Après nous avoir embarqué dans une chevauchée fantastique aux confins des steppes arides de l’Afghanistan, Eric Bouvron nous convie, cette fois, au cœur du palais des Khan et des arcanes du pouvoir. Avec un décor minimaliste, des comédiens épatants, une chanteuse lyrique et des musiciennes mongoles aux voix envoûtantes, il compose une fresque intense mêlant politique, trahison et histoire d’amour.
Fable musicale, drôle et émouvante, l'adaptation théâtrale du conte fantastique d'Alessandro Baricco est portée par le charme et l’élégance d’André Dussollier, accompagné par un orchestre de quatre virtuoses… un moment hors du temps,magique.
Victime du désir changeant des hommes, Médée, la vengeresse assassine, revit sous la plume crue, lyrique de Laurent Gaudé. Mêlant cette figure mythique à d’autres divinités devenues monstres pour être femme, il signe un conte noir, féministe, un brûlot ardent contre le sexisme. Si l’on peut regretter la monotonie de ton, la présence habitée d’Emilie Faucheux finit par nous envoûter.
Dans un monde de violence, où les religions exacerbent les ressentiments, où les femmes subissent actes brutaux, le sport semble un élément de pacification. Il n’en est rien, seule la confrontation à son propre passé peut éteindre les conflits intérieurs. S’emparant du vibrant texte de Jean-Chrisptophe Dollé, Laurent Natrella signe une pièce efficace, éclairée par la présence de Brigitte Guedj.
Dans un décor apocalyptique, inhospitalier, alors qu’une tempête glacée gronde au loin, menaçant de tout détruire, deux âmes esseulées, isolées, vont apprendre à partager, à survivre, à s’aimer. Métaphore d’un monde à la dérive, d’une humanité moribonde, ce conte surréaliste imaginé par Philippe Dorin est une ode à la vie que transcende l’étonnante mise en scène de Bertrand Fournier.
C’est la confession brute, âpre, d’une descente aux enfers. C’est la voix ténue d’une mère de famille, incapable d’affronter la banalité du quotidien, le murmure d’une femme aimante qui conte une vie de désillusions. Avec pudeur et finesse, Elizabeth Mazev donne vie à cet être abîmé, détruit par l’alcool, que la plume sobre de Frédérique Keddari-Devisme a imaginé. Poignant !
Maintenir, une heure trente durant, la mécanique comique propre à Feydeau, sans tomber dans le vulgaire, le graveleux, est une gageure qu’a relevée haut la main la malicieuse Johanna Boyé. S’entourant d’une troupe de comédiens énergique et fort talentueuse, dont la lumineuse Vanessa Cailhol est le joyau, la jeune metteuse en scène réinvente l’art du quiproquo pour notre plus grande joie. Bravo !
Et si les sciences n’expliquaient pas tout ? C’est ce postulat délicat et risqué que l’épatante auteure et metteuse en scène Violaine Arsac explore avec finesse et virtuosité dans sa nouvelle création. S’éloignant des sentiers battus et rebattus, elle signe une tragédie romantique entre mysticisme et logique cartésienne, entre spiritualité et rationalisme qui touche en plein cœur. Captivant !
Petit bout de chair érectile, honni par les uns, fêté par les autres, le clitoris se révèle dans toute son intimité dans une pièce trash, burlesque qui secoue les consciences et réveille impudiquement nos sexualités. Porté par trois comédiens éblouissants, ce manifeste féminin et féministe est un bijou d’intelligence et de malice, un coup-de-poing puissant contre les violences faites aux femmes.
Projeté dans un monde de ténèbres où l’humanité n’a plus droit de cité, un jeune homme tente désespérément de survivre et de sauvegarder la pureté de son âme. S’inspirant de la pièce éponyme de Marius von Mayenburg et de son univers cauchemardesque, Louis Arène signe une fable noire, poétique et décalée entre ombre et lumière. Une fantaisie trash, granguignolesque des plus savoureuses.