Une démocratie en péril
Je me bats pour un réveil démocratique, mais je me sens bien seul. Depuis 35 ans, la démocratie s’effrite sous l’assaut du néolibéralisme, de l’absence de participation citoyenne et de l’ignorance généralisée des enjeux publics, au point que l’on mettrait la chèvre de Monsieur Séguin comme premier ministre que tout le monde trouverait cela normal. Cette apathie permet des décisions belliqueuses sans mobilisations populaires, laissant le champ libre à une kakistocratie aux pratiques mafieuses.
Les journalistes, devenus agents de communication en novlangue, relaient une pensée unique, digne de 1984 ou du Meilleur des mondes. Toute divergence est blacklistée, dénoncée comme trahison, voire persécutée par des cellules financées par nos impôts, comme l’a révélé le scandale des Twitter Files.
Une ignorance alarmante des élites
L’ignorance des dirigeants occidentaux est sidérante. Prenez Kaja Kallas, vice-présidente de la Commission européenne, qui attribue la victoire contre le nazisme aux seuls États-Unis, oubliant les 26 millions de morts russes. Cette méconnaissance historique, mêlée d’arrogance, conduit l’Occident à un choix existentiel :
- Coopérer respectueusement avec le reste du monde.
- S’enfoncer dans une nouvelle guerre froide, risquant un conflit nucléaire. Avec les États-Unis en shérif autoproclamé et l’Europe finançant seule la guerre en Ukraine, la voie semble tracée, sauf miracle.
Manipulation et endoctrinement de masse
La facilité avec laquelle une partie de la classe moyenne, hypnotisée par les médias, adopte les mantras officiels est terrifiante. C’est à peine croyable ! Le premier enjôleur venu, le premier embobineur séducteur, le premier acteur sur le retour, le premier escroc de passage peut devenir président de la République. Les chaînes de télévision, sans exception, diffusent des éléments de langage uniformes, transformant les citoyens en relais consentants d’une propagande sectaire. Cette manipulation rappelle les campagnes pour le « Oui » au référendum du TCE en 2005, que ma femme et moi, après avoir lu ses annexes, avions rejeté comme une escroquerie. Malgré notre victoire à 54 %, nous étions alors taxés de racisme, accusés de soutenir Le Pen pour avoir dénoncé l’exploitation chez nous des travailleurs de l’Est par des sous-traitances abusives. Vingt ans plus tard, notre intuition était juste.
Dans son ouvrage « Propagandes », Jacques Ellul décrit la propagande comme un phénomène sociologique omniprésent, non limité aux régimes totalitaires, mais inhérent à toutes les sociétés modernes, y compris nos démocraties.
Selon lui, la propagande est une technique de la « société technicienne » qui vise à façonner les comportements et les opinions pour conformer les individus aux exigences du système, souvent avec leur complicité implicite. Elle englobe la publicité, les relations publiques et la communication de masse, et repose sur des mécanismes psychologiques et sociaux pour intégrer ou manipuler.
Voici quelques exemples concrets :
- Propagande d’intégration via les réseaux sociaux :
Ellul distingue la propagande d’intégration, qui vise à uniformiser les comportements pour maintenir la cohésion sociale. Aujourd’hui, les algorithmes des plateformes comme Facebook, X ou Instagram jouent ce rôle en orientant les contenus selon les préférences des utilisateurs, renforçant leurs biais cognitifs. Par exemple, la viralité de récits simplifiés sur des crises (comme les tensions géopolitiques avec la Russie) pousse les individus à adopter des positions prédéfinies sans réflexion critique, comme le souligne Ellul lorsqu’il parle de l’« homme de l’actualité » qui réagit sans analyser.
- Publicité et consumérisme :
Ellul inclut la publicité dans la propagande, car elle manipule les désirs pour adapter l’individu à la société de consommation. Les campagnes publicitaires pour des produits « verts » (voitures électriques, fast fashion éco-responsable) exploitent l’anxiété écologique pour promouvoir une consommation prétendument durable, sans remettre en cause le modèle économique. Ces campagnes créent un sentiment d’urgence et de moralité (« achetez pour sauver la planète »), alignant les individus avec les intérêts des grandes entreprises, comme Ellul le décrit dans sa critique des techniques de persuasion.
- Narratifs géopolitiques et médiatiques :
Ellul note que la propagande s’appuie sur des « courants fondamentaux » dans la société, comme la peur de l’ennemi. Les récits médiatiques sur la Russie (ex. accusations de cyberattaques ou de drones dans l’espace aérien européen) amplifient une menace extérieure pour justifier des politiques sécuritaires ou militaires. Ces narratifs, souvent relayés sans preuves solides, correspondent à la propagande d’agitation d’Ellul, qui excite les masses contre un ennemi commun pour détourner l’attention des crises internes (économiques, sociales).
