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Billet de blog 4 mars 2023

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Guerre des blogs sur l'Ukraine.

Après un an de propagande médiatique, l'opinion publique est chauffée à blanc. Malheur à ceux qui tentent d'apporter un peu de nuance dans le récit caricatural officiel. Des poutiniens, des complotistes... Comment en est-on arrivé là?

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Malgré la chape de plomb qui s'est abattue sur nous le 24 février 2022, le débat sur les responsabilités et les enjeux géopolitiques du conflit en Ukraine n'a pas totalement disparu. Il survit dans certains journaux, familles, cercles d'amis, sites internet, ou dans les commentaires sur Mediapart.

Mais il est souvent d'une violence inouïe. Toute nuance s'écartant un tant soit peu du discours hégémonique est inaudible aux yeux de certains, forcément suspecte, même lorsqu'elle est de bonne foi. Alors la sentence tombe : inculte-Poutinien-campiste-munichois-complotiste.

Comment des gens parfaitement paisibles d'ordinaire peuvent-ils devenir aussi intolérants? Auraient-ils repris à leur compte les propos du philosophe Sarkozy : "A trop vouloir expliquer l'inexplicable, on finit par excuser l'inexcusable"? Quels sont les ressorts qui poussent ces nouveaux vigilants à disqualifier les personnes plutôt que de discuter leurs arguments?

Illustration 1

Bien sûr, les chaînes infox ont exercé leur travail de sape. Depuis un an elles diabolisent les russes et diffusent comme parole d'évangile la propagande ukrainienne. Les intervenants sont triés sur le volet -tous du même avis-, le deux poids deux mesures est la règle, les analyses divergentes sont tues. On énonce sans contradicteur les mensonges les plus éhontés : "la Russie a bombardé son pipeline et la centrale nucléaire qu'elle contrôle", "l'armée russe n'a plus de munitions.", "Poutine est responsable de l'inflation" etc...).

Même constat dans des journaux plus réputés. Lorsqu' Amnesty International révèle que l'armée ukrainienne installe des bases dans des écoles et des hôpitaux, le journal "Le Monde" s'offusque : "toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire". Voilà donc l'éthique du journalisme contemporain : le mensonge est autorisé s'il est raccord avec le récit officiel. En somme il serait préférable pour tout le monde d'affirmer que "les russes sont des monstres qui bombardent sciemment des écoles et des hôpitaux".

Pas un cheveu ne doit dépasser. Idem pour les politiques qui suivent le mouvement plutôt qu'ils ne le précèdent (voir ici). Les oppositions acquiescent ou se taisent, terrorisées. Plus personne n'ose poser les questions les plus fondamentales : "mais qu'est-ce que la France est allée faire dans cette galère?", "qui a détruit les pipelines et pourquoi?"

Alors certes, à partir du moment où la présentation caricaturale du conflit s'est imposée, il est moralement plus confortable de se positionner dans le camp du bien. Mais il manque un ingrédient pour expliquer la véhémence des vigilants. C'est l'émotion, mauvaise conseillère mais distillée depuis le premier jour, et qui règne aujourd'hui en maîtresse. La peur irrationnelle d'être envahis à notre tour, la haine des russes, l'empathie envers les victimes. Voilà pourquoi toute analyse rationnelle et froide, la seule qui vaille pourtant dans un tel contexte, leur est devenue insupportable. 

Nous avons déjà vécu, récemment, une période similaire. Rappelez-vous. Un discours uniforme, des débats contradictoires interdits de cité, des bobards absurdes, des spécialistes mondialement connus bannis et disqualifiés, des décisions irrationnelles, des gens imbibés d'émotion qui ont montré du doigt les sceptiques. A l'époque aussi, "nous étions en guerre"...

Covid, Ukraine, deux exemples chimiquement purs de fabrication du consentement.

1) Pour la réforme des retraites le gouvernement a aussi évidemment misé sur la peur (que le système s'écroule), en vain.

2) Bien sûr l'intolérance existe aussi dans l'autre "camp". Atlantiste, naïf etc... fusent également dans les commentaires. Mais elle est moins systématique, et ayant personnellement subi l'intolérance des vigilants, mon billet met l'accent sur cette dernière.

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