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Billet de blog 29 novembre 2019

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Le titre «Titre trop long» n'est pas attractif.

Je m'en doutais mais l'ai quand même utilisé pour un texte sans aucun rapport avec lui. Du coup je me fends d'un titre intrigant avec l'idée que ça poussera d'éventuels visiteuses et visiteurs à lire un billet au titre intrigant. Sans certitude cela dit.

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Le titre initial de ce billet était:
Caucasitude, Arabitude, Christianitude, Musulmanitude, Masculinitude, Féminitude: attitudes?
Le logiciel qui gère le site de Mediapart m'a informé qu'il était trop long, d'où le titre alternatif.

Son introduction initiale était ceci:
Vous l'aurez remarqué, parmi les six premiers mots du titre, trois sont inusités. Les trois autres, je les ai rencontrés. Le premier avait une alternative assez courante mais fallacieuse parce qu'elle intègre de fait ce que désignent les cinq autres termes mais en exclut de fait deux, dans le discours de qui les emploie. La question ici est celle de la réalité.


Ci-après, le texte initial en lien avec le titre initial et l'introduction initiale, et en rapport avec les deux.


L'alternative à “caucasitude” est “francitude”, que j'ai aussi rencontré, et parfois employé par ironie et dérision. Je suis Français et mâle. Si mon patronyme n'est pas proprement “couleur locale” il est assez passe-partout et mon prénom est du genre “bien de chez nous”, ce “chez nous” étant donc dans mon cas la France. Du fait, quand j'interviens dans les pages de commentaire ou quand je publie des billets, rien n'indique dans mon nom d'état-civil une “origine”. Enfin si. Enfin non. Ah! Rien n'est simple avec ces questions. Nécessairement, si j'ai un nom d"état-civil identifiable comme “de chez nous” ça marque une origine, celle de ce “chez nous”, mais dans un contexte “français” c'est l"origine non singularisante donc implicitement une “non origine”. Bien sûr il m'arrive d'interagir avec des personnes qui se considèrent elles-mêmes “d'origine” et qui m'expliquent que du fait de ma supposée “origine” je ne peux connaître l'expérience de personnes “d'origine”, donc dans le même mouvement elles pointent mon “origine” et la spécifient comme une “non origine” puisque mon “origine” me disqualifie pour parler de l'expérience des personnes “d'origine”. Heureusement que j'ai un tempérament égal sinon ça me défriserait (modérément car je frise assez peu) de me faire dire que je ne suis pas original.

De fait, je suis en partie “d'origine”. Enfin, je suis entièrement “d'origine” mais pour partie seulement d'origine singularisante. Enfin non, je ne suis pas “d'origine”. Enfin si. Vraiment, rien n'est simple dans ces questions. Par nécessité j'ai des origines parce que j'ai des parents, mon existence a une origine, je ne suis pas né par génération spontanée dans le Ciel Immaculé des Personnes Sans Origine, nulle cigogne n'est venue me déposer dans un berceau, ni je ne suis sorti tout formé d'une rose ou d'un chou. À ma naissance mes deux parents étaient de la même origine, sinon que l'un était plus “d'origine” que l'autre. C'est ainsi quand on se prend à considérer la réalité humaine en classant les personnes en “d'origine” et “de non origine”, on peut se trouver dans le cas de personne “d'origine” qui ne sont pas “d'origine” tout en l'étant. Dans mon cas c'est encore plus compliqué: l'un de mes parents est né en France, l'autre aussi, pourtant l'un des deux est tout de même “d'origine”, ce qui signifie en France “d'origine non française”. Ce qui n'est pas le cas. L'un de mes parents est de la même origine que le père d'Éric Zemmour, dans mon cas c'est aussi mon père, qui est lui aussi d'origine kabyle. Le curieux dans l'histoire est que les gens qui s'attachent beaucoup à ces questions d'origine n'ont le plus souvent pas la même opinion sur cette origine commune entre Zemmour et moi – ce qui n'est pas le cas de Zemmour, soit précisé, il sait que son père et le mien ont la même origine. Il se trouve que ses ascendants ont décidé à un moment d'abandonner leur religion antérieure en faveur de la religion juive, tandis que les miens ont opté pour celle musulmane. Possible qu'à un moment ses ascendants et les miens ont partagé la même religion intermédiaire, certain qu'ils ont partagé la même religion “d'origine”, celle d'avant le temps où tout un tas de gens sont venus dans cette zone qu'on nomme désormais Algérie pour y imposer leurs lois, leurs cultures et leurs religions. Ça remonte à loin, un peu plus de deux mille ans. Je ne connais pas ma généalogie ni celle de Zemmour d'aussi longtemps mais en toute probabilité lui et moi avons parmi nos ancêtres kabyles des adeptes de la religion civile romaine impériale, des juifs, des chrétiens, des musulmans, et autres religions. À une date plus récente, vers la fin du premier millénaire de l'ère commune, ces adhésions se sont consolidées, avant c'était plus flottant. On répute Zemmour être d'origine juive, si je dis que mon les ascendants de mon père ont opté pour l'Islam on me réputera indifféremment d'origine algérienne, ou kabyle, ou arabe, ou musulmane. La religion n'étant pas une “origine”, c'est un peu curieux de qualifier une personne “d'origine juive” ou “d'origine musulmane”, mais les tenants de ce genre de catégories, les “d'origines” et les autres, ne sont pas à une curiosité près.

