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Billet de blog 13 octobre 2024

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Perdre sa vie en cherchant à la gagner

Venant « gratuitement » au monde, devons-nous nous insurger que nous soyons toutes et tous réduits à une stupide « valeur marchande » ? Dans une civilisation obstinément inhumaine, c’est individuellement et collectivement qu’il va falloir revoir intégralement le sens que nous tenons à accorder à nos vies.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L’argent et le travail ne sont pas des valeurs humaines

Certains, bien sûr, vont redoubler d’efforts pour tenter vainement de prouver le contraire. Allant même jusqu’à affirmer que le travail est « l’essence de l’homme ».

Mais les faits sont têtus.

Le « travail forcé » pour assurer sa subsistance n’est malheureusement que la version très moderne d’un esclavage, en réalité non encore aboli.

Le système d’intégration à notre insu de la soumission fonctionne à merveille.

Plus nous demandons aux prix de baisser pour consommer plus ; et, plus l’étau se resserre sur la très grande majorité des travailleurs esclaves du système économique :

https://www.youtube.com/watch?v=goY_p0Tdhkc (Raj Patel : « Changer de système ne passera pas par votre caddie »)

Le travail - et encore moins l’argent – ne figure dans aucune liste même très large, de valeurs humaines.

C’est cela la vérité, implacable :

https://www.blast-info.fr/articles/2023/non-le-travail-nest-pas-une-valeur-oQe8mgyBTbyAmZcoW2t8Cg

L’économie moderne a pris le relai de la religion.

Elle prétend être un fait naturel et donc exister depuis toujours… En fait, elle impose ses lois en lieu et place de celles de la nature et de l’éthique humaine.

Dans cette perspective, l’individu n’a pas de valeur, en soi

Et cela jusque dans la sphère privée, les problèmes d’argent ou de travail venant désunir les couples, les familles, les (clubs d’) amis !

En fait, le travail a toujours été destructif comme le montre la situation depuis des milliers d’années. C’est l’un de nos héritages social et cultuel les plus scabreux…

Et pourtant, c’est celui qui est toujours le moins remis en cause !

Le capitalisme est le problème et non la solution

Nous retrouvons isolés, seuls à essayer de nous en sortir face à nos besoins vitaux…

Alors que le rôle même d’une société est justement de ne pas arriver à de telles extrémités !

La très grande majorité des humains vivent encore aujourd’hui dans la misère matérielle, sociale et psychologique.

Malgré cela, l’économie mondiale produit des biens de plus en plus inutiles ... Et les consommateurs fortunés les achètent.

Il faut être manifestement dans une spirale addictive pour que cela marche :

https://blogs.mediapart.fr/culturenature71/blog/081024/60-ans-de-production-inutile-et-tellement-nocive

Et, c’est là tout le système (anti)économique actuel a perdu toute mesure de ce qu’agir sainement signifie.

Entrer et se maintenir, coûte que coûte dans des additions au fric et à la consommation est devenu sa seule perspective.

Pour in fine se retrouver sur une « Terre brûlée » le cœur glacé d’effroi :

https://blogs.mediapart.fr/culturenature71/blog/170924/des-tetes-brulees-sur-une-terre-brulee

Le coup d’accélérateur du néo-libéralisme depuis quarante ans a tout perverti, sous l’impulsion des plus favorisés qui ne jouissent et ne possèdent jamais assez.

La génération des boomers est celle qui a « niqué » la Planète.

Le temps d'une génération, on est passé :

- Des achats et productions utiles, aux achats et productions inutiles,

- D'une planète qui disposant de ressources suffisantes, à une planète qu'on pille toujours plus, sachant qu'elle n'aura bientôt plus rien à donner...

- D'une génération qui a tout eu, à des générations qui auront de moins en moins... En tout cas bien moins que cette génération, en retraite, capital, éducation, consommation, santé, environnement, etc.

https://blogs.mediapart.fr/culturenature71/blog/081024/la-generation-des-boomers-celle-qui-nique-la-planete

Des valeurs sociales et émotionnelles libératrices

Il est assez troublant de constater combien les fervents défenseurs du travail pour les autres, et de la jouissance et du confort pour eux-mêmes, sont dépourvus de sociabilité et d’émotions

Au pont d’adopter, y compris en public, les comportements les plus scandaleux, les plus pervers :

https://blogs.mediapart.fr/culturenature71/blog/031024/la-pensee-perverse-au-pouvoir

Les « robots » dirigeants n’ont pas de sentiments…

Ils projettent cela sur les autres, des « armées » fantasmées de « clones » bien dociles et prêtes à se sacrifier…

Mais comme nous autres avons encore des sentiments et un minimum de conscience, cette situation ne nous satisfait pas totalement…

Nous aspirons naïvement et tellement naturellement à la fraternité, qui conditionne l’égalité et la liberté.

