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Économiste, sociologue et HEC à la retraite (maître de conférence à l’Université Dauphine et membre du Cabinet Syndex, expert-comptable spécialisé dans le conseil aux Comités d'entreprise et aux syndicats de salariés), il s’occupe, depuis une dizaine d’années, de promouvoir l’Indépendance de la Kanaky Nouvelle-Calédonie. Il s’est mis en outre à écrire autre chose que de savants traités...

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Billet de blog 27 février 2024

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Le sixième « Flop » de Darmanin, ministre de l’Intérieur, sur le « Caillou »

Très curieuse visite de la Belle-Calédonie française qui interroge donc. Qu’est-il venu encore faire dans cette galère qui prend l’eau de toute part et où la procrastination, pour 2 côtés (indépendantiste et État ; pas les loyalistes) devient un art martial ! Ou pour montrer qu’il se fiche comme d’une guigne de ce qu’il considère comme un certain mépris réitéré à son égard par l’Union calédonienne

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La procrastination (un bien vilain mot en -tion, comme tant d’autres) est la tendance à remettre au lendemain ce que l’on ne veut pas faire le jour même, à ajourner donc, à temporiser : aujourd’hui il fait sombre, mais demain il fera jour ; peut-être, car le plus souvent on procrastine une décision en étant convaincu qu’il est probable que ses conséquences négatives vont surpasser les positives.

C’est sans doute la position des indépendantistes de l’Union calédonienne (l’UC) qui ont annoncé qu’ils refusaient encore (comme d’hab’ depuis un moment) de le rencontrer et de discuter avec le ministre de l’Intérieur (et des Outre-mer) peu avant sa sixième visite. Ce dernier n’avait cependant rien à procrastiner : ça se faisait tout seul, autant sur « l’avenir institutionnel » que sur le « Pacte nickel ». Sur le premier aspect, indépendantistes et État remettent toujours au lendemain un éventuel accord ;  le gouvernement français a cependant décidé de proposer une réforme (nécessaire, car elle fut changée en 1999 après les accords de Nouméa) de la constitution concernant le seul dégel du corps électoral, mais en priant cependant le destin commun de trouver un consensus qui modifierait cette décision. Sur le second, Bruno Le Maire avait joué l’extrême urgence ; on allait voir ce qu’on allait voir, et tout devait être réglé début janvier 2024. Tu parles ; on n’a encore rien vu fin février, et l’éventuelle signature n’arriverait que fin mars !

En revanche, les loyalistes radicaux farouches partisans de la Calédonie française (Sonia Backès et Nicolas Metzdorf pour les plus communicatifs) ne procrastinent  pas, ils proposent des réformes radicales : plus de référendum d’autodétermination, plus de discriminations positives, tant au niveau économique qu’à celui des élections provinciales donnant la répartition des sièges au Congrès ; plus de restitution des terres spoliées aux Kanak ; j’en passe et des meilleurs... Ils savent pourtant qu’aucun accord (qu’ils prétendent pourtant rechercher) n’est possible avec les indépendantistes avec de telles propositions. Ni même avec l’État, plus prudent ! Parallèlement, les loyalistes centristes du parti Calédonie ensemble, avec Philippe Gomès, recommencent à tisser leur toile d’une position plus raisonnable tout en intervenant sans cesse sur les dossiers les plus brûlant, dont celui de la stratégie nickel, se rapprochant encore sur ce sujet des indépendantistes.

Darmanin en a avalé des couleuvres sur le Caillou ; il a même souvent avoué, très discrètement, qu’il était attristé, agacé par le comportement de certains indépendantistes (ceux de l’UC) qui, soit refusaient des réunions tripartites, soit, plus récemment et aujourd’hui, refusent même de le voir ; vexant, non ? Bref, qu’il commençait en avoir marre mais, courageux, continuait sa tâche. Mais pourquoi donc est-il venu en déclarant tout de go ne rien annoncer d’important ? L’article du journal Le Monde du 21 février 2024 (À Nouméa, cinq gendarmes blessés, Darmanin mis en échec politique[1]) introduit assez bien ce billet : « Officiellement, il souhaitait esquiver, cette fois, le dossier politique, qui l’a ainsi rattrapé. Le ministre a multiplié les tweets sur les autres sujets inscrits à son agenda, prison, climat, industrie. L’épisode sonne comme une alerte : les discussions politiques en cours pour redéfinir les liens du territoire avec la France demeurent plus compliquées que l’exécutif a voulu le penser récemment à Paris. Il semble avoir péché par excès de confiance, ou envie d’en finir, après dix-huit longs mois de tractations ».

