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Silhouette athlétique, nerveuse, cheveux bruns courts, yeux scrutateurs, Fabio Lopez fait partie de ces jeunes chorégraphes qui conjuguent avec une habilité déconcertante rigueur et talent. Revendiquant son attachement au ballet néo-classique, cet ancien élève de Maurice Béjart a créé en 2015 sa compagnie illicite dont le tout dernier programme sera présenté ce samedi à l’Apollo théâtre à Paris.
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Des mots qui interrogent un passé singulier, pluriel, une fille errante cherchant une inconnue en lien avec son histoire, une femme survivante qui se perd dans des rencontres virtuelles, servent de fil conducteur à ce polar psychologique au féminin porté par un quatuor de comédiennes éblouissant et ingénieusement ciselé par Anne Théron d’après le texte poétique et vibrant d’Alexandra Badea.
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Le verbe haut, le pavillon hissé au grand mât, les pirates du collectif Os’o s’associent pour le meilleur aux flibustiers du collectif Traverse et s’arment d’humour, de dérision et d’une sacrée dose de talent, pour partir à l’assaut de la toile et du numérique. Prenant à rebours la technologie qui est leur de matière première, ils signent un spectacle drôle, intelligent et délirant. Brillant !
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Dix jours durant, Chaillot s’est mis au pas de deux de l’Europe du Nord. Invitant en son sein la crème de la danse contemporaine venue du Grand Froid, le temple art déco vibre d’une force nouvelle, interroge le genre et secoue les aprioris. Séduit par la fraîcheur décalée des pièces chorégraphiques et par la présence scénique des interprètes, le public applaudit à tout rompre. Bravo !
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À peine sortie de scène où elle donne D’elle à lui, récital burlesque qui revisite à travers une vingtaine de chansons le couple et ses turpitudes, Emeline Bayart, boucles blondes, visage volubile, a accepté de revenir sur son parcours et conter l’histoire incroyable de ce spectacle hors du temps, de cette balade truculente sur la carte du Tendre qui séduit toutes les générations. Rencontre.
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Les répliques bien senties fusent, les situations cocasses s’enchaînent sans répit pour nos zygomatiques. Mais derrière les rires, l’émotion nous saisit. Avec finesse et espièglerie, Jean Franco esquisse le portrait en clair-obscur de deux femmes, l’une engagée, l’autre conservatrice, dans l’Amérique des années 60 déchirée par la guerre du Viêtnam. Une comédie savoureuse à déguster sans tarder.
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Voix rauques, personnalités bien trempées, les chanteuses du rock, quelles soient vénéneuses, sulfureuses ou antisystèmes, envoûtent et ensorcèlent tout en portant haut la voix des femmes, des minorités. Avec respect, facétie, Jean-Claude Gallotta s’empare de cette matière brute, féroce et signe un spectacle hommage virevoltant, transgenre, qui se perd parfois en dissonance et digression.
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Extravagants et complétement cintrés, ils chantent avec le cœur et quelques fausses notes Madonna, France Gall ou Prince. Adeptes des calembours, portant avec panache strass et paillettes, ils nous entraînent à pas de deux forcés dans les turpitudes d’un cirque au bord de la faillite. Si l’on peut regretter la faiblesse du livret, leur bonne humeur emporte la mise. Un feu d’artifice arc-en-ciel.
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Au pied d’un petit immeuble de banlieue, des habitants esseulés heurtent leur solitude, trimbalent leur mal-être dans une quête dérisoire d’un espoir vain. Avec finesse et mélancolie, Jean Bellorini adapte la farce mortifère d’Hanokh Levin et signe un spectacle drôle et bouleversant superbement porté par la troupe virtuose du Théâtre Alexandrinski. Un ballet scénique triste et burlesque.
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Des corps se cherchent, s’agrippent et se déchirent. Des visions cannibales, des gestes saccadés, robotiques, des mouvements simiesques, composent la partition singulière de cette pièce chorégraphique énergique, créée par l’Hollandais Jefta van Dinther pour le très suédois Cullberg Ballet. Bien que séduit, hypnotisé par la grammaire très imagée de Protagonist, la redondance des pas lasse un brin.