Plan de l'écrit
- Introduction
- Epistémologie de la discrimination raciste (2/15)
- Approche psychosociale de la discrimination (3/15)
- La racialisation occidentale (4/15)
- Racisme, stigmates et identités (5/15)
- Le capitalisme racial au 20e siècle (6/15)
- Le capitalisme racial au 21e siècle (7/15)
- La discrimination raciste au logement (8/15)
- Racisme et santé (9/15)
- Le racisme d’Etat, hypothèses, critiques et perspectives (10/15)
- Le racisme policier (11/15)
- La racialisation du fait migratoire (12/15)
- Les inégalités ethno-raciales à l’école (13/15)
- La faiblesse du droit antidiscriminatoire français (14/15)
- Vivre sous la discrimination raciste (15/15)
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1. Introduction
Sur mon blog, je partage chaque semestre un dossier de recherche sur un phénomène social. Après la délinquance, la pédocriminalité, le sans-abrisme et le masculinisme, je m'intéresse ici au racisme. Comme pour mes travaux antérieurs, ce dossier est composé de plusieurs articles, précisément d’une quinzaine, avec plusieurs dizaines de références en sciences sociales. Le lecteur ou la lectrice trouvera des analyses sur les inégalités ethno-raciales dans le domaine du travail, du logement, de l’école, de la santé, de la police, des politiques d’immigration, mais également des analyses sur la construction des stéréotypes ethno-raciaux, sur le droit antidiscriminatoire ou sur le racisme d’Etat. Par ailleurs, je mobilise une pluralité d’approches disciplinaires (l’histoire, la sociologie, la psychologie, l’épistémologie, le droit), pour appréhender le plus rigoureusement possible la domination raciste.
Je dois faire une précision au préalable. Cette recherche se limite qu’aux immigrés postcoloniaux ainsi qu’à leurs descendants, c’est-à-dire l’immigration maghrébine et subsaharienne. En ce qui concerne la problématique globale, si la finalité est d’exposer par quels processus la domination raciste s’est développée au siècle dernier et s‘exerce toujours aujourd'hui dans diverses sphères de la vie sociale, je désire surtout montrer comment elle s’est reconfigurée et reconstituée au gré des mutations de la société. Ci-dessous, je vais exposer synthétiquement chacun des écrits qui seront partagés sur ce blog en raison d’un article par semaine à partir du 1er septembre 2022.
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2. Epistémologie de la discrimination raciste (2/15)
Je commence ce dossier avec une épistémologie de la domination raciste. Cet article me permettra d’exposer les principaux concepts qui seront mobilisés tout au long de ce dossier : rapport social, exploitation, oppression, racisme structurel, capitalisme racial, racisme d’Etat, race, racialisation, racisation, blanchité, autant de notions qui peuvent être complexes, abstraites ou mal comprises. Ainsi, ce premier écrit se veut pédagogique, afin que chaque lecteur/lectrice puisse être à l’aise avec le maniement des concepts.
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3. Approche psychosociale de la discrimination (3/15)
Cet article propose une introduction à l’approche psycho-sociale à partir des mécanismes généraux de catégorisation et de stéréotypisation des groupes sociaux. Autrement dit, comment se construisent les processus de catégorisation sociale, les stéréotypes, les préjugés, et leur lien avec les diverses discriminations (directes, indirectes, implicites et structurelles) ? Cet écrit nous permettra d’acquérir des clés théoriques pour mieux comprendre les processus de stéréotypisation racistes que subissent les personnes noires et maghrébines.
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4. La racialisation occidentale (4/15)
Cet article aborde la construction politique et historique des processus de stéréotypisation des personnes noires et maghrébines pendant les séquences esclavagistes et coloniales. Ainsi, nous verrons que le racisme est moins le fruit d’une activité mentale individuelle qu’un rapport social de domination historiquement construit par les classes nobles et bourgeoises. Par ailleurs, je montrerai que ces images ethnicisées de l’Autre n’ont pas disparu avec le refus de la hiérarchisation biologique des races et la décolonisation, mais qu’elles se sont reconfigurées sous d’autres formes. Autrement dit, les processus d’altérisation et d’essentialisation des groupes non-blancs persistent toujours, faisant de la question de la race - comme construction sociale - une question toujours d'actualité.
