Comment a grandi l'octet d’Astral, le sixième album dirigé par Leïla Olivesi? De nombreuses représentations ont suivi l’élection de la brillante musicienne à la distinction de lauréate du prestigieux Prix Django Reinhardt par l’Académie du Jazz, l'année dernière, après la sortie du disque. L'effectif de la formation n’a pas changé. Toutefois, dans le (bon) jazz, la musique se fige rarement. Quelles formes emprunte l’avatar, quelques jours avant le concert de Jazz Sous les Pommiers à Coutances (Manche) le 10 mai ?
INTERVIEW LEÏLA OLIVESI
Bruno Pfeiffer : Quelle est l’actualité de l’œuvre ?
Leïla Olivesi : Nous avons énormément tourné les derniers mois. A mon sens, le Prix Django Reinhardt a beaucoup contribué au succès de l’œuvre! Quant à la création elle-même, il faut se rappeler une chose : dès l’enregistrement d’Astral, en 2022, l’entente entre les musiciens fonctionnait quasi-parfaitement. C'était le deuxième album avec l'équipe du précédent CD (Suite Andamane). Déjà, la spontanéité était totale. Aujourd’hui, grâce aux concerts, la musique a pris davantage d'ampleur. Nous essayons de nouvelles compositions. Je sens que le public voyage avec une implication supérieure. Cet accueil enthousiaste transcende notre jeu. Personnellement, je traverse des moments de grâce.
Bruno Pfeiffer : Comment a évolué le groupe ?
Leïla Olivesi : Je tourne avec l’effectif du disque. Les musiciens de l’orchestre ne changent pas d'une prestation à l'autre. C'est une équipe fantastique, qui fait des étincelles ! Je conçois chacune des compositions sur mesure, cela afin que les personnalités de chacun des musiciens puissent s'épanouir et s'entrelacer avec le son du groupe. Comme Duke Ellington, j'aime écrire non pas pour des instruments, mais pour des personnalités musicales singulières. J'apprécie les contrastes : l'octet comprend des solistes à la fois complètement différents et complémentaires. Nous vivons une connexion humaine super forte au sein de l'ensemble, imprégnée de complicité et d'admiration mutuelle entre les musiciens, qui montrent chacun un engagement artistique total. À force de jouer ensemble - depuis environ 7 ans - le groupe acquiert des couleurs, un velouté, une patine d'exception. Partager cette émotion musicale avec le public est devenu un vrai bonheur.
Bruno Pfeiffer : Qu’est-ce qu’Astral ambitionne de transmettre ?
Leïla Olivesi : J’aimerais à chaque concert projeter le public vers le monde. L’emmener en voyage. La raison pour laquelle - sans doute – les paysages changent. Provoquer des rencontres. Se retrouver. Avec Astral, j'ai également trouvé un point d'équilibre entre les racines du jazz et la création de nouveaux univers. Par moments, déferle un swing d'enfer. À d'autres, nous nous aventurons vers des climats impressionnistes beaucoup plus abstraits. J'aime jouer avec la richesse de cette palette musicale. En effet, je sais qu'avec leur talent fou, les musiciens me suivront, quelle que soit la direction que je leur propose. Chaque escale conduira au milieu des étoiles.
Propos recueillis par Bruno Pfeiffer
CONCERTS : Vendredi 10 mai 2024 à Jazz Sous les Pommiers (Coutances - 22h)
- En octet, le jeudi 27 juin (21h) au Théâtre de verdure de Casone (Ajaccio), lors du festival Jazz in Aiacciu.
CD : Leïla Olivesi - Astral (Attention Fragile/L’Autre Distribution).
- Avec Quentin Ghomari (trompette) - Jean-Charles Richard (saxophones) - Géraldine Laurent (saxophone alto) - Yoni Zelnick (contrebasse) - Baptiste Herbin (saxophones) - Donald Kontomanou (batterie, percussions) - Manu Codja (guitares) - Adrien Sanchez (saxophone ténor) – Chloé Cailleton (chant) - Leïla Olivesi (piano)
CD : Leïla Olivesi - Suite Andamane (Attention Fragile/L’Autre Distribution)
CONCERTS 2024
Camille Bertault le samedi 4 mai à l'Espace Sorano (Vincennes, 94). La rumeur attribue à la chanteuse la réputation de mettre une salle dans sa poche en deux secondes. J'ai fait l'expérience l'hiver dernier au New Morning : je confirme. Le talent (un diamant) le dispute au jeu de scène (mis en place parfaite). Les chansons portent du sens, collent au personnage, balancent terrible (Minino Garay, batterie-percussions, si vous voyez ce que je veux dire). Une présence inouïe. Le plus souvent, le trompettiste Julien Alour la rejoint sur scène. Ce fut le cas au New. La soirée prend alors de l'ampleur. Il est annoncé à Sorano. Immense soliste. Une affiche pareille devrait les emmener loin. Avec Fady Farah : piano et claviers + Christophe Minck : contrebasse.