- Communication politique et « empowerment » néolibéral :
Ellul critique la propagande comme un outil pour « instituer » le marché dans une société technicienne. Les discours politiques, comme ceux des partis néolibéraux en Europe, vantent l’« employabilité » et l’« empowerment » individuel (ex. réformes du travail, flexibilité) pour adapter les citoyens à un marché mondialisé. Par exemple, les campagnes incitant les jeunes à se former aux métiers du numérique (souvent précaires) reflètent cette logique de conformation, où l’État et les entreprises façonnent les comportements sous couvert de liberté individuelle, comme Ellul l’analyse dans sa distinction entre néolibéralisme et libertarianisme.
- Gestion de la crise sanitaire et propagande de crise :
Ellul souligne que la propagande prospère dans les situations de crise, où l’État justifie des mesures autoritaires par la nécessité. Les restrictions liées au Covid-19 et leur couverture médiatique illustrent cela : les campagnes de vaccination, souvent présentées comme une obligation morale (« vaccinez-vous pour protéger les autres »), ont parfois court-circuité le débat public, renforçant la méfiance envers les institutions, comme lors de la crise des retraites en France. Ce type de propagande, selon Ellul, aliène en créant une « dissociation psychique » où l’individu se conforme par peur ou pression sociale.
Une guerre absurde et ses mensonges
Le conflit en Ukraine illustre cette dérive. Pour beaucoup, tout commence le 24 février 2022, comme si rien ne s’était passé avant.
Les accords de Minsk, sabotés par Merkel et Hollande pour « gagner du temps », ou le protocole d’Istanbul, bloqué par Boris Johnson sous prétexte que Poutine « tromperait tout le monde », auraient pu éviter une guerre ayant déjà causé plus de deux millions de morts.
Était-il impossible d’accorder au Donbass un statut d’autonomie, comme pour la Corse ?
L'Ukraine et la Russie étaient d'accord sauf les néo-cons américains et leurs supplétifs européens sous la bannière OTAN. J'explique dans un de mes billets le "Pourquoi".
À qui profite cette boucherie, sinon aux marchands d’armes et à une Europe endettée de 1500 milliards d’euros pour une guerre sans fin et une reconstruction hypothétique ? Les mensonges, comme ceux des couveuses au Koweït ou des armes de destruction massive en Irak, se répètent.
Une Europe sous domination
L’Union Européenne, façonnée par des oligarques aux méthodes mafieuses, est à genoux. Les principes démocratiques – confrontation loyale des idées, respect de la majorité – sont bafoués. Les opposants sont socialement éliminés : comptes bancaires fermés, emplois supprimés, aides sociales coupées. Les référendums, comme celui de 2005, sont annulés par des traités comme Lisbonne. Les élections sont truquées, les candidats disqualifiés, les médias muselés par un État profond anglo-américain.
Un néo-De Gaulle aujourd’hui serait balayé en quelques jours dans cet univers mafieux.
Un choc des civilisations
Mes contradicteurs, aveuglés par un suprématisme hégémonique, refusent d’admettre l’effondrement de la civilisation occidentale. Pourtant, l’Europe, en « mort cérébrale », n’a plus rien à offrir. Poutine, accusé de vouloir « reprendre l’Europe », se tourne vers l’Asie, nouvel eldorado. La Russie n’a pas besoin d’une Europe en faillite. Pendant ce temps, les droits humains, dont l’Occident se targue, sont une façade : 70 000 morts à Gaza sont qualifiés de « justice » par ceux qui me traitent de « poutiniste ».
Un appel à la raison
Face à cette coulée de lave autodestructrice, où la haine remplace le dialogue, je m’accroche à l’espoir d’un sursaut. Nous jouons avec le diable, et la catastrophe qui vient ridiculisera toutes les autres. Pour éviter l’apocalypse, il faut rabattre notre arrogance, respecter l’autre, et renouer avec une vraie démocratie.
Références sous Médiapart :
- L’Europe a besoin de faire cette guerre qui l’anéantira
https://blogs.mediapart.fr/jean-mezieres/blog/160325/l-europe-besoin-de-faire-cette-guerre-qui-l-aneantira - La Ferme des Animaux : un miroir intemporel du pouvoir
https://blogs.mediapart.fr/jean-mezieres/blog/060925/la-ferme-des-animaux-un-miroir-intemporel-du-pouvoir - Guerre en Ukraine : Chronologie des faits clés (1989-2023)
https://blogs.mediapart.fr/jean-mezieres/blog/030525/guerre-en-ukraine-chronologie-des-faits-cles-1989-2023 - La chute finale de Wile E. Coyote
https://blogs.mediapart.fr/jean-mezieres/blog/160125/la-chute-finale-de-wile-e-coyote
Références autres :