Je vous parle de ça, rapport au fait qu'il m'est arrivé, par hasard et par nécessité, d'intervenir dans le cadre de Mediapart, en tant que Ma Pomme, que “Olivier Hammam”, mais aussi en tant que “Clotilde Fougeray” et que “Mustapha Hemmam”. Ces noms ne sont en revanche pas pris au hasard, ce sont les noms d'état-civil de mes parents. Je n'avais pas d'intention délibérée en prenant ces noms, je le précise parce que, comme l'indique le titre du billet, et comme le confirment les précédents alinéas, le thème local est une interrogation, entre autres choses, sur les concepts de “féminitude”, “arabitude” et “musulmanitude”. À noter que mon correcteur accepte sans broncher “féminitude” mais souligne en rouge les deux autres termes, de même que les termes “masculinitude” et “francitude” le fâchent, ne parlons pas de “caucasitude”, là c'est évident. Il accepte “francité” (je l'anticipais et j'avais raison tant il me paraissait que ce mot faisait lieu commun), pas sûr pour “arabité”, si, ça passe, et sûr que non pour “musulmanité”, confirmé, je ne doute pas qu'il accepte “islamité”, mais pour le sens que le mot a pris récemment (un récent un peu ancien mais pas tant que ça), non plus l'équivalent de “chrétienté”, comme employé dans cette page, mais en tant qu'essence, comme employé dans cette page. Intéressant de noter que dans la seconde page, choisie par moi pour sa relative ancienneté – le texte date de 1992 – et son abord historique de l'élaboration de ces questions “identitaires”, qu'il existe bien une mention de la “chrétienté” au sens dominant de “espace civilisationnel ou/et culturel chrétien” et non au sens identitaire, qui existe aussi mais plus rarement et pas de cette manière essentialiste – dans le discours public courant la “chrétienté” identitaire est une circonstance, l'“islamité” identitaire une substance. Tiens ben, je me demande pour “christianitude”. Il n'aime pas. Le Wiktionnaire nous dit, pour le suffixe “tude” ou “itude”,

«Sert à former des noms féminins avec l’idée d’un état ou d’une qualité morale, psychologique ou physiologique en rapport avec le radical».

Donc, si ce n'est pas une qualité c'est un état, ça participe de l'essence. Certes les qualités ne sont pas nécessairement circonstancielles, par contre les états sont nécessairement substantielles, si on est on ne devient pas, l'état est toujours inné, la qualité souvent acquise.

