Billet de blog 31 décembre 2024

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5. Phil Lynott, pirate irlandais au grand cœur

"Il faut voir Lynott sur scène,un pirate qui aurait remplacé le sabre d’abordage par une basse tantôt ronde et funky, tantôt agressive". Cinquième épisode de la série « Guitares de légende et légendes de guitares ».

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

J’étais de méchante humeur.

Il faisait un temps exécrable, François Bayrou avait annoncé la composition de son gouvernement et, pire que tout, je venais de m’apercevoir qu’il n’y avait AUCUNE entrée « Phil Lynott » dans mon Culture Rock : L’encyclopédie de Denis Rouleau.

Et rien qu’une seule minuscule recension de « Thin Lizzy », seulement pour s’en moquer à la page des tournées d’adieu qui n’en finissent pas.

(Est-il nécessaire de préciser que le Culture Rock et moi nous nous sommes séparés d’un accord unilatéral, et qu’il a fini dans la boîte à livres la plus proche ?)

Autant dire que j’étais furax.

Il allait me falloir réparer cette erreur.

*****

Philip Parris Lynott, dit Phil Lynott :

20 août 1949 – 4 janvier 1986

Trente-six ans et quelques ; trop vieux pour le club des vingt-sept, trop jeune pour mourir.

Illustration 1
Phil Lynott, Thin Lizzy, Chateau Neuf, Oslo, Norway © Par Helge Øverås — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=3474417

Essentiellement connu comme le leader, le chanteur et le bassiste du groupe de hard-rock Irlandais Thin Lizzy. Excusez du peu.

Je crois me souvenir que Philippe Manœuvre avait prophétisé qu’un jour il faudrait réhabiliter Thin Lizzy.

Et bien je vous l’annonce sans tambour ni trompette : ce jour est arrivé.

(Était-ce vraiment Philippe Manœuvre ? et si c’était lui, parlait-il vraiment de Thin Lizzy ? Oh, la mémoire ! une vraie tête de … Lynott)  

Un groupe certes connu mais pas autant que peuvent l’être un Led Zeppelin, un Deep Purple ou un ACDC, et pourtant.

Ma première rencontre avec Thin Lizzy se fît sur un site internet aujourd’hui disparu qui s’appelait probablement « Hard-Rock City » ou quelque chose dans le genre, qui avait classé leur live and dangerous parmi les plus grands albums live de tous les temps. Mais je ne l’ai pas écouté à ce moment là.

Plus tard, quelque part entre un chagrin d’amour et mes débuts à la plume, j’empruntai leur Very Best Of dans une médiathèque de quartier de Strasbourg  - pastichant la chanson Parisienne Walkways de Phil Lynott et Gary Moore, je me contenterais simplement d'un "Oh, je pourrais vous écrire des tartines / sur mon passé strasbourgeois"- compile qui s’ouvrait sur le formidable Whiskey in the jar, chant traditionnel du folklore irlandais repris façon hard-rock. Et j’ai tout de suite compris que ça allait coller entre nous.  

Thin Lizzy - Whiskey In The Jar (Official Audio) © Chaîne YouTube Thin Lizzy Official

Mais revenons au live.

Il faut voir Lynott sur scène, beau et espiègle avec sa coupe afro, ses boucles d’oreilles et son collier argenté, tout de cuir vêtu, ceinture à pointe, sangle cloutée : un pirate qui aurait remplacé le sabre d’abordage par une basse tantôt ronde et funky, tantôt agressive.

Mais un pirate au grand cœur, un humain fragile dont la sensibilité exacerbée était portée par cette voix pleine d’émotion et ce chant « nasal ».

Le Marco Pantani du hard-rock, pas moins.

Thin Lizzy - Massacre - Live And Dangerous - Rainbow Theatre, London 1977 © Chaïne YouTub BrunoSampaa

Élevé par sa grand-mère dans une banlieue pauvre de Dublin, il y passe une adolescence mouvementée, « trainant avec des bandes de voyous et vivant la nuit » (Rock & Folk no 525, mai 2011), à la François Villon, se construisant un personnage dans un style exubérant pour exister.

Lui, le métis d'un père venant de la Guyana au nord de l’Amérique du sud (certaines sources disent qu’il était brésilien) qu'il n'a pas connu, et d’une mère adolescente irlandaise répondant au nom de Philomena Lynott.

Philomena  : «qui aime la lune » 

Thin Lizzy - Dancing In The Moonlight (Live And Dangerous) © Chaïne YouTube ThinLizzyFanpage

Vers la fin de sa vie, Phil Lynott s'éloigne du hard-rock de Thin Lizzy et sort deux albums solos, Solo in Soho (1980) et The Philip Lynott Album (1982), qui, s’ils n’ont pas connu le succès commercial, contiennent de vraies pépites regorgeant d'émotion.

C'est notamment le cas avec King's Call, morceau tout en feeling composé pour la mort d'Elvis et enregistré avec le guitariste Marc Knopfler (on en reparlera).

"I wonder if you're lonesome tonight

And I'd rather go on hearing your lies
Than to go on living without you"

King's Call © Phil Lynott

Mais également avec Solo in Soho, un titre lorgnant vers le reggae :

Solo In Soho (1980) © Phil Lynott

"When you are so low down in Soho
There is no hope no how
No place to go
You will go along
Some people say I'm a crazy kind of fool"

Solo in Soho est un album de très grande classe, et tout le reste est à l'avenant.

Si The Philip Lynott album, sorti deux ans plus tard, a un peu moins bien vieilli que son prédécesseur, on y trouve néanmoins le désormais classique Old Town. L'histoire d'une rupture amoureuse dont le texte contraste avec la mélodie et ses trompettes enjouées. Ola !

"This boy is crackin' up
This boy has broken down"

Old Town (1982) © Phil Lynott

Il montre ainsi toute l’étendue de son talent, pirate explorant sans cesse de nouveaux horizons, collaborant avec d'autres artistes de son époque, et allant puiser dans ses racines métissées au gré de ses envies.

*****

Phil Lynott meurt d’insuffisance cardiaque due à une pneumonie et à une septicémie le 4 janvier 1986, des suites de sa dépendance aux drogues et à l’alcool.

Destin tragique d’artiste rock torturé.  

Avant de mourir, Phil Lynott avait été pressenti pour jouer le rôle principal dans un film dédié à son idole, Jimi Hendrix.

Qui jouera le rôle de Philip Lynott dans son biopic ?

Illustration 8
Phil Lynott en concert en 1983 - Par Harry Potts — https://www.flickr.com/photos/harrypotts/4648940319/in/faves-24788065@N02/, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=10719482

*****

Phil Lynott jouait sur une basse Dan Armstrong plexiglass transparente ainsi que diverses Fender Precision.

Parfois sur les Rickenbacker 4001 et 4003.

 *****

Je vous souhaite une excellente année 2025 !

Zantrop.

épisodes précédents :

1. Rory Gallagher

2. BB King

3. Robert Johnson

4. Jimi Hendrix

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