Entre le 2 mai et une suite incertaine
« Savez-vous quelle réserve de rage vous venez de libérer ? » écrivait ici Nicolas Matthieu, il y a quelques semaines suite à l’utilisation par la Macronie du 49.3. C’était le 16 mars, il y a à peine un mois et demi, cela semble à la fois si loin et si proche. Après son coup de force autoritaire, le gouvernement a joué le pourrissement (détaillé lors de ma chronique précédente) et ne cache plus désormais son arrogance et son mépris (Gabriel Attal ici et Macron ici).
Alors, je reprendrais bien volontiers à mon compte les mots de Nicolas Matthieu : « savez-vous quelle réserve de rage vous venez de libérer ? ». Notre rage, ma rage est immense. Nous avons démontré la force de nos convictions trois mois durant, dans le respect de la démocratie et de votre très cher « ordre républicain ». Nous avons dépensé énormément d’énergie dans les manifestations, perdu de l’argent dans les jours de grève et pris du temps sur nos autres occupations. Et vous nous répondez désormais par le mépris. Maron, en parlant de Poutine, disait : « il ne faut pas l’humilier la Russie ». Il n’a pourtant aucune vergogne à humilier l’ensemble des forces sociales. Comme toujours pour lui, le courage consiste à être faible avec les forts et les puissants et fort avec les dominés. Nombreux serons-nous à nous demander, la prochaine fois, à quoi cela sert-il encore de faire barrage? Nous ne récoltons que mépris de votre part et vous refusez même le droit de cité à nos idées. Votre intransigeance nourrit le ressentiment et votre dérive autoritaire légitime l’exercice du pouvoir, demain, par l’extrême droite. Ce n’est pas sur vous qu’il faudra compter si demain la rage que vous avez libérée les amène au pouvoir. Vous serez bien trop pressés d’aller négocier vos places et vos avantages, quand nous nous tiendrons encore debout, prêts à entrer, malgré les défaites, dans la lutte.
Vous voici élu depuis à peine un an, sans souffle, sans espoir, sans projet, ayant refusé de débattre avec quiconque, et vous quémandez 100 jours, en vous drapant maladroitement dans des références historiques dépassées (pour finir comme Waterloo ?). 100 jours pour faire quoi ? Avec qui ? Nous connaissons vos mensonges (comme sur les salaires des patrons), vos entourloupes (le grand débat, la convention citoyenne sur le Climat), nous n’attendons plus rien de vous, nous ne vous écoutons plus, nous ne vous écouterons plus. (65% des sondés disent ne plus écouter Macron : ici).
A peine un an et vous voilà déjà à court de projets, à court de récits, mot tellement chéri par vos communicants. Cela sent déjà la fin de règne. Encore quatre ans pour vous à tenir, le crépuscule va être long. Vous n’avez plus rien à dire, vous ne savez que réciter : « mondialisation, croissance, concurrence », car c’est tout ce qu’on vous a appris. Vous êtes incapables de penser au-delà. Vous ne faites plus rêver personne avec vos mots. Votre système n’empêche pas la guerre, creuse les injustices et détruit lentement notre planète.
Savourez encore vos quelques années au pouvoir, festoyez encore tant que vous le pouvez, gavez-vous d’argent privé et public grâce aux soins de nos gouvernants. Soyez heureux que nos représentants de la Gauche et de l’Écologie en soient encore à se compter (la désunion aux élections européennes nous guette : ici), perdus dans leurs querelles de partis et de personnes, oubliant bien vite que l’union les a fait gagner au premier tour des législatives et que c’est l’union qui a donné tant de force aux syndicats.
Soyez heureux, mais pas dupes, car votre tour viendra.
Soyons méprisés, mais pas désespérés, car notre tour viendra.
Chronique n°1 : “Veillées d’armes”
Entre le 19 et le 31 janvier (1er et 2ème jours de manifestation) ici
Chronique n°2 : “Que faire de notre avantage?”
Entre le 31 janvier et le 7 février (2ème et 3ème jours de manifestation) ici
Chronique n°3 : “En eaux troubles”
Entre le 11 mars et le 16 mars (7ème jour de manifestation et journée du 49.3 à l’assemblée) ici
Chronique n°4 : “Le pourrissement”
Entre le 6 avril et le 14 avril (12ème jour de manifestation et verdict du Conseil Constitutionnel) ici