de plus en plus caricaturale, comme lorsque dans son allocution télévisée du dimanche 14 juin 2020, évoquée en boucle par les médias dès le mardi 9 juin avec force spéculations sur ce qui y sera dit ou pas, il annonce des annonces… dont le contenu sera dévoilé dans une allocution télévisée le mois suivant !
Côté actes maintenant, les alliances massives et unilatérales de LREM avec Les Républicains au second tour des municipales ancrent le fait que, loin du centrisme révolutionnaire affiché avant mai 2017, l’exécutif et la majorité à l’Assemblée nationale sont à la droite de l’échiquier politique, à ce point conservateurs que le Sénat est contraint en juin 2020 d’essayer de freiner les ardeurs sécuritaires de l’exécutif qui entend poursuivre le régime de l’état d’urgence sanitaire après le 10 juillet, à un moment où la catastrophe sanitaire du covid-19 sera derrière nous (« L’état d’urgence sanitaire bis est-il conforme à la Constitution ? », 22 juin 2020). Dans les dernières semaines, on a vu la « loi Avia » déchiquetée par le Conseil constitutionnel le 18 juin 2020 au nom de la liberté d’expression (il n'en reste presque rien : loi n° 2020-766 du 24 juin 2020 visant à lutter contre les contenus haineux sur internet), en même temps que les députés LREM créaient un nouveau régime dit « de sûreté » fondé sur la dangerosité supposée de personnes ayant purgé leurs peines de prison, applicable pendant les 10 années suivant leur sortie (« Terrorisme : les risques des peines de sûreté », lemonde.fr, 24 juin 2020).
Au-delà des libertés publiques, le président de la République a lui-même reconnu l'insuffisance de ses politiques, au moment de la crise des « gilets jaunes » fin 2018 puis avec le confinement « à la chinoise » en mars 2020. Pendant et après ce confinement, les « premiers de corvée » ont été payés de remerciements, d’applaudissements et de médailles, tandis que soudainement l’argent magique a coulé à flots lorsqu’il s’est agi de soutenir certaines grandes entreprises et leurs actionnaires.
Non seulement la cause de l’environnement n’a pas progressé depuis mai 2017, mais portée par le « Champion de la Terre », elle a considérablement régressé, chaque jour perdu par inertie aggravant la situation des générations futures. Et ce n’est pas la modification constitutionnelle de pacotille proposée par la Convention citoyenne pour le climat qui remédiera en quoi que ce soit à notre coupable aveuglement en la matière.
Sur le terrain institutionnel, l’existence d’une majorité (presque) absolue LREM à l’Assemblée nationale a aboli la séparation des pouvoirs : ce qu’Emmanuel Macron appelait avant d’être élu un « hold-up » sur la démocratie aurait pu être canalisé par des pratiques de retenues de la part de l’Elysée ; hélas, se croyant non pas seulement sorti de la cuisse de Jupiter, mais endossant le rôle de Jupiter en personne avant de chuter brutalement de l’Olympe sous les huées des ronds-points tenus par les « gilets jaunes » puis de se transformer en Hadès aux yeux de beaucoup, le président de la République a pris grand soin de tout ramener à Sa personne, comme en témoigne en dernier lieu l’attente dans laquelle nous sommes de savoir ce qu’Il voudra bien retenir des 149 propositions de la Convention citoyenne.
En définitive, Emmanuel Macron, à l’Elysée depuis mai 2012 et peut-être jusqu’en mai 2027 si la « concurrence » politique persiste dans ses divisions et médiocrités, est structurellement incapable de « se réinventer ». Il porte des politiques qu’il est facile de dater, puisqu’elles sont celles de l’année où il est né. Il fait du thatchérisme au 21ème siècle. La « révolution » macroniene, ce n’est pas le dessous qui passe au dessus : c’est un retour vers le passé. La France en marche pratique le « moonwalk » cher à Michael Jackson : elle recule en donnant l’impression d’avancer.
Le lecteur ou la lectrice intéresséE pourra trouver un bilan personnel des 36 premiers mois du quinquennat Macron gratuitement et librement téléchargeable en suivant :
. ce lien pour le format e-book : La République en miettes, juin 2020, version e-book,
. et celui-ci pour le format PDF : La République en miettes, juin 2020, version PDF.
Ce bilan ne sera plus mis à jour : il m’est devenu trop écoeurant de suivre au quotidien les dires et les (in-)actions des pouvoirs publics nationaux – pour ce quinquennat comme pour les précédents d’ailleurs.
Il est possible au lecteur ou à la lectrice intéresséE de soutenir l’éditeur indépendant Libre & Solidaire, qui a publié en mars 2019 la version papier de l'ouvrage et dont les auteurEs cherchent à penser le « monde d'après », en versant une somme même symbolique sur la cagnotte qu’il a mis en place, en cette période bouleversée par le confinement strict du 17 mars au 10 mai 2020, économiquement ravageuse en particulier pour les professionnels de la culture : http://www.leetchi.com/c/soutenez-un-editeur-independant-libre-solidaire.
Je m’autorise enfin une ultime auto-promotion : il n’était pas nécessaire d’attendre la mise en place puis les travaux de la Convention citoyenne pour le climat afin de constater l’urgence d’une réflexion venant de la société civile sur la nécessité de changer de logiciels dans tous les secteurs, sauf à accepter la disparition programmée de l’humanité pour cause de dérèglement climatique ou d’inévitable catastrophe sanitaire/nucléaire. Tel a été l’objet de La République du futur. Construire un monde meilleur, publié en mars 2019 (407 p.) dont la conclusion et le plan peuvent être trouvés ici : Après le quinquennat Macron.