Le programme déclaré de cette sixième visite est en effet d’un vide abyssal[2] : « Sur le papier, pas de séquence politique tournée vers l’avenir institutionnel. Mais les indépendantistes, par exemple, ont évoqué des rencontres bilatérales - auxquelles le Palika comptait aller, et pas l’Union calédonienne. Pour le reste, les séquences officielles concernent les contrats de développement signés entre l'État et les collectivités locales, les prisons ou encore la sécurité ». L’Express[3] précise, sans rire : « Et comme à l’accoutumée, le programme est dense. Au menu : partenariats, sécurité ou encore développement du système pénitentiaire ».

Le garde des Sceaux s’est fait, sans effets de manche, l’avocat des nouvelles prisons, la nouvelle du Nord déjà en activité et celle devant remplacer l’horrible Camp-Est[4] de Nouméa vers 2032 et un début de construction en 2028[5] ; il fallait bien l’annoncer sur place en 2024...

Quant à Marie Guévenoux, ministre déléguée aux Outre-mer depuis peu (après une flopée de prédécesseurs) une Picarde pas vraiment des (ex-)DOM-TOM, on ne l’a pas beaucoup entendue ; son CV et sa carrière politique (du syndicalisme universitaire de l’UNI - rien à voir avec l’UNI indépendantiste du Caillou : il s’agit de l’Union nationale Inter-universitaire, un syndicat franchement à droite toute) en passant par Alain Madelin, valent un petit coup d’œil[6].

La politique n’est donc pas officiellement au rendez-vous de la visite : d’autres commentateurs parlent d’un « agenda chargé [qui] les a menés à parler grands travaux, changement climatique ou encore radars mobiles ». Ou encore (on va s’arrêter là) : « Attendu ce mardi soir en Nouvelle-Calédonie, le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer effectuera un passage de deux jours qui n’est pas cette fois placé sous le signe de l’avenir institutionnel »[7]. On a beaucoup plus parlé des nouveaux radars mobiles censés limiter la vitesse qui tue sur la route que de cet avenir.

Tout ça pour ça ! Ou alors notre hypothèse ; ce qui serait de bonne guerre, mais sans grande utilité politique…

Cependant, en passant à la télé, il en a profité pour rappeler quelques points forts du macronisme[8] ; on va y revenir.

* Une nouvelle manif contre Darmanin

Pour s’opposer encore à la énième visite de Darmanin, elle a, comme on dit, tourné donc à la confrontation avec les forces de l’ordre (avec cinq gendarmes blessés mercredi midi). La droite loyaliste locale et le Haussaire en ont rajouté[9] ; les indépendantistes minimisent[10] ; mais ce genre d’incident est plutôt rare en dehors des conflits aigus : la même manif lors d’une autre visite de Darmanin s’était déroulée dans le calme, de même qu’une manifestation du même ordre à Koné deux jours plus tard. Les groupes Loyalistes et Rassemblement au Congrès évoquaient un centre-ville « mis à sac » (ce qui est faux !) et des actes de violences (certes !) qui auraient été « orchestrés » : ils ont déposé plainte contre la CCAT et demandé sa dissolution.

Le but de cette manif était de s’opposer au dégel du corps électoral calédonien pour les élections provinciales[11]. Daniel Goa, de l’UC, présent à cette manif, a précisé : « Il n’est pas question de dégeler le corps électoral. […] Si on a vécu en paix pendant quarante ans, c’est bien parce que le corps électoral était stabilisé. C’est entre Calédoniens qu’on se parle, qu’on essaie de construire quelque chose. Et ce n’est pas en les noyant dans une masse d’immigration qu’on va arriver à construire quelque chose ». Il est rare que cette considération somme toute logique soit évoquée aussi clairement par un leader indépendantiste. Et qui, évoquant la paix, évoque en creux la guerre.

