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Billet de blog 19 janvier 2024

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« L’âge de détruire » disent-elles

REPRISE. Pauline Peyrade et Justine Berthillot proposent une traversée de « L’âge de détruire », le premier roman de la première. Un spectacle qui n’en est pas un, plus qu’une simple lecture, une lecture en acte, en prélude ou en bonus à la lecture personnelle de ce Prix Goncourt du premier roman

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Illustration 1
Scène de "L'^age de détruire" © Catherine Mary Houdin

L’autrice Pauline Peyrade et la danseuse et circassienne  Justine Berthillot se sont rencontrées à la faveur d’un Sujet à vif ( le principe étant la rencontre de deux artistes ne pratiquant pas la même discipline) au festival d’Avignon 2015. Comme la rencontre fut pus que fructueuse, elles ont décidé de rester ensemble et ont fondé la compagnie Morgane. Ainsi fut créé Poings en 2017 (lire ici) puis Carrosse en 2019. Parallèlement, chacune a continuié de suivre sa route.

Les pièces de Pauline Peyrade (publiées aux Solitaires intempestifs) ont été mis en scène par Cyril Teste (Ctrl-X, lire ici) par la compagnie Das plateau (Bois impériaux, Poings, lire ici) ou par Émilie Capliez (Des femmes qui nagent (lire ici). Justine Berthillot a crée Notre forêt puis Desorden, etc.

Elles se retrouvent cette saison pour porter toutes les deux à la scène le (premier) roman de Pauline L’âge de détruire (Éditions de Minuit) qui a obtenu le prix Goncourt du premier roman en 2023

C’est l’histoire en deux temps d’une fille et d’une mère. Dans la première partie « L’âge un », Elsa est une petite fille. C’est elle qui raconte. Leur arrivée en octobre 1993 dans un nouvel appartement, plus grand que le précédent mais pas seulement, « un endroit à nous » dit la mère (une première dans sa vie), pour acheter l’appartement elle a fait un emprunt). Elsa entre dans une nouvelle école où sa mère l’accompagne. Elsa est dans la classe d’Issa, subjuguée : « elle a le visage le plus extraordinaire que j’aie jamais vu ».

Dans la chambre d’Elsa il y a des lits superposés. La mère se couche souvent en bas et appelle sa fille :« descends. ». Elle descend. « Elle me sert alors très fort, au point que j’en ai du mal à respirer. Sa peau devient chaude, elle remue contre moi. Elle me fait penser à un petit chien. Parfois, elle glisse sa main sous mes vêtements. Elle me fait mal au sexe. Je m’endors longtemps après, une fois qu’elle ronfle paisiblement ».

Une scène presque semblable mais comme renversée se reproduira la première et seule fois où Issa vient dormir chez Elsa. « J’embrasse les lèvres d’Issa, son cou, son ventre » et Elsa va plus loin encore. Issa la repousse. Ni elle, ni les autres filles de la classe ne lui adressent plus la parole. La grand-mère, mère de la mère, meurt. Elle avait offert une sirène à Elsa pour un anniversaire, une sirène qui ne la quitte pas. Fin de « l’âge un ».

« L’âge deux » se passe bien des années plus tard. « J’ai quitté l’appartement de ma mère, au printemps 2007. Je loue depuis neuf ans un studio dans un immeuble ancien ». Sa mère n’est venue qu’une fois, avant qu’elle emménage. Elsa entend souvent le couple qui vit à côté faire l’amour. « Je serre le duvet ou la tête de la sirène, c’est selon, je me termine ».

La mère qui voulait vendre et déménager, est restée. Sa fille qui n’est plus une petite fille mais reste balafrée par ce passé, vient la voir, autrement dit revient à part entière, mi simple lecture, un tierce voie. Dont l’intensité devrait grandir, s’affiner et s’affirmer au fil des représentations.

L’âge de détruire, spectacle créé et vu à la scène nationale du Mans ( Les Quinconces & l’Espal) du 15 au 17 janvier, est à l’affiche de Théâtre ouvert à Paris jusqu'au au 23 mars (lun, mar, mer 19H30, jeu et ven 20h30, sam 18h) puis les 15 et 16 mai à la Comédie de Colmar

L’âge de détruire, roman de Pauline Peyrade est publié aux Editions de minuit,160p, 16€

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