Oui, et si nous reprenions la tradition d’un défilé populaire et citoyen... en cette année de mémoire?
C’est une date ‘’presque’’ oubliée, celle du 14 juillet 1953, où la police a dispersé violemment, au moment de la dislocation, une manifestation de travailleurs Algériens et tué sept personnes. C’était le défilé ‘‘traditionnel’’, une autre façon de commémorer la fête nationale, réunissant la gauche syndicale et politique.
Une plaque commémorative à Nation, avenue du Trône, Paris 12ème, rend hommage à la mémoire des victimes et de cette violence policière... déjà!
Le réalisateur Daniel Kupferstein. a fait un film-documentaire historique «Les balles du 14 juillet 1953». Il y retrace l’histoire d’une longue enquête contre l’amnésie. Enquête au jour le jour, pour retrouver des témoins, pour faire parler les historiens, pour reprendre les informations dans les journaux de l’époque, dans les archives et autres centres de documentation afin de reconstituer au mieux le déroulement de ce drame mais aussi pour comprendre comment ce mensonge d’État a si bien fonctionné..
Pour Charlène Ferrand, membre de la commission de sélection d’images en bibliothèques, qui l’a sélectionné en 2015, explique son importance: ‘‘Ce film est un documentaire mémoriel qui montre les faits, souligne les incohérences et réécrit l’histoire oubliée et falsifiée. Il met en branle les institutions judiciaires, prouve par des extraits audio reconstitués les tendances racistes du gouvernement de l’époque et remonte l’Histoire par une enquête précise et fouillée. Le film se tient du début à la fin, partant d’un fait divers pour en montrer son importance et le transformer en fait historique. A valoriser pour montrer que notre présent est intimement lié au passé.’’
Un autre défilé du 14 juillet est aujourd’hui nécessaire
Aujourd’hui, un autre défilé du 14 juillet paraît nécessaire et urgent. Oui, un défilé populaire et citoyen autre que celui, militaire, des Champs-Élysées. Cette année un invité de marque, aux côtés du président et du gouvernement français, le premier ministre indien, Narendra Modi, dont les orientations sont explicitement d’extrême-droite, et ceci à quelques mois des élections indiennes.
Encore un clin d'œil aux forces les plus conservatrices de droite voire la plus extrême de la vie politique française.
Nous venons de vivre, suite à la mort du jeune Nahel, un épisode d’extrême violence qui signe la révolte et l’exclusion d’une partie de la jeunesse; après la violence d’un processus de démocratie-autoritaire pour imposer la réforme des retraites refusée par la majorité de la population; on subit une répression sans discernement, criminalisant l’opposition et résistance écologique des Soulèvements de la Terre; nous sommes sujets à des violences policières qui s’inscrivent dans une rupture entre une police protectrice des citoyens et une police répressive de toute manifestation d’opposition y compris une ‘‘casserolade’’... On peut décrire à l’infini les dérives, la toute puissance, l’abus et l’appropriation de la démocratie par le pouvoir actuel dont la séquence Schiappa-fonds-Marianne est à la fois le symbole de l’arbitraire, de la discrimination et des arrangements entre coreligionnaires.
S'imposer autrement et s’inscrire dans le jour de la Fête Nationale, c’est aussi de dire qu’elle n’appartient pas qu’à l’élite, et à ceux qui marchent au pas, mais à l’ensemble des citoyens.nes qui font vivre le pays et qui sont les essentiels, révélés notamment par le Covid, à la société toute entière. Une autre façon aussi de mobiliser la population à défendre et exiger la liberté, l’égalité et la fraternité. Valeurs qui ne sont jamais acquises mais qui exigent notre engagement permanente.
Après la logorrhée présidentielle, pendant trois jours à Marseille, d’un président déguisé en bonimenteur en bras de chemise, ses obligés-ministres s’évertuent à servir de relais-communicants sous l’œil aiguisé d’une police menée plus par son syndicat, influent lobby-conseil du ministre, que par un maintien de l’ordre démocratique.
Seront nous assez déterminés et nombreux pour être présents dans une manifestation populaire ce 14 juillet commémoratif de la répression de 1953, mais aussi pour les autres à venir... ?
** Dans le premier commentaire extraits d’un entretien avec Daniel Kupferstein, citant l’origine des manifestations populaires du 14 juillet et faisant référence à celle de 1953.
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Depuis 2015 d’autres billets ont été publiés dans le Club Mediapart (par ordre de parution):
** /blog/110315/les-balles-du-14-juillet-au-cinema-le-24-mars
*** /blog/290420/guerre-dalgerie-et-1er-mai-interdit-en-quelques-fragments-de-films
**** /blog/100721/l-autre-14-juillet-celui-des-balles-en-1953
***** /blog/140721/leur-14-juillet-et-le-gachis-de-l-apparat
****** /blog/110722/1953-dernier-defile-populaire-pour-la-fete-nationale-commemoration-bal-et-f