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Photos de gauche et de droite, « À Tunis, plusieurs milliers de manifestants pour défendre le syndicat UGTT »*, le 21 août 2025.
Tout ce qui ressemble à un contre-pouvoir, il l’a traqué
Partis politiques, médias, syndicats, civile société,…
Tout candidat sérieux à Carthage, il l’a neutralisé
Qui exilé, qui poursuivi en justice, qui emprisonné
Tous les fondements de la vie démocratique, il les a désagrégés
Ce qui lui aurait permis, à la magistrature suprême, d’accéder [1]
Avant de dérouler un projet pensé depuis des années
Par le constitutionnaliste nazi Carl Schmitt inspiré [2]
Consistant à, toute voix insoumise, marginaliser
Et demeurer seul sur la scène politique à pouvoir parler
Après avoir dissous le Parlement élu, qu’il a gelé
Il a dissous également les municipalités
Voyant, probablement, en elles un potentiel danger
Les instances indépendantes, une à une, il les a fermées
Dont certaines ont revu le jour, mais, par lui nommées
Après avoir commencé à gouverner par décrets
En promulguant des lois, sur ses mesures, taillées
Après avoir, en singleton, la Constitution, rédigée
Après avoir, des dizaines de juges, limogés,…
Après s’être, les pouvoirs les plus étendus, arrogés
Qu’aucun dictateur, par le passé, n’a pu s’attribuer
Il a commencé par, les voix dissidentes de tous genres, étouffer
Par, toutes les formes de critiques élitaires ou populaires, mater
Dans un climat de peur, d’incertitude et d'instabilité
Il a transformé notre vie en une angoisse et un stress obstinés
Il nous a arraché le temps des espoirs où, le monde, on refaisait
Librement, dans les rues, les associations, les amphis, les cafés,…
Sans la moindre appréhension de se faire, pour nos propos, arrêter
Il a brisé les rêves auxquels on a cru lors de la Révolution de janvier
Plusieurs parmi nous se sont mués, malgré eux, en spectateurs désespérés
De crainte d’être visés par cette vague déferlante de poursuites injustifiées
Alors qu’ils étaient des leaders, débordant d’énergie, en tant que lanceurs d’idées
L’espace est devenu trop lourd, pour beaucoup d’entre eux, pour pouvoir continuer
À militer dans cette ambiance qui a anéanti toutes les valeurs qu’ils défendaient
Une ambiance, par l'escalade des discours de haine et la montée de l’arbitraire, dominée
Reflétant la dangerosité de la nature du système Kaïs Saïed qui s'est
Consolidée par son funeste décret liberticide, transgressant l'inviolabilité [3]
D'autrui, sa dignité, sa liberté de pensée, son droit à s’informer et d’informer
Violant tous les symboles et institutions garantissant la paix et la prospérité
Décret dont use et abuse le président Kaïs Saïed pour neutraliser ses opposés
Le calvaire de Sonia Dahmani définit le régime installé
En l’année 2021, au 25 de son mois de juillet
Elle fut poursuivie et condamnée pour avoir, à l’antenne, lancé
« De quel magnifique pays parle-t-on donc ? », et ce, pour ironiser
Sur l’intention que certains prêtent aux migrants subsahariens de rester
En Tunisie, alors qu’elle traverse une crise économique élevée [3]
Expression qui a enfanté, depuis, le slogan le plus crié
Dans toutes les manifs contre le régime, par Kaïs Saïed, installé :
« Quel magnifique pays, répression et tyrannie », sur les pancartes porté
Répété, chanté, par des dizaines de milliers de citoyens pour protester
Contre les exactions et les injustices commises par une justice subordonnée
Et réclamer la restitution de leurs droits et libertés, par le régime, volés
Est-ce pour cette raison que le pouvoir, méthodiquement, ne cesse, contre elle, de s’acharner
Elle « subit un harcèlement judiciaire de grande ampleur », par la FIDH dénoncé
Elle est poursuivie dans cinq affaires distinctes, toutes fondées sur son liberticide décret [4]
Elle fait partie de ces valeureuses femmes « tunisiennes qui font, Kais Saied, trembler » [5]
On a vu, dernièrement, une photo de cette fine fleur des chroniqueurs radio et télé
Cette avocate, figure du paysage audiovisuel, engagée pour les libertés
Toute seule, dans un lugubre couloir, comme une dangereuse criminelle, menottée [3]
Il voulait l’humilier, la détruire, mais, finalement, c’est un mythe vivant qu’il en a fait
Dont l’aura a dépassé les frontières et le portrait s’affiche dans les barreaux du monde entier
Quel plus bel exemple de résistance que celui de cette résilience qu’elle a développée ?
