Vu ce matin sur le site du journal Le Monde avec une publicité pour Safrans du monde :

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Mon titre est évidemment ironique, ce n'est que le fruit de l'humour taquin d'un algorithme qui a choisi de mettre la publicité pour un tour du monde en Avion privé au milieu de cet article qui parle de la sécheresse historique en cours (article sans grand intérêt par ailleurs).
Le hasard de cette cohabitation doit néanmoins poser question.
Après avoir avoir appelé solennellement les citoyens à la sobriété énergétique et à la chasse aux gaspis, n'est-ce pas dissonant, pour ne pas dire indécent, que de grands patrons se décompressent ainsi de leur dur labeur avec un bilan carbone que l'on n'ose même pas calculer ? (vu le prix du périple, à partir 65000€, je doute que la publicité s'adresse à un autre public).
Par-delà de l'indignation que peut susciter cette superposition, elle doit nous amener à relancer des questions de fond : les causes des sécheresses et non seulement les cellules de gestion de crise; la décrédibilisation du discours politique sur l'écologie qui promeut le volontarisme individuel, mais n'en fait rien; le rôle de la publicité dans notre société de surconsommation; l'influence de la publicité dans le Médias, ou comment parler d'écologie quand ce sont les plus gros pollueurs qui vous financent (rappelons-nous l'épisode du nutriscore); le mode de vie des ultra-riches qui semblent s'exonérer de toute contrainte écologique (interdisons le tourisme spatial).
Ah mais j'oubliais, une petit recherche sur l'annonceur Safrans du monde, et par la voix de son dirigeant et nous voilà rassurés :
"Bien plus que simplement compenser des émissions de carbone, nos Croisières aériennes forcent littéralement la compagnie aérienne à baisser significativement son propre taux d’émission. Notre empreinte carbone est donc négative et cela est mathématique. En effet, lorsque nos affrétons un avion pour 22 jours, nous ne le faisons voler que 2 à 3 heures par jour. Autrement, ce même avion aurait effectué quotidiennement une quinzaine d’heures de vol. Je vous laisse imaginer l’économie de carbone et de carburant que cela représente !"
Je ne vois même plus comment contredire un argument aussi grotesque...