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Billet de blog 14 octobre 2025

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"The End of Violence" de Wim Wenders

Mike Max est un producteur à Hollywood qui a fait de la violence le moteur de sa fortune. Alors qu’il échappe de peu à la mort, il disparaît et s’invente une vie socialement invisible.

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Illustration 1
The End of Violence de Wim Wenders © Carlotta Films

Sortie Blu-ray : The End of Violence de Wim Wenders

The End of Violence (1997) signe le retour de Wim Wenders aux USA après à la fois la douleur de Hammett (1982) et la consécration de Paris, Texas (1984). Comme toujours chez le cinéaste, c’est la réalisation d’un film qui doit lui apporter la résolution de ses propres tourments et sa propre place dans le cinéma. Ainsi, avant de tourner un film de science-fiction plus complexe à mettre en place, son désir de réaliser ne saurait attendre et c’est pourquoi le cinéaste prolifique s’est lancé dans le projet de The End of Violence qui est à la fois une réflexion sur le cinéma hollywoodien ainsi que sur l’idéologie de la violence, tout autant qu’une déclaration d’amour à ses cinéastes fétiches. Ainsi, Samuel Fuller fait sa dernière apparition à l’écran dans le rôle du père de Ray, dont le prénom évoque Nicholas Ray, réalisateur de La Fureur de vivre (Rebel Without a Cause, 1955) qui se déroule dans le lieu mythique de l’observatoire d’astronomie Griffith où le personnage travaille pour le FBI afin de mettre en place un outil de surveillance généralisée ultra sécuritaire utilisant un outil létal pour imposer l’ordre.

Avec son complice Nicholas Klein, Wim Wenders a imaginé un récit volontairement multifocal avec plusieurs intrigues parallèles de personnages amenés à se croiser sans jamais se retrouver ensemble dans un dialogue partagé. Cette approche permet ainsi de questionner le regard privilégié de celui qui se trouve en haut lieu des décisions économiques et sécuritaires, qu’il s’agisse d’un producteur ou d’un homme travaillant pour le FBI.

Wim Wenders entremêle ses récits avec son goût profond pour des personnages qui se perdent en quittant leurs déterminismes sociaux pour mieux se retrouver dans leurs questions métaphysiques. L’intrigue mêle les références aux codes du cinéma de genre, reprenant notamment à la fois le polar autour d’une enquête policière, le métacinéma avec le tournage d’un film dans le film comme dans L'État des choses (Der Stand der Dinge, 1982), le cinéma paranoïaque des années 1970 avec notamment la référence aux Trois jours du condor (Three Days of the Condor, 1975) réalisé par Sydney Pollack avec le récit d’un homme fuyant un massacre politique mêlant les services secrets gouvernementaux, sans oublier les références au cinéma hollywoodien qui hante les années 1990 où Bill Pullman fait référence par sa présence à la fois à Lost Highway (1997) de David Lynch et même à Independence Day (1996) réalisé lui aussi par un cinéaste d’origine allemande, Roland Emmerich, en évoquant dans un monologue final des extraterrestres.

L’ambition du film consiste pour Wim Wenders à penser la violence dans son ensemble sans pour autant faire de la violence un spectacle cinématographique à la manière d’Oliver Stone dans Tueurs nés (Natural Born Killers, 1994) qui était une réflexion sur le recours à la violence des médias comme forme consensuelle de récit. Ainsi, The End of Violence se place plutôt comme une errance d’une réflexion existentialiste et métacinématographique avec des images composées avec soin pour évoquer le rôle de la mythologie hollywoodienne construite par la peinture d’Edward Hopper.

Illustration 2

The End of Violence
de Wim Wenders
Avec : Bill Pullman (Mike Max, le producteur de cinéma), Andie MacDowell (Page , sa femme), Gabriel Byrne (Ray Bering , l'informaticien), Traci Lind (Cat, la cascadeuse), Rosalind Chao (Claire , l'assistante de Mike), K. Todd Freeman (Six O One , le rappeur), Chris Douridas (le technicien), Pruitt Taylor Vince (Frank Cray , un des 2 ravisseurs), John Diehl (Lowell Lewis , un des 2 ravisseurs), Soledad St. Hilaire (Anita), Nicole Ari Parker (Ade), Daniel Benzali (Brice Phelps), Samuel Fuller (Louis Bering , le père de Ray), Marshall Bell (le shérif Call), Frederic Forrest (le ranger MacDermot), Loren Dean ('Doc' Dean Brock , le policier), Henry Silva (Juan Emilio), Enrique Castillo (Ramon), Sal Lopez (Tito), Ulysses Cuadra (Jose), Udo Kier (Zoltan Kovacs, le réalisateur), Peter Horton (Brian, l'avocat de Mike), Reg Rogers (Jack)
USA – 1997.
Durée : 123 min
Sortie en salles (France) : 12 septembre 1997
Sortie France du Blu-ray : 7 octobre 2025
Format : 2,35 – Couleur
Langues : anglais, français - Sous-titres : français.
Éditeur : Carlotta Films

Bonus :
Préface de Luc Lagier (2007, 4’50”)
Entretien avec Wim Wenders (2025, HD, 41’39”, VOST)
« Wenders et l’Amérique » par Luc Lagier (2007, 23’28”)
Featurette (1997, 6’01”, VOST)
Bande-annonce de la restauration (HD, 1’31”, VOST)

Autres films de Wim Wenders :

2023 : Anselm. Le Bruit du temps (Anselm - Das Rauschen der Zeit)

2023 : Perfect Days 

1997 : The End of Violence

1985 : Tokyo-Ga

1984 : Paris, Texas

1972 : L'Angoisse du gardien de but au moment du penalty (Die Angst des Tormanns beim Elfmeter)

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