* L’UC, l’Union calédonienne (indépendantiste) a déclaré qu’elle ne rencontrerait pas Darmanin ; et mit de l’huile sur le feu en le traitant de menteur

Avant la sixième visite de Darmanin, il était évident que l’UC avait été claire[12] ; et elle en rajoutait, par la bouche de Daniel Goa en faisant resurgir un vieux débat : « Le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer a déclaré devant la commission du Sénat que nous étions tous signataires d’un document datant de dix mois dans lesquels nous avalisions l’ouverture du corps électoral. Ce qui est faux ». On va y revenir…

* Quelques déclarations de Darmanin (hors agenda de la visite) à la télé, d’abord sur l’avenir institutionnel…

Heureusement, quelques questions de fond ont été abordées dans l’interview[13] qui a clos, pour Darmanin, sa visite, avant de partir pour l’Australie parler de choses sérieuses (l’axe IndoPacifique).

Bien sûr, ses premières paroles furent pour « condamner avec la première force les violences faites aux gendarmes, et je suis très étonné que ce ne soit pas unanime dans la société calédonienne ». Le ministre de l’Intérieur « confirme le calendrier parlementaire. Il y aura une discussion au Sénat, le 27 mars, qui j’espère adoptera à la fois le report de l’élection provinciale au mois de décembre mais aussi le fait que désormais il faudra dix ans de résidence en Calédonie pour pouvoir voter aux élections provinciales ». Ensuite, « le 13 mai, ce sera le débat à l’Assemblée nationale et avant l’été, avant les Jeux Olympiques, il y aura une réforme constitutionnelle ». Il ajouta : « Si entre-temps il y avait un accord […], nous nous arrêterions pour pouvoir transférer cet accord local dans la discussion nationale. […] À la fois, ma main est tendue mais le calendrier est annoncé depuis trois ans »[14].

À la question d’un journaliste au sujet de la radicalisation générale sur le Caillou, il en profite pour rendre hommage aux loyalistes (les loyalistes radicaux) qui « tendent la main »[15].

* … Puis sur le retard de la signature du Pacte nickel

Cette signature était, d’après Bruno Lemaire, son auteur, extrêmement urgente : elle était annoncée pour début janvier 2024 pour sauver la filière en général et les usines en particulier. Darmanin se contente, lors de son interview, d’évoquer un accord très récent avec le président du gouvernement calédonien, Louis Mapou : « J’ai compris que le président Mapou, que j’ai rencontré hier, avait souhaité voir de nouveau Bruno Le Maire […] et a demandé de reporter de quelques jours ce moment »[16]. Ces quelques jours semblent nous amener fin mars… Tu procrastine, je procrastine... Pas plus d’explication au sujet de ce retard, malgré de longs développements (pas toujours langue de bois[17]) sur cette question ; il élude cependant astucieusement la question posée par la journaliste de Calédonie la Première demandant pourquoi l’État avait demandé à Glencore (l’actionnaire à 49 % de l’usine du Nord de KNS) des contreparties (qu’il mette la main à la poche) à son éventuel sauvetage alors que ce n’est pas le cas avec Eramet, la maison mère de la SLN. 

On passe sur les interventions du garde des Sceaux[18].

* Menteur ou pas menteur, Darmanin ?

Bien sûr, le journaliste de la télé Caledonia (plus proche des indépendantistes que des loyalistes) a posé la question de savoir si, oui ou non, les représentants de l’UC avaient signé une lettre acceptant le dégel du corps électoral et le délai de dix ans de résidence. « Vous dites que je suis un menteur, Monsieur ? » a réagi vivement Darmanin qui maintient sa version. Le journaliste, gêné, a bafouillé : il aurait pu répondre : « Ce n’est pas une accusation, c’est simplement une question ».

Faux procès de part et d’autre et vieille histoire : les indépendantistes (dont Rock Wamytan), le président du Congrès du Caillou, ont en effet signé, non pas qu’ils acceptaient le passage à 10 ans de résidence pour voter, mais simplement la possibilité d’en discuter. Vieille histoire que Darmanin ne semble pas connaître pour avoir réagi aussi vivement : Rock Wamytan s’est expliqué de nombreuses fois sur ce sujet, en particulier, titillé par Élizabeth Nouar, la patronne de la radio (plutôt antiindépendantiste) RRB.

La principale explication est celle du 6 juin 2023[19] ; Wamytan tourne autour du pot : il a bien signé quelque chose, mais seulement la possibilité d’en discuter, c’est tout ! Mais ça reste peu clair… le couvert fut remis le 8 décembre 2023[20] ; toujours pas très clair, le président du Congrès, mais il insista sur le danger d’un remplacement des Kanak par des Métros, sans rappeler la fameuse lettre de Pierre Mesmer[21] de 1872 qui vaut son pesant de Blanc[22].