Pink Turtle le lundi 6 mai à L'Européen (Paris 17e - 20h30), à 25m de la Place Clichy. Le combo déluré des briscards du jazz classique remet son répertoire en selle pour une série de concerts. Le concept? La reprise de tubes de la pop, traités en swing. On ne s'ennuie pas un quart de seconde à l'écoute de la compilation extraite des trois CD de Pink Turtle (Sortie fin mars chez Frémeaux et Associés, avec une jaquette sobrement estampillée Best Of). Une originalité folle habite le traitement "jazz tradi" de la musique populaire des années 70-80-90. Les arrangeurs et les musiciens, au cours de nombreuses répétitions, ont mis au point l'approche en tout sur une cinquantaine de compositions. Avec les arrangements, pour la plupart du trompettiste Michel Bonnet et du guitariste Christophe Davot, la formation s'approprie, par exemple, Walk on the Wild Side de Lou Reed "à la Fats Waller". Ou We are the Champions sous la forme du générique d'une vieille série télé. Des concerts à gogo entre 2006 et 2013 ont rodé la formule. Succès innatendu : le total des 3 albums parus - à la fin des années 2000 - s'est vendu à quasiment 27.000 exemplaires. Considérable dans un catalogue jazz. Le périodique Jazz Hot applaudit alors à "la bouffée de swing pur" des interprétations résolument personnelles des lurons, après tout le cœur même du jazz. Force est de mentionner la qualité des musiciens et le haut niveau des reprises, ciselées par des orfèvres. De surcroît, le spectacle réserve son lot de saisissements (présentations humoristiques des morceaux; gags; loteries pour gagner des CD au premier qui trouve les titres des chansons; participation de la salle; etc.). Cela dans le pur esprit du music-hall, tel que Charles Trénet le glorifiait. Le livret du CD rapporte cette anecdote : en 2009, en public, à Belo Horizonte (Brésil), près de 10 000 spectateurs hurlent leur joie à tout rompre devant "leur" Hey Jude, des Beatles (figure sur le Best Of ). Humour + jazz surchoix dans un mélange haut-de-gamme. Que désirer de plus?
CD Pink Turtle : Best Of (15 titres délirants, sortie mars 2024) - Frémeaux et Associés
Concerts (2024) de Pink Turtle : Chatelguyon (18 et 19 mai) / Entraigues-sur-la-Sorgue (2 juin) / La Baule (1er août) / Île d'Yeu (17 et 18 août) / St Jean de Maurienne (23 août) / Bar-sur-Aube (6 septembre)
Jazz sous les Pommiers (43e édition) du 4 au 11 mai 2024 à Coutances et environs (Manche). L'écrivain visionnaire Alphonse Allais, natif de Honfleur, proclamait : "c'est une chance que les Normands aiment le cidre, il y a plein de pommes sur place pour en fabriquer". L'aphorisme savoureux pourrait s'appliquer au jazz, prophète en ce pays. Qu'on en juge à ce score : presque 94% de remplissage sur les concerts payants l'an dernier (35 734 spectatrices et spectateurs). Sans compter les propositions gratuites (59 spectacles, aussi en 2023)... Au fil de plusieurs dizaines d'années denses, Jazz sous les Pommiers s'est taillé une réputation internationale d'excellence dans le jazz et dans les spectacles de rue. Les organisateurs confirment ce que nous pressentions : "la programmation pique autant les amateurs que les néophytes". Sur scène, les artistes novices côtoient, confirmés, têtes d'affiches et figures culte. Simple question : quel est l'artiste de jazz le plus en vue dans le monde depuis une dizaine d'années? Ce n'est plus un secret : j'ai nommé le pianiste Brad Mehldau. Il apparaîtra le 8 mai à 15h30 à la salle Marcel-Hélie. Je peux attester - après plusieurs années de confidences - de la persévérance de Denis Le Bas et de toute l'Équipe du Théâtre municipal, tournés dans le but de l'inviter. Le public peut les remercier. On s'en frotte les mains, les yeux et les oreilles.
