Entre l’enfer qu’est devenue la place de la Bastille pour tous ses usagers et l’avenue de la République, le boulevard Richard-Lenoir, dans le XIe arrondissement de Paris, vit des jours plutôt tranquilles. Deux marchés s’y tiennent. Le boulevard est arboré sur tout son terre-plein central que scande une succession de squares, de jeux pour enfants ou adultes, de terrains de boule, d’équipements d’athlétisme. Deux pistes cyclables, de part et d’autre du terre-plein central, le parcourent. La circulation automobile y est fluide, sauf de la rue du Pasteur-Wagner à la place de la Bastille du fait du réaménagement ubuesque de celle-ci. Les places de stationnement des voitures sont nombreuses et plutôt disponibles.
Sans doute ces deux derniers points constituent-ils à eux seuls un scandale aux yeux de la Mairie de Paris, alors même qu’ils contribuent à l’ « apaisement » de cette voie publique – pour reprendre un terme de la novlangue des bureaux d’étude que gave la municipalité. Tout cela est insupportable et doit être changé séance tenante.
Les habitants du quartier n’ont rien demandé. Certes, quelques équipements pourraient être améliorés soit qu’ils aient besoin d’être rénovés – comme par exemple le pavage au pied des arbres à la hauteur des marchés de la Bastille et d’Oberkampf, que les racines ont endommagé – soit que leur usage cause des nuisances pour le voisinage faute de surveillance de la part de la Ville de Paris, en particulier dans le jardin Truillot, la nuit. Pourtant la mairie se lance dans l’une de ces vastes opérations de chirurgie urbaine qu’elle affectionne, sur le mode technocratique du gouvernement caméral et vertical auquel elle se tient. La main sur le cœur, les édiles de la majorité municipale rappellent que ce projet figurait dans leur programme électoral et qu’il a donc été oint par le suffrage universel.
A ceci près que Mme Hidalgo a été très mal réélue en 2019, à la faveur d’un taux d’abstention particulièrement élevé qu’explique au moins en partie l’impuissance des citoyens-contribuables à faire entendre leur voix à l’Hôtel de Ville depuis qu’elle en a pris les rênes, et de l’absence de crédibilité de ses deux principales concurrentes https://blogs.mediapart.fr/jean-francois-bayart/blog/130320/pourquoi-mme-hidalgo-doit-partir-et-mmes-buzyn-et-dati-ne-pas-advenir . Sa légitimité s’est trouvée à nouveau écornée par le score misérable qu’elle a enregistré lors des élections présidentielles dans sa propre ville : moins de 5% des suffrages exprimés, sans compter les abstentions, à nouveau très nombreuses.
Autrement dit, la représentativité politique de l’équipe municipale en place est des plus minces. Ce qui devrait l’inciter à plus de modestie, à moins d’autoritarisme administratif et à la mise en œuvre de procédures véritablement démocratiques, telles que des référendums locaux qu’autorise la loi. Mme Hidalgo a soumis le renouvellement des contrats de free floating des trottinettes électriques à une consultation populaire dont le résultat a été sans appel, bien que sur fond, à nouveau, d’abstention de masse. Pourquoi ne pas en faire autant pour les projets de réaménagement des quartiers, tels que celui des boulevards Richard-Lenoir et Jules-Ferry ? Après tout, un chirurgien est supposé demander le consentement explicite de la personne qu’il va opérer. Il devrait en être de même pour les habitants d’un quartier.
Bien sûr la mairie se pique de consultation et de concertation selon les canons de l’ingénierie du New Public Management. Autant de faux-semblants, au dire même des conseils de quartier auxquels aucune information véritable n’est accordée et qui n’ont pas été consultés sur les méthodes de travail qu’ils voulaient voir adopter, contrairement à ceux du Xe arrondissement. Il est d’ailleurs symptomatique que les résultats de l’enquête préalable à l’élaboration du projet de transformation des boulevards Richard-Lenoir et Jules-Ferry auprès de leurs riverains – si tant est qu’il y en ait eu une – ne leur aient pas été communiqués et n’aient pas été rendus publics. Quelles sont les doléances ou les satisfactions des habitants du XIe arrondissement, leurs souhaits, la conception de leur quartier ? Nul ne semble s’en préoccuper, du côté de la verticale du pouvoir municipal, ou en tout cas ne veuille partager ce savoir s’il existe.
