Un petit coin de paradis. Un caillou en Finlande, au fin fond de la mer du Nord. Une partie de campagne entre mouettes. On se salue, on attend qu'arrivent tous les convives, et qu'ils s'installent. Puis, commence la partie. Je vous ferai juste remarquer le civisme des mouettes.
Le flux humain me fascine. Je pourrais rester des heures à filmer ces inconnus qui forment un ballet sans fin à leur insu. L'homme à droite du cadre, debout, sans bouger. Celui qui m'interpelle en poussant son vélo. La dame qui passe avec son café américain. Et ceux qui tirent leurs valises. Où sont-ils aujourd'hui ? Que sont-ils devenu depuis que souffle la tempête du Covid ?
Hassan Ghazi était de tous les combats. Depuis son arrivé à Paris dans les années 50, opposant au régime du Shah, aux côtés des Algériens pendant la guerre d'Algérie. Il était retourné en Iran en 79 dans l'avion qui ramenait Khomeini, mais très critique du régime islamique, Il était rentré à Paris peu après. Il s'y est éteint en 2012 sans avoir revu l'Iran.
Un jour de pluie, une fourmi abritée sous un champignon, à peine assez grand pour elle, vit passer un papillon trempé et l'invita. Puis arriva le moineau et ils lui donnèrent refuge. Et ce fut au tour de la souris, le moineau et le lapin. Et chacun y trouva sa place. Le mystère: le champignon continuait à pousser sous la pluie. Poussons les murs, donnons des papiers à tous et faisons table rase.
C'était le 1er mai 2018. Un 1er mai pas comme les autres. On était déjà en marche, déjà en lutte, déjà nassé, déjà gazé. Il y avait encore la musique, mais pas encore le Corona !
Un temple indien où le vacarme extérieur et le calme intérieur mènent un combat sans fin. Quelle est la main qui fait bouger cet entonnoir pour que tombent les gouttes une à une ? Ce jour-là, ce fut la mienne, entre autres. Énigme philosophique, mystère de l'existence. C'était à Calcutta. Là où le confinement signifie également la faim pour beaucoup de gens.
La distance la plus courte entre deux points est la ligne droite. Dans le cas de Mytilène, on peut y arriver par avion depuis Athènes. 50 mn. de vol. Ou par bateau de nuit. 10h de traversée. Mais si on n'a pas les bons papiers, on tente le coup à bord d'un petit pneumatique depuis les côtes turques qui se trouvent à moins de 10 Km. Et cela peut alors prendre des semaines voire des mois.
Derrière l'olivier sur lequel grimpe le chat, il y a le jardin de Gérard van de Putte, résistant à l'assaut du temps, depuis que Mathurin Moreau a légué la maison à son grand-père. Lui qui m'a parlé de Notre-Dame-des-Otages, lieu d'exécution des derniers communards de Paris. Il nous a quitté le 26 avril à l'âge de 92 ans, et avec lui sont parties des pages de l'histoire de notre quartier.
En retrouvant ces images, je me suis souvenu de tout. L'air frais du matin, la rumeur des vagues. Tout. Puis, à la fin du plan, après le passage des chariots, la caméra tourne de nouveau vers l'océan, et je vois quelque chose laissé en plein milieu du sable. Je reconnais mes propres sandales. Et la sensation du sable humide sous mes pieds m'envahit d'un coup.
Nuit d'été dans un petit bourg près d'une île de la mer du Nord, au sud de la Finlande. Les gens sont venus des îles alentour avec leurs bateaux. On parle un peu, on boit pas mal. Il y a des plus âgés et des plus jeunes. Mais tous sont là pour une chose. Partager la danse.