J'ai pris ces pseudos sans intention autre que pouvoir continuer à participer sur Mediapart, suite à une interdiction de le faire pendant un mois. Ce billet compte faire part d'une expérience intéressante concernant avant tout les supposées “arabitude” et “musulmanitude”, l'autre question, la “féminitude”, m'intéresse moins tant – et mon correcteur orthographique le confirme – la “féminitude” apparaît un truisme, une “vérité d'évidence”. Ça ne l'est pas car, comme il se dit depuis 1949, «on ne naît pas femme, on le devient», mais le sens commun suppose à l'évidence une féminité essentielle. Comme il suppose aussi une “islamité” essentielle, ne pas trop prendre pour vérité d'évidence ce qu'accepte le sens commun. Une expérience intéressante mais qui n'est pas une découverte pour moi. Je n'ai jamais été “pris pour une femme” dans la vie ordinaire (quoique... Mais je passe là-dessus, même si ça peut avoir de l'intérêt concernant l'équivocité de ce qui n'apparaît pas équivoque de prime abord) ce qui ne m'empêche de n'avoir pas à vérifier la chose pour savoir qu'on ne dialogue pas toujours de la même manière avec une personne si on la suppose “homme” ou “femme”; j'ai en revanche, à une époque assez lointaine, été “pris pour un Arabe” à une époque où on ne s'embarrassait pas d'euphémismes et où l'on disait “Arabe” quand on pensait “Arabe”, plutôt que de dire “musulman”, mais ça n'a pas grand intérêt. Dans un billet récent,«J-7 de la Grève Générale pour chasser Macron et son monde», j'écrivais

«Moi ça va, la guerre civile j'ai déjà donné, ma famille y a tout perdu sauf l'honneur et la vie. Une fois m'a suffi, je suis vacciné».

C'est un poil exagéré mais pas tant que ça. Et j'ai eu droit à ça en page de commentaire:

«28/11/2019 07:05 – Par Lancetre
Moi ça va, la guerre civile j'ai déjà donné, ma famille y a tout perdu sauf l'honneur et la vie.
Pourriez-vous expliquer ?»
.

J'eus une première réponse assez mordante:

«28/11/2019 07:56 – Par Olivier Hammam en réponse au commentaire de Lancetre le 28/11/2019 07:05
Non. Tout est dit dans ce passage que vous citez. Une fois m'a suffi, point».

Puis une seconde, assez cinglante:

«28/11/2019 17:05 – Par Olivier Hammam en réponse au commentaire de Lancetre le 28/11/2019 07:05
Finalement j'explique. vous avez des échos concernant les guerres civiles dans le monde? Vous pensez que c'est souhaitable ici? J'en ai eu l'expérience mais il n'est pas besoin de l'avoir eue pour comprendre quelle est la seule réponse valable à la question: voulez-vous une guerre civile à domicile?».

Vous et moi savons très bien quel genre d'“explication” souhaitait “Lancetre”, du concret, de l'anecdote, où, quand, pourquoi? Comme si donner des précisions biographiques pouvait “expliquer” quoi que ce soit de ma proposition: «Une fois m'a suffi, je suis vacciné». Je connais un peu “Lancetre” pour le croiser en tant que contributeur ou plus précisément, je connais sa manière d'intervenir. Sans considérer la validité ou l'invalidité d'un propos, j'ai assez tendance à classifier les interventions selon une typologie qui m'est propre même si elle n'est pas spécialement originale. Ça n'est pas très formel ni n'induit une lecture particulière de ces interventions selon leurs classes, le plus souvent ça me permet d'évaluer la manière la plus efficace de discuter avec certains participants si le cas échoit, rien de plus. Certains intervenants n'ont pas un “profil discursif” particulier, d'autres si. Probable que l'on peut établir ce genre de “profil discursif” en ce qui me concerne, en fait je sais que j'en ai un, et qui me convient parfaitement, “imprévisible”, une perception qui m'est renvoyée ou que je peux lire à mon propos en tant que participant sur Mediapart, qui est en gros, «Ce gars là on ne sait pas trop ce qu'il pense, on se demande s'il est sérieux ou s'il déconne». Ce qui me va bien. Fondamentalement je suis assez prévisible, superficiellement non. Comme on ne connaît les intervenants de Mediapart que par la surface, j'y apparais imprévisible, d'où des supputations sur ce que je suis “dans le fond”, avec association entre la forme et le fond. Ne connaissant pas autrement que dans ce cadre la personne qui signe “Lancetre” dans les pages de Mediapart, je fais une hypothèse invérifiable, il s'agit d'une personne physique et non d'une personne morale (pour préciser, si besoin est: que c'est un seul individu et toujours le même, et non plusieurs individus ni un collectif – plusieurs “abonnés” sont explicitement des personnes morales, tous les autres sont possiblement mais sans certitude des personnes physiques, sans compter les abonnés schizoïdes dans mon genre, qui disposent de plusieurs pseudos, certains, ce qui n'est pas mon cas, se présentant sous un “profil discursif” différent selon leur pseudo), et une hypothèse vérifiable, il “psychologise”, une manière plaisante, presque aimable et de mon point de vue assez ironique de dire: il sait ce que les gens pensent. Il le sait en général, et il le sait en particulier. C'est typiquement le genre de participant qui vous explique ce que vous pensez quand vous tentez de discuter avec lui, il s'intéresse moins à ce que vous dites qu'à ce que vous pensez.

