Parce que de là-haut on perçoit mieux les convulsions du monde. Et parce que la butte évoque les combats populaires, redonne du contenu à une république que nous voulons démocratique et sociale.
Radicalisé par la mort de Kirk, le discours Maga donne à voir d’une manière particulièrement nette ce que le trumpisme partage avec toutes les autres formes de domination : la tendance inexorable à s’approprier toute chose, à commencer par la Vérité elle-même, pour l’absorber ou la détruire.
« Est-ce qu'il bluffe ? » Telle est la question qui revient sans cesse, dans le débat public comme dans les conversations privées, au sujet des nombreuses déclarations fracassantes du 47e président des États-Unis. Une manière d'éluder le véritable enjeu de la parole trumpienne et d'éviter ainsi de nous confronter au réel du fascisme qui monte. Et à nos responsabilités.
En acceptant l'interprétation du réel produite par le gouvernement israélien d'extrême droite, les Occidentaux se sont rendus complices de ses crimes. Les récentes évolutions vers une hypothétique reconnaissance de l’État de Palestine et de possibles sanctions contre Israël apparaissent bien fragiles. Faudra-t-il boire la culpabilité jusqu'à la lie? Assister, impuissants, à une « Nakba de Gaza »?
Pour atteindre leur but de restauration d’un ordre social fantasmatique, les entreprises politiques d’extrême droite mènent une vaste opération d’oblitération de la conscience et de l’intelligence. Face à ce danger mortel, une réponse vraiment révolutionnaire consisterait à revendiquer d’appréhender le monde dans sa complexité : dans la connaissance et la compréhension des faits et des êtres.
L'annulation par Bardella de son intervention à la CPAC est révélatrice des spécificités et enjeux propres à l’extrême droite française, qui ne sont pas exactement ceux de sa parente états-unienne. Contrairement au mouvement MAGA, le RN s'efforce de faire coïncider les fondamentaux racistes de l'extrême droite avec les mentalités d'un Vieux Continent travaillé par sa culpabilité historique.
Quoique différent du fascisme historique, le trumpisme partage avec ce régime de pouvoir d'être né des contradictions du capitalisme, d’appliquer un programme nationaliste et de recourir systématiquement à la propagande, à la violence et à la manipulation des affects afin de transformer la société au bénéfice des dominants. Pour le combattre, il faut au préalable l’avoir nommé.
C'est l’attaque en règle contre le droit qui caractérise le plus le trumpisme et nous autorise à y voir la cause la plus immédiate et déterminante de la chute de la République américaine. Celle-là même qui enivre et galvanise les partis d'extrême droite du Vieux Continent, tous au pouvoir ou aux portes du pouvoir.
Le seul fait que le scénario délirant et barbare d'un transfert forcé des Gazaouis puisse être présenté comme une option plausible par le chef de la première puissance mondiale nous engage dans le franchissement d’un cap moral au-delà duquel se trouble la frontière entre ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas.
Quand un peu partout sur notre « bonne vieille Terre », des autocrates font la loi, le voile levé sur les failles et les monstres de la « première démocratie du monde » peut aussi bien être interprété comme un appel à questionner nos formes politiques, à en imaginer d’autres, pour des gens et des peuples vraiment libres et égaux. L’indignation alors aurait été féconde.
L'une des plus anciennes républiques au monde vient de se transformer en un régime autoritaire d’un type nouveau, conçu pour la société spectaculaire : une sorte de fascisme de barnum. Loin d'être « au seuil des quatre plus grandes années de l’histoire américaine », comme l'a affirmé Donald Trump, nous entrons dans une période de profonde noirceur, hantée par des monstres bien trop gros pour nous.