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5. Racisme, stigmates et identités (5/15)
Pour ce billet, je vais traiter la question de l'identité stigmatisée. Quelles sont les conséquences de la discrimination raciste en termes d’émotions, de mécanismes de défense, de réactions comportementales, d’estime de soi, ou encore sur la santé globale ? J’exposerai donc les conséquences sociales, symboliques et psychologiques du racisme à travers les logiques de déshumanisation, le développement des émotions négatives, la dégradation de la santé générale, et les mécanismes de défense mis en place pour survivre identitairement et psychologiquement.
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6. Le capitalisme racial au 20e siècle (6/15)
Le concept de capitalisme racial permet d’analyser la racialisation des structures du capitalisme. Il permet de montrer les modes de différenciation de l’exploitation économique, notamment en transformant les immigrés en sous-prolétaires. Ainsi, la question de la classe est traversée par d’autres logiques de domination, ici raciale, qui reconfigurent la question sociale en elle-même. Dans un premier temps, j’exposerai que l’immigration est un système de domination. Puis, je présenterai le concept de capitalisme racial en montrant comment le racisme engendre une hiérarchisation au sein de la classe ouvrière, dans laquelle les individus racisés sont davantage exploités. Avant de conclure, j'expliquerai que ce concept ne repose pas sur une volonté de diviser et d’opposer la classe ouvrière, mais justement, que le racisme est utilisé par la bourgeoisie pour morceler l’unité de la classe ouvrière afin de favoriser son exploitation.
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7. Le capitalisme racial au 21e siècle (7/15)
A la suite de l’article précédent, celui-ci poursuit l’objectif de montrer les continuités et les reconfigurations du capitalisme racial au 21e siècle. Dans cet article, j’expose les mécanismes socio-économiques et ethno-raciaux qui permettent d'expliquer les inégalités professionnelles, pour ensuite traiter spécifiquement les discriminations racistes subies par les immigrés et les descendants d’immigrés dans le champ du travail.
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8. La discrimination raciste au logement (8/15)
La dimension résidentielle est déterminante pour comprendre les processus de fragilisation des immigrés et de leurs descendants dans la société française. Dans cet article, j’exposerai les continuités et les reconfigurations de la discrimination structurelle dans l’accès au logement, du début du 20e siècle jusqu’à aujourd’hui. Dans un premier temps, j’exposerai les principales formes de relégations résidentielles des travailleurs immigrés pendant le 20è siècle. Puis, je décrirai leurs reconfigurations contemporaines à travers deux processus : la ségrégation socio-spatiale à l'œuvre dans les quartiers populaires et la discrimination raciste dans l'accès au logement.
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9. Racisme et santé (9/15)
En France, il n’existe quasiment aucune donnée scientifique sur les effets de la discrimination raciste sur la santé, contrairement aux pays anglo-saxons. Pour autant, cet article tentera de dépasser ce problème. Dans un premier temps, je présenterai les différents facteurs d’inégalités de santé mais également les inégalités d’accès aux soins. Ensuite, je discuterai de l'impact du racisme sur la santé mentale globale. Pour finir, je présenterai le concept de « Race based Trauma » (RBT), traduit en français comme « traumatisme racial », qui ambitionne de décrire les symptômes neuropsychologiques causés par les expériences chroniques de la discrimination raciste.
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10. Le racisme d’Etat, hypothèses, critiques et perspectives (10/15)
En France, le racisme d’Etat est une notion refusée. Que ce soit dans le champ associatif, le champ médiatique, le champ politique, une partie du champ intellectuel, il est contesté en raison de notre organisation républicaine, universaliste et démocratique. Pourtant, cet article démontre que cette notion est nécessaire pour comprendre l'État, ses structures et ses pratiques. Dans un premier temps, j’en proposerai une définition rigoureuse. Ensuite, je mobiliserai trois exemples pour exposer concrètement le racisme d’Etat : l’école, la gestion des quartiers populaires et les politiques d’immigration. Pour finir, j'apporterai une critique constructive de ce concept.