Quand j'ai vu apparaître sa question sur la page de commentaire de ce billet, je n'ai pas vraiment eu besoin de me torturer les méninges pour savoir “ce qui se cache derrière la question”, rien ne se cache puisqu'il donne la réponse en posant la question. Qu'y a-t-il à “expliquer” avec une proposition aussi précise que ça: «Moi ça va, la guerre civile j'ai déjà donné [...]. Une fois m'a suffi [...]»? Je vais vous raconter une fiction, «les motifs de ”Lancetre” pour poser une question dont il a déjà la réponse». Laquelle est: non, je ne peux pas expliquer. Au fait, je mentionne “Lancetre” comme “il” par pure hypothèse, il a le bon goût, contrairement à Ma Pomme, de ne pas donner dans le biographique, perceptivement je lui attribue ce genre mais il ne faut pas trop se fier à ce genre de perceptions, en tant que “Clotilde Fougeray” j'ai autant que possible et sauf une ou deux circonstances qui m'y amenèrent, de “genrer” mes interventions, mais le pseudo a suffi pour qu'on suppose ma “féminitude”. “Lancetre” étant une personne (morale ou physique) je pourrais tout aussi bien dire “elle”. Les indéterminables sont des humains, donc “il” convient pour “l'humain Lancetre”

Avant de poursuivre, une autre considération: «Le blog de lancetre» donne une autre perception de “Lancetre” que celle qu'il propose quand il intervient dans les pages de commentaires. D'ailleurs, je ne peux que penser du bien d'une personne qui publie ceci: «Leïla Huissoud célèbre le spectacle vivant». Si vous ne la connaissez pas, c'est dommage pour vous. Que du bien d'une personne qui fait cette proposition: «Mélodie Lauret, une jeune chanteuse à découvrir». Je vous conseille la page, pas de discours, juste la découverte de Mélodie Lauret par ce qu'elle fait et ce qu'elle dit. J'écrivais il y a peu ceci dans un message “privé” à un correspondant qui se demandait si je ne serais pas un brin misanthrope:

«Je prends tout le soin possible à préciser que je parle de moi autant que de quiconque en parlant de “cons” et de “salauds”, et comme je m'aime bien, j'aime mon prochain comme moi-même, comme je suis bienveillant je veille aussi bien que possible à ne pas être trop con ou trop salaud, et invite mon prochain à en faire de même, je suis donc plutôt philanthrope. La question est donc de savoir si mon prochain se sait ou non salaud ou con, s'il ne se sait pas tel ce n'est pas mon problème mais le sien».

J'aurais pu ajouter, mais ça devrait être évident, en tout cas ça me semble tel, que c'est tout de même mon problème de croiser des cons et des salauds qui s'ignorent tels, n'est pas mon problème de me faire comprendre quand j'avise mes semblables qu'être con ou salaud devrait être une circonstance et non une essence, que faire des conneries ou des saloperies est de l'ordre de l'accident, persister dans la connerie ou la saloperie une attitude, et de mon point de vue une mauvaise attitude, mais ce n'est que mon point de vue. Je ne suppose pas la connitude ni la salopitude mais constate que persister dans la connerie ou la saloperie conduit à la connitude et la salopitude. On ne naît pas con ou salaud mais parfois, mais souvent, on le devient.

“Lancetre”, je ne connais qu'en tant que participant, ou participante, disons participant, à Mediapart, «le média participatif», et en tant que participant des pages de commentaires je trouve qu'il produit une image de lui-même beaucoup moins intéressante qu'en tant que blogueur. Genre “psychiytude”. Genre qui sait mieux que vous ce que vous pensez. Genre qui a besoin d'avoir des éléments factuels pour se faire une opinion non sur ce qu'écrit une personne mais sur quelque chose genre “sa psyché” ou “sa psychologie”. Est-ce qu'on a besoin de déterminer ma supposée “psychologie” pour comprendre la très évidente validité du propos très explicite qu'exprime ce court alinéa:

«Moi ça va, la guerre civile j'ai déjà donné, ma famille y a tout perdu sauf l'honneur et la vie. Une fois m'a suffi, je suis vacciné».