Et il y en a plein d’autres du même acabit. Bref, Darmanin n’est pas vraiment un menteur, Goa a peut-être mal compris ; mais le premier a peut-être arrangé l’histoire.

Enfin, les loyalistes radicaux continuent, eux, de ne pas procrastiner. Darmanin à peine envolé, ils ont tiré plus vite que leur ombre ; et ainsi plus vite que Darmanin ! « État d’urgence économique et social »[23], pas moins : pour que le Pacte nickel soit signé le plus vite possible ; que l’économie soit gérée de façon libérale avec leurs propositions économiques et politiques : pour redonner du pouvoir d’achat aux salariés (réduction des cotisations sociales ; fini la réforme du RUAAM ?) ; baisse des impôts sur les classes moyennes ; et autre etc. Du grand classique.

...

En conclusion de ce court  billet, certes encore très acerbe, je reste dubitatif sur le véritable caractère de cette sixième visite. Mon hypothèse (il est vrai peu étayée…) n’a pas été reprise par les nombreux journalistes et commentateurs. Sa septième visite sera : soit un « septième flop » ; soit (on peut rêver !) une belle sortie de crise si l’équipe de Macron se rend compte que la seule solution (déjà évoquée par Edgar Pisani en 1985, au début de la quasi-guerre civile) est l’acceptation d’une indépendance-association (pardon : d’une pleine souveraineté avec partenariat privilégié avec la France.

On peut donc rêver ; je renvoie à deux autres billets, le premier du 26 janvier 2024 (vieille marotte) émettant une autre hypothèse : Philippe Gomès, le patron du parti Calédonie ensemble, encore de plus en plus la cible des loyalistes radicaux de la Calédonie française, passant le Rubicon en se déclarant pour une indépendance association [24] ; et surtout le second (qui l’a précédé le 25 janvier) encore plus rêveur, reprenant de façon plus poétique le premier billet, mais surtout sa seconde partie qui se réfère au changement de pied du Général de Gaulle pour régler la question de la Guerre d’indépendance algérienne (dite « Événements d’Algérie »). Et avec un grand culot (le mien, pas celui de de Gaulle...) car renvoyant au rêve de Martin Luther King [25]. 

Notes

[1] https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/02/21/a-noumea-cinq-gendarmes-blesses-darmanin-mis-en-echec-politique_6217773_823448.html

[2] Sur La première francetvinfo, Visite ministérielle : ce qu’on sait du programme de Gérald Darmanin et Marie Guévenoux en Nouvelle-Calédonie ; EDM en est oublié, cependant pas dans le sous-titre : « … et le Garde des sceaux, Éric Dupond-Moretti. Agenda détaillé ». Voir :

Visite ministérielle : ce qu’on sait du programme de Gérald Darmanin et Marie Guévenoux en Nouvelle-Calédonie - Nouvelle-Calédonie la 1ère (francetvinfo.fr)

L’article détaille le programme… Comme souvent, ce billet est acerbe et met les points sur quelques i rarement évoqués par les commentateurs : on ne se refait pas…

[3] https://www.lexpress.fr/politique/nouvelle-caledonie-les-enjeux-dune-triple-visite-ministerielle-3KBGTFNB2NELFFBKS6VOVK3ZPU/

Cependant, un peu plus loin, est écrit : « La crise du nickel au centre des préoccupations ». En revanche, encore plus loin : « Gérald Darmanin a rappelé qu’il souhaitait faire du réchauffement climatique “la question principale du travail” avec les collectivités locales, en particulier en Nouvelle-Calédonie ».

[4] Il n’a pas répété, comme Philippe Gomès, ce que feu le leader indépendantiste Nidoïsh Naisseline indiqua avec humour : que c’était le seul endroit où les Kanak était « au centre du dispositif ».

[5] Heureusement, les travaux de rénovation du Camp-Est devraient se poursuivre…

[6] Voir son évolution, de la droite très radicale à Macron :

Marie Guévenoux — Wikipédia (wikipedia.org)

Son ancien amour de jeunesse (l’UNI, pas Alain Madelin que l’on ne présente plus) vaut également un petit coup d’œil :

UNI - Par l'éducation, pour la nation

[7] Voir encore :

Visite ministérielle : ce qu’on sait du programme de Gérald Darmanin et Marie Guévenoux en Nouvelle-Calédonie - Nouvelle-Calédonie la 1ère (francetvinfo.fr) op. cit.

