600 000 stagiaires en 2006, 1 600 000 en 2014, dont 900 000 étudiants (source CESE). Seuls 38 % de stages sont formateurs et rémunérés, selon le Centre d’études et de recherches sur les qualifications (CEREQ). Seulement 20 % des stagiaires de niveau bac +4 trouvent leur emploi grâce à leur stage (source Association pour l’emploi des cadres, APEC).
La structure de l’enseignement supérieur français n’est pas étrangère au devenir des étudiants qui le fréquentent. Quelles évolutions de cette structure faut-il mettre en place ?
Comme dans d’autres secteurs la discrimination des femmes est très présente et augmente quand on monte dans la hiérarchie. Il est urgent de se battre pour que femmes et hommes puissent investir tous les champs de l’enseignement supérieur et de la recherche. Entretien avec Hélène Gispert*
Il est temps de donner aux étudiants les moyens de se former et d'obtenir leur diplôme, en reconnaissant leur rôle majeur dans la société et en leur accordant un statut social et professionnel cohérent avec les métiers auxquels ils se destinent.
Environ 162 000 personnes travaillent dans le secteur de l’enseignement supérieur et de la recherche publique. À ce chiffre, il convient d’ajouter 65 000 doctorants. Tous sont loin de bénéficier de la douce protection du statut de titulaire. La précarité, qui a explosé ces dernières années, concerne jusqu’à 40 % des effectifs de certains laboratoires et services. En plus des conditions de vie et de travail, c’est la recherche et la formation qui s’en trouvent influencées.
Vos fonctions à la tête de l’académie des sciences de Suède vous ont amené à rencontrer de nombreux prix Nobel. Existe-t-il un effet systémique derrière la qualité de leurs travaux ?
Dans des domaines très différents, la connaissance humaine vient de faire trois grands bonds avec la traque du boson de Higgs d’une part, le cœur artificiel et l’impression 3D d’autre part. Ces avancées sont éloquentes : ambition, anticipation et coopération, tels sont les maîtres mots de l’activité de recherche, tels sont les moteurs de l’imaginaire collectif dans lequel une politique de gauche doit trouver inspiration.
Le jugement que les États-uniens, presque sans exception, portent sur leur éducation universitaire est catégorique : depuis de nombreuses décennies, elle est la meilleure du monde. Toutes les nations, pensent-ils, l’envient. Si les meilleures universités des États-Unis arrêtaient leur progrès, des pays développés comme la Chine auraient besoin d’un demisiècle pour rattraper le retard accumulé — à condition, bien sûr, de suivre le modèle états-unien…
À l’inverse des choix actuels l’université doit être accessible au plus grand nombre et permettre une véritable autonomie des travailleurs tout au long de leur parcours professionnel et de formation.