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Billet de blog 27 juin 2017

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Le «travail social» rate le perchoir

Brigitte Bourguignon, qui était candidate au poste de présidente de l'Assemblée Nationale, a raté l'élection. Elle pourrait revenir au premier plan dans deux ans et demi, puisque François de Rugy devra laisser la place. Elle a travaillé dans le secteur social puis, députée PS, elle a élaboré un rapport important sur le devenir du travail social. Plongée dans sa conception du Social.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

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Sa biographie se contente d'indiquer qu'elle fut "fonctionnaire territoriale de catégorie B" et qu'elle exerça des fonctions au Centre communal d'action sociale de Boulogne-sur-Mer (insertion, RMI), puis au Conseil départemental du Pas-de-Calais. Elle a fondé en 2002 une association, Les Paniers de la mer, permettant à des personnes en insertion de récupérer le poisson à la criée de Boulogne afin que, au lieu d'être jeté pour le maintien des cours, il soit récupéré et remis à la Banque alimentaire. C'est d'ailleurs d'aide alimentaire dont elle s'occupait au Département.

Militante au PS, proche un temps de Martine Aubry, elle est secrétaire national du sport, adjointe au maire de Boulogne-sur-Mer, puis conseillère municipale de Marquise. Elle est élue députée du Pas-de-Calais en 2012 sous étiquette PS, et, s'étant ralliée in extremis au mouvement En Marche, en mai dernier, élue députée LREM au deuxième tour avec 60 % des voix face à une candidate FN. Le PS ne lui avait opposé aucun candidat, tout en l'excluant du parti.

Elle occupe actuellement, depuis peu, la fonction de présidente du Haut Conseil du Travail Social (HCTS), réformé récemment suite à un rapport dont elle est elle-même l'auteur. Auparavant, en 2015, elle s'était fait connaître dans le monde du travail social par un rapport que lui avait commandé le premier ministre Manuel Valls et qui est intitulé Reconnaître et valoriser le travail social. Elle était en service commandé car ça chauffait dans le landerneau du Social.

Illustration 2
Remise du rapport à la ministre de la santé et au premier ministre, juillet 2015.

Récapitulons :

Après l'arrivée de François Hollande au pouvoir, en décembre 2012, se tint à Paris une Conférence nationale de lutte contre la pauvreté et pour l'inclusion sociale (pour ne pas dire "contre l'exclusion sociale"), qui regroupait de nombreuses personnalités et chercheurs travaillant sur ces questions. En janvier 2013, le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, décidait d'un Plan pluriannuel de lutte contre la pauvreté et pour l'inclusion sociale (qui prévoyait, entre autres, une augmentation bien modeste du RSA de 10 % sur la durée du quinquennat, hors inflation, en deçà du retard pris par rapport au Smic par cette allocation depuis la création du RMI). Mais une autre décision découlait de ce Plan : l'organisation d'Assises, devenues États Généraux, du Travail Social, sans qu'il soit dit clairement pourquoi le travail social était ainsi rattaché à un plan de lutte contre la pauvreté. Malgré un démarrage retardé, ces EGTS eurent lieu au cours de l'année 2014. Dans bien des régions ils n'impliquèrent que des cadres ou formateurs, très peu de professionnels de terrain (beaucoup ayant totalement ignoré que l'on causait de leur sort dans des instances officielles où ils étaient censés être représentés).

Illustration 3
Manifestation de travailleurs sociaux à Paris, devant le ministère, contre le projet de la CPC

Avant même que les résultats de ces États Généraux soient agrégés au niveau national, la commission professionnelle du travail social et de l'intervention sociale, dite CPC, décidait de ramener les 14 diplômes du travail social à un seul par niveau soit 5 diplômes. Ce qui signifiait, à terme, pour le niveau III un seul diplôme avec option, nouveau, et la suppression de l'assistant social, de l'éducateur spécialisé, de l'éducateur de jeunes enfant, de la conseillère en économie sociale et familiale, et de l'éducateur technique. Comme il fallait s'y attendre, ce fut un tollé. Ce qui était à craindre s'était produit : une technocratie, qui le souhaitait bien avant les États Généraux, avait concocté une réforme de simplification, alors même que les professionnels éducatifs et sociaux de terrain sont confrontés davantage à des organisations institutionnelles défectueuses qu'à une incompréhension face aux diversités professionnelles.