[8] Déjà visé par d’autres de mes billets que le lecteur pourra trouver facilement en surfant sur la Toile : il suffit (pub !) de taper Patrick Castex et le blog de Médiapart apparaît…

[9] Voir :

Nouvelle-Calédonie : cinq gendarmes « blessés » dans des heurts en marge de la visite de Gérald Darmanin (msn.com)

Et :

https://la1ere.francetvinfo.fr/nouvellecaledonie/province-sud/noumea/visite-ministerielle-la-manifestation-des-militants-independantistes-tourne-a-la-confrontation-avec-les-forces-de-l-ordre-1466676.html

Voir et entendre en particulier la déclaration de Daniel Goa, de l’Union Calédonienne (l’UC).

[10] Visite ministérielle : les organisateurs de la manifestation qui a tourné à la violence donnent leur version - Nouvelle-Calédonie la 1ère (francetvinfo.fr)

La CCAT (la Cellule de coordination des actions de terrain, regroupement de divers militants politiques et syndicaux : l’Union calédonienne, le Parti travailliste, le Mouvement des Océaniens indépendantistes ou encore l’USTKE…) dit « regretter ces affrontements » et affirme être tombée dans un traquenard.

[11] Ses organisateurs demandent donc le retrait du projet de loi constitutionnelle présenté par Gérald Darmanin en Conseil des ministres le 29 janvier, visant à ouvrir le corps électoral pour les élections locales, actuellement restreint aux natifs et aux résidents présents avant 1998 en Nouvelle-Calédonie.

[12] A Houaïlou, le comité directeur de l’Union calédonienne donne le cap des prochains mois - Nouvelle-Calédonie la 1ère (francetvinfo.fr)

[13] VIDEO. Visite ministérielle : que retenir de l'entretien avec Gérald Darmanin et Eric Dupond-Moretti ? - Nouvelle-Calédonie la 1ère (francetvinfo.fr)

Trois journalistes, dont au centre l’irremplaçable Élisabeth Nouar de RRB.

[14] Darmanin en profite pour enfoncer le clou avec quelques piques discrètes : « J’ai toujours dit que si jamais il y avait un accord local, et qu’on était à quelques mètres de [le] terminer, nous étudierions la possibilité de reporter le débat constitutionnel et organique, […] Mais pour l’instant, je vois des gens qui ne viennent pas aux réunions, qui ne prennent pas leurs responsabilités. Un dégel du corps électoral de dix ans (…), ça parait tout à fait raisonnable et ceux qui sont contre ça sont en fait contre la démocratie ». Et d’ajouter : « Nous sommes dans un moment qui devrait pousser les partis indépendantistes à discuter. S’ils ne discutent pas, ils ne mettront pas en place les modalités de l’autodétermination qui est prévue dans la Constitution. Ils laisseront juste la question du dégel du corps électoral ».

[15] « Ce n’est pas vrai que tous les partis se radicalisent. J’ai vu Nicolas Metzdorf et Sonia Backès tendre la main ». Il fait référence à la rencontre entre loyalistes (sans Calédonie ensemble qu’il n’évoque pas dans ses réponses) et indépendantistes à Bourail. Il salue aussi la démarche de l’UNI-Palika et des représentants de la communauté wallisienne et futunienne (il s’agit probablement de l’Éveil océanien) finissant par : « Même l’Union calédonienne, dont je sais que beaucoup souhaitent trouver un accord avec l’État est en bonne voie ». Il regrette cependant à nouveau qu’elle « n’est pas venue discuter »

[16] Tout le monde n’est pas d’accord avec ce recul (encore un fois) de Darmanin, dont Sonia Backès, la cheftaine incontestée des loyalistes radicaux (pour combien de temps ?) après sa déroute non attendue aux élections sénatoriales de fin septembre 2023 qu’elle évoque aussi dans cet interview par Élisabeth Nouar de RRB du 23 février 2024, L’État tient sa parole se satisfait Sonia Backès ; quoique…

Voir :

L'Etat tient sa parole se satisfait Sonia Backès (youtube.com)

Sonia Backès regrette à demi-mot cet accord de Darmanin avec Mapou (ce n’est qu’un détail de son interview, mais le diable y est caché…) ; elle n’est en outre pas d’accord avec la position de l’État qui limite la réforme constitutionnelle au seul dégel du corps électoral : elle propose encore une fois la fin de la discrimination positive des élections provinciales (l’État ne va pas jusque-là) qui donne au Congrès une majorité indépendantiste (en fait une majorité grâce à l’Éveil océanien). Elle réitère toujours et encore son désaccord profond avec Calédonie ensemble : selon elle, Calédonie ensemble n’est plus un parti loyaliste, mais nationaliste ! Le fameux nationalisme calédonien !

