
Une énorme contradiction règne entre confinement généralisé et maintien de la présence au travail, hors des secteurs réellement indispensables à la survie des citoyens
Comme depuis le début de l'épidémie, les mesures de santé publique sont hélas en retard et sous dimensionnées. Le pouvoir communique surtout sur les contrôles des attestations mais laisse béante la question clé de la vie quotidienne des salariés.
Le télé-travail concerne uniquement deux salariés sur cinq.
Les 60% restants sont donc censés se rendre quotidiennement à leur travail.
Bruno Le Maire incite d'ailleurs les salariés à aller au travail si leur entreprise est "encore ouverte" ou "indispensable". Il dit précisément que les salariés doivent se rendre dans "les entreprises encore ouvertes, les activités indispensables au bon fonctionnement du pays" mais toutes les entreprises qui restent ouvertes ne sont évidemment pas indispensables au "bon fonctionnement du pays ".
De plus on assiste à deux problèmes majeurs:
D'une part les conditions de travail ne garantissent pas du tout la sécurité, notamment dans des secteurs tels que le nettoyage et le transport: manque de gants, de gel hydro-alcoolique, de masques. C'est le cas également dans de nombreuses usines, comme le signalent les organisations syndicales et de très nombreux témoignages. Dans ces secteurs l’exercice du droit de retrait est difficile alors qu'il serait nécessaire.
D'autre part, les employeurs exercent une énorme pression afin de ne pas avoir recours à l'arrêt de travail autorisé pour garde d'enfants ou au chômage technique. Ce dernier ne couvre d'ailleurs que 83% du salaire et on imagine les conséquences pour les bas salaires.
Au total l'activité économique salariée hors télé-travail doit être réellement réduite à ce qui est indispensable à la survie de la population. La liste de ces activités doit être établie publiquement en négociation avec les organisations syndicales.
Les salariés de ces secteurs doivent bénéficier de conditions maximales de sécurité sous contrôle syndical. La médecine du travail et l'Inspection du travail doivent également être décisionnaires pour garantir la sécurité .
Si ces conditions ne sont pas remplies rapidement, il semble que les organisations syndicales devraient protéger les salariés en les appelant à exercer leur droit de retrait.
Voir nos articles précédents:
https://blogs.mediapart.fr/albert-herszkowicz/blog/170320/coronavirus-femmes-en-danger-au-travail