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Billet de blog 26 février 2009

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L'éthique des affaires (2)

 La problématique de la mondialisation  Depuis les accords de Bretton Woods, qui ont légalisé le General Agreement on Tariffs and Trade (GATT) en 1947, le principe économique du libre-échange s’est étendu progressivement au monde entier. Le mouvement a provoqué la multiplication des entreprises transnationales en recherche d’avantages fiscaux, de main d’œuvre servile, d’atouts commerciaux et d’espaces à polluer librement. L’éthique des affaires s’inscrit dans cette problématique de la mondialisation libérale, qui suscita, dès les années 60 et 70, une interrogation sur la dimension politique et l’activité internationale des entreprises.

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La problématique de la mondialisation

Depuis les accords de Bretton Woods, qui ont légalisé le General Agreement on Tariffs and Trade (GATT) en 1947, le principe économique du libre-échange s’est étendu progressivement au monde entier. Le mouvement a provoqué la multiplication des entreprises transnationales en recherche d’avantages fiscaux, de main d’œuvre servile, d’atouts commerciaux et d’espaces à polluer librement. L’éthique des affaires s’inscrit dans cette problématique de la mondialisation libérale, qui suscita, dès les années 60 et 70, une interrogation sur la dimension politique et l’activité internationale des entreprises.

Au début des années 80 les taux d’intérêts redeviennent structurellement positifs. La nouvelle rente financière donne naissance à un « capitalisme mutualiste ». Il s’agit d’investisseurs institutionnels, tels que les fonds de pension. Leurs orientations modifient les critères courants de placements, en privilégiant la valeur monétaire sur toute autre considération. L’enjeu consiste à augmenter la mise, en récupérant l’épargne des ménages, en substituant, notamment, les régimes de retraite par répartition régulés par les pouvoirs publics, par des fonds de pension laissés à l’initiative privée. Ainsi les conditions d’une formidable expansion des marchés financiers et de la privatisation des services publics (par voie de conséquence) sont créées. Les Etats se trouvent relégués au rang de puissances économiques mineures par les entreprises transnationales. La question du « management par la valeur (monétaire) » se pose. Elle conduit à considérer la responsabilité sociale des entreprises et les conséquences politiques de cette révolution économique et financière de dimension planétaire.

Depuis le début des années 90, les techniques de l’information et de la communication ont constitué une force pénétrante contre les frontières étatiques sur lesquelles butait la mondialisation libérale. Elles autorisent désormais le franchissement des lignes politiques de rupture et aplanissent l’espace géographique.

L’ensemble des thèmes de mondialisation, de rente financière et de capitalisme mutualiste, de techniques de l’information et de la communication, conduisent à une nouvelle représentation de l’entreprise et de sa responsabilité au cœur de la société. Ils suscitent une problématique qui fonde « l’éthique des affaires ».

C’est ainsi que, dès les années 60 et 70, la Corporate Social Responsability théorisa l’implication des entreprises envers la société, et que la Corporate Social Responsiveness affirma leur responsabilité sociale. Dans les années 80 est apparue l’approche globalisante des « parties prenantes » (stakeholders). Dans les années 90, le « nouveau contrat social » est théorisé ; la notion de vertu et la notion d’intégrité sont posées, en vue de dépasser une approche purement légaliste dans la vie des affaires.

La notion de « développement durable » est apparue il y a trente ans (conférence de Stockholm 1972). Le rapport Brundtland le définit ainsi : « La capacité des générations présentes à satisfaire leurs besoins sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire leurs propres besoins. » (Our Common Future 1987). Le concept devient la référence pour les 150 pays qui, lors de la conférence de Rio de Janeiro (1992) ont adopté un programme visant à concilier le développement économique avec la protection de l’environnement et l’équité sociale (Agenda 21).

L’opinion publique exerce une pression croissante sur les entreprises, dans le sens d’une plus grande responsabilité de leur management, notamment sur les plans social et environnemental. Il s’agit bien de réclamer un engagement éthique. L’opinion attend de l’entreprise qu’elle s’implique dans la vie de la cité et qu’elle certifie que ses produits sont socialement, humainement et écologiquement corrects. Ainsi est apparue l’expression « parties prenantes » (stakeholders) qui comprend aussi bien les collectivités locales et les organisations non gouvernementales (ONG) que les actionnaires et les partenaires économiques de l’entreprise. Plus généralement, sont parties prenantes tous ceux qui sont touchés par l’activité de l’entreprise, à quelque titre que ce soit.

Les entreprises prennent alors conscience de leurs responsabilités. La réflexion sur « l’entreprise citoyenne » (Centre des Jeunes Dirigeants 1992) est suivie de l’idée de « performance globale » (Commissariat Général du Plan 1993). La question se pose de savoir si les entreprises dotées d’un management éthique bénéficient d’un avantage concurrentiel et sont plus performantes à long terme. La Commission européenne a inauguré la méthode du « triple bottom line » afin de mesurer la valeur globale des entreprises : leur performance économique, leur adhésion au principe de précaution environnementale, l’impact de leurs activités sur la cohésion sociale.

L’on peut affirmer que le modèle productiviste ne correspond plus aux aspirations des hommes du XXIe siècle. Des scientifiques et des chercheurs, venus de diverses disciplines (philosophie, gestion administrative et financière, sciences sociales…), tentent d’élaborer un « nouveau contrat social » pour définir les nouvelles relations entre les hommes, les entreprises et les pouvoirs publics, dans un environnement protégé.

Développements précédents :

L’éthique a un sens que les affaires ne peuvent corrompre

Développements suivants :

La quête de sens pour l’aventure humaine

La gouvernance et les parties prenantes

Le management éthique redécouvre l’homme comme la véritable valeur

L’éthique est un questionnement permanent de la conscience

Yves Maris

www.chemins-cathares.eu

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