C’est que Mme Hidalgo a son idée : celle de créer des « ramblas » (sic) en lieu et place du square Richard-Lenoir, aménagé en 1920, et de son prolongement sur le boulevard Jules-Ferry. L’objectif est de réaliser une « continuité piétonne et végétale » – toujours dans les termes de la novlangue municipale – de la Bastille à la place Stalingrad. Pour l’auteur de ces lignes, qui a vécu pendant près de quarante ans l’inexorable décadence du plus beau quartier de Paris, celui du Marais, https://blogs.mediapart.fr/jean-francois-bayart/blog/170417/la-macronisation-du-marais-ou-le-supreme-du-mepris l’esprit de ce projet est limpide. Il s’agit de relier entre eux les hauts lieux de la « Fête » – le mantra de la majorité municipale – de la Bastille, d’Oberkampf et du canal Saint-Martin pour que les joyeux lurons puissent tituber sans encombre d’un « spot » à l’autre. Car, bien sûr, « Paris est une Fête » que chérissent les easy clubbers adeptes du binge drinking (en bon français : se bourrer la gueule le plus vite possible), et dont il faut préserver l’attractivité éthylique à tout prix, dans ce monde impitoyable de la concurrence et du benchmarking du Boboland global https://blogs.mediapart.fr/jean-francois-bayart/blog/030415/dans-le-marais-les-parties-de-bonneteau-de-pierre-aidenbaum .
Pace les préoccupations des habitants de Paris, ces ringards, et place à Airbnb et ses clones (qui squattent aujourd’hui le tiers du parc de logement dans le Marais). Que la Mairie le veuille ou non – généralement elle favorise les désastres comme la location saisonnière, les deux-roues motorisés ou les trottinettes électriques avant de s’en mordre les doigts et d’essayer, sinon de faire marche arrière, du moins de « réguler » le désastre qu’elle a provoqué – son projet de « ramblas » nuit gravement aux intérêts des habitants du XIe arrondissement, ne répond à aucun de leurs besoins identifiables, et est aberrant sur un plan économique et environnemental.
Détaillons en commençant par la suppression des grilles entourant les squares :
- Celle-ci va entraîner la destruction des haies – ne serait-ce que pour les manœuvres des engins de terrassement, comme dans le square Pasdeloup, en face du Cirque d’Hiver – qui constituent un abri pour la faune et les insectes et contribuent à la biodiversité, en même temps qu’à la fraîcheur du lieu
- elle constitue une nouvelle étape de la « déconstruction » des squares de la capitale à laquelle s’attache la municipalité, au détriment de son patrimoine haussmannien ou néo-haussmannien, comme le déplore Saccage-Paris, exemples précis et mémoire historique à l’appui
- elle est propice aux incivilités nocturnes que ne manquera pas d’engendrer l’ouverture « 24/24 » de cet espace : bruit, ivresse sur la voie publique qui n’est plus un délit depuis belle lurette, épandage d’urine, vente de drogue, altercations, voire agressions deviendront le lot quotidien
- l’ouverture nocturne de ces espaces empêchera le nécessaire repos de la végétation, notamment des pelouses que l’on nous promet à grand renfort d’illustrations flatteuses, et qui deviendront rapidement des surfaces pelées du fait de leur sur-fréquentation, comme dans le square Leonor-Fini du IIIe arrondissement, pourtant fermé la nuit
- la suppression des grilles et la multiplication des ouvertures latérales du terre-plein central sur la voie publique mettront inévitablement en danger les enfants et rendront plus compliquée leur surveillance par leurs parents
- la « continuité piétonne et végétale » que l’on nous annonce permettra surtout la circulation illégale et à grande vitesse des vélos, des trottinettes électriques et autres engins d’une « mobilité » qui n’a rien de « doux » pour les bipèdes que nous sommes, et qui s’est affranchie de tout respect de la réglementation, à la faveur de l’indifférence ou de l’impuissance des pouvoirs publics. Aucune leçon n’est tirée du précédent du jardin Truillot qu’empruntent sans vergogne les deux roues… y compris, parfois, ceux de la police municipale ! Derechef c’est la tranquillité et la sécurité des piétons, petits et grands, que compromettront les « ramblas »