Hommages et créations ne sont pas de reste. La voix et le talent de Nina Simone bouillonneront grâce à la vocaliste Kareen Guiok-Thuram (le 8) ; la formation franco-américaine Future of Jazz Big Band (le 11) soufflera 125 bougies à la gloire du génial Duke Ellington, tant célébré en France ; Fred Pallem réarrangera Claude Nougaro avec un all-star vocal (le 10). D'autres concepts prolifèrent sur le versant "Créations". Notamment très attendus : Marion Rampal et Robinson Khoury. J'avais écouté le tromboniste - il y a 2 ans - à l'Ermitage (Paris 19e). Original et décoiffant! Cette fois (le 7), il offrira la prestation en trio. Quant à l'irrésistible Marion Rampal, le 10, l'on en attend immanquablement le meilleur. Le brillant opus, Oizel, épate autant que le précédent Tissé. Elle nous convie à suivre sa voilure comme des albatros, accompagnée de Christophe Panzani (sax ténor ultra-subtil), Gaël Rakotondrabe et Simon Tailleu (contrebasses), Matthis Pascaud (guitare), Raphaël Chassin (batterie), Laura Cahen (voix). Appareillage encouragé.
On the Mississippi entame la deuxième saison du 8 au 12 mai 2024 à Strasbourg et banlieue proche. Le festival de blues, boogie, stride, tap-dance, swing et autres genres qui déménagent (et font bouger), remet les dés à coudre sur le washboard. Le couple de fondateurs, Tiffany Macquart et Sébastien Trœndlé, ressert les bouchées doubles. Cliquez ici pour découvrir la palette riche et diversifiée. On se souvient notamment de la prestation volcanique du Chicagoan Corey Dennison en 2023, à Ostwald. Sachez que cette année se présente l'occasion d'écouter un autre kador du blues électrique, j'ai nommé D.K. Harrel.
Stacey Kent le 13 mai au festival Jazz à St Germain-des-Prés (Odéon-Théâtre de l'Europe/20h30). Une prestation prometteuse de la vocaliste, au milieu d'une population d'artistes féminines qui dépasse la parité (Cécile Recchia - Marion Rampal - Aurélie Tropez - Kareen Guiock Thuram - Julie Saury - etc.). Une proportion dans l'air du temps, cela dans un paysage où les études déclarent le chiffre de 74% d'artistes masculins programmés parmi les figures à l'affiche des grands festivals. La 23e édition de Jazz-à-St-Germain (13 au 20 mai 2024) propose en outre l'un des concerts de sortie du CD Silent Listening, sublime improvisation solo de l'Américain Fred Hersch - Label ECM. Enfin, la transition écologique et la réduction des plastiques préoccupent également le festival créé par Donatienne Hantin et Fred Charbaut. Mesures généralisées de réduction dans les repas, les transports, les concerts.
Fred Soul et Zé Luis Nascimento à L'Ermitage (Paris 20e - M° Pyrénées) le mercredi 15 mai (20h30) pour la sortie de l'album-hommage au grand percussionniste Nana Vasconcelos. Une délégation de stars en état de grâce se joignent à la célébration sur le CD bouillantissime Viva Nanà (L'Autre Distribution) sorti en avril. Je citerai Vincent Peirani, au sommet de son art (je l'ai entendu à Coutances, le 9 mai : somptueux!).
L'Auguste trio d'Alain Bédard le 16 mai à la Rare Gallery (17 rue François Miron - Paris 4e - M° St Paul - Ligne 1). Le supertonique contrebassiste canadien s'entoure de Mario Allard (sax) et de Michel Lambert (batterie). Pour l'invention jubilatoire que sa musique répand, une joie de le revoir sur scène.
Christina Rosmini le 21 mai au Studio de l'Ermitage (Paris 19e/M° Pyrénées - 20h30). L'auteur-compositeur-interprète, autant de qualités que l'artiste assure au plus haut niveau, présentera INTI, son sixième album. Nous n'avons jamais manqué de saluer les précédents, des bijoux d'indépendance, de réalisme, et d'intimité. Une chanson m' a brisé le cœur : celle sur de l'abandon par les États des migrants, dont les corps jonchent le fond de la Méditerranée. La présence de la danseuse (elle a débuté à 6 ans chez Roland Petit à l'Opéra de Marseille), envoûte les auditoires.