Dispositifs en "tuyaux d'orgues"

Illustration 4

Brigitte Bourguignon était donc chargée de calmer le jeu. Son rapport de 85 pages admettait que la complexité des problématiques sociales et l'évolution des politiques sociales nécessitaient des réformes : alors que les "complémentarités et transversalités" sont désormais requises, tout est organisé de façon verticale, en "silo", en "tuyaux d'orgues", les dispositifs d'aide sont "empilés". Elle cherchait à ménager la CPC, reconnaissant que cette dernière avait tenu compte des EGTS (ce qui n'est pas certain), mais se prononçait contre la suppression des diplômes existants. Pour exercer sa mission de concertation, elle procéda à 200 auditions, organisa des tables rondes et mena des entretiens avec des étudiants, formateurs et chercheurs. En somme, de nouvelles assises.

Je ne veux pas ici développer ce que le rapport dit des formations en elles-mêmes et de leur organisation, car ce serait trop long et trop spécialisé. Mais il me semble qu'il est intéressant de savoir ce qu'une élue, qui va certainement occuper un rôle désormais plus visible après cette candidature au perchoir, révèle de sa conception de l'action sociale. D'autant plus que les professionnels concernés pourront lui rappeler, lors de la fabrication de la loi, ce qu'elle écrivait en 2015. Évidemment, je ne suis pas dupe du fait qu'un tel rapport est rédigé en partie par des collaborateurs spécialisés, des conseillers fournis par l'Assemblée, qui peuvent être "en même temps" (comme dirait Emmanuel Macron) pertinents et technocratiques. Belles idées déconnectées du terrain. Quitte à prétendre (on connaît ça) que ce sont eux qui sont en phase avec les réalités sociales et non pas les professionnels "corporatistes", "le nez collé contre la vitre". Mais Mme Bourguignon a signé le rapport, ce qui signifie qu'elle le valide sans réserves.

Elle fait tout d'abord un état des lieux des problématiques sociales qu'on ne lui contestera pas : "Nouvelles formes de pauvreté et d’exclusion sociale concomitantes aux problèmes du chômage de masse et à la montée des précarités, mais aussi ségrégation territoriale, individualisation des modes de vie, émergence et cristallisation de la thématique "ethnique", transformation de la famille, vieillissement de la population, effritement du lien social, complexification des niveaux de pouvoir, etc. Ce sont autant d’évolutions qui font désormais de l’intervention en faveur de la cohésion sociale et du "vivre ensemble" un enjeu stratégique pour les politiques publiques."

Rôle essentiel des travailleurs sociaux

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Elle reconnaît ensuite que les travailleurs sociaux ont un "rôle essentiel d'amortisseur face à la dureté de la crise" et participent à la construction "de liens sociaux, de l'insertion et de l'autonomie des personnes".

Elle regrette que ce monde soit peu connu alors même qu'il traite de questions qui font la Une. Il serait souhaitable qu'il soit mieux identifié et qu'il communique ses résultats. Il faudrait rendre visibles les actions, les initiatives, les réussites et les "pratiques inspirantes". Et elle propose, pour cela, un "fonds d'innovation et d'expérimentation sociale".

Étrangement pour une élue qui dans une certaine mesure représente le système, elle égrène des arguments puisés chez ceux (sociologues, syndicats) qui le contestent, ou en tout cas, émettent de fortes réserves. Comme lorsqu'elle se démarque de la logique de guichet, des approches spécialisées, alors qu'elle défend, elle, une "approche globale" (chère aux assistantes sociales, formées dans cette perspective).

Si les travailleurs sociaux ressentent "une perte de sens", c'est essentiellement, dit-elle, parce que l'action publique réclame des résultats rapides : les règles comptables poussent à une "bureaucratisation du travail social". Et elle le déplore.

Elle ne remet pas en cause les "dispositifs" (c'est-à-dire la législation et les procédures d'aides spécifiques : RSA, aides au logement, aux jeunes…), car c'est un progrès social par rapport à l'époque antérieure où il n'y avait rien. Mais elle interroge "la place à laquelle ont été mis les travailleurs sociaux dans ces dispositifs et les pratiques gestionnaires qui les ont accompagnés". Le morcellement des dispositifs, s'alignant l'un à côté de l'autre, aurait morcelé les travailleurs sociaux et, du coup, les publics eux-mêmes.

