Martiniquaise expatriée depuis 7 ans en Hexagone, j'ai mis mes études de droit pénal et de sciences criminelles en suspens aux fins de rédaction d'un essai portant sur la France néocoloniale, mais surtout…
pour me reconnecter à ma terre et à mon peuple, deux entités dont les souffrances méritent d'être autopsiées. L'esclavage et la colonisation constituent une plaie béante dans les territoires colonisés et, aujourd'hui encore, ceux-ci suppurent. Ce blog sera consacré tant à l'épanchement des souffrances du peuple martiniquais qu'à la lutte que mènent les militant.e.s pour la reconnaissance de la dignité et de l'humanité des antillais.es sous domination française. De l'esclavage à la pollution de nos terres et à la contamination de nos corps au chlordécone et autres produits phytosanitaires, il n'y a qu'un pas. Tous deux ont pour dénominateur commun le capitalisme dont la fin justifie les moyens aussi abjects puissent-ils être. Terres et corps antillais ont été dénaturés, chosifiés par la possession. Dans un monde au sein duquel le droit à la propriété privé est réputé être naturel, inaliénable, imprescriptible et sacré, lorsqu'il est exercé par une minorité blanche descendant de maîtres esclavagistes en Martinique et en Guadeloupe, ce droit constitue un empêchement dirimant à l'exercice de tous les autres par la majorité racisée. L'histoire passée et présente des luttes martiniquaises permet de mettre en lumière les héros et les héroïnes invisibilité.e.s par l'historicité occidentale, celle-là même qui, sur les bancs de l'école publique, nourrit le complexe d'infériorité des martiniquais.es dans le but de les engluer dans l'immobilisme victimaire. L'injustice et la sociodicée coloniales soufflent à pleins poumons sur les braises révolutionnaires que génère la détresse martiniquaise. Le feu ayant déjà pris, reste à savoir si les forces du désordre parviendront à l'éteindre.
Ces déchoukaj des statues de Victor sont des actes, non pas de vandalisme, mais de résistance ancestrale, car faire la promotion exclusive de l’éminent raciste Victor Schoelcher revient à mutiler les mémoires de toutes celles et ceux ayant lutté, souvent au prix de leur vie, pour la liberté dans la Caraïbe.
Au nom de la vie, j’en appelle à notre responsabilité collective. Le COVID-19 est impalpable et pourtant présent dans nos foyers, sur des lits d’hôpitaux dépourvus de moyens, dans des ailes de réanimation et, hélas, à la morgue. La préfecture et l’ARS ont failli dans leurs missions et sont dépassées face à la tragédie qu’annonçait l’appétit des croisiéristes ayant importé la mort sur notre île.
Lorsque France 3 entreprend de réaliser un documentaire sur le chlordécone en Martinique, les ouvrier.e.s agricoles sont réduit.e.s au silence sur ordre de Bernard Hayot. Pourtant, France télévision prétend offrir à son public une programmation visant à informer, éduquer et animer le débat démocratique, la stratégie du groupe s'articulant autour de « valeurs fortes » telles que « l’indépendance ».
[Archive] Des vétérant.e.s, bien que malades ou mourant.e.s, sont encore là pour témoigner des rouages inhumains du « salariat » dans les plantations. Armés de chlordécone en 1968, ils ont été envoyés au front par les békés et l’Etat français, pour lutter contre le charançon du bananier. Ils meurent dans une misère épouvantable. Pourtant, seule une poignée de Martiniquais se lève à leurs côtés…
Le 13 janvier, le procès de 7 militants anti-chlordécone s'est tenu au Palais de Justice de Fort-de-France. Une marche pacifique, organisée par leur comité de soutien s’est achevée devant le Palais assiégé par les forces de l'ordre qui leur ont refusé l'accès à l'audience et qui ont mutilé plusieurs manifestants.
Les mouvements contestataires sont priés de bien vouloir se taire: Quelle place reste-t-il à la liberté d'expression et d'opinion en 2018?
Les lillois antifascistes n'ont apparemment pas le droit de témoigner leur soutien aux étudiants de Lille, ni même à ceux de Montpellier victimes d'un fascisme de plus en plus décomplexé.