Dans le débat ouvert sur le « silence des victimes », je souhaite rappeler que le silence n’est pas un obstacle à l’observation clinique. Les victimes témoignent de leurs souffrances (et parfois même des faits) autrement que par la parole. Ce sont des signes qu’il convient d’apprendre à déchiffrer.
Parmi les choses que l’on ne sait pas écouter ni déceler figurent les dommages neurologiques causés par les violences intrafamiliales. Ce type de préjudice échappe souvent à la conscience du sujet. Les victimes s’en plaignent donc rarement. Il revient aux professionnel-le-s de savoir reconnaitre cette souffrance, le plus précocement possible.
« Sous mes yeux, le récit d’un inceste. Et l’enquête s’est arrêtée ». Par ces mots, la juriste Camille Kouchner dévoile une réalité qu’affronte la majorité des victimes de violences intrafamiliales. Ayant été témoin de bien des retournements de procédure, je décris ici des mécanismes par lesquels la parole des victimes est renvoyée au silence ou est même retournée contre elles.