Fracture sociale

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Pour y remédier, tout ne doit pas reposer sur ces professionnels. L'action sociale est compartimentée, il faut que les pouvoirs publics formalisent les modalités de "coopération territoriale" permettant la collaboration entre services. Par ailleurs, gros débat dans le travail social : faut-il privilégier l'aide individualisée ou plutôt l'action collective ? Elle tranche avec l'idée (en général une évidence dans le secteur) qu'il ne faut pas les opposer et qu'il faut pratiquer les deux. Avec une préférence tout de même pour le collectif : en effet, le travail social a été progressivement associé à l'exécution de mesures administratives et "de moins en moins à la créativité, à l'innovation et même à l'accompagnement". Un traitement plus collectif des problèmes sociaux est justifié par le fait que "la fracture sociale est bien plus liée à l'effritement du corps social plutôt qu'à l'accident de parcours de certains" (phrase capitale qui aurait mérité développement).

Par ailleurs, elle se prononce pour un travail social qui ne soit pas que dans la "réparation", mais aussi dans le préventif (1). Tarte à la crème : cela fait plusieurs décennies que ce genre de souhait est proféré. Il ne s'agirait plus seulement d'exercer des missions de protection et d'insertion mais aussi de "favoriser le vivre ensemble en intervenant sur les liens sociaux". Superbe. C'est tout de même ce que tentent de faire tant de professionnels sur le terrain, bien souvent dans un cadre institutionnel qui ne leur laissent pas les coudées franches. Mme Bourguignon ne peut pas ignorer que tous ces beaux concepts (action collective et prévention, action territoriale et transversalité) sont prônés par tant de responsables qui, soit n'ont pas les moyens de les mettre en œuvre, soit n'y tiennent pas et ne font rien pour y parvenir (2). Car ils ne sont pas prêts à admettre que les professionnels éducatifs, sociaux et médico-sociaux disposent d'une certaine autonomie d'équipes pour être créatifs, inventifs et efficaces. C'est pourquoi l'approche de développement social local (DSL) met tant de temps à prendre corps (aussi, je l'admets, parce que cette approche est dérangeante pour beaucoup de travailleurs sociaux, peu à l'aise face à l'implication que le DSL exige).

Illustration 7
Couverture du dernier n° de la revue "Lien social"

Elle évoque les "injonctions paradoxales" qui perturbent les travailleurs sociaux. On leur demande de réduire la précarité, alors qu'ils ont tout juste les moyens de la contenir.  Ils ne peuvent agir sur les causes (emploi, logement), et "les tensions internes traditionnelles (contrôle social et émancipation, gestion de dispositifs et innovation sociale, assistance et autonomie, intervention sectorielle et approche territoriale, l’individuel et le collectif…) propres au secteur du travail social sont devenues dorénavant des injonctions paradoxales aiguës, conduisant à un relatif sentiment d’impuissance".

"Déficit de légitimité"

Au risque de faire de la prétérition à la façon Macron (je dis, je dis pas), elle invoque ce que la société pense du travail social : il ne ferait plus l'unanimité, il serait "confronté à un déficit de légitimité, on interroge la pertinence de l'action conduite, son efficience, son impact et les résultats que la société en attend". Mais c'est rapidement pour rebondir et dire que les travailleurs sociaux s'adaptent sans cesse sur le terrain, qu'avec tout ce qu'ils ont à gérer (entre critères officiels et demandes des personnes accompagnées), ils savent rendre ce "bricolage" efficace. Ils attendent que l'on reconnaisse leurs identité et capacité professionnelles.

Si elle leur reproche de ne pas savoir "se définir positivement" (elle se fonde sur les auditions), elle se contredit en admettant tout de même que ceux qu'elle a rencontrés expriment de façon convergente que leurs finalités consistent à " favoriser l’autonomie des personnes et des groupes, faciliter l’accès au droit, contribuer à mobiliser les ressources, engager une posture dynamique de développement des liens sociaux, intervenir quand les difficultés des individus surviennent mais aussi les prévenir pour ne pas avoir seulement à les réparer." C'est déjà pas mal comme définition autoproclamée ! J'ajoute qu'il y a une tendance dans le secteur (à laquelle je succombe moi-même) de voir trop le travail social dans sa seule approche de la précarité sociale, alors que le champ est bien plus vaste et les secteurs bien plus diversifiés (travail, santé, handicap, personnes âgées, protection de l'enfance, etc…). Le rapport de Mme Bourguignon n'échappe pas à ce travers.

Elle propose de "procéder à une évaluation globale des politiques sociales afin d'en mesurer l'efficience et l'impact sur le travail social" : c'est pas une mauvaise idée, comme celle qui consiste à "concevoir une inter-ministérialité des questions sociales" (en effet, le Social est presque partout : pas seulement action sociale, mais santé, emploi, justice, logement, environnement, ville). Il faudrait mieux coordonner tout ça.