Voir aussi notre billet du 7 novembre 2023 où elle se lâchait :

https://blogs.mediapart.fr/patrick-castex/blog/071123/provocation-ou-toujours-le-mot-pour-rire-ces-loyalistes-caledoniens-radicaux

Bien sûr, le résultat du référendum du 12 décembre 2021 est parfaitement légitime (c’est, on la sait, la position de Macron et de tout son gouvernement ; ce n'est pas celle de beaucoup d’analystes, certes indépendantistes, ni la nôtre...). Son programme économique (ce n’est pas une surprise) est celui d’une économie de l’offre qui consiste à faire baisser le coût du travail (par exemple en rabotant les cotisations sociales et en les remplaçant par des impôts, exactement dans l’optique du refus de la réforme du  RUAAM proposée par l’Éveil océanien et la plupart des syndicats de salariés à laquelle s’opposent les loyalistes radicaux. Économie de l’offre mâtinée d’économie de la demande, car les gains de pouvoir d’achat des salariés qui bénéficieraient de hausses des salaire nets, relanceraient l’économie : de l’éclectisme opportuniste des économistes des loyalistes radicaux

Voir encore notre billet :

https://blogs.mediapart.fr/patrick-castex/blog/191023/les-independantistes-caledoniens-sont-ils-bernes-par-un-conseiller-du-gouvernement

[17] Il rappelle que l’État n’est pas compétent en matière d’économie (compétence transférée à la Nouvelle-Calédonie) mais y revient après les développements d’EDM sur la justice en réaffirmant que la doctrine nickel doit être revue et que les exportations de minerai doivent être développées.

Voir, pour les lecteurs qui les auraient manqués, mes trois billets, en commençant par le premier :

https://blogs.mediapart.fr/patrick-castex/blog/010224/le-ministre-des-finances-en-caledonie-contre-la-doctrine-nickel-pipeau-these

[18]  Sans effet de manches mais avec quelques effets de mains, il répond (pas trop dans son assiette, se tournant souvent vers Darmanin) aux questions, sans éluder celle du droit coutumier des Kanak qui ne jouent pour le moment que le rôle d’assesseurs et non celui de vrais juges.

[19] L'INVITE DU MATIN : ROCH WAMYTAN | Radio Rythme Bleu (rrb.nc)

[20] TRANSPARENCE : ROCH WAMYTAN | Radio Rythme Bleu (rrb.nc)

[21] Premier ministre, Lettre adressée à Xavier Deniau, secrétaire d’État chargé des DOM-TOM. Le raisonnement est savoureux : « La Nouvelle-Calédonie, colonie de peuplement, bien que vouée à la bigarrure multiraciale, est probablement le dernier territoire tropical non indépendant au monde où un pays développé puisse faire émigrer ses ressortissants [...] La présence française ne peut être menacée que par une revendication nationaliste de populations autochtones [...] À long terme, la revendication nationaliste autochtone ne sera évitée que si les communautés non originaires du Pacifique représentent une masse démographique majoritaire [… avec] immigration systématique de femmes et d’enfants ».

[22] Roger Laroque, maire de Nouméa à l’époque, était plus direct : il fallait « faire du Blanc ».

[23] Voir :

https://www.lefigaro.fr/flash-eco/la-nouvelle-caledonie-doit-etre-declaree-en-etat-d-urgence-economique-reclament-des-elus-20240226

[24] Voir :

https://blogs.mediapart.fr/patrick-castex/blog/260124/une-strategie-pour-l-independance-de-la-nouvelle-caledonie-franchir-le-rubicon

[25] Voir, enfin :

https://blogs.mediapart.fr/patrick-castex/blog/250124/il-avait-fait-un-reve-j-en-ai-fait-deux-songes-de-l-independance-de-la-caledonie

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