Depuis le début de la guerre contre Gaza, de nombreux groupes WhatsApp ont été créés et j'ai été ajouté à plusieurs d'entre eux : le groupe des 28 voisins de notre immeuble, le groupe du passage de Rafah avec des milliers de membres... Ces groupes sont utiles pour communiquer des informations communes, mais ils servent également de canaux pour de très mauvaises informations, très stressantes.
Depuis six mois, Hossam Al-Mahoun, gazaoui, témoigne de la guerre dans son journal de bord. Il est désormais au Caire, en Egypte. « La nuit tombe, et la peur de l'obscurité envahit mon cœur et ma tête. J'essaie de dormir, je rêve de dormir. Je n'arrive pas à dormir. »
Je vous écris de Gaza, sous les bombes - Toujours sous les bombes… Six mois ? Cela fait-il vraiment déjà six mois que nous avons perdu nos vies normales ? Six mois que la machine à tuer de l'armée israélienne traverse nos corps comme un couteau traverse du beurre. Six mois... Y a-t-il une fin à ce cauchemar ?
Ces deux dernières nuits, des drones ont survolé Rafah, occupant le ciel et l'espace, avec leur bruit, un bruit affreux, de l'aube au coucher du soleil, sans arrêt. C'est le bruit de la mort et de l'agonie. La connexion mobile est très faible, mais elle s'améliore de minuit à 6 heures du matin. J'ai chargé les messages du groupe de voisins WhatsApp, qui était rempli de discussions. Je les ai parcourus : « Quelqu'un a-t-il des nouvelles des voisins ? »
15 mars 2024. J'ouvre mon ordinateur portable, j'ouvre un document Word, j'essaie d'écrire quelque chose sur notre vie gelée, une vie qui se limite à la recherche d'un colis de nourriture ou à l'attente de nouvelles concernant un cessez-le-feu. Tout le monde parle de l'invasion de Rafah, c'est le sujet discuté en permanence par tout le monde. Tout le monde est terrifié : où aller ?