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Billet de blog 24 janvier 2022

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ANTICOR, et ses prix éthique pour 2022 !

C’est en 2002 que l’Association anticorruption Anticor a été crée en réaction à la ‘‘finale’’ présidentielle Chirac-Le Pen (déjà cette dynastie). Avant de commémorer ses 20 ans, Anticor a organisé sa cérémonie annuelle de remise des Prix éthique et des Casseroles version 2022. Et nous nous sommes retrouvés, près d’une centaine à la Bellevilloise (Paris 20ème) pour soutenir cet engagement citoyen.

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Et ça tombait bien ce 22 janvier car, la veille, le procès des sondages de l’Élysée au temps de Sarkozy, dont Anticor a été un persévérant dénonciateur et acteur pour faire aboutir la justice, arrivait à sont terme et la prison ferme pour Claude Guéant, ancien ministre de l’intérieur et proche bras droit de l’ancien président, était confirmée. Les autres protagonistes des sondages de la Sarkozie se voyaient également condamnés. Probablement tout ce beau monde va faire appel mais le message d’impunité et d’abus de pouvoir sont bien démontrés.

C’était donc une cérémonie qui venait consacrer l’indispensable apport des associations pour l’éthique en politique et contre la corruption, souligné par Élise Van Beneden, présidente d’Anticor ‘‘Nous faisons le procès de ceux qui font le procès de l’éthique...’’. Cela reste un combat difficile parce que c’est contre des puissants qu’Anticor s’engage.

Combat citoyen contre la ‘‘corruption de la démocratie’’ car au delà des intérêts financiers, matériels ou de notoriété personnelle, c’est bien la démocratie qui est attaquée et détournée de son but, la primauté de l’intérêt général.

Les adhérents et sympathisants d’Anticor étaient d’autant plus heureux de pouvoir être présents que la cérémonie de 2021, avait été suivie en direct... mais sans public ! Fort intéressante et énergique au demeurant avec les ‘‘Goguettes’’ en scène... Cette année ce sont deux comédiens Sylvie Gravagna et Nicolas Lambert, qui ont animée la soirée et ponctué le passage de témoin...

Les lanceurs d’alerte en première ligne

C’est une lanceuse d’alerte, qui a ouvert la séance avec un prix éthique (représenté par une Marianne) décerné à Valérie Murat, pour avoir signalé la présence de pesticides dans les vins certification ‘‘HVE’’ comprendre ‘‘haute valeur environnementale’’, de certains vins bordelais. Mécontents d’être ainsi qualifiés les patrons-vignerons ont porté plainte contre Valérie Murat pour ‘‘dénigrement’’. Elle a été condamnée, avec son association Alerte aux Toxiques, par le tribunal de Libourne à payer 125 000€. Pour faire appel de sa condamnation Valérie Murat doit s’acquitter de cette amende.

On sait bien que mettre en cause les pratiques de certains vignerons bordelais va au-delà des enjeux sanitaires, environnementaux ou économiques, c’est dénoncer les pratiques et les très puissants intérêts qui représente le Conseil Interprofessionnel des Vins de Bordeaux. Utilisation d’une procédure ‘‘bâillon’’, comme une menace aux lanceurs d’alerte et empêcher toute mise en cause des méthodes destructrices de l’environnement et de la santé... peut-être que l’abstinence de certains vins de Bordeaux serait une mesure de ‘‘santé publique’’.

Voir ici L’appel à l’aide de Valérie Murat, lanceuse d’alerte sur les pesticides dans le vin, * Billet de blog - Maison des Lanceurs d'Alerte - 3 déc. 2021

De Noël Pons à Amar Benmohamed... ici les autres lauréats

Une Marianne également pour Noël Pons, pour son livre "La corruption, comment ça marche ?" aux Ed du Seuil, où il dévoile les comportements délictueux des «premiers de cordée» et les circuits de la criminalité financière organisée. 