Women in Jazz le lundi 27 mai au Théâtre du Châtelet (19h30 - Grande Salle/M° Châtelet). La soirée, à la distribution richissime, clôturera Le Châtelet fait son jazz. Le festival dédie ce jour-là à une occasion exceptionnelle : les 70 ans de Jazz magazine. Raphael Imbert et Kareen Guiock Thuram animeront l'événement. Avec Lena Aubert, Elvire Jouve, Pierre-François Blanchard, Sophie Alour, Celia Kameni, Pedro Kouyaté, Sarah Lenka, Jeanne Michard, Sandra Nkake, Leila Olivesi, Estelle Perrault, Marion Rampal, Cecil L Recchia, Laure Sanchez, Julie Saury, Lou Tavano. Le suprême des artistes du jazz honore Jazz'Mag - fondé en 1954. LE périodique français de la plus belle musique du monde. Émotion garantie.
Minino Garay le 30 mai à l'Ecuje (Paris 10e). Concert à 20h30. La bouillante célébrité argentine, installée en France, se produira en trio (Thierry Eliez: piano, chant - Cédric Hanriot : claviers). Au programme, présumé pêchu, des compositions revisitées de Speaking Tango, son groupe avec Cédric Hanriot, mélodiste hors-pair, ainsi que des œuvres originales de chaque membre du trio.
Camille Maussion le 6 juin à l'Atelier du Plateau (Paris 19e). Quatre improvisateurs épauleront la saxophoniste (soprano + ténor) dans une exploration des complémentarités de leurs instruments : Célia Forestier, voix - Clément Merienne, synthétiseurs, voix - Clément Petit, violoncelle, voix - Maxime Rouayroux, batterie, objets sonores, voix. La compositrice et plasticienne Camille Maussion malaxera en direct le magma de cette orchestration, concédant mille espaces aux improvisations de ses congénères. Assurément jamais vu.
Malo Mazurié le 15 juin à la Médiathèque de Boulogne-Billancourt avec son groupe Three Blind Mice. La trompette du triple lauréat du Prix du Jazz classique de l'Académie du jazz étincèllera dans un répertoire chéri : les années trente (Bix Beiderbecke, Louis Armstrong, etc.). Ils sont trois à l'origine de Three Blind Mice : Sébastien Girardot (contrebasse), Félix Hunot (guitariste), et lui. Autant prévenir de leur musique irrésistible! Les épaules s'agitent dès les premières phrases des musiciens. Malo a sorti au début de l'année un disque en quartet plus personnel, Takin the Plunge (Label EncoreMusic). Le soliste du phénoménal Duke Orchestra de Laurent Mignard y partage son amour (je ne trouve pas d'autre mot) de Duke Ellington, Jelly Roll Morton, Bix Beiderbecke, et Louis Armstrong. Il signe de surcroît huit compositions. J'avais entendu Malo avec le Duke Orchestra au Bal Blomet (Paris 15e), cet hiver. L'excellence incarnée. On comprend que les mélomanes américains nous jalousent le Duke Orchestra. Les dates à venir du quartet de Malo Mazurié : 22-23 juillet JAZZ IN MARCIAC - Scène bis (32);
26 septembre, ST BENOÎT SWING - St Benoit (86); 28 septembr,e MAROC IN JAZZ - Marrakech (Maroc);
25 octobre, JAZZ POUR TOUS - Angers (49); 28 octobre à Chatelaillon-Plage (17).
ZZTop le 9 juillet au Zénith La Villette (Paris 19e) pour envoyer son blues grungy garni avec des titres ultra-toniques et décoiffants comme "La Grange", "Gimme All Your Lovin", "Sharp Dressed Man", "Legs" (on en passe). Mené par Billy F Gibbons, soutenu par la force rythmique de Frank Beard et, depuis quelques années, Elwood Francis à la basse, le groupe assène une approche sonore du rock inimitable. J'avais vu Billy Gibbons en éclaireur (Olympia, 2023) : on en redemande!
