" Un fonctionnaire quelconque, un ministre, un directeur de théâtre ou de journal, peuvent être quelquefois des êtres estimables ; mais ils ne sont jamais divins. Ce sont des personnes sans personnalité, des êtres sans originalité, nés pour la fonction, c'est-à-dire pour la domesticité publique. " Ch. Baudelaire Mon coeur mis à nu
Cette domesticité sert la soupe à qui Ruy Blas souhaite le "Bon appétit messieurs !" et elle n'a rien de comparable avec l'activité de personnes comme Anna Politkovskaïa, Ján Kuciak, Ghislaine Dupont et Claude Verlon, Daphne Caruana Galizia, Roberto Saviano, Denis Robert, ... La servilité de la domesticité publique n'en fait-elle pas les fossoyeurs des seconds ? Comment s'étonner que des flagorneurs du pouvoir disqualifie la presse française? N'a-t-elle rien d'autre à proposer au débat public et à l'information des citoyens que des flatteurs ? Un journalisme à la Bouvard et Pécuchet qui enfile des perles et tresse un collier au pouvoir.
L'inertie de la médiocrité intellectuelle pose question chez les élus locaux et interroge La Croix : " Baromètre médias, les journalistes sommés de se remettre en question "Aude Carasco, le 24/01/2019 (écouter aussi : Le petit monde des journalistes politiques)
Voir les chroniques et articles à ce propos sur France Culture, Le Monde diplomatique, ACRIMED, ...
- Journalisme et citoyens : comment rétablir un lien de confiance ? par Cécile de Kervasdoué
- Un journalisme vil et veule - L'art d'interviewer Adolf Hitler - Le Monde diplomatique
- Philosophie des cons (et des connes) par Géraldine Mosna-Savoye
- « Dans les beaux quartiers » médiatiques de la classe dominante par Denis Souchon, Jérémie Fabre, vendredi 25 janvier 2019
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Une bibliographie abondante décrit l'abdication : "La Trahison des clercs", "Les nouveaux chiens de garde", "De la fumisterie intellectuelle", "Les éditocrates, Ou comment parler de presque tout en racontant presque rien", "Psychologie de la connerie", ...
Il serait injuste de limiter la critique à BFM quand France Télévision caviarde les images. Ceux qui n'apparaissent plus que les auxiliaires du pouvoir par leur complaisance à reprendre sans les discuter les éléments de langage ( "J'assume tout" alors qu'il n'assume rien) que fournit la communication du pouvoir sont une cause de leur perte de crédibilité. Une autres est que la profession ne réagisse pas plus véhémentement à cette perte de crédibilité de ne servir que de chambre d'écho à la propagande.
L'évidence veut que l'opinion se tourne vers les moyens alternatifs d'information quand le journalisme ne réagit pas plus à la perte de sa valeur ajoutée qu'imposent les éditocrates.
France Info ne s'indigne pas de l'infantilisation des Français alors qu'il titre : " "Les vraies réformes, elles vont avec les contraintes, les enfants", lance Macron lors d'un débat citoyen ". La présence de la presse révèle qu'il s'agit bien d'une mise en scène. Rien de sincère.
Aucun grand titre ne souligne le comportement vulgaire et malpoli d'un président qui refuse depuis des semaines à recevoir ses électeurs au palais de l'Elysée et qui s'impose sans être invité aux réunions citoyennes et les infantiliser par un discours paternaliste. Le fait du prince est normal pour la presse française alors que Macron fait mutiler, réprimer judiciairement par une justice en faillite à contre-emploi au mépris de l'Etat de droit et ficher par les forces de l'ordre des citoyens qui tentent d'exercer leurs libertés publiques.
- Des violences disproportionnées et illégitimes soulevant la question du grief à l'article 3 de la Convention européenne des droits de l'Homme
- Gilets jaunes: Castaner maintient la pression policière (au mépris du droit)
- À Montpellier, la police a tiré au fusil à pompe avec des munitions en plastique
- Allô, Place Beauvau (bilan de la sinistralité de la répression policière)
- Un président qui insulte la population ne soulève aucune critique. A quoi bon une liberté de la presse ?
- Un président qui ment comme un arracheur de dents ne soulève aucune critique. A quoi bon une liberté de la presse ?
- Un président qui s'associe à un pouvoir fasciste pour soutenir un coup d'Etat ...
- Etc.
Un ligne éditoriale à la Sebastiani " L'ordre règne à Varsovie " ou un "Alles ist in Ordnung " digne de la Kreuzzeitung. Cf. "Deux siècles de rhétorique réactionnaire" de Albert O. Hirschmann
Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht ont été assassines il y a cent ans parce qu'ils étaient les éditorialistes d'un journal d'opposition, Die Rote Fahne, qui dénonçait la trahison sociale démocrate alliée à l'extrême-droite pour réprimer le mouvement populaire d'émancipation qui menaçait l'ordre bourgeois (lire ég. "Cahiers 1918-1937" de Harry Kessler, "Allemagne, 1918 : une révolution trahie" et "Histoire d'un Allemand" de Sebastian Haffner, "Novembre 1918. Une révolution allemande - tome 2 Peuple trahi" Alfred Döblin).
Hormis Le Média, la critique du grand débat et l'incohérence de demander à des citoyens de se prononcer sur des questions biaisées sans disposer des informations pour y répondre ne suscite pas de réserves dans la presse alors que c'est une manipulation.
- MACRON OU L'ORGIE DES ULTRA-RICHES - MONIQUE PINÇON-CHARLOT
- MACRON : UNE FISCALITÉ AU SERVICE DES RICHES " Ce (grand) débat est orienté par les questions, c'est une mise en scène "
La restitution des réponses passe par le filtre des préfectures et dont il a déjà confié la rédaction du rapport final à son conseiller à L'Elysée Ismaël Emelien :
Isamël Emelien est responsable du départ de Chantal Jouanno en exigeant de rédiger le rapport final du débat : " À force de marteler les conditions d'indépendance et de liberté selon lesquelles la commission pouvait assumer le pilotage du grand débat, Chantal Jouanno avait fini par agacer certains proches d'Emmanuel Macron. En réalité, les relations s'étaient fortement dégradées depuis une réunion organisée à l'Élysée avant Noël, durant laquelle Ismaël Emelien, conseiller spécial du président de la République, avait exigé une maîtrise du débat, notamment sur la rédaction du rapport final. " (Le Figaro)
Des consciences refusent cette mise en scène :
Le site internet du Grand débat national
La tribune de Dimitri Courant sur les assemblées citoyennes publié dans Libération
La Lettre ouverte au président de la République : Réussir le Grand Débat National : pour un nouveau souffle démocratique (collectif)
Pour rappel :
La fraude ajoutée aux cadeaux de Macron s'élève 211 milliards par an (40 milliards du CICE (bidon), les 4 milliards d'ISF, les 17 milliards de TVA éludés et les 150 milliards de fraudes fiscales annuels).
Pour l'UE : La fraude fiscale coûte 2000 milliards d'euros par an à l'Europe (Le Monde) auxquels s'ajoutent les 147 milliards de fraude à la TVA
Dans le Monde, cette fraude représente plusieurs dizaines de milliers de milliards d'euros selon Tax Justice Network
En Europe, les multinationales devraient payer 23% d'impôt. Elles n'en paient que 15% grâce à des pratiques d'optimisation fiscale, révèle un rapport du groupe des Verts au Parlement européen. (au journal de 18 h de France culture ce soir)