
Dans la situation actuelle, il est crucial que les discussions et même les polémiques nécessaires portent avant tout sur les propositions d'amélioration possibles en matière de santé publique et de protection des personnes les plus en danger. Dans ce cadre il faut évidemment examiner différentes pistes.
Or l'exposition médiatique de certains chercheurs et médecins provoque pour ma part un certain malaise.
Je reviendrai dans un autre article au cas du Pr Juvin, urgentiste et vedette/imprécateur de la télévision, mais également dirigeant LR qui fut euro-député de ce parti et surtout conseiller santé de Fillon, dont il a élaboré et défendu le programme de démantèlement de la Sécurité sociale et de suppression massive de postes dans le Fonction publique.
Pour l'immédiat il s'agit plutôt du Pr Raoult et de son appréciation fautive de la sévérité de l'épidémie de coronavirus. Tout au long du développement de la pandémie il n'a cessé d'en minimiser la gravité , comme on peut le voir dans son intervention . Il n'est évidemment pas le seul dans ce cas. Nombre des autres sommités médicales médiatiques ont également sous-estimé l'importance de ce qui se développait. C'est également le cas du Pr Yazdapanah de Bichat , dont j'ai moi-même loué l'érudition et les capacités de modélisation épidémiologiques.
Mais dans le cas de Didier Raoult, qui se présente comme l'alternative au "discours officiel" et comme le détenteur de la vérité, c'est particulièrement toxique et embarrassant.
Le 20 janvier Raoult se moque des " 3 chinois qui meurent" et déclare " ne pas se sentir concerné " par ces morts. A mes yeux, un tel aveuglement, accompagné d'un mépris absolu pour les autres, disqualifie complètement la méthodologie et même l'humanité de ce chercheur.
La pandémie était en réalité prévisible depuis l'apparition des nombreux cas en Chine. Dans un monde globalisé, la croyance dans une épidémie limitée à un seul pays/continent comme la Chine était totalement illusoire. Quand au traitement à la chloroquine, dont il est le porte-parole, espérons qu'il ait une utilité. Pour l'instant les résultats sont fragmentaires. Il semble nécessaire de se plonger dans l'histoire des traitement anti-viraux, si difficiles à concevoir et à adapter ( notamment dans le cas du VIH-Sida), afin de surmonter les obstacles.
En attendant une telle percée thérapeutique, protégeons-nous les uns les autres, confinons-nous, empêchons les mises en danger, soyons solidaires ici-même et au niveau mondial.
voir les articles précédents sur le coronavirus
https://blogs.mediapart.fr/albert-herszkowicz/blog/170320/coronavirus-femmes-en-danger-au-travail