C’est même inscrit dans la Constitution !

Mais comme l’abolition de l’esclavage, « Liberté, Égalité et Fraternité », ne sont dans certaines bouches que des mots en l’air.

Des mensonges qui hypnotisent…

C’est à travers une libération du travail que nous pouvons arrêter de sacrifier la planète, les générations futures et nos propres vies…

Un sacrifice aussi parfaitement inutile que néfaste !

Je ne pense pas que le système pourra encore compter bien longtemps sur la servilité des peuples, la docilité des femmes et des douceurs du climat sur la surface de la Terre…

Perdre sa vie à la gagner

« Nous travaillons pour vivre puisque c’est grâce à votre salaire que nous pouvons nous nourrir, nous loger, nous vêtir, etc.

Le lien entre le travail et la vie est fait parce que c'est toute notre vie que nous engageons dans le travail salarié, et c'est d'ailleurs bien là que le bât blesse comme l'a très bien démontré Karl Marx, philosophe allemand du XIXe siècle. »[1]

Le sentiment de bien-être n’arrive que très tard dans la vie.

Illustration 1

Peut-être que l’instauration de la retraite y est pour quelque chose ?

La pension de retraite étant destinée à garantir les besoins de subsistance aux personnes âgées, ayant gaspillé le meilleur temps de leur vie à la « gagner » !

C’est le modèle d’un « revenu universel » ; dont il faut envisager à l’avenir le versement de manière inconditionnelle.

Non seulement, en arrivant sur Terre nous ne devons rien à personne- surtout pas aux boomers ! - mais notre subsistance doit être garantie par la collectivité existante. Qui serait alors une société humaine digne de ce nom.

L’être humain n’a nulle aspiration, ni nul besoin de trimer pour satisfaire ces besoins vitaux. Il aspire juste au partage, à la manifestation de ces capacités à être, à faire et à créer pour lui-même et pour les autres.

Et à être agréable aux autres et respecté, sinon aimé…

Au seuil du Néolithique, la société était égalitaire et les femmes ne subissaient aucune ségrégation.

Mais cela a semblé insatisfait aux egos malades de ceux qui se sont élevés au-dessus des autres. Par la violence des armes, ils se sont appropriés des biens communs : les terres, les outils de production et jusqu’aux humains eux-mêmes, à commencer par les femmes et les enfants…

Des boomers à leur époque…

La plus extraordinaire machine jamais inventée et construite par des esprits humains démoniaques n'est autre qu'une organisation sociale où la majorité soufre des exactions d’une minorité.

A quoi est destiné l’être humain, si ce n’est pas à trimer ?

Les personnes à la retraite, nous le montre assez bien.

Prendre soin de notre santé, profiter du « bon temps » quand la santé le permet et prendre soins des autres.

Combien de grands parents avouent s’occuper mieux de leurs petits-enfants, qu’ils n’ont pu le faire de leurs propres enfants ?!

Prendre soin de soi et des autres suppose de se consacrer aux tâches domestiques, de réaliser un certain travail.

Mais surtout cela requière de l’attention. Peut-être, qu’au crépuscule de notre existence, il est plus facile de voir ce que cela est primordial ?

Peut-être, que le sens de l’existence, qui ne pouvait guère envisagé dans le tumulte des contraintes matérielles et sociales omniprésentes, refait finalement surface ?

https://blogs.mediapart.fr/culturenature71/blog/131024/sortir-dignement-de-l-esclavage-economique

Il s’agit d’exiger dans la vie dite « active », que ce que nous ne pouvons manifester que tardivement à la retraite, puisse être mise en œuvre.

c’est-à-dire tout simplement nos valeurs humaines collectives partagées.

Refuser que l’argent et le travail ne soient que des instruments de l’oppression permanente.

Certes, nous n’avons pas individuellement les clés de la bourse…

Mais seulement collectivement, dans une réelle démocratie cela sera à notre portée.

En attendant, individuellement et collectivement, nous détenons la capacité de « travail ».

