Le contexte politique de cette convention citoyenne pour le climat n'est pas des plus heureux, en pleine crise des gilets jaunes et des marches pour le climat, en bout de course du grand débat, son annonce au mois d'avril était un moyen pour l'exécutif de sortir de la crise (pour plus de détails j'invite à lire le blog de Jordi Lafon). Le président Macron perpétue ainsi ses discours grandiloquents sur l'écologie, tout en reportant à plus tard - ou à d'autres - les actes contraignants.
Bien qu'il s'en protège autant que possible, le collectif des gilets citoyens inspirateur et co-organisateur de la convention prend le risque de récupération politique de sa collaboration, de constituer une branche à laquelle se raccroche le pouvoir pour verdir son image, comme a pu l'être la figure de Nicolas Hulot avant sa démission du gouvernement.
Malgré tout, le changement climatique est un sujet trop grave pour ne pas essayer et camper sur des positions dogmatiques. La crise écologique que nous affrontons est sans précédent, elle met en péril les fondements de nos société, voire la survie de notre espèce. Il convient par ailleurs rester lucide quant à l'état actuel de l'écologie politique, que ce soit en France ou dans l'immense majorité des pays. L'écologie reste un sujet marginal du débat public, traité à part, sous couvert de petits gestes et de bonnes intentions. Or l'écologie est éminemment politique, en ce qu'elle concerne au plus au haut point la société et la conduite des affaires de l'état. Tout comme on ne peut dissocier le champ social du champ économique, l'écologie ne peut plus rester à l'écart des autres sphères politiques.
Même si Emmanuel Macron avait une "révélation" et se convertissait réellement à l'écologie, il lui serait impossible d'opérer le tournant politique correspondant. Il a été élu en 2017 sur un programme axé sur le libéralisme économique où l'environnement était quasiment absent. Même si son discours est volontariste sur le sujet, il place l'écologie en arrière-plan, loin, très loin, derrière la développement économique et la libéralisation. Ce positionnement, similaire à ceux des précédents gouvernements (de la maison brûle de M.Chirac, aux consensus mous de François Hollande en passant par le grenelle de l'environnement de Nicolas Sarkozy), accouche d'une écologie des bonnes intentions, du développement durable, de la croissance verte. Des mesures radicales comme le réclament à cor et à cri les associations environnementales constitueraient pour M.Macron et son gouvernement un suicide politique le coupant de sa base électorale. S'il est nécessaire de rester critique sur la politique du gouvernement en la matière (surtout pour déconstruire les grands discours), il serait néfaste de faire porter tous les torts de l'inaction au seul Marcon, d'en faire l'arbre qui cache la forêt.
La principale cause de l'apathie politique, n'est pas la personne d'Emmanuel Macron, c'est la non prise de conscience de la crise écologique pour la grande majorité de nos concitoyens. Le message écologique a bien pénétré toutes les couches de nos sociétés occidentales, tout le monde est informé que le climat se réchauffe, mais peu de gens réalisent à quel point la situation est grave (beaucoup plus grave que toutes les autres "crises" qui alimentent les JT), à quel point elle exige un bouleversement de nos façons de penser et de nos modes de vie. Souvent le propos alarmiste d'un média est suivi de "solutions" fallacieuses : soit des promesses technologiques, soit une exhortation aux "petits gestes" individuels (comme ces Youtubeurs naïfs). La profusion de ces "petits gestes" sur les écrans, dans les journaux, à la radio, est devenue contre-productive; elle créée une dissonance qui tend à relativiser l'importance du sujet (puisque les solutions sont si bénignes et abandonnées aux individus) et engendre une réaction face à une moralisation à outrance déconnectée du champ politique, particulièrement dans les classes populaires.
Dans cette perspective d'un péril majeur, d'un pouvoir stérile et d'une population anesthésiée, la convention citoyenne qui s'ouvre ne peut aller que dans le bon sens. En se focalisant sur le fond, sur des arbitrages concrets à apporter, hors des préjugés d'appartenances politiques, elle peut dépasser le brouhaha médiatique et, qui sait, amener à une plus grande prise de conscience au sein de la population. Si, comme l'a promis le président de la république, les propositions de la convention sont soumises à référendum, elles pourraient engager tout un chacun à une réflexion moins superficielle et à réaliser la crise que nous traversons. Bien sûr, il ne faut pas s'attendre à ce qu'elle débouche sur une révolution (ce ne sont pas les états généraux de 1789 !) et ne pas être naïf quand à la récupération politique qui en est déjà faire par le gouvernement. C'est néanmoins une opportunité à saisir pour tenter des faire bouger les lignes.
A cette fin, j'invite tous les convaincus de l'urgence écologie, à suivre, partager et contribuer à ces débat. Afin d'apporter ma modeste contribution, je publie des suggestions concrètes à destination de la convention.