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Billet de blog 2 février 2014

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L'hebdo du Club (12): la Tunisie, les livres et les tartes

Pour son retour, l'hebdo du Club s'intéresse à la nouvelle constitution de la Tunisie et vous propose trois livres à chroniquer.

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Pour son retour, l'hebdo du Club s'intéresse à la nouvelle constitution de la Tunisie et vous propose trois livres à chroniquer.

• Trois ans après la chute de Ben Ali, la Tunisie s’est dotée dimanche 26 janvier d’une nouvelle Constitution, au terme d’un long et complexe processus constituant, scruté à la loupe par les défenseurs, en France, d’une sixième République. Pour le socialiste Paul Alliès, président de la Convention pour la 6e République (C6R), « les Tunisiens vienne d'administrer une humiliante leçon de modernité à la France de la V° République », fondée sur la garantie des droits fondamentaux, l’équilibre des pouvoirs et le renforcement des contre-pouvoirs.

« Un peuple s’est constitué avant d’être constituant »: c’est surtout le chemin parcouru par les Tunisiens qui frappe les membres de la commission pour la VIe République et la constituante du Parti de gauche. « Prenant le risque de la division pour transformer la colère en projet collectif, fécond, positif, le peuple n’a pas fui devant le défi de l’organisation politique », se félicitent-ils. L’assemblée constituante est devenue, souligne Paul Alliès, « une école de vrai parlementarisme pour un personnel politique qui n'en avait pas eu depuis Bourguiba ».

Critique sur le texte adopté, Kmar Bendana, professeur d'histoire contemporaine à l'Université de La Manouba en Tunisie et « observatrice déterminée de l'actualité politique tunisienne », s’inquiète de sa mise en œuvre: « L'étape qui commence (les élections) promet d'être dure car la lutte pour le pouvoir se corse au sein d'une classe politique vieille, rapace et aujourd'hui mélangée après trois années de valse et d'émergence de nouvelles têtes. Cela excite les commentateurs mais la pratique est féroce au jour le jour. »

Paul Alliès en convient: « Leur Constitution n'est pas parfaite parce qu'elle exprime les contradictions sociales et culturelles du pays réel. » « L’interprétation de ce texte puzzle, résultat de rapports de force complexes entre islamo-conservateurs et libéraux, sera donc un enjeu politique majeur et revient à l’ensemble de la société, dans toute son épaisseur », prophétisent les observateurs du Front de gauche.

« Dans un pays où l'histoire politique est profondément marquée par le référent constitutionnel (grands textes de 1857, de 1861 et 1959) », rappelle Jérôme Heurtaux, chercheur en science politique, « les acteurs politiques font comme si la constitution était une divinité, un démiurge susceptible de "faire société" et notamment de répondre aux objectifs imputés à la (...) révolution. » Ainsi, estime-t-on dans la commission du Front de gauche, « aux moments les plus critiques, notamment après les actes de déstabilisation que constituèrent les assassinats de personnalités politiques progressistes, nos camarades du Front Populaire, Chokri Belaïd le 6 février 2013, et Mohamed Brahmi le 25 février 2013, le peuple a marqué son refus de la violence et son souci de sauver sa révolution en maintenant la pression civile dans le pays. »

Mais « c'est moins le texte, par son épaisseur propre, qui produit la vie politique, que la politique qui fait le texte et qui lui reconnaît une épaisseur, une légitimité, bref qui fait du texte voté par les constituants un dimanche de janvier, une Constitution, au sens plein du terme », poursuit Jérôme Heurtaux. « Je vois tellement d'hommes et de femmes activement versés dans le quotidien, le local et le changement concret autour de moi, conclut Kmar Bendana, dont le texte est présenté par Vincent Bonnet. C'est encore plus encourageant que de voir une constitution enfin bouclée. »

• Une nouvelle rubrique dans cette chronique: le partage de livres avec les abonnés qui souhaiteront en rendre compte dans leur blog ou dans une édition participative. Voici les principales éditions consacrées aux livres: le BookClub, Les mains dans les poches et les Plages de lecture, animées par Christine Marcandier, La voix des indés, par Lucie Eplé, Aux lecteurs émancipés, par Juliette Keating, La critique au fil des lectures, par Christel – une activité très genrée. Mais cette liste ne serait pas complète sans les Papiers à bulles de Dominique Bry.

A lire cette semaine: le numéro de février de la revue Esprit, qui consacre son dossier principal à «La corruption, maladie de la démocratie». Le guide anti-FN de la Gauche forte, « pôle d'élus et militants » socialistes qui tient édition ici. Et D'un monde à l'autre. Autisme : Le combat d'une mère, par Olivia Cattan, fondatrice et présidente de l'association Paroles de femmes

Mediapart adressera ces ouvrages par la poste à qui s'engagera à les lire et chroniquer, en m'écrivant par la messagerie privée. NB: il n'y a qu'un exemplaire disponible par livre.

• Nouveau et intéressant. Parmi les nouveaux blogs, notons celui de David Drui, assistant de Michèle Rivasi (EELV) au parlement européen, et responsable de la Commission énergie d'EELV; celui du philosophe Yvon Quiniou ; celui de Régis Debray, livrant ses impressions sur l'Iran ; celui du photographe Stéphane Burlot, et celui de la militante altermondialiste Amélie Canonne, présidente de l'Aitec.

Sur le web, voici les inéditeurs, société d'éditions interactives lancée notamment par Jean-Jacques Birgé. Et Mediatarte.