Vida Hajabi, activiste iranienne et citoyenne du monde, a fini ses jours à Paris il y a un peu plus de trois ans. Elle qui avait tant voyagé, avait enduré 7 ans d'emprisonnement, la révolution iranienne, puis l'exil.
Vida n'a pas connu le confinement.
Comment l'aurait-elle vécu ?
Ça se passait dans les vieilles ruelles du centre d'Antep, à 60 Km d'Alep et dont le parfum plane sur la ville. Antep (ou Gaziantep) a accueilli plus de 500000 réfugiés syriens depuis 2011.
Avec Sumayra, on ne communiquait pas avec les mots, mais on arrivait à se comprendre. Le deal c'était qu'elle court et que j'essaie de l'attraper et la filmer. Prêt. Go! Et elle est partie.
Ils sont nombreux à traverser la Méditerranée, pour venir chercher refuge en Europe.
Presque 25000 à Lesbos. Quelques 9000 à Chios. Plus encore sur d'autres îles grecques.
Ces images ont été rassemblées entre 2014 et 2016, pendant les repérages de mon film "Demain je traverse", tourné depuis, qui attend de sortir en salle, lorsque les choses reprendront leur cours normal.
On attendait sur le quai d'une station éloignée des Nilgiris, un train qui comme souvent en Inde était en retard. Et comme souvent, ce retard, qui fait parti de ton karma lorsque tu voyages en Inde était toléré. Tout était à l'arrêt. Lorsque soudain, un homme s'est mis à chanter, et un autre a commencé une danse rythmée. Aussi simplement.
Ces images, insouciante célébration de Pâques dans l'église d'un village éloigné en Crète, ont l'odeur de l'encens et l'intemporalité des mots d'Elytis. C'était il y a tout juste cinq ans.
"Je pleure le soleil et je pleure les années à venir
Sans nous et je chante les autres passées au travers
Si c’ est vrai..."
Cela pourrait être la vue d'un homme qui part se promener; sur une plage de Normandie et y voit une femme au loin, qu'il prend pour sa propre femme. La femme se retourne et l'homme se rend compte que c'est une étrangère. Comment a-t-il être pu confondre cette étrangère avec la femme avec qui il partage sa vie.
C'est ainsi que commence "L'identité" le roman de Kundera.
Nous nous connaissions à peine, et pourtant, il ne voulait pas me laisser partir. Était-ce pour continuer à être filmé ou parce que mon passage constituait peut-être, un petit divertissement dans le fil sans fin de ses journées dans ce camp pour réfugiés syriens, au fin fond du Kurdistan turque.
Une pensée émue pour le collectif Abounaddara...
"Embrasse-moi... "
"Embrasse-moi une dernière fois. Adieu. Je pars vers mon destin."
La voix de Golnaraghi résonnait dans l'habitacle de la voiture. Il faisait chaud. La route était calme. On roulait vers Marciac.