"Martin Eden" de Pietro Marcello est un vibrant réquisitoire contre le narcissisme de la création littéraire – et cinématographique- un réel conte philosophique et politique tout autant qu’une aventure humaine, sombre, qui aurait néanmoins les intonations d’une chanson populaire, de celles qu’on fredonne machinalement.
Avec «We Blew it» c'est pari gagné pour le critique et historien du cinéma américain qui signe ici une œuvre cinématographique, éclairante, aussi mélancolique qu’autobiographique en miroir d’Easy Rider de Dennis Hopper.
Par-delà le propos engagé et sa contribution à l’Histoire, Detroit est un film monumental en ce qu’il aspire à atteindre comme tout grand film, à l’universel, à agir comme un catalyseur et comme une catharsis individuelle et collective.
Chacun ici entendra et retiendra le chant mystique de celui qui gravit la montagne à la recherche de Dieu ou de lui-même, le dernier chant de Gabriel, tantôt une critique acerbe du tourisme de classe, tantôt un portrait magnifié et magnifique de l’Afrique.
Lucas Belvaux est chabrolien de coeur et c’est en véritable géographe qu’il sonde les âmes autant que les terroirs, ces espaces entremêlés où s’ancrent rancœurs, colères et frustrations, c’est « chez nous » et Chez Nous.
"Ce que je crains depuis le départ est que la fiction se rapproche davantage de la réalité : normalement la fiction est en deçà de la réalité".
Entretien avec André Dussollier, à Paris le 13/02/2017, avant la sortie nationale de « Chez Nous » le 22/02/2017.
Par Laura TUFFERY
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« Je ne suis pas de ceux qui disent « je partirai s’ils arrivent au pouvoir ». Je pense au contraire qu’il faut rester. »
Entretien avec Lucas Belvaux à Paris le 13/02/2017, avant la sortie nationale de « Chez Nous » le 22/02/2017.
Tout y est, le sucre glace, les décors en carton-pâte, les yeux écarquillés d’Emma Stone, les claquettes de Ryan Gosling, le bleu-jaune-rouge des cylindrées décapotables et celui des robes virevoltantes des starlettes, des mélodies entêtantes, et un final digne de Woody Allen grand cru.
« Tour de France » offre à toucher, voir, entendre et se souvenir d’une belle tapisserie française où la gouache, la couleur et la caméra parviennent à confondre tous les Serges et les Rachid en les ayant placés tous sous le même signe : celui du père et de la réconciliation.
L’exigence du texte aurait sans doute suffit à une mise en scène fluide de ce duo en plein air, sans que nul piano, nul jukebox ne vienne perturber ce coït verbal, ce que les dix dernières minutes seulement des « Beaux jours d’Aranjuez » lui laissent pour nous émouvoir et rappeler le talent de conteur de Wim Wenders.