Les restrictions de la circulation automobile qui sont prévues aggraveront paradoxalement la pollution et les nuisances sonores auxquelles seront exposés les résidents du boulevard :
- la fermeture du boulevard Richard-Lenoir de la rue du Chemin-Vert à la place de la Bastille ne fera que déplacer vers le nord le problème auquel est confronté ce tronçon de la chaussée. L’aménagement de la place de la Bastille, et notamment le détournement de la circulation nord-sud du boulevard Richard-Lenoir vers le boulevard Beaumarchais, à l’entrée de la place de la Bastille, empêche l’écoulement des véhicules venant du boulevard Voltaire ou de la rue du Chemin-Vert. Désormais le bouchon se formera en amont de la rue du Chemin-Vert et paralysera cette dernière, au détriment de ses habitants, y compris ceux de l’EPHAD, puisque l’embouteillage qui ne manquera pas de se former à l’intersection du boulevard Beaumarchais bloquera le flot des voitures, ajoutant de la confusion à la confusion
- Symétriquement la transformation du boulevard Jules-Ferry en rue vélo, interdite au trafic de transit, provoquera des embouteillages boulevard Richard-Lenoir dans sa circulation sud-nord, généralement fluide, sauf lorsque précisément les voies d’écoulement sont fermées en aval, comme en ce dimanche matin du 25 juin, au prix d’un bouchon allant de la rue du Chemin-Vert au boulevard Voltaire, voire au-delà (je répète : un dimanche matin !)
Il est curieux que la Mairie de Paris s’obstine à nier l’un des principes élémentaires de la physique. Pour diluer et « apaiser » l’écoulement d’un liquide mieux vaut multiplier les axes de sa circulation plutôt que de la contraindre dans des goulots d’étranglement. C’est pourtant ce que fait systématiquement la municipalité avec les effets que l’on connaît à l’échelle de Paris. Et là aussi c’est la santé et la sécurité de ses habitants qui sont compromises sous couvert de vertu écologique : d’une part, parce que cette politique créé des embouteillages ou des ralentissements qui sont causes de pollution ; d’autre part, parce que la circulation des pompiers et des ambulances est contrariée et parfois bloquée par les embouteillages qu’elle produit, avec détermination pour ne pas dire entêtement (rappelons que le boulevard Richard-Lenoir est emprunté chaque jour à grande vitesse par une trentaine d’ambulances qui assurent le transfert, souvent en urgence si l’on en juge par les sirènes, des hôpitaux de la rive gauche à ceux du nord de Paris).
Ce à quoi il sera bien sûr rétorqué que tel est l’objectif, nécessaire du point de vue de la santé publique. Il faudrait éradiquer la voiture de Paris. A nouveau le bât blesse. Chacun conviendra qu’il est impératif d’en limiter l’usage. Des progrès ont déjà été faits, en partie grâce à des initiatives de la Mairie de Paris, et la circulation « apaisée » des boulevards Richard-Lenoir et Jules-Ferry est là pour le prouver. De ce point de vue Bertrand Delanoë a été un grand maire. Mais l’esprit de système a ses dangers, dans lesquels Mme Hidalgo a précipité Paris. Par exemple la création de nouvelles pistes cyclables a parfois condamné des couloirs de bus, comme sur les quais de la rive gauche – ce qui est un comble, les autobus convoyant un nombre de passagers journaliers sans commune mesure avec les déplacements en deux roues. De toute manière le boulevard Richard-Lenoir est déjà pourvu de pistes cyclables qui suffisent largement aux besoins des usagers. C’est aussi oublier que la majorité des Parisiens sont à la fois des automobilistes (ou des usagers d’automobiles qui ne sont pas les leurs), des usagers des transports publics, des piétons et, pour un nombre croissant d’entre eux, des cyclistes. La psychomachie municipale entre la voiture – engin diabolique – et la vertu des mobilités dites douces est complètement déconnectée de la réalité de la vie sociale de la capitale.