Il lui reste seulement l’UGTT à décapiter
Qui, la principale organisation de masse, est demeurée
Pourtant elle avait soutenu son coup d’État de juillet
Et, vis-à-vis de lui, une posture conciliatrice, empruntée
Et, depuis, une position de retrait, elle a adoptée
Appelant à relancer un dialogue social apaisé
Mais le fait qu’elle fut peu à peu, de ce dialogue, écartée
Et l’absence de réponse ont fait que leurs relations se soient dégradées
D’une série d’attaques verbales et judiciaires contre ses membres, doublé
Cela a débuté par une campagne d’hostilité
Et de dénigrement qui, par le pouvoir, fut orchestrée
Accompagnée d’une menace visant à fragiliser
Le droit à la négociation et la syndicale liberté
Au début, timide, puis, réitérée et à peine voilée
Laissant apparaître une sorte d’escalade déjà planifiée
Avec mise en cause de ses dirigeants pour les délégitimer
Accompagnée de graves accusations, par Kaïs Saïed, proférées
Dans un discours devant sa cheffe de gouvernement, à l’avance préparé
Lu devant les caméras, donc exposant des positions bien pensées
Sans aucun détour, intimant à l’UGTT d’« ouvrir tous les dossiers »
Faisant allusion à une corruption endémique qui discréditerait
Sa direction, car «le peuple demande que ses biens lui soient restitués » [6]
A-t-il précisé, après l’agression subie par le siège de l’UGTT
De la part d’individus qui furent le lendemain, de son soutien, assurés [7]
« Corruption » et « Dilapidation de l'argent du peuple », ils avaient crié
Comme slogans, en demandant que la centrale syndicale soit excommuniée
Au lieu de condamner fermement cette agression, contre l’UGTT, dirigée
Il a pris leur défense estimant que ses responsables, « rendre des comptes », devaient
Il a affirmé qu’il n’était pas dans l’intention des assaillants « d’agresser
Comme le prétendent les langues du mal, ni, dans le siège de la centrale, de pénétrer »
Or, une telle affirmation ne peut être, que par les organisateurs, formulée [8]
Il a donc pris fait et cause pour les assaillants, leur qualité d'agresseurs, il a déniée
Cette agression intervient dans un contexte où le dialogue social est très dégradé
Elle a été précédée par une grève nationale des transports qui fut un grand succès
Provoquant la colère du président et de ses suppôts, cristallisant les hostilités
Accentuant la pression sur le chef de l’État, déjà, à une multicrise, confronté
Je disais donc, laissant apparaître une sorte d’escalade déjà planifiée
Par une rupture et une confrontation ouverte, marquée
Qui, au vu des derniers événements, pourraient s’intensifier
Surtout que l’UGTT est devenue la cible privilégiée
De Kaïs Saïed qui fait tout pour que son emprise soit fortifiée
Aussi bien sur les institutions publiques que la civile société
Faisant craindre le pire : un bras de fer frontal installé
Entre un président, au dialogue, absolument opposé
Qui a toujours refusé, tout avis contraire à ses idées, d’écouter
Pour qui, un opposant est, nécessairement, un suppôt de l’étranger
Sinon un traître, un corrompu, avec qui il ne faut pas composer
Dont il est le pourfendeur, manichéen à l’extrême : celui qui est
Différent de lui est contre lui, donc un ennemi à éliminer
Redessinant, selon ses propres désirs, la réalité
Les seules logiques qui vaillent sont celles de sa vérité
Tout en n’étant pas à une contradiction près
« Les revendications de justice et de liberté
Doivent se concrétiser dans la réalité », a-t-il osé affirmé [9]
Et cela, avec son régime hyper-liberticide qu’il a installé
Par son coup d’État, en l’an 2021, au 25 de son mois de juillet
Avec ses centaines de prisonniers politiques, d’opinion et de pensée
Et dire que les quelques rares juges qui, de se plier, ont refusé
Aux cris de ses adeptes, sur les divers réseaux sociaux, exprimés
Dans les multiples affaires judiciaires impliquant ses opposés
Se sont retrouvés, dans les meilleurs des cas, sans explication, mutés
Par sa « guerre de libération nationale », complètement obsédé [10]
La rappelant matin, midi et soir, et à toute heure de la journée
À qui veut l’entendre : ministre, citoyen lambda rencontré
Dans un bain de foule,…ou lors de ses nocturnes visites inopinées