Le jazz allemand du 17 au 20 juillet à l'affiche de Jazz à Junas (Gard), pour la 31e édition du festival. Tel est le choix de l'assemblée des bénévoles et des salariés de l'association : une particularité de ce festival démocratique et libertaire qui défend un humanisme chaleureux dans la diffusion de la créativité. Le programme décline une "aventure de proximité, un espace de découvertes, une résistance à l'uniformité". Un esprit palpable au moindre contact dans les travées du festival (et les rues de la ville). Les organisateurs invitent des artistes reconnus (Youn Sun Nah le 20 juillet, par exemple), toutefois en gardant le regard en permanence vers l'extérieur. En 2024, bienvenue au jazz allemand, dont la singularité détonne sur toute la planète (le tromboniste Albert Mangelsdorff m'expliquait qu'il s'avérait vital pour l'identité du jazz allemand dans les années cinquante, de s'affranchir du langage des jazzmen américains). Du coup, nous voilà impatients de découvrir des formations inhabituelles en France, comme le groupe du trompettiste chevronné Markus Stockhausen invitant le guitariste Nguyen Lê (le 17). Ou comme le même soir les versions jazz de Bach par le trio de Dieter Ilg. On attend beaucoup du lendemain, le 18, où Airelle Besson invite deux musiciens allemands (Sébastien Sternal- piano/Jonas Burgwinckel - batterie). Et du 19, avec le duo Katarina Koch (voix) et Kira Kinn (saxophone baryton). Sans passer à côté de la formation Triosence, bardé de trophées. Aussi pour la formidable Groove Connection du saxophoniste Jakob Manz. Enfin - le 20 - le saxophone à la fois lyrique et percutant de Nora Kamm jouera doublement à domicile (elle vit en France).
Tommy Emmanuel le 21 juillet aux Nuits de la Guitare de Patrimonio (à côté de St-Florent, Haute-Corse; 33e édition du 18 au 25 juillet 2024). À côté du légendaire styliste australien (il adore la France), le gratin des virtuoses manouches (Rocky Gresset - Stochelo Rosenberg - Adrien Moignard - Fanou Torracinta). D'autres félicités encore (Mike Stern le 24). La mer voisine est bleue comme dans les films.
Gregory Privat le 8 août au Phare des Baleines (Île de Ré) en trio, dans le cadre du festival Jazz au Phare. Le pianiste antillais, lauréat du prestigieux Prix Django Reinhardt de l'Académie du Jazz 2023, sera entouré de Chris Jennings (contrebasse) et Tilo Bertholo (batterie).
Ramona Horvath le 19 août à Grand Village (Île d'Oléron) pour l'ouverture du festival Un Piano dans la Pinède. La manifestation - elle privilégie le jazz qui swingue - durera trois jours. Un Piano dans la Pinède, organisé par Patrice Robillard, ouvre le haut du panier de jazz classique. Au saxophone ténor dans le quartet de la pianiste franco-roumaine, jouera le légendaire André Villéger. J'ai entendu Ramona au Sunside (Paris 1er), en trio cet hiver. Le jeu rayonne, piquant, original et soutenu. Valeur sûre en concert, c'est une grande admiratrice d'Errol Garner. En outre, de grands interprètes roumains lui ont transmis le flambeau. En France, aujourd'hui, les pianistes de son niveau (un son et un discours d'exception) se comptent sur les doigts de la main. Le jazz et le classique s'entrecroisent dans une pulsation ininterrompue. Dans la sélection finale pour décrocher le Prix Django Reinhardt de l'Académie du Jazz 2023, son nom apparaissait parmi les premiers. Ramona clôture systématiquement les prestations par une composition de Billy Strayhorn. Au Sunside, pas un spectateur ne s'est levé avant la dernière note.
Brad Mehldau les samedi 7 (en trio à 18h) et dimanche 8 septembre (en solo à 16h) à la Cité de la Musique-Philarmonie de Paris (Paris 19e-M° Porte de Pantin) dans le cadre du festival Jazz à La Villette (29 août au 8 septembre). Si j'en juge au phénoménal concert de Coutances le 8 mai 2024 (en trio), le virtuose n'a pas perdu la main. Un enchantement, par celui qui dépasse de la tête et des épaules les pianistes de sa génération.
Exposition "Metal Diabolus in Musica", jusqu'au 29 septembre 2024, à La Philarmonie de Paris (Paris 19e). Instruments de musique, costumes, iconographie, pochettes de vinyles rares, extraits sonores et vidéos, projections ; le visiteur encaisse le lot en pleine figure. La scénographie ahurit du début à la fin (cette apothéose du festival HellFest dans la dernière salle!). Une pédagogie spectaculaire déroule de bout en bout le panorama documenté du mouvement amorcé par les groupes légendaires (Deep Purple, Led Zeppelin, Black Sabbath). Le développement conduit le genre "Métal" aux délires (je ne trouve pas d'autre mot). Réalisé avec le concours de partenaires pour le moins concernés (Le HellFest). Cela pour déclarer que j'ai dégusté la claque du semestre. L'expo que je ne suis pas prêt d'oublier.
B.P.