Voir ici Face à la corruption, « il faut créer de l'insécurité »  *  Entretien avec Jean-Paul Philippe, ancien commandant de police spécialisé dans la lutte contre la “délinquance en col blanc”, et Noël Pons, ancien agent du fisc détaché au Service central de prévention de la corruption, publient 92 Connection, par Fabrice Arfi, Karl Laske et Marine Turchi - 17 avr. 2013 -

Deux institutionnels

Le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) représenté par le journaliste Pierre Romera pour avoir révélé l’ampleur de la richesse confisquée des nations et les puissants qui en jouissent. #PandoraPapers.  Voir ici Une enquête internationale révèle le blanchiment de sommes énormes par des grandes banques *  Des montants astronomiques d’argent sale ont transité durant des années par les plus grandes institutions bancaires du monde, révèle une enquête internationale du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), qui dénonce les carences de la régulation du secteur.  Brève - Agence France-Presse - 20 sept. 2020 -

Et L’observatoire des Multinationales, @transnationales, fournisseur d'informations indépendantes sur les grandes entreprises françaises, l'économie et la démocratie et pour son rapport sur une présidence de l’UE sous influence, révélant l’alignement du gouvernement français sur les intérêts des grandes entreprises.

C’est à une émission de radio et à son équipe qu’un autre prix éthique a été décerné. C’est Jacques Monin, Directeur des enquêtes et de l’investigation de Radio France (émission sur France Inter les samedi à 13h20) qui est venu défendre le service public et souligner que Secrets d’info, émission du Service public, ‘‘révèle les secrets des malfaiteurs, corrompus, despotes petits et grands...’’

Merci GoncalvesDessinsDePresse  pour ce dessin!

Et L’observatoire des Multinationales, @transnationales, fournisseur d'informations indépendantes sur les grandes entreprises françaises, l'économie et la démocratie et pour son rapport sur une présidence de l’UE sous influence, révélant l’alignement du gouvernement français sur les intérêts des grandes entreprises.

C’est à une émission de radio et à son équipe qu’un autre prix éthique a été décerné. C’est Jacques Monin, Directeur des enquêtes et de l’investigation de Radio France (émission sur France Inter les samedi à 13h20) qui est venu défendre le service public et souligner que Secrets d’info, émission du Service public, ‘‘révèle les secrets des malfaiteurs, corrompus, despotes petits et grands...’’

Un lanceur d’alerte dans la Police...

Un autre lanceur d’alerte Amar Benmohamed, policier sanctionné par sa hiérarchie pour avoir eu le courage de dénoncer les mauvais traitements et le racisme de policiers au dépôt du tribunal de Paris.

Le policier avait dénoncé les actes de violence et de racisme de certains de ses collègues contre des détenus de passage au dépôt du tribunal.

Cette Marianne ‘‘récompense son courage et son sens de la démocratie. Soutenons ceux qui comme lui franchiront le pas malgré les représailles et l'omerta de l'institution’’.

Voir ici: Affaire Benmohamed: le préfet a-t-il peur des policiers?* La Préfecture de police de Paris a notifié à Amar Benmohamed – ce policier qui a révélé des actes de maltraitance répétés dans les cellules du Tribunal de Paris - l’ouverture d’une enquête administrative disciplinaire à son encontre après qu’il ait témoigné devant une commission parlementaire.  In billet de blog - Maison des Lanceurs d'Alerte - 31 mars 2021 -

...mais aussi des ‘‘pantoufles’’ et une ‘‘casserole’’

Du côté des ‘‘pantoufles’’, version 2022, à Brune Poirson, pour avoir abandonné son poste de députée dans le Vaucluse avant la fin de son mandat pour un poste chez Accor, directrice pour le développement durable (Sarkozy ne rôde pas loin en tant que membre du CA d’Accor). Elle avait déjà été chez Veolia et secrétaire d’État à la Transition Écologique auprès de Hamon et de Rugy. Des allées et venues en bonne intelligence des affaires qui marchent. Mme Poirson est toujours en marche, responsable des relations internationales.

