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Billet de blog 2 février 2025

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Et ma connerie ?

J’ai déjà commencé à la confesser. C’est impossible d’être exhaustif. Il en va ainsi. Je me bornerai à confesser ma connerie d’opinion, mes défauts de pensée, les opiums qui m’ont endormi ou apaisé, les paradis artificiels.

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La sottise est affaire de lâcheté.

La vérité fait très souvent peur, et les mensonges sont en général rassurants. D’ailleurs, tout système falsificateur (religions, idéologies, négationnismes), fonctionne avec des calmants, même s’il utilise des excitants. Le paradis, par exemple, est la promesse de bonheur futur. Même si l’enfer trône juste à côté, l’ensemble emporte l’adhésion, car il permet le choix du salut. Toutes les conversions, toutes les adhésions, relèvent de ça. C’est pour ne pas affronter le réel qu’on préfère souvent fuir en sottes rêveries.
Je confesse avoir fui au pays des merveilles.
 

La sottise est affaire de crédulité.

Comme on croit à ce qu'on souhaite, le jeu des faussaires est facile. Il faut juste aider les gens à prendre leurs rêves pour la réalité. 
Parmi les opiums qui m’ont assujetti, je crois pouvoir mettre en premier le pacifisme, dont j’ai déjà parlé. La chair à canon coûte pas cher, et la plupart des guerres sont fomentées par des salauds. L’enfer, pas besoin d’y croire, il existe bel et bien. Mieux vaut croire au paradis. Et la paix n’est rien d’autre qu’un paradis. Le pacifisme, c’est croire au paradis. On tombe dans des pièges profanes, alors qu’on se croit à l’abri des superstitions. Comment croire que l’on peut, tout seul, voter pour la paix ? Est-ce que l’ennemi est pacifiste lui aussi ? Faut être très jeune, ou très immature, très optimiste, pour y croire. Ou alors endormi, bercé d’illusions, gavé de biens de ce monde. 
La guerre est notre lot. Croire en son éradication, c’est se rassurer. Annuler la guerre pour annuler la peur. 
Je confesse avoir cru que la guerre s'en irait.

La seconde illusion qui m’a longtemps dominé, est l’opinion de gauche
Malgré les exactions communistes, qui dépassent pourtant les exactions nazies et fascistes, malgré la Terreur, malgré tous ces morts, la Révolution reste une excuse. Un bourreau qui prétend œuvrer pour le bien du peuple est toujours plus écouté et donc plus néfaste qu’un bourreau qui proclame le racisme. Parce que le paradis vaut mieux que l’enfer. Parce que le bien est une idée, et le racisme un fait ? Malgré Brassens, j’ai voté systématiquement à gauche. En étant de gauche, on est chrétien : pour les pauvres, contre les riches
L’opinion de gauche est vertueuse, on en est bien persuadé. On ne voit pas que les révolutions amènent plus d’échafauds que n’en dressaient les tyrans abattus. À vrai dire on s’en fout. Un peu comme la mort d’un hérétique pour un fanatique. Tant pis si les hérétiques sont innocents. 
Je confesse avoir cru qu’être à gauche était noble.

À cause de ces deux rêves éthérés, j’ai été européiste. J’ai cru que la souveraineté pouvait passer à l’échelle européenne. J’ai cru Mitterrand et son « le nationalisme, c’est la guerre ». J’ai cru que supprimer les nations supprimerait la guerre. Sans penser que l’Europe deviendrait une nation, ou plutôt, un empire. Un empire. Là oui, on peut le dire : l’impérialisme, c’est la guerre. Un empire falsifié, d’ailleurs : l’UE n’est rien d’autre qu’un dominion américain. Sans penser que notre démocratie, aussi fragile par le fait qu’on vote à la trop grande échelle qu’est une nation, deviendrait encore plus fragile, à cause de l'échelle encore plus grande. Si la France peut élire des Hollande et des Macron, quel Caligula, quel Néron, quel Héliogabale pourrait surgir au niveau européen ?

La sottise est affaire de méchanceté.

À cause de ces erreurs, j’ai été méchant, en plus. La certitude d’être dans le camp du bien vous rend fasciste, c’est là toute notre dérive woke. J’ai méprisé. Je regrette d’avoir rétorqué à un jeune type qui critiquait l’intelligence de Mitterrand : « Pour juger de l’intelligence d’un homme, il faut soi-même être intelligent. » Quelle honte ! Sortir ça, alors que l’idiot c’était moi ! Je regrette d’avoir sauté de joie en apprenant que Stirbois s’était tué sur la route. D’avoir admiré Tapie. Méprisé Le Pen. J’en profite pour regretter toutes les occasions où je me suis montré méchant, et bête. J’en pleure parfois.
Je confesse avoir fait du mal sans y penser.

La sottise est affaire d'auto-destruction.

Illustration 1

Pas plus que la consommation de stupéfiant n’aurait dû être retenue comme circonstance atténuante pour l’assassin de madame Halimi, la puissance de toutes ces impostures n’est une excuse. Ni d’ailleurs la puissance du stupéfiant en question, qui ne m’a pas fait jeter des vieilles dames juives par la fenêtre, mais m’a fait commettre de nombreuses conneries. C’est bel et bien ma propre connerie qui m’a fait tomber dans cette addiction, dont j’ai mis vingt-cinq ans à me sortir. Là, j’ai cru en quoi ? J'ai fui quoi ? J'ai maltraité qui ? Moi. Piégé par la première songerie creuse de la découverte, laquelle songerie est devenue au fil de l’accoutumance de plus en plus ténue, jusqu’à disparaître entièrement. 
Je confesse m’être défoncé en pure perte.

Perte, sauf pour tous les fumiers qui s’engraissent sur la drogue, et qui à présent, tuent.
Je confesse avoir nourri des assassins.
La connerie est surtout une affaire de connerie.

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