Les managers s’inquiètent beaucoup du fait que le travail n’est plus considéré comme une valeur première dans nos vies. Cela leur cause dejà bien du soucis :

https://www.focusrh.com/tribunes/le-travail-n-est-plus-une-valeur-mais-un-moyen-qui-du-sens-par-frederic-fougerat-34985.html

Malheureusement pour eux, ce n’est que le début…

Soustraire les nouvelles générations aux « Ogres »

Le journaliste d’investigation Victor Castanet, qui dans son investigation précédente, publiée dans son livre choc « Les fossoyeurs », a mis au jour le scandale des Ehpad.

Vient de récidiver avec « Les Ogres ».

Il dénonce cette fois le scandale des « crèches privées ». Un sujet d’actualité socialement et politiquement chaud :

https://www.blast-info.fr/emissions/2024/creches-privees-revelations-sur-le-systeme-qui-maltraite-nos-bebes-GvvO8EZwSFuOO5hRFPfUow

Si on évalue le niveau de conscience de nos dirigeants actuels à la manière dont ils trouvent « juste » qu’on traite les plus vulnérables. Autant dire que cela vole très, très bas…

Tellement bas que leur inhumanité est flagrante.

Quant à ceux qui s’en réjouissent ou plus simplement se disent que « cela pourrait être pire » ; ils qui sont en fait leurs collaborateurs zélés...

Ne voient-ils pas où nous sommes déjà rendus, avec toutes les démocraties qui ont d’ores et déjà cédées au fascisme, comme en Argentine ou en Israël.

Ou en prennent la voie, comme aux États-Unis ou dans certains pays d’Europe. Des pays, qui tous se disaient et se pensaient être du « bon côté » …

Cependant d’autres pays comme le Brésil en sont sortis. Ce qui prouve que cela n’a absolument rien d’une fatalité. Il s’agit juste d’un manque d’imagination de courage.

Dénoncer l’ineptie des boomers n’est pas trop difficile à faire. Leur « après moi le déluge » est juste invraisemblable de niaiserie !

Aider concrètement les générations futures à faire face à la violence imbécile de ces mêmes boomers, à parvenir au déverrouillage des positions de pouvoir nécessitera plus de stratégie et de persévérance.

La clé consiste à ne pas s’opposer, mais à les contourner, à déjouer leur pouvoir et à le rendre ridiculement inopérant. En stoppant :

  • Le dressage des enfants
  • Le saccage de la solidarité sociale, et
  • La neutralisation des initiatives citoyennes d’ampleur.

Par les initiatives les plus inattendues, les plus imaginatives.

Dont les Gilets jaunes n’ont été qu’un prélude…

La valeur que nous accordons à notre existence

S’interroger, individuellement et collectivement, sur la valeur de nos existences, de nos partages, peut être déstabilisant au premier abord.

Cela peut remettre en cause des choix inconscients, des choix par défaut…

Pour ce qui est de la remise en cause de l’organisation sociale dans laquelle nous vivons, cela ne peut d’être ultra positif…

Même si cela va demander, de l’obstination, du temps et quelques efforts pour oser croire qu’un monde bien meilleur est possible :

https://cnvmaroc.com/thomas-dansembourg/

C’est un acte politique, au plein sens du termes !

Ce sont les personnes les plus malheureuses, les plus opprimées qui ont le plus à gagner, individuellement et collectivement, à réfléchir.

A devenir résilients et suffisamment sages pour s’unir spontanément, de manière multiforme, pacifiste, non pervertible et sans cesse renouvelée…

Les puissants ont toujours eu la bêtise de penser que les plus pauvres, les plus généreux étaient les plus « cons ». Or, toute l’histoire de l’humanité prouve le contraire !

Les contraintes infernales, argent et travail, ne pouvant en aucun cas donner un sens profond à notre vie, qu’avons-nous à perdre ?

Nous perdre en vains espoirs ?...

Et, si je vous disais que cela ne risque pas d’arriver.

Si je vous disais que toutes les personnes, tous les collectifs qui ont entamé une réflexion de fond ont toujours gagné en bien-être.

A condition de ne pas gaspiller nos envies dans de vaines colères, et d’être créatifs et déterminés dans nos réalisations.

Yves Robert, écologue et auteur

https://www.editions-maia.com/livre/prendre-pleinement-part-a-la-vie/

https://www.simply-crowd.com/produit/chance/

Vous pouvez contribuer à sa publication en précommandant le livre.

[1] https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-pourquoi-du-comment-les-invite-e-s/pourquoi-perd-on-sa-vie-a-la-gagner-1304977

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