Cette sensation d’un auteur qui vit dans le même monde que celui dans lequel vous vivez est devenue suffisamment rare pour être notée et soulignée. Aussi rare que de voir un auteur assumer pleinement la responsabilité de dire, “qu’une autre vie est possible”, qu’il n’est pas vain de rêver à “une vie à l’écart de l’ingénieuse farce des humains”, que le monde n’est pas condamné définitivement à porter son seul visage apocalyptique, bref un livre où la vie triomphe malgré la sinistre pesanteur des dictatures du pouvoir, de l’argent, de la quantité.
Ce qui frappe, c’est le grand décalage. Et mon attente vis-à-vis du club c’est d’y fouiller les mécanismes producteurs de ce décalage. Un débat sur le club doit avoir lieu lors de la journée portes ouvertes de Médiapart, je n’y serai pas, et ceci représente donc ma contribution à ce débat.
Une phrase entendue ce matin sur France Culture dans la bouche de Alaa El Aswany : “ Quand on fait la révolution, on n'a plus peur de la révolution.” Il était en train de raconter ce qu'il n'oubliera jamais, comment "des tireurs isolés" s'étaient mis à tirer dans la foule et comment la foule continuait son chemin, comme imperméable à la peur.