 Qu'il exprime on ne peut plus clairement ceci: la guerre civile n'est pas souhaitable. Que je l'aie connue ou non, et si oui en quel lieu et en quel temps, n'apportera rien de plus à cette évidence: les guerres civiles ne sont pas souhaitables. Je n'ai pas besoin d'être Syrien ou Bolivien ou Congolais pour savoir que non, la guerre civile n'est jamais une solution. Sans vouloir être méchant, d'évidence “Lancetre” aurait voulu des éléments factuels pour pouvoir écrire un truc du genre «ça explique», d'où sa requête d'une “explication”. Ça explique quoi? Ah ben ouais avec ce que vous avez subi ça explique, mais ici et maintenant, en France et en 2019, “c'est pas pareil”. Ben si, c'est pareil: avant qu'elle se produise, les fauteurs de guerres civiles diront toujours que cette fois “c'est pas pareil”, et plus simplement vous diront que là non, ce n'est pas une guerre civile, c'est la lutte entre la Liberté et l'Oppression, entre la Vérité et le Mensonge, entre le Bien et le Mal. Le problème étant qu'il s'agit toujours de la lutte entre la Liberté et la Liberté, la Vérité et la Vérité, le Bien et le Bien, en France et en 2019, la lutte entre Liberté “macronienne” et Liberté “anti-macronienne”, Vérité “macronienne” et Vérité “anti-macronienne”, Bien “macronien” et Bien “anti-macronien”.

Incidente. Pas lu le billet mais je le recommande: «Jacques Debronckart,un chanteur pour 2017!». Vous n'aurez plus l'occasion de le voir en public et c'est dommage, ses chansons restent parce qu'elles sont indémodables mais sur scène cette c'était formidable! Pour 2017, 2019 et les temps à venir... Vu en passant parce que je cherchais un truc pas encore trouvé.

Ça y est! Trouvé. C'est le 12 septembre 2017: «La France d'Emmanuel Macron». Jusque-là, “Lancetre”, obsédé par sa “lutte” contre Mélenchon et La France insoumise (lutte toujours en cours), s'était à peine aperçu qu'un type nommé Emmanuel Macron existait et fut élu président de la République française quelques temps auparavant, puis se vit doter d'une confortable majorité lors des élections législatives. Être “dans la lutte” c'est toujours être dans l'erreur. De mon point de vue les... On dira les “combats” de “Lancetre” sont honorables, ses choix culturels plutôt de mon goût, mais sa manière de “mener les combats” conne. Elle a plus que largement prouvé son inefficacité au cours des temps. Lutter par la violence contre la violence est se préparer à remplacer une violence par une autre, sans réduire de beaucoup la violence “d'en face”. Lutter contre l'idéologie par l'idéologie est tout aussi con.

Cette digression n'en est pas une. Il se trouve qu'en ce moment une des “luttes” de “Lancetre” est “l'islam”. J'ai mon hypothèse là-dessus, en gros, c'est la continuation d'un vieux combat d'arrière-garde, l'anticléricalisme et plus largement l'anti-religiosité. J'ai un a priori défavorable envers les religions mais leur existence ne m'empêche pas de vivre et de respirer. Le problème avec les religions n'est pas les religions mais les usages qu'on en fait. Quand une théorie politique devient une idéologie, elle devient alors une religion. On en a eu la démonstration me semble-t-il plus d'une fois au cours des un peu plus de deux siècles derniers écoulés, celle la plus marquante ayant eu lieu à partir de novembre 1917 et au cours des environ 74 ans suivants. Pour autant qu'on n'en ait plus la preuve aujourd'hui – j'ai beaucoup de mal à voir la différence entre la Russie de 2019 et l'URSS de 1989, sans compter que le pays dont on me dit que ce sera l'hégémon de demain, la Chine, ne me semble pas grandement différer de celui de 1979. “Lancetre” est “antiraciste”. C'est bien, c'est très bien. Je voulais vous donner des liens pour faire preuve mais en parcourant son blog vous le constaterez aisément. Et antireligieux, pareil, suffit de parcourir son site pour le savoir. Apparemment, la détestation des religions prédomine celle du racisme. À mon avis c'est lié à ce que je nomme son “psychologisme” couplé à son fonds idéologique. La détestation des religions est “idéologique” mais le “psychologisme” induit la supposition d'une “religiositude essentielle”, on ne devient pas religieux, on le naît. Comme “Lancetre” est idéaliste il croit cependant qu'on peut corriger les psychés (le mot grec pour “âme”) en redressant les positions (mot euphémique pour “corps”), d'où sa lutte actuelle contre les “musulmans”. Ce faisant, il contribue plus ou moins (plutôt moins) contre son gré au discours ambiant à leur propos, qui n'est que la nouvelle version d'un discours beaucoup moins euphémique d'il y a moins de trente ans, on ne requiert plus que les “Arabes retournent chez eux”, mais que les “musulmans” quittent leur religion ou le pays. Enfin, pas tous les musulmans, juste les musulmans pauvres des banlieues pauvre. Les Arabes et les nègres.

