La Cité Artaud: un nom fictif et symbolique pour un lieu réel et tragique; un espace romanesque qui aspire le lecteur dans un univers de violence et de haine. Chaque échappée débouche sur une impasse, fait monter d'un cran la violence et ne laisse poindre aucune lueur d'espoir. Rien de spectaculaire, ni rébellion ni vengeance, seulement l'engrenage implacable d'une cruauté trop humaine.
Ce roman a été publié en Espagne à Barcelone, aux éditions Seix Barral, en 2009 ; La première édition française date de 2012 au Seuil et je pense que l’on n'a pas suffisamment mis ce roman en valeur. Un chef-d'oeuvre où l'exploration au coeur de la matière humaine rencontre la trajectoire implacable de l'Histoire, celle de la guerre civile espagnole, trop souvent oubliée.
Une histoire banale, sans éclat et sans fard, une histoire d'homme qui se heurte aux obstacles du quotidien, à la médiocrité du monde, à son excentricité, à sa beauté, une histoire qui donne accès au coeur battant de l'humanité dans ses limites étroites et dans ses infinis élans, et au sein de laquelle le lecteur devient chef d'orchestre.