Dont le programme est, pour le moment, limité par sa posture de poing serré [11]
Vague projet qu’il n’a jamais explicité, mais dont il ne cesse de parler
Je disais donc, entre un président qui refuse de dialoguer
Au passé pré-Révolution exempt de toute activité
Militante, associative, syndicale ou politisée
Sentant la stratégie qu’il a suivie jusqu’alors vaciller
Et une centrale syndicale qui n’entend pas lui céder
Sûre de ses soutiens, fière de son glorieux passé, déterminée
Qui plus est, fut auréolée du Prix Nobel de la Paix [12]
Combative, refusant de se soumettre à sa volonté
Mais, décapiter l’UGTT est loin de sa portée
Il lui sera beaucoup plus difficile qu’il l’imaginait
Car, elle est forte de 800 000 adhérents, à peu près [13]
Et constituée de milliers de militants chevronnés
Qui ont fait leur preuve dans les pires moments des régimes passés
Y compris celui qui fut, par les islamistes, dominé
Y compris la sombre période du protectorat français
Alors qu’elle était au parti d’Habib Bourguiba associée
Quand ce syndicat était le seul lieu où l’on pouvait militer
Efficacement, sans aucun compromis, sans deals arrangés
Pour d’autres objectifs que les intérêts matériels des salariés
Que ce soit pour l’environnement ou les droits et libertés
Où pour tout autre cause majeure, par la démocratie portée
Quand ce syndicat était l’unique refuge pour les harcelés, les opprimés
Quand il était la matrice de la Tunisie de gauche, depuis qu’elle était colonisée
En ces temps-là, nos gouvernants d’aujourd’hui étaient occupés
Par leurs petites affaires, par leurs carrières, loin de la mêlée
Qui pour son avancement, qui pour un poste juteux à l’étranger,…
Du moins, silencieux, dans un mutisme absolu, ils hibernaient
En essayant de se faire bien voir par le locataire du Palais
Ce syndicat qui, dans le tissu social, est profondément ancré
Syndicat historique qui, de la société civile, est le pilier
Et de la démocratie naissante, depuis la Révolution de janvier
Unique rempart encore debout contre Kaïs Saïed et ses excès
L’issu de ce bras de fer déterminera si la Tunisie va s'enfoncer
Définitivement dans la voie de l’autocratie par Saïed installée
Ou bien cette voie démocratique naissante, elle va parvenir à la préserver
Voie que le régime de ce dernier essaye, par tous les moyens, de l’en éloigner
Comme réaction à la lâche agression des supplétifs du pouvoir contre son siège dont l’objet
Non avoué est la mise au pas du principal contre-pouvoir social et le neutraliser
Du moins de l’affaiblir en fragilisant le dialogue social et la syndicale liberté
L’UGTT a décidé une grande marche, d’un rassemblement national, précédée
De la place jouxtant son siège jusqu’à l’avenue Bourguiba, lieu symbolique prédestiné
À tous les combats que la Tunisie a menés, et ce depuis le protectorat français
Du temps où elle s’appelait avenue Jules Ferry et la statue de ce dernier était
Érigée à son entrée, côté mer, à la place, aujourd’hui par celle de Bourguiba, occupée
Le message de cette mobilisation dépasse les préoccupations du seul cadre ouvrier
Au-delà des requêtes sociales, c’est l’avenir des libertés publiques qui y sont concernées
Ainsi que la sauvegarde des acquis de la Révolution, la liberté d’expression en premier
Et la marche fut effectivement grande ; aux dires des médias crédibles, elle a rassemblé des milliers [14]
De syndicalistes, et aussi, d’activistes associatifs et politiques, de classes sociales variées
Jeunes et moins jeunes, femmes et hommes, confirmant la largeur du spectre de soutien à l’UGTT
Sa vitalité et sa capacité de mobiliser, malgré un climat, par la peur, dominé
Et de fédérer, renouant avec son rôle historique de contre-pouvoir contre les excès
Des pouvoirs égarés, comme, avec Bourguiba, Ben Ali et Ennahdha, elle l’avait déjà montré
Ce jour-là, Tunis, au rythme du slogan « Quel magnifique pays, répression et tyrannie », a vibré
Pendant que l’état de son initiatrice, dans les geôles saïediennes, confirmait son authenticité
Cette démonstration de force de l’UGTT fut, par tous les médias publics, à la trappe passée
Alors qu’ils ont largement couvert les longues marches que le président Kaïs Saïed a effectuées