Par ailleurs les restrictions apportées à la circulation des voitures ont des conséquences mécaniques sur les quartiers qu’elles concernent et se soldent par leur « boboisation » et leur transformation en zones marchandes de tourisme de masse, comme le démontrent les précédents du Marais, du quartier Montorgueil, des Halles et, bien auparavant, de celui de La Huchette https://blogs.mediapart.fr/jean-francois-bayart/blog/020412/halte-au-betonnage-culturel-et-la-marchandisation-du-marais . Aujourd’hui le XIe arrondissement demeure un quartier assez populaire et mélangé, ce qui fait son charme. Mais, d’ores et déjà, certaines de ses rues se sont transformées en « rues de la soif » au grand dam de leurs habitants que ni nos édiles ni la Préfecture de Police n’ont protégés d’une violation cynique de la loi par des débits de boisson forts de leur cupidité et de leur impunité. Les résidents de la section de la rue Oberkampf adjacente à la rue Saint-Maur savent de quoi je parle. Or, le nouveau plan de circulation prévoit… la piétonisation d’une fraction de cette même rue Oberkampf, entre le boulevard Richard-Lenoir et l’avenue Parmentier.
Les restrictions apportées à l’accès automobile au boulevard Jules-Ferry et, dans une moindre mesure, au boulevard Richard-Lenoir pénaliseront les commerçants et les artisans qui y sont établis et qui ne tarderont pas à déserter l’arrondissement faute de pouvoir être livrés dans des conditions normales, et aussi parce que leur clientèle ne pourra plus venir chez eux pour enlever (ou apporter, en cas de réparation) la marchandise. Les boulevards Richard-Lenoir et Jules-Ferry abritent aujourd’hui de nombreux installateurs de salles de bains, serruriers, magasins de moto. Ces commerces ne résisteront pas longtemps à la piétonisation rampante du quartier.
Avec son assurance habituelle la Mairie affirme que les commerçants réclament ou se félicitent de la piétonisation. Mieux vaudrait dire certains commerces, tels que les magasins de vêtements, de lunettes, de chocolat, de colifichets qui ont monopolisé le Marais et l’ont transformé en gigantesque shopping mall à ciel ouvert où déambule sans cesse une foule de consommateurs, non sans rendre quasiment impossible la circulation des riverains, notamment pendant le week-end. Tels aussi, et surtout, que les cafés et les restaurants à qui cette municipalité consent toutes les libéralités possibles, qui disposent en la personne de M. Frédéric Hocquard, adjoint à la maire en charge de « la vie nocturne et de la diversité de la vie culturelle » (sic), d’un lobbyiste puissant dans les couloirs de l’Hôtel de Ville, qui en quelques années s’empareront de tous les magasins progressivement délaissés des boulevards Richard-Lenoir et Jules-Ferry, et qui peut-être investiront les « ramblas » en bénéficiant de concessions de la part de la Mairie de Paris. La Fête, vous dis-je ! Mais pour le reste… La suppression de la circulation automobile rue de Rivoli, entre Saint-Paul et l’Hôtel de Ville, au profit d’une autoroute cyclable largement surdimensionnée par rapport à sa fréquentation effective, s’est d’ailleurs soldée par la fermeture d’une part non négligeable de ses boutiques.
Alors triompheront les beuglements et les épanchements d’urine dans lesquels vivent désormais un nombre croissant d’habitants de Paris. Alors viendra l’heure des valises à roulettes et des locations saisonnières. Alors surviendront les surcoûts de la vie quotidienne qu’engendreront les restrictions de la circulation automobile en dissuadant les artisans d’intervenir dans le quartier ou en les amenant à imposer des tarifications plus élevées, comme ils le font déjà dans le Marais, ou tout simplement par alignement des prix des commerces de détail et de la restauration sur ceux des quartiers touristiques. Alors deviendront impossibles ou problématiques des opérations simples de la vie quotidienne comme charger sa voiture le jour d’un départ en vacances, déposer des enfants ou des personnes âgées à leur domicile, trouver une place de stationnement résidentiel, accéder à son parking. Alors commencera l’exode des habitants historiques du XIe arrondissement, lassés ou dans l’impossibilité de payer de plus en plus cher pour vivre de plus en plus mal.