J'ai pris le cas de “Lancetre” parce que sans le ou la connaître je l'aime bien, une personne qui me semble sympathique et qui, mais là c'est vraiment très subjectif, a d'excellents conseils en matière de culture, spécialement en chanson et en littérature. Ça n'est pas le cas de tous les participants de Mediapart. Certains, je ne les aime pas trop.

Donc, je suis intervenu en tant que “Clotilde Fougeray” et que “Mustapha Hemmam”. Comme j'avais pour seul but de pouvoir participer malgré mon interdiction d'un mois je n'ai pas tenu des propos différents ni dans le fond ni dans la forme en utilisant ces pseudos, et pourtant c'est à cette occasion que j'ai découvert ma “féminitude” et mon “arabitude”. Enfin non. Enfin si. Enfin, c'est toujours pareil, rien n'est simple avec ces questions. Soit je portais en moi cette “féminitude” et cette “arabitude”, couplée d'ailleurs avec ma “musulmanitude”, soit non, mais dans tous les cas elles ne se révélèrent aux yeux de certains que quand je devins autre que “Olivier Hammam”, quand le devins “femme” puis “Arabe” ou/et “musulman”. Vous l'aurez remarqué je pense, ce qui différencie le plus deux de ces pseudos n'est pas le patronyme mais le prénom. Avoir un prénom “genre musulman” signale le musulman. Il se trouve que dans les pays à très forte majorité musulmane il y a pas mal d'athées et d'antireligieux, moindrement mais encore assez de convertis à d'autres cultes, qui partagent tous la même caractéristique, avoir des prénoms “genre musulman”, de même que dans les pays à forte majorité chrétienne il est de coutume dans les familles d'agnostiques et d'anticléricaux, et même chez les adeptes d'autres cultes, de donner des prénoms “genre chrétien”. Pour exemple, une part importante des juifs de France n'ont pas de prénoms “juifs” mais se prénomment, par exemple, Alain, ou Éric, ou Laurent, ou Marie, ou Germaine, ou que sais-je qui n'est pas typiquement “juif” ni même “biblique adapté” – je veux dire, des formes adaptées au contexte local de noms “hébreux”. Bon, là c'est différent, quand le patronyme est “genre juif” le prénom n'y fait rien, mais on voit le principe: le prénom n'est indicatif que qu'une chose, dans les lieux à dominante de telle ou telle religion, l'état-civil enregistre une large majorité de prénoms “genre religion locale”. Exemple, Georges Moustaki.

Dans une vieille émission de France Culture, «Le Bon plaisir de Youssef Chahine», il disait à l'invitant, lui aussi Égyptien, que son prénom natif est Youssef, ce qui correspond au “Giuseppe” mentionné dans l'article de Wikipédia. Mais un peu plus loin dans l'article on lit ceci, un citation de Louis-Jean Calvet, «Né à Alexandrie d’une famille juive grecque mais de langue italienne, baptisé Giuseppe par ses parents, inscrit à l’état civil égyptien sous le nom de Youssef, appelé à l’école française Joseph, puis Jo, un diminutif qui a fait croire, lorsqu’il est arrivé en France, qu’il s’appelait Georges, ce qu’il a laissé faire par admiration pour Brassens, il symbolise par cette simple succession de prénoms l’univers méditerranéen». Prénom d'état-civil: Youssef. Faut dire, ses “origines” expliquent: «Né en Égypte, de parents grecs de religion juive romaniote et de langue italienne». C'est “typiquement juif” ce genre de trucs, on ne se casse pas trop la tête pour le prénoms, et même les patronymes, pour l'état-civil, c'est une truc administratif donc adopter un prénom “couleur locale” ça tend à faciliter les rapports avec les administrations. Mon prénom d'usage, celui choisi par mes parents, n'est pas très “couleur locale”. Ils avaient envisagé de me déclarer à l'état-civil sous ce prénom mais à l'époque c'était impossible pour un enfant dont les deux parents sont de nationalité française, fallait prendre un prénom coutumier ou un prénom du calendrier; ils auraient envisagé Habib ça serait passé vu qu'il y a un saint de ce nom dans le calendrier, là non, du coup ils m'ont déclaré en tant qu'Olivier. J'aime bien d'ailleurs, c'est assez sympa d'avoir un nom d'arbre fruitier, mais je n'ai découvert vraiment ce prénom qu'au début de ma scolarité, avant c'était un savoir vague, un label pour l'administration.