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11. Le racisme policier (11/15)
Le racisme policier ne doit pas être compris comme un ensemble d’individus enclins à des préjugés, mais plutôt comme une pluralité de logiques ethno-raciales qui traversent structurellement et historiquement l’institution policière. Dans un premier temps, j’exposerai que les manquements à la déontologie policière se produisent principalement à l’encontre des groupes racisés. Ensuite, je montrerai que certaines pratiques et modes organisationnels reposent sur une continuité de la domination coloniale. Pour finir, j’analyserai le lien indissociable entre classe et race pour comprendre les violences policières.
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12. La racialisation du fait migratoire (12/15)
Cet article propose une hypothèse : la construction historique d’un ordre social de la migration qui repose sur une racisation du fait migratoire. Dans un premier temps, je reviendrai sur cette racisation de l’immigration pendant la deuxième moitié du 20e siècle (1950-1999). Dans un second temps, j’analyserai ce même phénomène pour les années 2000. L’objectif est de montrer les continuités et les reconfigurations du racisme d’Etat, l’importance des héritages coloniaux et du capitalisme racial dans la conception des politiques migratoires.
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13. Les inégalités ethno-raciales à l’école (13/15)
Il est difficile de penser la question du racisme à l’école étant donné qu’elle est l’institution représentative des valeurs républicaines et universalistes par excellence. Si pendant longtemps - parfois encore aujourd’hui -, on a fait de l’école un espace imperméable aux discriminations et aux inégalités, cet imaginaire a progressivement été remis en cause avec les travaux sociologiques qui démontrent que la classe sociale est le paramètre déterminant de la réussite scolaire. Pour autant, si le déni des inégalités sociales s’est en partie brisé, il reste impossible d’imaginer que des logiques ethno-raciales traversent l’institution. Cet article espère démontrer le contraire. Dans ce billet, je discute les trajectoires scolaires des immigrés et des descendants d’immigrés. Dans un premier temps, j’exposerai les résultats scolaires inférieurs de ces populations. Ensuite, je proposerai des explications sur ces inégalités en vertu des études sociologiques dont nous disposons, en prenant davantage de temps sur les logiques ethno-raciales.
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14. La faiblesse du droit antidiscriminatoire français (14/15)
Cet article ambitionne de retracer synthétiquement l’histoire française du droit antidiscriminatoire. Dans un premier temps, j’exposerai la conception assimilationniste qui prévaut en France tout le long du 20e siècle, qui explique les phénomènes discriminatoires et inégalitaires par un manque d’intégration des immigrés et de leurs descendants. Dans un second temps, je montrerai la rupture idéologique engagée par l’Etat français à la fin des années 90 en sortant du déni des discriminations. Ensuite, après avoir exposé les nouveaux dispositifs mis en place dans les années 2000, j’apporterai quelques éléments pour répondre à leur faiblesse. Pour finir, je présenterai les conditions fondamentales pour l’émergence d’un droit antidiscriminatoire rigoureux et cohérent.
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15. Vivre sous la discrimination raciste (15/15)
Il est vrai que la lecture complète de ce dossier, composé d’une quinzaine, est fastidieuse. C’est pourquoi, ce billet synthétise une partie du dossier. Je vais traiter ici des inégalités ethno-raciales qui traversent l’ensemble des sphères de la vie sociale : le travail, l’école, le logement, la santé et l’espace public à travers la police.
Ce billet, je l’espère, pourra être mobilisé par n’importe quel individu, groupe ou collectif, afin de révéler l’existence du racisme structurel. Trop souvent, les premiers concernés sont démunis face aux gens perplexes, incrédules, qui ne comprennent pas en quoi, et comment, les individus racisés sont continuellement victimes d’inégalités de traitement. Rapidement fatigués et exaspérés par le déni, ils n’ont plus la force de se battre. J’espère, très modestement, que cet écrit synthétique pourra être un soutien pour eux, en leur apportant des clés théoriques pour l'analyse et l’explication du racisme structurel.