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Billet de blog 29 août 2025

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Plainte en diffamation et injure publique déposée contre Christian Estrosi

Les trois élus écologistes de Nice ont tenu une conférence de presse pour présenter et expliquer la plainte en diffamation et injure publique déposée contre Christian Estrosi.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Les trois élus écologistes de Nice ont tenu, le 29 août 2025, une conférence de presse pour présenter et expliquer la plainte en diffamation et injure publique déposée contre Christian Estrosi, en présence de l'avocat qui a rédigé la plainte, David-André Darmon.

Intervention de Jean-Christophe Picard :

Le 23 mai 2025, lors de la séance du conseil municipal de Nice qu’il présidait en sa qualité de maire, Christian Estrosi a été invité par ses services à se déporter au moment du vote du compte financier unique relatif à l’exercice 2024, conformément aux dispositions de l’article 2121-14 du Code général des collectivités territoriales.

À cette occasion, M. Estrosi a cru bon de tenir les propos suivants : « Oui, je sais, je sais qu’il faut que je sorte mais j’explique… Je sais que Monsieur Picard est en train de prendre les jumelles pour savoir jusqu’où je vais sortir d'ailleurs et à quelle distance de l’hémicycle je vais me tenir, avant de faire un signalement article 40 au procureur de la République... Sous Pétain, il aurait fait la même chose, puisqu’il a toujours dit : "moi, je respecte les lois quel que soit le régime". Donc, apportez-moi un Vichy, s’il vous plaît, Monsieur l’huissier ! »

Donc, si je comprends bien ces affirmations graves et sidérantes, je suis assimilé à un collabo, un délateur (c’est-à-dire une personne qui dénonce les autres pour des motifs méprisables) et je serais capable de dénoncer des juifs…

J'ai donc été dans l’obligation de déposer plainte pour diffamation et injure publique, le 19 août 2025. Trop c’est trop ! On ne peut pas continuer à accepter de dégrader ainsi le débat public… Tant au conseil municipal qu'au conseil métropolitain, les insultes sont récurrentes et la ligne rouge est régulièrement franchie. Il faut que cela s’arrête !

Je n'avais pas spécialement envie d'être procédurier dans cette histoire... J’ai ainsi attendu le dernier moment pour déposer plainte (la prescription était le 23 août 2025) afin de laisser la possibilité à M. Estrosi de me présenter des excuses, comme il l’avait d'ailleurs fait en 2009, après avoir insulté Patrick Allemand. Elles ne sont pas arrivées.

J’ai hésité au regard du coût pour les contribuables… Mais je suis arrivé à la conclusion que M. Estrosi ne pourra pas utiliser la protection fonctionnelle dans cette affaire car, à l’évidence, les propos tenus résultent d’une faute personnelle détachables de l’exercice de ses fonctions (selon le Conseil d’État, « présentent le caractère d’une faute personnelle détachable des fonctions de maire des faits qui révèlent des préoccupations d’ordre privé, qui procèdent d’un comportement incompatible avec les obligations qui s’imposent dans l’exercice de fonctions publiques ou qui, eu égard à leur nature et aux conditions dans lesquelles ils ont été commis, revêtent une particulière gravité »).

Donc, si le maire utilisait la protection fonctionnelle dans cette affaire, j’annonce que je m’y opposerai en saisissant le préfet et le parquet. Car l'abus de protection fonctionnelle doit aussi cesser !

La protection fonctionnelle est légitime mais, elle est régulièrement dévoyée, à Nice : elle est utilisée par Christian Estrosi (en sa qualité de maire, de président de la métropole et parfois de président délégué de la région) et par ses adjoints ou vice-présidents pour attaquer des opposants, d’une part, ou pour se défendre contre des plaintes en diffamation ou injure publique à la suite de propos qui n’ont rien à voir avec l'exercice de leurs fonctions, d’autre part, Et on constate parfois un curieux mélange des genres : ainsi, l’avocat d’Anthony Borré dans le cadre de la protection fonctionnelle votée le 18 décembre 2024, est un certain Gérard Baudoux, membre du conseil municipal.

Intervention de Juliette Chesnel-Le Roux :

Nous avons déposé une vingtaine de signalements depuis notre élection pour des soupçons d’atteinte à la probité (auprès du parquet de Nice, du parquet de Grasse, du parquet de Marseille ou du Parquet national financier).

Quelques exemples d’article 40 qui ont débouché sur l’ouverture d’une enquête préliminaire :

Nous souhaitons insister sur le fait que l’article 40 du code de procédure pénale nous oblige à faire ces signalements : « Toute autorité constituée, tout officier public ou fonctionnaire qui, dans l'exercice de ses fonctions acquiert la connaissance d'un crime ou d'un délit est tenu d'en donner avis sans délai au procureur. » Les élus qui appliquent cette obligation légale ne sont donc pas des délateurs, des collabos ou des antisémites. Ils se conforment juste à une de leurs missions qui est de ne pas fermer les yeux quand ils soupçonnent une malversation.

Au regard des scandales tant nationaux que locaux, nous l’affirmons : le problème ne vient pas des élus qui dénoncent des atteintes à la probité, mais des auteurs de ces atteintes et de ceux qui les laissent faire.

Il convient également de rappeler un point important qui semble échapper à la municipalité : c’est le parquet dispose du monopole des poursuites ! C’est donc lui qui décide d’ouvrir une enquête préliminaire et absolument pas les auteurs de signalement !

Intervention de Fabrice Decoupigny :

Justement parce que nous appliquons l’article 40, nous sommes la cible de plusieurs procédures-bâillon destinées à nous faire taire. Elles sont parfaitement ridicules. Par exemple :

Pour l’anecdote, je suis moi-même accusé d’incitation à la haine raciale pour avoir répondu un « Jawohl » ironique pendant le débat sur le port de l’uniforme à l’école !

C’est inacceptable car ce sont les contribuables qui financent le climat de terreur que l’on cherche à instaurer.

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