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Depuis le début de la guerre contre Gaza, de nombreux groupes WhatsApp ont été créés et j'ai été ajouté à plusieurs d'entre eux : le groupe des 28 voisins de notre immeuble, le groupe du passage de Rafah avec des milliers de membres... Ces groupes sont utiles pour communiquer des informations communes, mais ils servent également de canaux pour de très mauvaises informations, très stressantes.
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Depuis six mois, Hossam Al-Mahoun, gazaoui, témoigne de la guerre dans son journal de bord. Il est désormais au Caire, en Egypte. « La nuit tombe, et la peur de l'obscurité envahit mon cœur et ma tête. J'essaie de dormir, je rêve de dormir. Je n'arrive pas à dormir. »
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Je vous écris de Gaza, sous les bombes - Toujours sous les bombes… Six mois ? Cela fait-il vraiment déjà six mois que nous avons perdu nos vies normales ? Six mois que la machine à tuer de l'armée israélienne traverse nos corps comme un couteau traverse du beurre. Six mois... Y a-t-il une fin à ce cauchemar ?
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Ces deux dernières nuits, des drones ont survolé Rafah, occupant le ciel et l'espace, avec leur bruit, un bruit affreux, de l'aube au coucher du soleil, sans arrêt. C'est le bruit de la mort et de l'agonie. La connexion mobile est très faible, mais elle s'améliore de minuit à 6 heures du matin. J'ai chargé les messages du groupe de voisins WhatsApp, qui était rempli de discussions. Je les ai parcourus : « Quelqu'un a-t-il des nouvelles des voisins ? »
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15 mars 2024. J'ouvre mon ordinateur portable, j'ouvre un document Word, j'essaie d'écrire quelque chose sur notre vie gelée, une vie qui se limite à la recherche d'un colis de nourriture ou à l'attente de nouvelles concernant un cessez-le-feu. Tout le monde parle de l'invasion de Rafah, c'est le sujet discuté en permanence par tout le monde. Tout le monde est terrifié : où aller ?
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16 février 2024. Pour aller du quartier de Jena, à l'est de Rafah, où je vis actuellement, à Tal Alsoltan, à l'ouest de Rafah, il faut parcourir environ 11 kilomètres en traversant la route principale de Rafah, de la frontière avec Israël jusqu'à la mer [...] Chaque véhicule est rempli d'au moins 50 ou 60 personnes [...] La plupart des conversations portent sur la fin de la guerre.
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13 février 2024. À Rafah, il n'y a pas de véritables hôpitaux, seulement quatre centres de soins qui s'appellent « hôpitaux ». L'un d'entre eux est réservé aux soins des mères.
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12 février 2024, à Rafah. 2 heures du matin, assis sur mon matelas, incapable de dormir, je pense à ce qui se prépare et à toutes les menaces d'invasion. Ces derniers jours, les bombardements et le pilonnage se sont intensifiés. Je ne sais pas ce qui se passe. Tout ce que je sais, c'est que je suis terrifié et que je n'ai pas le choix.
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J'ai eu de la chance hier. J'ai obtenu un sac de 25 kilogrammes de farine de pain (à 5 fois le prix normal). Le marché, plein de monde... mais il n’y a plus de marché. Les magasins ont été détruits ou fermés. Après deux mois de fermeture complète, il n'y a plus rien à vendre dans ces magasins, qu’il s’agisse de matériel, de vêtements, de matières premières, n'importe quoi. Toutes les marchandises de toutes sortes sont finies ! Vidées !
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Quand je suis arrivé, mon ami et mon collègue étaient là, assis devant la maison. Leurs visages parlaient, leurs visages disaient tout. Leurs visages me disaient qu'il s'était passé quelque chose de terrible. Mais tous les mots ne sont rien. Ils ne disent rien sur mon ami. Ils le rendent petit, alors qu'il est bien plus que cela. Les mots sont infirmes. Ils me font me sentir impuissant.