Scénario de mauvais film de science-fiction ? Non, scénario d’un genre assez éculé de films historiques parisiens, déjà tournés dans une bonne part de Paris Centre ou du Quartier Latin.
Le sens politique de ce projet de « continuité piétonne et végétale » de la Bastille à Stalingrad apparaît désormais clairement. Il est antisocial, car il chassera les moins fortunés ; antiéconomique, car il évincera des activités artisanales et marchandes traditionnelles au profit d’un sur-tourisme dont on déplore les ravages et qui créée une dépendance de Paris à l’international déjà préoccupante, comme l’a révélé la pandémie du Covid-19 ; il est anti-écologique car il se traduit par la disparition de haies, l’engagement de travaux publics non négligeables dont le bilan carbone demanderait à être chiffré, la prolifération d’une signalétique volontiers hideuse et pleine de composants chimiques qui est un bras d’honneur à la sobriété à laquelle nous sommes invités, la destruction de deux pistes cyclables protégées par des trottoirs de béton construits vraisemblablement il y a une dizaine d’années, et, sous couvert de nouvelles plantations, l’artificialisation et la minéralisation d’une partie des squares existants comme cela s’est produit dans nombre d’espaces verts haussmanniens réhabilités ces dernières années, ainsi que l’a documenté de manière convaincante Saccage-Paris dans une étude très intéressante https://saccage-paris.com/la-deconstruction-des-jardins-parisiens/
A dire vrai c’est un sentiment de gâchis et d’absurdité, de grande lassitude aussi qui s’empare de l’habitant du XIe arrondissement quand il prend connaissance de ce projet, aussi funeste qu’inutile et coûteux. Il vit depuis quatre ans dans une ville éventrée par des chantiers qui s’éternisent et pourtant se multiplient, au détriment de la qualité de sa vie quotidienne. Ses boulevards qui jusqu’à présent avaient échappé à l’essentiel du désastre se voient maintenant emportés par l’hybris de la maire, pour la modeste somme de 6 millions d’euros, alors que les finances de la ville sont dans le rouge et que d’autres priorités s’imposent, telles que la réhabilitation de ses infrastructures de base. Tout indique, au demeurant, que ni le budget ni les délais ne seront tenus du fait de l’inflation, des habituelles sous-estimations initiales ou des non moins récurrentes surfacturations, et parce que la Mairie de Paris n’a pas les ressources humaines pour réceptionner dans des délais décents les différents chantiers au fur et à mesure de leur avancement. Cerise sur le gâteau, les « ramblas » risquent fort de contribuer aux difficultés croissantes que rencontre Paris dans l’organisation des Jeux olympiques sur l’autel desquels la ville est sacrifiée sans que jamais fussent clairement consultés ses habitants, par le truchement d’une votation en bonne et due forme.
En bref, Mme Hidalgo n’imagine rien d’autre, boulevard Richard-Lenoir et boulevard Jules-Ferry, que l’extension à ces espaces, jusqu’ici plus ou moins préservés, d’un écologisme gadget, cosmétique, bling-bling, business friendly qui a déjà fait la preuve de son inanité dans le Marais https://blogs.mediapart.fr/jean-francois-bayart/blog/240620/anne-hidalgo-n-rien-compris-au-film et qui est complètement dépassé à l’aune de la crise climatique que nous endurons. Or, errare humanum est, perseverare diabolicum.
Le modèle invoqué est celui des ramblas de Barcelone. Qui, aujourd’hui, a-t-il envie de vivre sur les ramblas ? Pas les Barcelonais, apparemment, qui sont très remontés contre le tourisme de masse… Et il suffit d’ailleurs de jeter un coup d’œil sur une photo desdits pour les comprendre. Pourquoi, grands dieux, se réclamer d’une ville qui incarne au mieux, ou plutôt au pire, en même temps que Venise, Florence ou Amsterdam, les méfaits d’une industrie de service qui a défiguré une bonne part de la planète et symbolise à elle toute seule l’impasse environnementale tragique dans laquelle nous nous sommes fourvoyés. Mme Hidalgo, renoncez à vos « ramblas » qui n’ont rien à faire dans le XIe arrondissement !