Un message politique fort

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Élue le 18 juin, elle déclare vouloir conserver ses liens de proximité et respecter ses "valeurs" [Capture d'écran, vidéo de "L'Indépendant"]

Enfin, l'auteur du rapport interpelle le politique : il est de toute première urgence d'adresser aux travailleurs sociaux "un message politique" qui fera date (comme ce fut le cas en 1982 avec Nicole Questiaux, rien n'ayant été fait de comparable depuis). Je partage évidemment le même souhait exprimé dans des écrits ici même, sur ce blog, au moment de l'arrivée au pouvoir de François Hollande : Refonder l'action sociale : pour une mobilisation générale ! Il ne s'est rien passé.

Aujourd'hui, je n'ai pas trop d'illusions, même pas du tout. Mais je crois qu'il importe que les acteurs sociaux se saisissent des textes existants (parfois des lois et des valeurs républicaines qu'elles affirment) mais aussi de ce type de rapport, surtout si ceux qui en sont les auteurs occupent des places déterminantes. Les prendre au mot. Même si afficher des valeurs ne suffit pas : ce rapport, évidemment, ne dit rien du contexte dans lequel s'inscrit le travail social, à savoir une économie libérale fauteuse de troubles, d'injustices, d'inégalités, de précarité et de misère sociales. Il se veut relativement "neutre", préférant axer les solutions sur une réforme des contenus de formation, que d'aller titiller les causes profondes des inadaptations sociales, des souffrances sociales et de la pauvreté. Brigitte Bourguignon, qui s'est présentée comme "fille du peuple", qui s'est "forgée toute seule", a dit lors de son élection comme députée le 18 juin à Boulogne-sur-Mer qu'elle espérait pouvoir toujours respecter ses "valeurs". Avec le programme social de la majorité présidentielle ?

Illustration 9
Interviewée hier soir, lundi 26 juin, par France 2, Brigitte Bourguignon, simple députée, déclare être en désaccord avec le projet de François Ruffin de ne se verser qu'un Smic : ce serait favoriser l'élection de ceux qui ont d'autres ressources [capture d'écran France 2]
Illustration 10
Après l'élection du président de Rugy, Brigitte Bourguignon, le 27 juin après-midi, déclare à LCP sa déception "pour les femmes", constatant par ailleurs que tous les groupes parlementaires sont présidés par des "messieurs".

 . Un Plan d'action en faveur du travail social et du développement social, présenté comme une suite des EGTS, et prenant en compte certaines des 23 préconisations du rapport Bourguignon, a été rendu public, après validation en conseil des ministres, le 21 octobre 2015. Il propose 4 axes : faire participer les personnes et mieux les accompagner ; promouvoir le développement social pour simplifier les politiques publiques et les organisations ; mieux reconnaître le travail social et moderniser l'appareil de formation ; rénover la gouvernance du travail social. J'attends les effets de cette gouvernance, en particulier, comme cela est prévu, sur les territoires. Ce Plan est passé relativement inaperçu, et n'a pas eu l'impact escompté qui aurait dû être un message politique fort.

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(1) Idée que défend aussi Benjamin Griveaux dans Salauds de pauvres. Voir mon récent billet : ici.

(2) En 2012, des directeurs généraux des services (les grands patrons des conseils généraux) avaient publié un texte un peu dans la même veine L'action sociale : boulet financier ou renouveau de la solidarité. Ils étaient sans doute sincères mais ne se rendaient pas compte qu'à leur poste ils n'organisent rien qui favorise réellement une approche plus collective de l'action sociale. Sans parler que la législation sociale, elle-même, ne se prête pas vraiment aux approches collectives.

La formation :

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Manifestation d'étudiants en travail social pendant les Etats Généraux du Travail Social en Midi-Pyrénées, en 2014 [Ph. YF]

Je n'ai pas développé, comme indiqué plus haut, la question de la formation. Le rapport critique la formation, développant des lieux communs qui ont la vie dure. Mme Bourguignon nous dit que les employeurs se plaignent de formations qui ne seraient pas adaptées. Cela fait bien longtemps qu'ils expriment ce genre de récriminations, sans amener grand-chose pour étayer leurs attentes. Je résumerai mon propos de la manière suivante : la révision des formations est moins nécessaire qu'une révision de l'organisation du Social dans ce pays. La remise en cause de façon cyclique des formations est un moyen pour ne pas mettre le projecteur là où il le faudrait. Déjà dans les années 2000, toutes les formations sociales ont été revues, et actuellement, avec la reconnaissance des diplômes de niveau III à bac + 3 (au lieu de bac +2) entraîne une nouvelle refonte de ces formations. Et ce, hors rapport Bourguignon qui a conclu, pour les métiers de niveau III, à un socle commun de 30 % de la durée des enseignements (là où la CPC réclamait 50 %). Ce qui nécessitera d'élaborer ce socle commun et donc de triturer encore les contenus de formation.