Tout au long de cette journée, pendant que le peuple, sur l’avenue Bourguiba, des comptes, lui demandait
Médias qui ont oublié qu’ils appartiennent à ce peuple et non à une partie quelconque, car, financés
Par le contribuable, si hautement placée cette partie, fût-elle le locataire du Palais
De Carthage. Ce qui a conduit le Syndicat national des journalistes tunisiens à dénoncer
Vivement ce «black-out médiatique » qui relève, non seulement d’une erreur professionnelle, mais, d’un essai
De tromper le citoyen sur le rapport de force qui existe entre Kaïs Saïed et ses opposés
Traduisant une dérive inquiétante, par l’absence d’organes de régulation indépendants, causée [15]
En réponse à cette mobilisation des grands jours de l’UGTT [16], un appel a été lancé
Par les partisans de Kaïs Saïed pour son « épuration », largement, dans leurs pages, relayé
Appuyé par un rassemblement portant cette revendication qui, évidemment, millionnaire, se voulait
Et ce fut un flop qui a fait pschitt, puisque, seulement quelques dizaines de citoyens s’étaient rassemblés [17]
La lutte pour les libertés, ça ne s’attend pas, ça s’organise sans attendre la blanche fumée
Qui sortira du prochain conclave des partis et organisations progressistes retrouvés
Car, il y a souffrances quotidiennes inhumaines des prisonniers et de leurs familles, allant s’aggraver
Touchant, irréversiblement, leur physique, leur mental, leurs parents, leurs enfants, adultes, enfants et bébés
Alors, tous, rejoignons le combat contre l’autocratie saïedienne mené par l’UGTT
Combat au diapason de l’appel de mon poème « La Révolution nous appelle », déjà publié [18]
Surtout que, disons-le sans ambages, l’UGTT, dans son existence, est réellement menacée
En Tunisie, la démocratie n’est pas morte, simplement un régime essaye de l’annihiler
Car, avec elle, il ne pourra pas survivre : entre eux existe une dichotomie avérée
Il la retient en otage, essaye de l’abîmer, mais, tôt ou tard, de son joug, elle sera libérée
Non pas grâce aux chancelleries, ni au prix de complots que ce régime persiste à inventer
Pour réduire au silence, toute critique, toute voix dissidentes, tout mouvement qui pourrait le contester
Mais, grâce à des mouvements citoyens pacifiques qui sont en train de s’amplifier et de fédérer
Citoyens encore debout, juges intègres, avocats engagés, médias courageux,… avec l’UGTT
Salah HORCHANI
En photo ci-dessous, Sonia Dahmani, la fine fleur des chroniqueurs radio et télé, menottée, comme une dangereuse criminelle !

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Source :
https://www.facebook.com/photo/?fbid=10233063443901933&set=pcb.10233063446862007
[4] https://www.youtube.com/watch?v=UATdkcgyuMc
https://www.fidh.org/fr/regions/maghreb-moyen-orient/tunisie/justice-et-liberte-pour-sonia-dahmani
[5] https://nawaat.org/2024/07/29/ces-tunisiennes-qui-font-trembler-kais-saied/
[6] Voir la vidéo suivante, de la minute 5 : 15 à la minute 5 : 40.
https://www.facebook.com/Presidence.tn/videos/742180635394747
[7] Voir la vidéo suivante, de la minute 2 : 50 à la minute 3 : 20 .
https://www.facebook.com/Presidence.tn/videos/742180635394747
Voir le deuxième lien de la référence [6] ci-dessus.
[8] https://mondafrique.com/a-la-une/tunisie-des-milices-armees-attaquent-lugtt/
https://www.facebook.com/photo/?fbid=2030957697676949&set=a.120896128683125
[9] https://www.facebook.com/photo/?fbid=1180473864111212&set=a.247622740729667
[10] « Mouvement de libération nationale » est le titre-slogan donné par Kaïs Saïed à son action depuis son coup d’État du 25 juillet 2021.
https://www.facebook.com/photo?fbid=1080630569376338&set=pcb.1080632969376098
https://www.facebook.com/photo?fbid=1080630659376329&set=pcb.1080632969376098

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[15] https://lematindalgerie.com/tunisie-polemique-autour-du-silence-mediatique-sur-la-marche-de-lugtt/
https://www.facebook.com/photo?fbid=1180369667450278&set=a.458305786323340
[16] https://www.youtube.com/watch?v=_ey2YDnUIvU
Dans la Photo ci-dessous, rassemblements de soutien - respectivement à l’UGTT (à gauche) et à Kaïs Saïed (à droite ) - qui ont eu lieu les 21 et 24 courant.