Et la seconde ‘‘pantoufle’’, à Natacha Valla, dont ‘‘l’instabilité’’ professionnelle ne surprend pas dans la StartUp France: à la BCE, Banque Centrale Européenne de 2001 à 2008. De 2008 à 2014, elle travaille pour la banque américaine Goldman Sachs ; de 2014 à 2016, elle est directrice adjointe dans le Centre d’études prospectives et d’informations Internationales, service auprès du premier-ministre. D’avril 2016 à mai 2018, elle a siégé (aux côtés de Nicolas Sarkozy) au conseil d’administration du groupe Accor. Et exactement pendant la même période, elle a également siégé au conseil d’administration du groupe LVMH. Et de janvier 2017 à mai 2018 au conseil de surveillance de Tikehau Capital, un fonds financier qui a été créé par des anciens de Goldman Sachs et qui a accueilli François Fillon, après son naufrage lors de l’élection présidentielle de 2017. En 2018, nommée directrice générale adjointe de la Banque centrale européenne, chargée de la politique monétaire jusqu’en 2020. Depuis 2020, elle est doyenne de l'École du management et de l'innovation de Sciences Po, à Paris. La même année, elle rejoint à nouveau LVMH en tant que membre du conseil d'administration.

Exemplaire carrière, d’essuie-glace, comme le nomme Laurent Mauduit... mediapart.fr/journal/economie/050620/une-economiste-francaise-de-la-bce-attise-la-polemique

Arrive le moment, tant attendu de la ‘‘casserole’’. Décernée à Mathias Vicherat, pour ses conseils décomplexés encourageant le pantouflage et les portes tournantes auprès des élèves de SciencesPo. Sorti de la même promotion de l’ENA que Macron, directeur de cabinet de Delanoë et Hidalgo à la Mairie de Paris, directeur adjoint de la SNCF 2017-2018, devient le secrétaire-générale de Danone. En novembre 2019 il est nommé directeur de l'Institut d'études politiques de Paris, Sciences Po, et administrateur de la Fondation nationale des sciences politiques par un décret du président de la République, et un arrêté de la ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation.

C’est Jérome Karsenti, un des avocats d’Anticor (notamment dans l’affaire des sondages de l’Élysée) qui a été chargé de lui remettre cette ‘‘distinction’’, ‘‘C'est avec un grand plaisir que j'ai remis au nom d'Anticor le prix casserole à Mathias Vicherat, grand serviteur du pantouflage, fabrique du conflit d'intérêt et de la désagrégation de l'intérêt général’’.

Un hommage opportun, nécessaire et prix d’éthique à Julian Assange.

C’est Eric Alt, vice-président d’Anticor qui a présenté et dit les raisons de ce prix :

‘‘Il paie aujourd’hui prix de son courage. Contraint de se réfugier à l’ambassade de l’Équateur à Londres en juin 2012, il y reste 6 ans et 9 mois sans voir la lumière du jour. Il est depuis dans une prison de haute sécurité, prisonnier politique dans un pays qui se dit respectueux des droits fondamentaux. Le rapporteur aux droits de l’homme de l’ONU a pourtant constaté qu’il était détenu dans des conditions d’oppression, d’isolement et de surveillance non justifiées.’’

‘‘Nous soutenons Julian Assange, car il a eu le courage de chercher la vérité et de la dire, et de refuser la loi du mensonge triomphant. Nous le soutenons parce qu’il n’a pas seulement dénoncé l’injustice. Il a donné sa vie pour la combattre’’.

‘‘Celui qui dénonce un crime ne peut être traité comme celui qui commet un crime. Sauf quand le pouvoir est criminel’’.

Pour l’éthique en politique, soutenir Anticor...

Nous avons, me semble-t-il, bien des raisons pour soutenir Anticor, et toutes les Associations qui s’engagent pour l’éthique, la justice, l’intérêt général et contre la corruption.

L’initiative d’Eric Halphen et de Séverine Tessier, en juin 2002 de fonder Anticor est un exemple de l’importance de cet engagement. Le second tour de l’élection présidentielle d’alors a été la confrontation Chirac-Le Pen, et ils estimaient ‘‘que cette situation était la preuve d’un délitement de la république dû à un laisser-faire institutionnalisé face à la corruption de nombreux représentants des citoyens’’. La situation s’est beaucoup modifiée, deux anciens présidents, deux anciens premiers-ministres, quatre anciens ministres... poursuivis et condamnés.

Du jamais vu, certes, mais le parcours des ‘‘lauréats’’ de la version 2022 des prix d’éthique montre que le combat n’est pas finie, il ne le sera jamais car la démocratie est un engagement permanent... et l’intérêt général un juste choix. https://www.anticor.org/a-propos/

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