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Visages pâles, mines tristes, cinq survivantes de noir vêtues attendent, emmurées dans leurs souvenirs, le retour inespéré du fils prodige depuis longtemps parti. S’appropriant ce huis-clos féminin de Lagarce, Magalie Claustres souligne la poésie mortifère de cette tragédie à l’antique. Si le jeu des comédiennes reste fragile, on se laisse porter par la beauté aride du texte et de la mise en scène
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Pas de deux, danses de groupe ou solo, les corps des danseurs de Philippe Decouflé volent et virevoltent dans un cabaret burlesque, une visite impromptue du Japon ou un bal vénitien costumé. Bien que séduit par ce patchwork chorégraphique et bigarré, par les performances virtuoses des artistes, on reste sur notre faim, l’ensemble manquant d’une étincelle qui emporterait le tout. Dommage !
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Quel étrange lien unit ces deux hommes ? Quel lourd secret se cache dans les non-dits de cette joute verbale à couteaux tirés ? C’est tout le sel de ce face-à-face cinglant à l’atmosphère de plus en plus étouffante. Si les ressorts et ficelles du thriller psychologique de Didier Caron sont cousus de fils blancs, le jeu tout en finesse de Christophe Malavoy et Tom Novembre saisit et captive.
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Tapie dans l’ombre, la mort rode, s’insinue partout libérant la parole, les rancœurs, les émotions enfouies. Autour du lit mortuaire d’une célèbre actrice, la famille, réunie au sens large, règle ses comptes, dans une mise en abîme vertigineuse du théâtre, orchestrée par Pascal Rambert. Les présences lumineuses d’Audrey Bonnet et de Marina Hands éclairent divinement l’ensemble un brin brouillon.
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L’affiche est bien alléchante. Traverser l’Atlantique, pousser les portes, ne serait ce qu’un instant, du mythique Musée d’art moderne de New York lors d’une simple balade dans le bois de Boulogne ça fait rêver, un peu trop d’ailleurs. Inévitablement, malgré nombre de chefs d’œuvres, la dernière exposition de la Fondation Louis-Vuitton a tout du teaser, un goût de trop peu, de pas assez. Dommage.
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Qu’est-ce qui fait qu’imperceptiblement une société ordinaire bascule dans le fascisme sans résister ? Interrogeant le passé pour comprendre le présent, Bérangère Janelle creuse dans les écrits, les réflexions d’Hannah Arendt et nous entraîne dans une course-poursuite folle aux sources du mal. Une enquête théâtrale un brin confuse, mais que la force du propos rend fascinante, essentielle.
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Vives, sombres, les couleurs dansent sur les murs blancs du centre Pompidou. D’un tableau à l’autre, les formes, les techniques évoluent à un rythme effréné. Jamais satisfait, toujours en recherche d’autres mouvances picturales, Derain est un génie inclassable, mal connu, brisé par la Grande Guerre. La rétrospective qui est consacrée à ses œuvres de jeunesse lui rend magnifiquement hommage.
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Transgresser l’interdit stimule les esprits opprimés d’une société futuriste où la cigarette est bannie. Adaptant la farce loufoque de Sergi Belbel, ancrée dans l’esprit subversif des années 1990, Lilo Baur signe un conte aigre-doux, où l’espièglerie burlesque reste malheureusement en filigrane. Dépassant la fausse obsolescence du propos, les comédiens du Français font des étincelles.
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Des rouges vifs, des jaunes flamboyants, des roses caressants se mêlent avec force et harmonie sur les murs gris du Grand-Palais. Malgré un parcours trop didactique, trop étriqué, la peau colorée de belles vahinés et les coiffes d’un blanc immaculé de jeunes Bretonnes nous invitent dans les rêves haut en couleurs du magicien pictural qu’est Paul Gauguin. Magique !
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Comment aborder la perte de l’être aimé, fauché un vendredi soir de novembre par des terroristes fous ? Sans pathos, avec beaucoup de pudeur, de retenue, Raphaël Personnaz s’approprie les mots bouleversants d’Antoine Leiris et insuffle aux lendemains noirs, au quotidien banal, amer, une force vibrante, vitale qui touche au cœur, à l’âme. Un moment de grâce, une ode à la vie !