Je change d'étiquette dans le cadre de Wikipédia par nécessité mais comme dit je n'ai pas un discours différent dans le fond ni dans la forme. Et ce qui jusque-là n'était que de l'ordre de l'opinion devient d'un coup d'un seul un “signe”: le signe de mon “arabitude” et de ma “musulmanitude”. Exemples.


04/10/2019 20:01 Par Totobo en réponse au commentaire de Mustapha Hemmam le 04/10/2019 00:24

Merci beaucoup pour votre long message.

Compte tenu de sa complexité, je me garderais bien de le réduire par une interprétation trop personnelle. Il y a divers éléments plus ou moins indépendants qui mériteraient chacun un traitement différent. En tout cas, derrière cette apparente complexité de votre pensée, je sens une grande sensibilité aux autres, peut-être liée à quelques difficultés d'intégration que je comprends parfaitement.


Le segment mis en évidence par mes soins n'est pas “lié à quelque difficulté” mais lié au propos du long commentaire mentionné, qui discute d'une autre interaction où il est question d'un type au prénom “genre musulman”, Jamal Khashoggi, et d'une interaction avec un contributeur “genre raciste”. Si vous allez jeter un œil à ce commentaire long il ne dénote pas vraiment une “sensibilité” ni quoi que ce soit qui puisse faire supposer quelque “difficulté d'intégration” de son auteur. Clairement, c'est la mise en relation du prénom du rédacteur et des mots “musulman” et “Arabe” qui induit une certaine lecture, celle précisément mentionnée dans ce commentaire, qui a fait supposer à un autre participant un “ressenti ou ressentiment” de“Mustapha” puisque l'objet de l'article est “genre musulman” – une histoire concernant un “Arabe”.

Je dois dire que j'ai été assez mordant un peu plus loin avec “Totobo” en lui disant:

«Mon nom d'état-civil est Jean-Marie Martin, mon pseudo local est un test: est-ce que porter un nom “genre musulman” fait de vous “un musulman probable”? La réponse est oui».

La page de commentaire en question renvoie vers l'autre, ce qui peut vous permettre de vérifier une assertion du long commentaire cité par “Totobo”:

«[le] racisme au sens strict [d'Eusebius] apparaît moins tant dans ses propos que dans son rapport avec les autres intervenants, il fait la leçon à l'intervenante “Clotilde Fougeray” en tant que “traître à sa race” et la leçon à l'intervenant “Mustapha Hemmam” en tant que “motivé par son ressenti ou son ressentiment”, donc “motivé par son appartenance raciale”».

Encore une fois je n'avais pas d'intention autre que celle dite en prenant ces pseudonymes, c'est le hasard qui a réuni les deux “originitudes” de mes deux pseudonymes. J'ai certes titillé “Eusebius”, qui apparaissait déjà assez douteux dans ses interventions, en le lançant sur la piste “arabitude”, mais il s'y est engouffré de lui-même. La suite est amusant puisqu'il a dépublié un commentaire qui revenait sur mon “arabitude” en tant qu'explicatif de mon imputation de son racisme “inconscient” après que je lui aies spécifié que s'il revenait sur cette piste il confirmerait cette imputation. Si on tend un piège en prévenant que c'est un piège, est-on responsable de la chute dans le piège? À mon avis non.

J'avais envisagé d'autres développements en commençant ce billet mais ça me semble suffire.

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