Bac + 3 :

Illustration 12

La reconnaissance à bac + 3 n'est acquise que pour les diplômés de 2021 (qui entreront donc en formation en 2018). Cette décision inattendue est mal vécue par ceux qui sont actuellement diplômés, qui, s'ils pourront accéder tout de même au cadre A dans la fonction publique, resteront avec un diplôme d'État bac +2. Or je note que dans son rapport, Mme Bourguignon souhaite que soit accordée la "délivrance du grade licence aux diplômes actuellement de niveau III". Y compris à ceux qui ont déjà le diplôme ?

. Reconnaître et valoriser le travail social, 85 pages. Mission de concertation relative aux États Généraux du Travail Social, rapport de Madame Brigitte Bourguignon, députée du Pas-de-Calais à Monsieur Manuel Valls, Premier Ministre, juillet 2015.

Pour en savoir plus :

. Orientations principales sur le travail social, par Nicole Questiaux. Circulaire du 28 mai 1982, restée sans suite car la ministre de la Solidarité fut rapidement écartée par François Mitterrand, politique de la rigueur oblige.

. Penser l'assistance. Rapport de l'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale, mai 2013. Pour mieux combattre les discours sur l'assistanat.

. Le travail social, dans quel état ? YF

. Conférence nationale (2102) et Plan (2013) contre la pauvreté (sur ce blog) :

- Contribution à la Conférence nationale de lutte contre la pauvreté

- Conférence nationale contre la pauvreté : entre regrets et espoir

- Lutte contre la pauvreté et refondation du travail social : pour une mobilisation de TOUS les acteurs 

Définitions du travail social :

. Brigitte Bourguignon propose cette définition qui ferait consensus :

 "Une pratique professionnelle et une discipline. Il promeut le changement et le développement social, la cohésion sociale, le pouvoir d’agir et la libération des personnes. Les principes de justice sociale, de droit de la personne, de responsabilité sociale collective et de respect des diversités, sont au cœur du travail social. Étayé par les théories du travail social, des sciences sociales, des sciences humaines et des connaissances autochtones, le travail social encourage les personnes et les structures à relever les défis de la vie et agit pour améliorer le bien-être de tous." Texte de l'assemblée générale de l'International Association of Schools of Social Work, le 10 Juillet 2014 à Melbourne.

. Un décret datant du 6 mai 2017 définit pour la première fois le travail social de la manière suivante (art. D142-1-1 du Code de l'action sociale et des familles) :

"Le travail social vise à permettre l'accès des personnes à l'ensemble des droits fondamentaux, à faciliter leur inclusion sociale et à exercer une pleine citoyenneté. Dans un but d'émancipation, d'accès à l'autonomie, de protection et de participation des personnes, le travail social contribue à promouvoir, par des approches individuelles et collectives, le changement social, le développement social et la cohésion de la société. Il participe au développement des capacités des personnes à agir pour elles-mêmes et dans leur environnement. (…) Le travail social s'exerce dans le cadre des principes de solidarité, de justice sociale et prend en considération la diversité des personnes bénéficiant d'un accompagnement social." (texte intégral : ici)

Illustration 13

Pendant les débats à l'Assemblée Nationale sur le mariage pour tous, Brigitte Bourguignon monte au créneau pour dénoncer des amendements déposés conjointement par l'UMP et le FN [vidéo sur le site du Groupe Socialiste]

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N.B. ou "Boite noire" : Il va de soi que j'ai préparé cet article avec l'idée que, peut-être, Mme Bourguignon serait élue au perchoir. Afin d'informer les lecteurs sur un aspect de cette élue. Je mets tout de même en ligne ce texte, afin de n'avoir pas travaillé pour rien, parce que je pense que l'on parlera davantage désormais de cette élue de La République En Marche, et en estimant qu'il peut intéresser des lecteurs qui suivent l'actualité du travail social et de l'action sociale.

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Billet n° 330 

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  [Le blog Social en question est consacré aux questions sociales et à leur traitement politique et médiatique. Voir présentation dans billet n°100. L’ensemble des billets est consultable en cliquant sur le nom du blog, en titre ou ici : Social en question. Par ailleurs, tous les articles sont recensés, avec sommaires, dans le billet n°200. Le billet n°300 explique l'esprit qui anime la tenue de ce blog, les commentaires qu'il suscite et les règles que je me suis fixées.

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